In Sunshine or in Shadow ^

Lisbon vint embrasser Jane sur les lèvres, s’y attardant un moment, comme si elle avait peur que ce soit la dernière fois. Puis elle se recula et le laissa avancer dans l’appartement, se tordant les doigts, se mordant la lèvre inférieur, tendue face à la réaction à venir de son compagnon. Elle savait que ce qu’elle avait fait risquait de ne pas lui plaire et qu’il allait certainement lui en vouloir. Mais elle avait voulu le faire, qu’importe les risques, elle voulait faire ça pour lui.

Jane fit un pas en avant et stoppa net, incapable de faire un pas de plus. Ses yeux étaient écarquillés de surprise, il ne pouvait pas croire ce qu’il était en train de voir. Ses mains se mirent à trembler, son regard allait d’un cadre à un autre, se posant sur les différentes photos exposées sur les étagères. Il y avait là un portrait de Charlotte, assise devant son piano, souriant de toutes ses dents. Un autre de Jane lui-même avec sa fille, la tenant dans ses bras, un sourire heureux sur le visage. Le suivant contenait une photo de Charlotte avec Angela, toutes deux fixant avec attention quelque chose dans le jardin.

Le mentaliste continua d’avancer, regardant les différents cadres sur l’étagère, hormis ceux de sa famille, il y en avait aussi des frères de Teresa, d’elle avec ses parents, elle toute seule ou avec des amies, elle enfant ou plus âgée. Et pour finir, Jane tomba sur la photo qu’il connaissait déjà, celle qu’il avait vu sur le carnet de la jeune femme, celle de lui avec Lisbon, souriants, heureux. Il s’arrêta devant la photo, la fixa un moment avant de se tourner vers la brunette qui n’avait pas bougé. Elle semblait anxieuse, incertaine de la marche à suivre et l’expression du mentaliste lui fit venir les larmes aux yeux. Jane comprit aussitôt ce qui n’allait pas, il ne souriait pas, il n’avait pas dit un mot, il ne montrait aucun signe de joie ou de tristesse.

Lisbon se passa une main sur la joue, chassa ses quelques larmes et partit vers la cuisine pour s’éloigner du blond. Elle avait eut une mauvaise idée, elle n’aurait jamais dût faire ça, entrer dans la vie privée de Jane ainsi et l’exposer chez elle. Mais maintenant c’était fait, elle ne pouvait plus le changer. Elle allait devoir subir ses foudres qui ne tarderaient pas à arriver. Justement, elle entendit les pas de son compagnon derrière elle et se tendit instantanément. Mais les reproches qu’elle attendait n’arrivèrent pas, au lieu de ça, elle sentit les mains de Jane se poser sur sa taille et la tirer en arrière. Ses lèvres se posèrent dans son cou et elle frissonna.

-“ Merci Teresa” souffla-t-il contre sa peau. “ Merci pour tout ça.”
-“ Tu… tu ne m’en veux pas ?” S’étonna-t-elle.
-“ Non, comment pourrais-je t’en vouloir ? Tu as… tu as mis des photos de ma famille un peu partout, tu as fait en sorte qu’on puisse les voir, que je puisse les voir. Je n’osais pas le faire, depuis leur mort je les cache, mais je me rends compte que j’aime les voir. Et de savoir que toi aussi, tu ne peux pas imaginer comme ça me fait plaisir.”

Lisbon ne sut pas quoi dire, pas quoi faire d’autre que de serrer Jane dans ses bras et d’enfouir son visage contre son torse. Finalement, sa surprise lui plaisait, elle en était heureuse. La seule chose qu’elle voulait était de le voir heureux. Lorsqu’elle l’avait vu pleurer en tenant dans ses mains les photos de sa famille perdue, elle en avait eut le cœur brisé. Elle ne voulait plus jamais le voir comme ça, triste, en larmes. Il méritait tant de sourire, de vivre heureux comme tous le monde. La tragédie qu’il avait vécu ne s’effacerait jamais, elle serait toujours encrée profondément dans son cœur, mais avec son aide, peut-être arriverait-il à apaiser ses démons et à vivre sa vie. Elle l’espérait de tout son cœur, elle tenait tant à lui.

