Team Building ^

VLS VLS VLS VLS

Lundi matin était arrivé et Teresa Lisbon ne voulait pas se lever. Aujourd’hui était le premier jour du séminaire, de ce fameux stage de survie que leur imposait Wainwright. Elle savait qu’elle n’avait pas le choix, que si elle n’y allait pas, alors elle risquait de perdre sa place. Mais un stage en forêt, c’était au dessus de ses forces, elle haïssait les forêts. Elle aimait la nature, les balades dans les champs lui rappelant son enfance avec son père et sa mère, mais pas les forêts. Elle ne savait pas si elle supporterait d’y rester une semaine complète, même si elle n’y serait pas seule. Ses collègues seraient là, c’était une consolation, mais Jane serait là aussi et elle savait que ce serait le plus difficile. Elle ferma les yeux en se laissant retomber dans son lit, et aussitôt des images de Jane défilèrent devant ses yeux, des images de son sourire, de ses yeux brillants de malice. Puis elle revit son visage triste, les larmes menaçant de couler sur ses joues et cette image lui serra le cœur. Mais qu’avait-elle fait ?

Lisbon se leva brusquement, résolue à participer à ce stage et à tout faire pour que Jane lui pardonne. Il faudrait aussi qu’elle lui laisse la chance de s’expliquer, après tout il était venu pour ça Vendredi soir. Pourquoi ne lui avait-elle pas laissé la chance de parler ? Tout simplement parce qu’elle était en colère, parce qu’elle entendait encore et encore les mots qu’il lui avait craché au visage.

“ Vous êtes exactement comme votre père Lisbon, vous noyez votre peine et votre colère dans l’alcool.”

Elle avait eu mal, si mal qu’elle s’était emportée et avait parlé sans réfléchir.

“ Et vous, vous vivez encore dans le souvenir de votre femme. Et vous savez pourquoi ? Parce que vous vous sentez responsable de leurs morts, et c’est-ce que vous êtes. Vous êtes si arrogant, vous vous sentez supérieur aux autres et c’est à cause de ça qu’elles sont mortes.”

Elle avait regretté les mots à l’instant où ils avaient franchit ses lèvres, mais le mal était fait. Il était partit encore plus en colère et elle était retournée au salon pour boire. Mais lorsqu’elle avait prit la bouteille, elle l’avait balancé à travers la pièce. Elle avait ensuite vidé toutes les bouteilles qu’elle avait chez elle, effacé toutes les traces de sa faiblesse. Jane avait raison, si elle continuait ainsi, elle deviendrait comme son père et elle ne le voulait pas. Elle était meilleure que lui, bien meilleure et elle se le prouverait.

La jeune femme se rendit dans la salle de bain pour prendre une douche, s’habilla et attrapa son sac. Elle espérait vraiment que ce stage les aiderait, que grâce à ça ils pourraient redevenir les amis qu’ils étaient avant cette horrible dispute. Elle tenait à lui, il était son meilleur ami, elle ne voulait pas le perdre. Et c’est l’esprit plein de bonnes intentions qu’elle sortit de son appartement et qu’elle monta dans sa voiture, direction le CBI.




Jane était déjà arrivé au CBI, il était le premier. Il était appuyé contre sa voiture et observait les autres agents entrer pour rejoindre leur bureau. Il était triste de participer à ce stage, ça lui rappelait la raison pour laquelle ils partaient durant la semaine et ça lui faisait mal. Comment en étaient-ils arrivés là ? Lisbon et lui avaient toujours été amis, ils avaient toujours été là l’un pour l’autre et aujourd’hui c’était comme si tout ça n’était plus qu’un souvenir. Il ne voulait pas que ça reste un souvenir, il voulait pouvoir s’en créer d’autres avec elle. Il ferait de son mieux pour s’excuser, il était allé bien trop loin avec elle. Il savait qu’elle lui avait aussi dit des choses difficiles à entendre, mais c’était de sa faute, s’il ne l’avait pas poussé à bout, elle n’aurait jamais dit ces choses.

Jane vit arriver Cho et il sourit en le voyant habillé ainsi, un jean, une chemise simple et une grosse paire de chaussures. Ça le changeait des costumes et ça lui allait bien. L’asiatique s’approcha de lui, posa son sac au sol et s’adossa contre la DS. Ils se saluèrent d’un signe de tête et attendirent l’arrivée des autres. Grace fut la suivante, puis Rigsby. Contre toutes attentes, Lisbon arriva la dernière, ce qui étonna tous le monde mais personne ne dit rien. Elle alla directement discuter avec Van Pelt et Jane se sentit un peu blessé. Mais il ne devait pas s’en étonner, il se doutait bien que ça ne serait pas facile.

Le bus arriva, le chauffeur en descendit pour leur ouvrir le coffre et il les aida à ranger leurs sacs. Wainwright arriva alors, un immense sourire aux lèvres et il vint se placer face à son équipe. Il les observa tour à tour, fier de lui. Il pouvait voir les regards que se lançaient Jane et Lisbon, il sentait encore cette tension entre eux et il se dit que finalement ce n’était peut-être pas une si bonne idée. Il eut soudain peur que les choses empirent entre eux. Mais il n’avait plus le choix maintenant, il ne pouvait plus revenir en arrière. Il avait en main une enveloppe en main qu’il tendit à la chef d’équipe qui la prit avec appréhension.

-“ Ceci est votre programme pour la semaine” expliqua-t-il. “ Vous devrez accomplir chaque étapes inscrites dans ce dossier. Et pas la peine de noter que c’est fait si ce n’est pas le cas car vous devrez me ramener la preuve de chaque réussite.”
-“ Oh, c’est comme chez les scouts donc” ironisa Jane. “ On aura notre foulard si on y arrive ?”
-“ Vous pouvez rire Jane, mais sachez que si vous ne remplissez pas toutes les taches données, c’est l’agent Lisbon qui aura à en répondre” précisa le patron.
-“ Que voulez-vous dire ?” S’inquiéta soudain le blond. “ Si on arrive pas à tout faire alors vous allez virer Lisbon ? Mais c’est pas de sa faute si on ne peut pas arriver à tout.”
-“ Non, c’est certain” approuva-t-il. “ Mais elle est votre chef d’équipe et si elle a fait du bon travail, alors vous ne devriez pas avoir de difficultés.”

Le silence retomba, pesant. Chaque membre se regardait, mal à l’aise. Ils savaient tous que la place de Lisbon était sur la sellette, mais là Wainwright allait un peu loin. Menacer de virer Lisbon s’ils n’y arrivaient pas, c’était un peu trop. Ils se promirent donc silencieusement de parvenir à tout ce qu’on leur demanderait, pour Lisbon. Même Jane acquiesça, il ne voulait pas être responsable du renvoi de sa collègue. Il se sentait déjà assez coupable pour ce stage, ainsi que pour la peine de la jeune femme, il ne voulait pas en plus qu’elle lui en veuille d’avoir perdu son job.

-“ Je laisse l’agent Lisbon vous expliquer tout ça durant le trajet” rajouta Wainwright. On se revoit dans une semaine, bonne chance.”

Puis il s’éclipsa, laissant son équipe monter dans le bus. Il n’avait aucune intention de virer Lisbon, il voulait juste leur mettre un peu la pression. En voyant les regards que s’étaient lancés les agents, il avait bien compris qu’ils feraient tous. Ils étaient soudés, tous. Sauf qu’en ce moment, les piliers principaux de cette équipe ne se parlaient plus sans se crier dessus. Il devait tout faire pour les réunir de nouveau, et il n’avait que cette solution. Il les aimait bien, il ne voulait pas les perdre. Il se retourna lorsqu’il entendit le bus démarrer, et il remarqua qu’une fois encore, Jane et Lisbon s’évitaient. Il souffla d’exaspération, ça allait être plus difficile qu’il le pensait.




Assise à côté de la fenêtre, Lisbon repensait à Vendredi soir. Que lui aurait dit Jane si elle l’avait laissé parler ? Elle ne lui avait même pas donné une chance de s’expliquer et à présent elle le regrettait. Elle tourna la tête pour le voir au fond du bus, seul. Elle eut envie d’aller le voir, de chasser cet air triste de son visage, mais alors elle se souvint de ses mots et resta donc à sa place. Elle lui en voulait encore, il faudrait du temps avant qu’elle ne fasse un pas vers lui, même si elle en mourrait d’envie.

Du coin de l’œil, elle vit Grace se lever et se diriger vers le mentaliste. Elle sourit, elle savait qu’à un moment où à un autre, Grace irait le voir pour lui parler. La rouquine avait plus de courage que lui, après tout ce qu’elle avait vécu, après avoir été manipulée par Craig pour atteindre Jane, la jeune agent continuait malgré tout à lui parler. Elle ne lui en voulait même pas, et c’est ça que Lisbon lui enviait. Son courage était bien plus grand que celui qu’elle se vantait d’avoir.

Jane releva les yeux lorsque Grace s’installa à côté de lui. Il lui sourit et reporta son attention sur la route. Il savait ce qu’elle voulait et il n’avait pas envie d’en parler, il voulait oublier. Mais elle n’en avait pas envie, elle voulait savoir ce qui se passait entre Lisbon et lui, elle voulait leur venir en aide.