Lisbon s’écarta du mentaliste, juste assez pour voir son visage sur lequel se trouvaient encore quelques larmes, mais aussi un sourire rayonnant. Elle leva une main qu’elle posa sur sa joue, la caressa tendrement avant de se mettre sur la pointe des pieds et de l’embrasser. Elle le sentit passer ses bras dans son dos, puis remonter les mains jusqu’à ce qu’elles se trouvent dans son cou et il repoussa ses cheveux délicatement pour pouvoir lui caresser le visage. Ils s’embrassèrent ainsi pendant encore plusieurs minutes, ni l’un ni l’autre ne voulant mettre fin à leur étreinte. Mais soudain, une légère odeur de brûlé se fit sentir et Lisbon s’écarta brusquement.

-“ Le repas” s’affola-t-elle en partant en courant dans la cuisine.

La jeune femme attrapa un torchon, ouvrit le four et fut aveuglée par une fumée noire qui s’échappa. Elle put enfin voir l’étendue des dégâts et souffla de désespoir. Elle venait de faire brûler les lasagnes qu’elle avait passé tant de temps à préparer pour Jane, avec l’aide d’Annie bien entendu. Elle reposa le torchon sur la table et osa enfin se tourner vers Jane pour le voir se retenir de rire. Il avait une main sur la bouche, les yeux mis clos et il avait les épaules secouées par son fou rire. Lisbon lui fit les yeux ronds, histoire de lui faire comprendre que ce n’était pas drôle, mais de le voir ainsi fini par la faire rire elle aussi et on put entendre les rires du couple à travers l’appartement.




Lisbon était allongée sur le canapé, un oreiller sous sa tête, une couverture sur elle et un bon film à la télévision. Elle tenait dans sa main la télécommande et semblait complètement absorbée par son film, à tel point qu’elle n’entendit pas Jane revenir de la cuisine avec deux tasses fumantes. Il les posa sur la table basse, mais Lisbon ne fit pas plus attention à lui. Il se tourna vers elle, puis vers l’écran et leva les yeux au ciel. Les femmes avaient vraiment de drôles de goûts en film. Mais il ne dit rien, c’était sa journée à elle, il n’avait rien à dire surtout s’il ne voulait pas se retrouver à la porte comme plus tôt ce matin. Il lui souleva donc les pieds et prit place sur le canapé, reposant ses pieds sur ses jambes.

La jeune femme tourna la tête vers lui, sourit avant de se redresser, posant la télécommande sur la table basse et vint s’asseoir sur les genoux du mentaliste. Elle se cala contre lui, savourant un tendre moment avec lui. Elle en oublia son film, se concentrant sur Jane uniquement. Elle releva les yeux, plongea dans son regard et vint poser ses lèvres sur les siennes. Elle ne retint même pas le gémissement qui quitta ses lèvres, entourant le cou de l’homme et se serra plus contre lui. Jane passa ses mains dans son dos et la plaqua contre lui, l’embrassant avec amour.

Ce qui avait commencé comme un tendre échange innocent se transforma bien vite en étreinte plus sauvage. Lisbon passa ses mains dans les cheveux de Jane, les ébouriffant, savourant la texture de ses boucles sous ses doigts. Elle glissa ses lèvres sur la joue du mentaliste, puis dans son cou et enfin à la naissance de son torse qu’elle pouvait atteindre grâce à sa chemise ouverte du premier bouton. Mais elle en voulait plus. Ses mains quittèrent ses cheveux pour défaire les autres boutons. Ses yeux s’émerveillèrent à la vue de son torse nu, il ne portait rien sous sa chemise. Lisbon se mordit la lèvre avant de plonger sur lui, embrassant chaque parcelle de peau à sa portée. Jane n’était pas en reste, il avait passé ses mains sous le chemisier noir de la jeune femme, trouvant facilement un chemin sous le débardeur et jusqu’à l’attache de son soutien gorge qu’il dégrafa avec dextérité. Il l’aida ensuite à se défaire de ses vêtements et elle se retrouva presque nue devant son regard gourmand.

Le mentaliste prit le temps de bien la regarder, admirant son corps parfait, sa poitrine pleine, sa peau pale. Elle était si belle qu’il aurait pu passer le reste de sa vie à la regarder. Mais pour le moment, il voulait plus que ça, tout comme Lisbon à en juger par ses pupilles dilatées. Il voulait la connaître, dans tous les sens du terme, tout savoir d’elle et de son corps, n’avoir rien de secret. Mais il ne voulait pas que leur première fois se passe sur le canapé du salon, il voulait qu’elle soit à l’aise, qu’elle soit confortablement installée. Et puis il fallait bien reconnaître qu’il n’était plus tout jeune et son dos le ferait bien trop souffrir de faire ça ici.

Jane passa ses mains sous les cuisses de Lisbon, la faisant ainsi se rapprocher de lui, ainsi que leurs intimités déjà bien excitées, et la souleva tout en se levant. La jeune femme s’accrocha à ses épaules et lui embrassa le cou, juste en dessous de l’oreille, le faisant gémir. Il monta l’escalier difficilement, mais y parvint tout de même. Il traversa le couloir, se dirigea vers la chambre sans jamais lâcher la jeune femme, ni même cesser de l’embrasser. Il poussa la porte de son pied, entra dans la pièce et posa délicatement la jeune femme sur le lit. Elle se redressa, prit appui sur ses coudes et l’observa se délester de ses vêtements. Il la rejoignit ensuite, s’installa contre elle et reprit ses baisers. Le reste de la journée se passa entre les quatre murs de la chambre, entre gémissements et froissements de draps.




Au petit matin, Lisbon ouvrit les yeux et se tourna pour se serrer contre son amant mais elle trouva son côté du lit vide. Elle eut un pincement au cœur en pensant que Jane était partit sans rien lui dire, la laissant seule. Mais un bout de papier plié en forme de grenouille sur l’oreiller de Jane lui redonna le sourire et elle tendit le bras pour le prendre. Elle l’examina avant de remarquer qu’il y avait un mot camouflé dans les pliages. En l’ouvrant, elle reconnu l’écriture de Jane et sourit un peu plus.

“ Teresa,
Je sais que tu me crois parti, et tu n’as pas entièrement tort car je ne suis pas là.
Mais je ne suis pas loin, je reviens aussi vite que possible.
Restes au lit, reposes toi et je te promets d’être là à ton prochain réveil.
Je t’embrasse fort.
Patrick.”

Bien qu’un bon café la tente beaucoup, l’idée de rester au lit et d’attendre le retour de Jane était encore plus tentante. Elle décida donc de rester au lit, se recoucha convenablement et ferma les yeux. Elle fut immédiatement envahie par l’odeur de cet homme qui était tout pour elle, celui qui avait été là à chaque étape de sa maladie. Jane était celui qu’elle avait toujours attendu, celui qu’elle savait la rendrait heureuse. Il l’avait assez prouvé tous ces mois, en étant là, en étant à ses côtés alors que bien souvent elle ne le voulait pas. Elle pouvait déjà dire qu’elle ne regrettait aucunement de lui avoir dit la vérité sur sa maladie et elle en était plutôt contente. Elle n’aurait jamais réussi à se battre ainsi s’il ne l’avait pas soutenue.

Au bout d’un moment, la jeune femme fini par s’endormir et elle refit ce rêve qu’elle faisait souvent, celui dans lequel elle se voyait heureuse avec des enfants et un mari. Elle se laissa bercer par ses illusions jusqu’à ce qu’une main se pose sur sa joue et la réveille. Sans même ouvrir les yeux, elle sut que c’était lui, qu’il était de retour comme il l’avait promit. Elle se tourna et ouvrit enfin les yeux, plongeant dans son regard si bleu dans lequel elle aimait tant se perdre.

-“ Bonjour toi” salua Jane en venant poser un baiser sur sa joue.
-“ Salut” répondit-elle en passant ses bras dans son cou.
-“ Bien dormi ?”
-“ Comme un bébé, même s’il me manquait quelque chose.”
-“ Et quoi ?”
-“ Toi.”