-“ Jane, c’est quoi le problème avec Lisbon ?” Demanda-t-elle.
-“ Rien, tout va bien entre nous” sourit-il faussement.
-“ Pas à moi Jane, tous le monde sait que ça ne va pas entre vous, on aimerait juste vous aider mais il faut que tu nous parles.”
-“ Il n’y a rien à dire, j’ai fait une bêtise, on s’est disputé, fin de l’histoire.”

La jeune femme savait bien qu’elle n’obtiendrait rien de lui, qu’il ne parlerait pas. Jane ne parlait jamais de ses problèmes, sauf parfois à Lisbon. Mais en ce moment, il ne le faisait même pas et c’était justement ça qui posait problème à l’équipe.

-“ Ecoute Jane, je sais que quelque chose ne va pas, qu’entre Lisbon et toi il s’est passé quelque chose de grave et je veux juste vous aider.”
-“ On peut parfaitement y arriver seuls, mais merci pour ta proposition.”
-“ Jane…”
-“ Non Van Pelt, ce qu’il y a eut entre Lisbon et moi reste entre Lisbon et moi. Si nous pouvons passer au dessus de tout ça, alors nous le ferons seuls. Laisses nous-y arriver seuls.”

Van Pelt garda le silence. Elle sentait que Jane ne parlerait pas plus et elle n’en avait pas besoin. Il venait d’admettre avoir un problème avec Lisbon et voulait le gérer seul. Elle le laisserait faire, mais elle serait là pour le soutenir en cas de besoin. Elle posa une main sur son bras en signe de soutien, lui sourit et le laissa. Elle retourna s’installer vers Rigsby et se joignit à la conversation qu’il avait avec Cho. Jane tourna les yeux vers Lisbon, croisa son regard et tenta un pauvre sourire. A sa plus grande surprise, elle le lui rendit et cela lui fit du bien. Il comprit que c’était aussi difficile pour elle que pour lui et n’espérait qu’une chose, qu’ils se retrouvent.

Le reste du trajet se fit en silence pour Jane et Lisbon, tout deux perdus dans leurs pensées. Ils se demandaient chacun comment ils allaient parvenir à se parler, à s’expliquer et à se pardonner. Ils en avaient besoin tous les deux, l’un sans l’autre ils n’étaient pas aussi forts. Bientôt, les immeubles de la ville se transformèrent en champs et les champs en arbres. Ils s’engagèrent sur un sentier et le mini bus se mit à trembler. Encore quelques minutes et il s’arrêta.

Les agents sortirent, suivit du chauffeur qui ouvrit le coffre et leur tendit les sacs. Une fois qu’il eut vidé le coffre, les sacs des agents ainsi que d’autres dont-ils se demandèrent ce qu’ils contenaient, il leur souhaita bonne chance et repartit, laissant les quatre agents et le consultant.

-“ Bien, installons le campement” annonça Lisbon en se penchant pour prendre un des gros sacs.

Chacun prit son sac, ainsi qu’un plus gros et ils avancèrent dans la forêt à la recherche d’un emplacement pour s’installer. Ils marchèrent ainsi environ dix minutes avant d’atteindre une petite clairière en bordure de la forêt. Lisbon décida que c’était l’endroit idéal et laissa tomber ses sacs sur le sol. Les autres firent de même et ils se retournèrent tous, surprit de ne pas entendre Jane se plaindre. Le cœur de Lisbon s’accéléra lorsqu’elle ne le vit pas derrière eux. Elle le chercha des yeux, mais rien, il n’était plus là. Sans prendre la peine de dire quoi que ce soit, elle revint sur ses pas, appelant son collègue, la peur montant un peu plus en elle.

-“ Jane” appela-t-elle, “ Jane où êtes vous ?”
-“ Lisbon je suis là” lui répondit la voix étouffée du mentaliste.

Elle suivit sa voix et le trouva accroupi, un pied coincé dans un tronc d’arbre creux. Elle vint à son aide, se sentant soulagée qu’il aille bien, même si elle ne lui dirait pas. Au lieu de ça, elle s’énerva contre lui.

-“ Mais vous ne pouvez pas faire plus attention.”
-“ J’ai pas fait exprès Lisbon” se défendit-il, “ c’est un accident.”
-“ Vous ne le faites jamais exprès.”