Ils se sourirent avant que finalement Lisbon ne décide de se lever. Elle avait vraiment envie d’un café, elle ne comptait pas le repousser encore et Jane sembla le comprendre. Il lui tendit une chemise à lui qui traînait sur une chaise qu’elle enfila et ils sortirent de la chambre. Aussitôt, une douce odeur de café arriva aux narines de Lisbon qui se tourna avec un sourire.

-“ Tu m’as fait du café.”
-“ Je sais que tu adore ça et que tu n’en peux plus du thé, alors je me suis dis que je pouvais faire ça.”
-“ Comme c’est gentil.”

Ils arrivèrent dans la cuisine et prirent leur petit déjeuner tardif ensemble. Ils discutèrent tout en buvant, café pour Lisbon et thé pour Jane. Ils préparent le programme de la journée, Lisbon voulait aller au parc mais Jane avait une autre idée, quelque chose dont il ne voulait rien dire mais qu’il disait être quelque chose qui plairait à la jeune femme. Finalement, en ayant assez de se disputer avec lui, elle fini par dire oui et Jane sourit d’avoir gagné.

Mais en y regardant bien, Lisbon pouvait voir qu’il était tendu, qu’il semblait nerveux et elle se demanda la raison de sa nervosité. Il n’agissait jamais ainsi, du moins pas avant de savoir pour son état de santé. Mais depuis qu’elle allait mieux il avait eut l’air d’aller mieux lui aussi. Alors pourquoi agir ainsi aujourd’hui ? Lisbon se demanda aussi si son départ de ce matin n’était pas une autre raison de sa nervosité, s’il ne lui cachait pas quelque chose. Et s’il voyait quelqu’un d’autre, et s’il était allé voir quelqu’un d’autre juste après… Mais elle chassa vite cette idée. Jane n’était pas comme ça, il avait mit du temps à s’ouvrir à elle, à aller de l’avant. Il ne ferait jamais une chose pareille.

Lisbon remonta se changer, elle ne savait pas trop quoi porter, elle ne savait même pas où ils allaient. Le mentaliste se contenta de lui dire de se mettre à l’aise, de porter des vêtements dans lesquels elle se sentirait bien. Il lui dit tout de même de ne pas porter de vêtements auxquels elle tenait, qu’ils allaient certainement se salir. Cela rajouta à ses questions mais elle ne dit rien. Elle trouva rapidement une vielle tenue de sport qu’elle n’avait pas mise depuis longtemps, l’enfila et redescendit. Elle trouva le blond devant l’une des photos de sa famille perdue, une larme sur la joue.

-“ Ça va ?” lui demanda-t-elle en s’approchant doucement de lui.
-“ Parfaitement” lui répondit-il en chassant ses larmes. “ Tu es prête ?”
-“ Oui, on peut y aller.”

Jane attrapa les clés de sa voiture, sortit de l’appartement, suivi de près par Lisbon et referma derrière lui. Il resta un moment sur le palier, fixant un point invisible devant lui et cette fois Lisbon s’inquiéta vraiment. Il n’allait pas bien, c’était indiscutable et elle voulait vraiment savoir ce qui le travaillait. Elle s’avança vers lui, posa une main sur son bras, lui faisant relever les yeux.

-“ Dis-moi ce qui ne va pas Patrick” le poussa-t-elle. “ Tu ne vas pas bien.”
-“ C’est… c’est juste que…” hésita-t-il.
-“ Patrick, je suis là pour toi, alors parles-moi.”

Jane prit une profonde inspiration, ne sachant pas s’il devait lui dire maintenant ou plus tard. Il savait qu’il devrait inévitablement lui dire, c’était la raison principale de leur sortie. Mais il avait peur, il ne savait pas comment elle allait le prendre. Il douta un instant que ce soit une bonne idée. Il regarda Teresa, vit son inquiétude dans ses yeux et prit une décision.

-“ Je crois que nous allons aller au parc finalement” dit-il en avançant vers la voiture.

Lisbon resta un moment silencieuse, se demandant ce qu’il venait de se passer. Jane lui cachait quelque chose d’important et elle pensait avoir une petite idée de ce que c’était. Elle eut un pincement au cœur et partit le rattraper.

-“ Patrick attends” dit-elle en lui attrapant le bras. “ Je sais ce que tu voulais faire, et nous allons le faire.”
-“ Teresa…” tenta-t-il de protester.
-“ C’est important pour toi, tout comme ça l’est pour moi.”
-“ Tu es certaine de le vouloir ?”
-“ Plus que certaine.”

Jane ne résista pas plus longtemps et serra la jeune femme dans ses bras, si fort qu’il eut peur de lui faire mal. Mais Lisbon se serra d’avantage contre lui, consciente de l’énorme pas en avant qu’il venait de faire. Cette journée allait être difficile pour tous les deux, mais ils devaient le faire, c’était important s’ils voulaient que leur relation dure longtemps. Ils en avaient autant besoin l’un que l’autre et, après tout ce qu’il avait fait pour elle, Lisbon lui devait bien ça.

Ils se détachèrent l’un de l’autre, se sourirent une nouvelle fois avant de se diriger vers la voiture. En montant du côté passager, la jeune femme remarqua tout le matériel sur le siège arrière. Elle s’installa, attendit que Jane monte et se pencha vers lui pour lui donner un baiser. Depuis sa maladie, et surtout depuis sa guérison, elle était devenue une autre femme. Depuis quelques temps, elle montrait bien plus son attachement aux personnes qu’elle aimait. Avant, embrasser un homme comme ça à la vue de tous l’aurait mise mal à l’aise, mais aujourd’hui elle en avait besoin. Jane avait fait d’elle une autre personne en lui montrant l’importance des sentiments que l’on pouvait éprouver pour une personne. Ce qu’ils allaient faire aujourd’hui était quelque chose d’une importance capitale et la jeune femme savait que son compagnon avait besoin qu’on lui montre qu’il était aimé.

Elle se détacha de lui pour qu’il puisse mettre sa ceinture et en fit autant. Il démarra et quitta le quartier de Lisbon. La route allait être longue et il voulait pouvoir rentrer avant la nuit. Une longue journée les attendait, riche en émotions, mais ils étaient ensemble et cela les aiderait

Teresa Lisbon, assise sur une chaise sur la terrasse de la maison de Patrick Jane, sirotait une boisson fraîche. Elle avait de la peinture un peu partout sur les mains, sur ses vêtements, mais elle ne s’en souciait pas. Elle venait de passer une bonne partie de la journée à repeindre la maison de Jane, toutes les pièces ou presque car il y en avait trop. Mais plus important encore, elle l’avait aidé à repeindre sa chambre à coucher, celle qu’il avait partagé durant des années avec Angela et sur le mur de laquelle se trouvait l’horrible Smiley. Ça n’avait pas été facile, ni pour l’un ni pour l’autre, mais c’était fait et ils pouvaient à présent passer à autre chose.

Jane était dans la maison, rangeant dans des cartons les affaires qui restaient, pas grand-chose. Elle avait voulut lui laisser du temps seul, il en avait besoin après ce qu’ils avaient fait. Il avait eut beaucoup de mal à repeindre sa chambre, sa main tremblante ne parvenait pas à se poser sur le mur et elle avait donc posé la sienne par-dessus pour le guider. Ils avaient prit leur temps, chacun des larmes dans les yeux aux souvenirs de ce qu’ils effaçaient. Mais ce devait être fait, s’ils voulaient avancer l’esprit libre.

Des pas se firent entendre derrière la jeune femme et elle se retourna pour voir arriver son compagnon, une tasse de thé à la main. Elle sourit lorsqu’il prit place à côté d’elle et elle lui prit la main. Elle se rapprocha de lui, le laissa passer un bras autour de son épaule et y posa sa tête. Elle était bien, elle était heureuse. Le soleil amorçait sa descente un peu plus loin, donnant une couleur rougeâtre au ciel. L’instant aurait put être romantique s’ils ne se trouvaient pas ici, dans cette maison.