Elle le libera mais ne l’attendit pas, ni ne l’aida à se lever avant de rejoindre les autres. Jane souffla, il allait avoir du mal à se faire pardonner s’il commençait la semaine ainsi. Il prit donc ses sacs et rejoignit les autres. Ils montèrent ensuite leur tente, une pour chaque membre, avec plus ou moins de difficultés. Une fois chose faite, Cho et Jane partirent chercher du bois pour faire un feu tandis que Lisbon et Van Pelt jetaient un œil sur les provisions pour la semaine. Rigsby ne sachant pas quoi faire, s’installa sur le sol, les jambes croisées et attendit que les gars reviennent. Une fois que Jane et Cho furent de retour, ils s’installèrent tous en cercles et Lisbon sortit l’enveloppe que lui avait donné Wainwright. Elle en sortit des feuilles contenant les instructions, les parcouru rapidement puis releva les yeux vers ses collègues qui voulaient savoir ce qui les attendaient.

-“ Bon, la première épreuve commence demain”dit-elle. “ Nous devons nous rendre, enfin un groupe de deux, dans les collines où nous devrons trouver une boite contenant … nous le saurons en le trouvant.”
-“ Qui est l’idiot qui a fait ces instructions ?” Demanda Jane. “ C’est pour les gosses ce genre de truc, pas pour des adultes.”
-“ Mais vous êtes un gosse Jane” répliqua la brune sans lever les yeux de sa feuille.
-“ Merci Lisbon ça me va droit au cœur.”
-“ Un agent passera en fin de journée récolter la boite pour s’assurer de notre réussite” continua-t-elle sans répondre au mentaliste. “ La seconde étape sera un travail de groupe, nous devons apprendre à nous connaître et à nous faire confiance.”

Elle releva les yeux vers Jane, il la fixa intensément, ne la lâchant pas du regard. Ses yeux semblaient lui dire tout ce qu'elle avait besoin de savoir. Il avait confiance en elle, plus qu’en n’importe qui, tout comme elle. Ils n’étaient pas encore certains de pouvoir oublier leur dispute, mais ils étaient sur la bonne voix.

-“ Et pour les autres jours ?” Questionna Rigsby.
-“ Euh… nous verrons ça plus tard” lui répondit Lisbon. “ Il faudrait peut-être préparer de quoi manger, puis nous pourrons partir à la découverte de notre nouvel environnement pour la semaine.”
-“ Je m’occupe du repas” proposa Van Pelt.
-“ Bien, je vais voir si je trouve une rivière ou un ruisseau pour ramener de l’eau” proposa à son tour la chef d’équipe.
-“ Je vais chercher des pierres pour protéger le feu,” dit Cho en se levant. “ Rigsby tu viens avec moi.”
-“ Ok.”

Tous le monde se leva, laissant Jane qui les regarda s’éloigner. Il n’avait rien à faire, si ce n’est attendre que tout soit fait. Mais il s’ennuyait, son canapé lui manquait déjà alors il se leva aussi et décida d’aller aider Lisbon. Peut-être pourrait-il en profiter pour lui parler un peu, pour s’expliquer et peut-être se faire pardonner. Il marcha donc dans la même direction qu’avait prise Lisbon, tendit l’oreille et repéra le son de la rivière. Il trouva la jeune femme accroupie au bord de la rivière, une main dans l’eau, l’air rêveur. Il la trouva charmante, elle était si différente de celle qu’il côtoyait chaque jour au travail. Elle semblait tellement à l’aise dans cet univers, dans cette nature.

La brune releva la tête, se tourna vers lui et lui sourit, ce qui sembla le détendre. Elle lui fit un signe de tête en se relevant, s’essuya les mains sur son pantalon et vint à sa rencontre. Ils s’arrêtèrent l’un en face de l’autre, ne sachant pas quoi dire. Jane fut le premier à agir en posant sa main sur la joue de Lisbon. Il se rapprocha d’elle, plongea son regard dans le sien et lui déposa un baiser sur la joue. Il se recula bien vite, craintif de se prendre un nouveau coup de poing comme savait si bien le faire Lisbon, mais il ne vint pas.

-“ Je suis désolée Jane” souffla-t-elle.
-“ Moi aussi Lisbon” murmura le mentaliste. “ Je regrette tout ce que je vous ai dit l’autre jour, je ne voulais pas être si blessant.”
-“ Et moi je ne voulais pas utiliser votre passé contre vous. J’étais en colère, mais surtout j’avais eu peur.”
-“ Quand je vous ai vu ce soir là, quand j’ai vu les bouteilles, j’ai été en colère contre vous. Je ne voulais pas que vous deveniez comme votre père, que vous vous mettiez à boire comme lui et que vous vous détruisiez.”
-“ Si vous voulez savoir, après votre départ, j’ai vidé toutes mes bouteilles, je ne voulais pas devenir comme lui. Ce que vous m’avez dit m’a ouvert les yeux.”