Les minutes passèrent ainsi, dans le silence, chacun savourant la présence de l’autre. Lisbon serra la main de Jane dans la sienne, lui montrant ainsi qu’elle était encore et toujours là pour lui, tout comme il avait été là pour elle durant tout les mois de sa maladie. Il avait toujours tout fait pour qu’elle se sente bien, pour l’aider à ne plus avoir peur, de quoi que ce soit. Et aujourd’hui c’était le cas, elle n’avait plus peur, ni de la mort qu’elle savait loin maintenant, ni d’être seule, car elle ne l’était plus. Il était là, et le resterait longtemps. Pour toujours.

Le mentaliste enfouit son visage dans la chevelure de la jeune femme, huma son doux parfum et soupira d’aise avant de la serrer complètement dans ses bras. Il voulait la remercier pour ce qu’elle avait fait pour lui, d’avoir été là lorsqu’il en avait vraiment besoin. Lisbon ferma les yeux en se blottissant un peu plus contre lui.

-“ On devrait y aller Teresa” souffla-t-il.
-“ Je suis bien dans tes bras, j’ai pas envie de bouger” se plaignit la jeune femme.
-“ Mais on ne peut pas rester ici pourtant” rajouta-t-il.
-“ Comme tu veux.”

Le couple se leva, se tenant toujours la main et se dirigea vers la porte d’entrée. Lisbon alla ouvrir la voiture tandis que Jane ramassait le peu de cartons contenant ses affaires. Il les plaça dans le coffre, referma et monta derrière le volant. Lisbon était déjà assise et attendait qu’il démarre. Il se faisait déjà bien tard, le trajet jusqu’à Sacramento serait trop fatiguant. Aussi, Jane opta pour trouver une chambre de motel pour la nuit. Malheureusement pour eux, il n’y avait rien à louer dans le coin. Cela ne le découragea pas pour autant. Il prit la direction du centre ville à la recherche de quelque chose de mieux qu’un simple motel sur un bord de route et il trouva un hôtel qui lui sembla exactement ce qu’il voulait.

Ils entrèrent dans le bâtiment, se tenant la main, une habitude qu’ils avaient prise et qui ne les dérangeait plus. Avant, Lisbon aurait détesté qu’on la voit montrer son affection comme ça en public, mais maintenant, elle voyait les choses d’une autre manière. Depuis qu’elle avait été malade, depuis qu’elle avait faillit mourir, elle ne voulait plus perdre de temps avec ce que pouvaient penser les autres, elle se contentait de vivre l’instant présent. La vie lui avait donné une nouvelle chance et elle comptait bien en profiter un maximum. C’est donc ainsi qu’ils se présentèrent à l’hôtesse d’accueil qui leur proposa une chambre, la dernière de l’hôtel. Jane la prit, entraîna Lisbon à sa suite et ils trouvèrent rapidement la bonne chambre.

La jeune femme posa le sac que son compagnon avait préparé pour elle, sachant parfaitement qu’ils n’auraient pas fini assez tôt pour rentrer chez elle. Il était vraiment attentionné car elle n’y avait même pas pensé. Elle en sortit de quoi se laver et se dirigea vers la salle de bain. Elle ne ferma pas la porte derrière elle, ça ne la gênait pas que Jane puisse la voir. Elle ôta ses vêtements, entra dans la cabine de douche et laissa l’eau chaude couler sur son corps fatigué. Elle ferma les yeux, rejeta la tête en arrière et sourit lorsqu’elle sentit Jane entrer derrière elle. Il lui entoura la taille et la serra contre lui, embrassant son cou.

-“ Merci Teresa” souffla-t-il contre la peau de son cou.
-“ De rien Patrick” répondit-elle en se tournant dans ses bras. “ Je serais toujours là si tu as besoin de moi, il te suffit de le demander.”
-“ Et si je te dis que maintenant j’ai besoin de toi ?” demanda-t-il, un sourire en coin.
-“ Aurais-tu une idée derrière la tête ?”
-“ Ça se pourrait bien.”
-“ Et quelle est-elle ?”
-“ J’ai besoin que tu me sers dans tes bras et que tu restes avec moi, pour le reste de ma vie.”

Lisbon se recula légèrement, ancrant son regard dans le sien, cherchant à savoir ce qu’il voulait vraiment. Rester avec lui pour le reste de sa vie, c’était vraiment quelque chose dont elle rêvait. Alors de l’entendre lui dire exactement ce qu’elle voulait entendre, cela lui réchauffa le cœur et elle ne résista pas à l’envie de l’embrasser. Elle se jeta à son cou, le serra aussi fort que possible contre elle et l’embrassa fougueusement. Jane répondit avec joie à son baiser, l’intensifiant même en posant ses deux mains sur les joues de Teresa. Ils s’embrassèrent ainsi pendant plusieurs minutes avant de se séparer.

Jane plongea ses yeux dans les siens, sourit et lui caressa la joue. Cette femme était exceptionnelle, elle était la seule à vraiment le comprendre, à vraiment l’aimer tel qu’il était sans vouloir le changer. Elle lui avait apprit à ouvrir son cœur, à accepter de refaire sa vie. Avec elle, il n’avait pas besoin de jouer un rôle, il n’avait plus besoin de porter ce masque qu’il présentait chaque jour face au monde.

-“ Allez, on se lave et on va se coucher” dit alors Lisbon qui commençait vraiment à être fatiguée.
-“ Très bien” approuva Jane en attrapant le gel douche et en l’appliquant sur elle.

Ils se lavèrent, se rincèrent et ensuite, Jane sortit de la douche pour attraper des serviettes. Il en enroula une autour de Lisbon, l’embrassa sur la joue en passant et en fit de même pour lui. Ensemble, ils retournèrent dans la chambre, enfilèrent de quoi dormir et se glissèrent dans le lit. Ils n’eurent aucun mal à s’endormir, la journée avait été fatigante, ils étaient exténués. Lisbon, tout en dormant, se serra contre Jane et l’entoura de ses bras.




Des cris et des rires dans le jardin, les enfants jouaient à se courir après. Deux ravissantes petites filles, un petit garçon et un chien tournaient en rond en tentant de s’attraper. Les trois enfants semblaient si heureux, si joyeux, comme si tout allait bien pour eux. On ne pourrait jamais imaginer que leur vie n’était pas si rose qu’ils le laissaient paraître, mais ils savaient parfaitement le cacher. Ils avaient passé tant de mois à pleurer, évitant les regards compatissant des gens, de leurs amis, de leurs proches. Maintenant, après tout ces mois difficiles, ils pouvaient enfin être eux-mêmes, heureux.

Un peu plus loin, une femme berçait un bébé de tout juste quelques mois qui commençait à s’endormir. Elle souriait en voyant les trois petits anges si heureux. Elle avait craint un instant que cette tragédie ne brise leur vie déjà bien difficile, mais ils l’avaient surmonté, se serrant les coudes, tout comme elle et ses frères lorsqu’ils étaient enfants. Ils s’en sortiraient, elle n’en doutait pas.

-“ Melody, fait attention à ton frère” recommanda Lisbon en resserrant les bras autour du bébé.
-“ J’ai pas fait exprès” se défendit la fillette en aidant son frère à se relever.
-“ Je sais ma chérie, mais fait attention, n’oublie pas qu’il a un bras cassé.”
-“ Je sais maman.”

Declan se frotta le pantalon avec sa main valide et se remit à courir tandis que Melody revenait vers sa mère. Elle s’installa sur la chaise, regarda le bébé dormir dans les bras de sa mère et sourit. Elle aimait son petit frère, David était si mignon, il ressemblait tant à Teresa. Parfois, Melody repensait à ce qu’était sa vie avant, au bonheur qu’elle vivait et qui un jour s’était brisé. Mais aujourd’hui, elle était de nouveau heureuse, elle avait de nouveau une famille et elle ferait tout pour la garder.

Le bruit d’une porte qui s’ouvre la tira de ses pensées et elle bondit sur ses pieds pour courir à la rencontre de l’homme qui venait de rentrer à la maison. Il la réceptionna au vol, la décolla du sol et la fit tourner dans les airs. Elle lâcha un rire qui raisonna jusque dans le jardin et les deux autres enfants accoururent pour en profiter aussi. Lisbon les suivit à l’intérieur et sourit en voyant Jane prendre Cassandra dans ses bras. La petite fille de quatre ans, toute blonde, les cheveux bouclés, riait aux éclats tandis que Jane la faisait également tourner dans ses bras comme il l’avait fait avec Melody.