Le silence retomba entre eux. Ils venaient de se parler, ils s’étaient enfin dit les choses qu’ils rêvaient de se dire. Tout n’était pas réglé, mais c’était un bon début. Ils avaient de toute façon encore une semaine pour s’expliquer vraiment, pour se parler et se pardonner. Peut-être que les épreuves les aideraient dans ce but.

-“ Nous devrions y aller, les autres vont nous attendre” proposa Lisbon.
-“ D’accord.”

Lisbon remplit les bouteilles, se releva et s’apprêtait à partir lorsque la main de Jane la rattrapa. Elle se retourna, plongea son regard dans le sien et comprit ce qu’il avait. Elle lui sourit avant de déclarer d’une voix douce.

-“ Je vous pardonne Jane. Mais nous avons encore des choses à nous dire, plus tard.”
-“ Merci Lisbon.”

Ils retournèrent ensuite au campement où les attendaient les autres. Ce n’était que la première journée, ils n’avaient encore eu aucune épreuve, mais malgré tout, Jane et Lisbon s’étaient enfin en partie expliqués. A la fin de ce stage, ils savaient que tout serait redevenu comme avant, ils allaient donc en profiter pour apprendre à mieux se connaître. Finalement Wainwright avait raison, ce stage était décidément une excellente idée. Il avait déjà apporté une amélioration dans leur situation avant même de vraiment commencer.

Superbe chapitre !
Je ne pensais pas que ce serai un stage de ce style là, bien trouvé la pleine nature !
Ils vont savourer ! Un peu dur à imaginer Jane en costard dans la forêt ! ;D
En tout cas tu m'as mis l'eau à la bouche, j'ai hâte de savoir ce que leurs réserve les épreuves, dont "la chasse au trésor" ! :)
(J'ai adoré les répliques de Lisbon )
Félicitation !

Première nuit. Lisbon se trouvait dans sa toile de tente, allongée sur le dos, le regard fixe. Elle tentait de trouver le sommeil depuis plus d’une heure, mais les bruits de la forêt n’aidaient pas du tout. Elle était habituée aux bruits de la ville, les coups de klaxons, les voix des promeneurs de nuit. Mais ici c’était le bruit des hiboux, du vent dans les arbres, la nature dans toute sa splendeur. Elle voulait pouvoir partir d’ici, retourner chez elle, se glisser dans son lit, sous ses couvertures. Mais elle ne pouvait pas, elle devait rester ici toute la semaine et ce n’était que la première nuit. Elle attendit encore quelques minutes et ne tint plus, il fallait qu’elle sorte de là, elle avait besoin d’air.

La jeune femme sorti, fit le moins de bruit possible afin de ne pas réveiller ses collègues. Elle s’éloigna du campement, marcha un peu et se retrouva devant la rivière où elle était venue prendre l’eau. Elle s’assit sur la berge, retira ses chaussures et laissa ses pieds se glisser dans l’eau. Elle apprécia la fraîcheur du liquide et ferma les yeux, savourant le calme. Mais un craquement derrière elle la fit sursauter et instinctivement elle posa sa main à sa ceinture avant de réaliser qu’elle n’avait pas son arme. Mais son cœur se calma lorsqu’elle vit arriver Jane, les cheveux en bataille et un petit sourire sur le visage. Il prit place à côté d’elle, mais garda le silence. Elle ne dit pas un mot, attendant qu’il parle.

Au bout d’un moment, la main de Jane se posa sur son bras, glissa sur sa main et il la serra dans la sienne. Elle releva des yeux surpris vers lui, mais elle serra sa main en retour. C’était étrange mais si agréable, comme s’il ne s’était rien passé ces derniers jours. Elle aurait tellement voulu que ce soit le cas, qu’il ne se soit rien passé, qu’ils ne se soient jamais disputés. Elle ne pouvait pas changer le passé, mais elle pouvait faire en sorte de changer le futur, leur futur. Si elle le voulait vraiment, elle pouvait lui pardonner ses mots, sa colère et passer à autre chose. Et elle le voulait vraiment.

Jane croisa son regard, il pensait la même chose, elle pouvait le voir dans ses yeux. Il lui sourit, puis lâcha sa main. Il ne se leva pas pour autant, il retira ses chaussures, ses chaussettes et glissa ses pieds dans l’eau, à côté des siens. Tout était si calme, si tranquille, c’était magique. Ils étaient dans un autre monde, comme s’ils ne se trouvaient plus dans cette forêt, mais ailleurs. Finalement, Jane rompit le silence.