Une fois que tous les enfants eurent fini d’embrasser Jane, Teresa tendit David à Melody qui l’emmena dehors avec les autres et elle se tourna vers le blond, un grand sourire aux lèvres. Il s’avança vers elle, passa ses bras autour de sa taille et la serra fort contre lui tout en posant ses lèvres sur les siennes. Ils se séparèrent, restant front contre front.

-“ Tu as passé une bonne journée ?” Questionna la jeune femme.
-“ Pas aussi bonne qui si tu avais été avec moi” souffla-t-il.
-“ Dans quelques semaines je pourrais revenir” le rassura Teresa, “ le travail me manque plus que je ne le pensais.”
-“ Et l’équipe a vraiment hâte que tu reviennes” rajouta Jane.
-“ Je m’en doute, tu dois les rendre fous.”
-“ Je ne peux pas m’en empêcher, tu es la seule à me canaliser.”
-“ Oui et bien pour le moment j’ai quatre enfants à canaliser et je voudrais bien un peu d’aide de ta part.”
-“ Tout de suite madame.”

Jane se dirigea vers le jardin, Lisbon sur les talons et observa leurs quatre enfants rire, installés sur une couverture dans l’herbe. Il avait des étoiles dans les yeux en les voyant, il se disait que finalement il avait eut de la chance. Il avait perdu une famille, il le regretterait toujours, Angela et Charlotte resteraient toujours dans son cœur. Aujourd’hui il en avait une nouvelle, il avait une femme splendide qui partageait sa vie, il avait un adorable petit garçon qui ressemblait vraiment à Lisbon et trois autres enfants qu’ils avaient adopté après la mort de leur famille un peu plus d’un an avant.

Cela faisait maintenant trois ans que Lisbon et lui vivaient ensemble, ils travaillaient toujours au CBI et étaient heureux. Un peu plus d’un an avant, ils avaient enquêté sur la mort d’un couple, Bill et Gemma Campbell, parents de trois adorables enfants. Ils avaient rapidement trouvé le coupable, un collègue de travail de Bill, jaloux de sa réussite. Les enfants avaient été placés dans un foyer en attendant d’être adoptés, mais personne ne voulait de trois enfants. Après en avoir longuement discuté avec Teresa, ils avaient décidé de les adopter. Teresa avaient vu en eux ses frères et elle lorsqu’ils étaient enfants et elle n’avait pas eut le cœur de les voir être séparer. Quelques mois plus tôt, ils avaient vu leur famille s’agrandir avec le petit David. Le couple avait eut peur un instant que cela ne se passe mal avec les trois autres, mais ils avaient été très heureux d’avoir un nouveau petit frère.

Lisbon glissa sa main dans la sienne, il tourna la tête vers elle en lui souriant.

-“ Je suis heureux Teresa” lui dit-il. “ Je ne pensais pas un jour pouvoir être si heureux de nouveau et tout ça, c’est grâce à toi.”
-“ Moi aussi je suis heureuse Patrick” répondit-elle. “ Tu m’as aidé dans les moments difficiles, tu m’as soutenue lorsque j’étais malade et tu m’as permis d’avoir la famille dont j’ai toujours rêvé.”

Ils gardèrent le silence un moment, savourant l’instant magique de voir leur famille si heureuse dans le jardin. Cassandra arriva alors et se jeta dans les jambes de Teresa qui la souleva dans ses bras.

-“ Allons rejoindre nos enfants” souffla Patrick en prenant la main de Teresa.

Ils rejoignirent ensuite les enfants dans le jardin, prirent place sur la couverture avec eux et, ensemble, ils passèrent le reste de la journée à rire. Après des années de solitude, des années à se côtoyer sans vraiment voir ce qu’ils avaient devant les yeux, ils avaient enfin trouvé l’amour. Mais plus que ça, ils avaient trouvé une famille. Aujourd’hui, rien ne pourraient plus jamais les rendre triste, le soleil brillait dans leurs cœurs.