-“ Belle soirée n’est-ce pas ?”
-“ Oui” souffla-t-elle d’une petite voix.
-“ Vous n’arrivez pas à dormir ?” Lui demanda-t-il en se tournant vers elle.
-“ Non.”
-“ Vous n’aimez pas les forêts, vous préférez la ville” c’était une affirmation.
-“ Vous me connaissez si bien” sourit-elle. “ Et vous, c’est quoi votre excuse ?”
-“ J’avais envie de vous voir, de vous parler.”
-“ Vous pensez que c’est le bon moment ?”

Elle voulait aussi lui parler, mais elle n’était pas certaine que ce soit le bon moment pour ça, que ce soit le bon endroit. Ils étaient seuls, fatigués, elle n’était pas certaine de vouloir parler maintenant.

-“ Tous le monde dort, c’est le meilleur moment.”
-“ Comme vous voulez.”
-“ Je voulais m’excuser, de ce que je vous ai dis, de la peine que je vous ai faite.”
-“ Et je vous ai déjà pardonné Jane” murmura-t-elle.
-“ Mais je voulais que vous compreniez que je ne voulais pas être aussi méchant avec vous, mais j’ai eu peur en vous voyant ainsi chez vous, en voyant cette bouteille sur le sol. J’ai eu peur que vous changiez, que….”
-“ Moi aussi j’ai eu peur, c’est pour ça que j’ai bu ce soir là. Et j’étais en colère contre vous.”
-“ Je l’étais moi aussi, je m’en suis voulu de vous avoir poussé à ça. J’ai cru qu’à cause de moi vous alliez tomber dans l’alcool et je ne pouvais pas le supporter.”
-“ Mais je vous l’ai dis, j’ai vidé toutes les bouteilles après votre départ, je me suis rendue compte que je prenais le même chemin que mon père.”
-“ Et c’est une bonne chose, car vous en preniez vraiment le chemin.”

A l’instant où les mots passèrent sa bouche, Jane les regretta. Le regard de Lisbon changea, la tension remonta et Jane se sentit mal.

-“ Alors vous le croyez vraiment” s’emporta la jeune femme, encore plus blessée, “ vous pensez que je deviens comme mon père, que parce que je suis sa fille, alors je suis comme lui. Tel père telle fille c’est ça.”
-“ Lisbon je ne voulais pas dire ça” tenta-t-il de se corriger.
-“ Mais vous l’avez dit, c’est que vous le pensez.”
-“ Mais admettez que vous buvez pour oublier votre vie.”
-“ Oublier ma vie, et que savez-vous de ma vie hein ? Vous ne savez rien, absolument rien. C’est à cause de vous que je bois Jane, vous uniquement.”
-“ Je n’en vaux pas la peine, vous devriez m’oublier.”
-“ C’est ça, de toute façon vous n’êtes qu’un poids pour moi. Je savais qu’en vous engageant je commettais une bêtise et je regrette d’avoir signé votre contrat.”

Elle se leva, prit ses affaires et commença à s’éloigner. Elle voulait être le plus loin possible de lui, le plus loin possible de ce qui la faisait souffrir.

-“ Donc c’est-ce que je suis pour vous, un poids. Parfait, vous n’aurez plus longtemps à me supporter.”
-“ Enfin une bonne nouvelle.”

Et comme si le temps se calquait sur leur humeur, le ciel se chargea, le vent se leva. Les cheveux de Lisbon se mirent à voler autour de son visage, lui cachant Jane. Elle avait les larmes aux yeux, mais elle les empêcha de couler, elle ne voulait pas qu’il les voit. Elle ne savait pas comment les choses avaient put changer aussi vite, comment de cet instant magique entre eux c’était devenu si tendu. Elle était certaine que les choses allaient enfin mieux, mais elle se trompait. Le vent fit craquer les branches dans les arbres et elle se décida à partir. Elle tourna les talons, marcha jusqu’au camp et s’enferma dans sa toile de tente. Là seulement elle s’autorisa à pleurer.

Elle pleura de longues minutes, en silence afin de ne pas réveiller ses collègues où alerter Jane. Elle ne voulait pas qu’il sache à quel point ce qu’il avait dit lui avait fait mal, à quel point elle souffrait. Ce n’étaient pas les mots en eux même qui lui faisaient mal, c’était le fait que Jane pense ça d’elle. Comment pouvait-il croire qu’elle était comme son père, comment pouvait-il ne serait-ce que le suggérer devant elle. Lisbon savait qu’elle en prenait le chemin, qu’à chaque fois qu’elle ouvrait une bouteille, elle se rapprochait un peu plus de ce qu’avait été son père. Elle avait bien du mal à se retenir, mais elle y arrivait pourtant, du moins jusqu’à ce fameux soir. Elle avait tenu bon durant si longtemps, mais il avait fallut que Jane n’en fasse encore qu’a sa tête et cette fois elle avait eu si peur qu’elle n’avait pas résisté.

Elle fini par trouver le sommeil, la fatigue reprenant ses droits à cause de toutes ses larmes. Mais son sommeil ne fut pas aussi réparateur qu’elle l’aurait voulu, elle ne cessa de voir Jane au cour de la nuit. Elle n’arrivait pas à oublier, que ce soit la colère dans ses yeux après le coup de feu, comme la tristesse d’avoir été le responsable de ce coup de feu. Elle revoyait ses yeux et elle se réveilla en sursaut, incapable de retrouver le sommeil. Elle décida donc d’attendre le matin, réfléchissant à sa vie. Et si Jane avait raison, et si elle buvait pour oublier sa vie ? Certainement, sa vie n’avait rien de bien extraordinaire, à part son travail, elle n’avait rien. Peut-être que c’était justement ça le problème, peut-être qu’elle devrait oublier un peu son travail et penser à sa vie privée. Elle décida qu’en revenant de ce stage, elle changerait, elle penserait plus à elle.




Au petit matin, lorsque Lisbon se leva, une petite pluie fine tombait sur le camp. Tout le monde était emmitouflé dans leurs vestes et Lisbon attrapa la sienne avant de les rejoindre. Elle remarqua Jane un peu à l’écart mais elle l’ignora. Elle lui en voulait encore de ce qu’il lui avait dit la vielle et elle n’était pas prête d’oublier, ni de lui pardonner. Elle prit la tasse de café que lui tendait Rigsby, la porta à ses lèvres et huma avec délice la bonne odeur qui s’en dégageait. Que ne donnerait-elle pas pour se trouver dans son bureau en ce moment, à remplir des dossiers, signer des plaintes à l’encontre de Jane. En pensant à lui, elle jeta un léger coup d’œil vers lui et le vit se passer une main sur la joue, chassant une larme. Il pleurait, elle ne l’avait jamais vu pleurer et elle s’en voulu l’espace d’un instant. Mais alors elle se souvint de la veille au soir et sa colère envers lui remonta en flèche.

Le petit groupe était silencieux, personne ne parlait, personne n’était en état de dire quoi que ce soit. En regardant chaque membre de son équipe, Lisbon put voir qu’ils voulaient autant qu’elle partir de cet endroit. Ce n’était que le second jour et déjà ils n’en pouvaient plus. Le temps ne les aidait pas du tout et la première épreuve était pour aujourd’hui. Deux membres de l’équipe allaient devoir partir dans la forêt pour trouver un foutu coffre, tout ça pour resserrer les liens entre eux. Maintenant, il fallait choisir qui allait s’y rendre et Lisbon pria pour ne pas être choisie, ou du moins, pas avec Jane.

-“ Bon, on commence quand ?” Demanda Rigsby.
-“ Le mieux serait de commencer tant que la pluie est douce, avant que le temps ne se dégrade plus” suggéra Cho.
-“ Et qui va y aller ?” S’enquit Van Pelt.
-“ Je vais y aller” se proposa Lisbon. “ Je suis la chef d’équipe, c’est à moi d’y aller, surtout par ce temps. On peut dire que c’est à cause de moi que nous sommes ici.”
-“ Alors Jane doit venir avec vous.”

Tous les regards se tournèrent vers Rigsby et Lisbon le fusilla des yeux. Le pauvre bougre déglutit, il regretta d’avoir parlé. Il tenta donc de s’expliquer.

-“ Je sais que ça va pas fort entre vous en ce moment, et ce stage c’est pour renforcer les liens entre nous. Donc, je pense que vous devriez y aller avec lui.”

Lisbon voulut lui dire sa façon de penser, lui faire comprendre qu’il n’avait pas à se mêler de ses affaires, mais elle devait reconnaître qu’il n’avait pas tort. Elle et Jane étaient la raison principale de leur venue ici, ils devaient donc arranger les choses. Elle tourna la tête vers Jane, mais ce dernier n’était plus là. Elle sentit son cœur s’accélérer avant d’entendre du bruit derrière elle et lorsqu’elle se tourna, elle le vit ressortir de sa tente avec un sac à dos.

-“ Nous devrions y aller tout de suite avant que la pluie ne soit plus forte.”
-“ Je prends mes affaires.”

La brunette se leva, entra dans sa tente, prit la plus grosse veste qu’elle avait prise, et attrapa son sac à dos avant de ressortir pour rejoindre Jane qui l’attendait près des autres. Elle prit une grande inspiration et les rejoignit. Elle sentait que la journée allait être longue, mais elle n’avait pas le choix, elle devait le faire. Peut-être que ça les aiderait à s’expliquer pour de bon, elle ne voulait plus se disputer avec lui. La dispute de la veille lui avait fait mal, très mal. Elle s’en voulait encore de s’être emportée aussi vite, et de l’avoir empêché de s’expliquer, une fois de plus. Elle devait vraiment apprendre à se retenir, à se contrôler. Jane avait déjà bien assez souffert, elle ne devait pas en rajouter.

-“ On se voit plus tard” lança-t-elle à l’équipe avant de s’éloigner sur le chemin, suivit de près par Jane.
-“ A plus tard patron” répondirent en chœur les trois agents.

Une fois qu’ils furent hors de vu, Grace se tourna vers Rigsby, des reproches dans le regard.

-“ Tu étais obligé de proposer Jane ?”
-“ Ecoute, je sais que ce n’est peut-être pas une bonne idée, mais ils ont besoin de se parler, de mettre les choses à plat. Ça ne peut plus durer, il faut vraiment que ça change et le plus vite possible.”
-“ Il a raison Van Pelt, ils ont besoin de se parler et ainsi ils pourront le faire” intervint Cho. “ J’espère vraiment que ça leur sera utile.”

Les trois agents se regardèrent un moment tout en resserrant le col de leur veste autour d’eux. Le temps se rafraîchit encore et ils espérèrent que ça n’empire pas avant le retour de Jane et Lisbon. Ce n’était déjà pas facile de partir à la recherche d’une boite quelque part dans une forêt, mais si en plus il se mettait à pleuvoir vraiment, alors ce serait une catastrophe. Déjà le camp commençait à prendre l’eau, les agents décidèrent alors de sécuriser les tentes. Ils partirent à la recherche de grosses pierres, de branchages et installèrent tout autour des tentes. Pourvu que la pluie cesse.




Lisbon marchait en tête, ne faisant pas attention à son collègue qui marchait derrière elle. Le temps était vraiment froid, la pluie augmentait encore et encore et elle resserra un peu plus sa veste autour d’elle. Mais pourquoi s’était-elle laissé entraîner là dedans, pourquoi avait-elle accepté ce stage ? Elle doutait vraiment que ce stage les aideraient à redevenir les amis qu’ils étaient avant, ils étaient bien trop en colère l’un envers l’autre. La pluie augmenta encore, mouillant la jeune femme de la tête aux pieds et elle se mit à trembler. Elle sentit la main de Jane se poser sur son épaule et elle le repoussa.

-“ Vous comptez me faire la tête encore longtemps Lisbon ?” Demanda-t-il.
-“ Je n’ai pas envie de vous parler” répondit-elle sèchement. “ Je veux trouver ce coffre en rentrer au camp.”
-“ Nous devrions en profiter pour parler Lisbon, c’est pour ça que les autres nous ont envoyé ensemble.
-“ Et bien ils seront déçu, c’est tout.”

Jane souffla de désespoir. Ça n’allait pas être facile, il le savait, mais il n’imaginait pas à ce point. Il avait parlé trop vite la veille au soir, il avait dit des choses qu’il regrettait amèrement, mais il ne pouvait pas les effacer. Il aurait tellement voulu pouvoir lui faire comprendre qu’il était désolé, si seulement elle voulait bien l’écouter. Il ne pouvait pas mettre un terme à leur amitié ainsi, il ne pouvait pas perdre Lisbon. Elle était la seule chose à le faire avancer dans la vie, la seule à être vraiment importante pour lui. Il tenait à elle comme il n’avait pas tenu à quiconque depuis bien longtemps. Il accéléra le pas lorsqu’il réalisa que la jeune femme était déjà loin devant lui. La pluie était plus forte à présent, à tel point qu’il avait du mal à voir devant lui. Il se dit alors qu’il serait peut-être plus prudent de rentrer au camp.

Le mentaliste courut jusqu’à la jeune femme, la rattrapa par le bras et elle se dégagea une fois de plus. Elle marcha plus vite pour s’éloigner de lui, mais cette fois Jane ne la laissa pas faire. Le vent se leva, les branches craquèrent autour d’eux, la visibilité était quasi nulle. Jane commença à s’inquiéter, ils ne pouvaient pas continuer à chercher cette foutue boite par ce temps, ce stage ne valait pas qu’ils se mettent en danger. Il rattrapa Lisbon une fois de plus et la força à se tourner vers lui, croisant ainsi son regard noir.

-“ Il faut qu’on rentre au camp Lisbon” fut-il obligé de crier à cause du vent.
-“ Pas avant d’avoir rempli cette épreuve” se buta-t-elle.
-“ Ce stage ne mérite pas qu’on se mette ainsi en danger, je refuse de continuer.”
-“ Vous avez peur ? Et bien rentrez donc, moi je continue".

Lisbon se dégagea sèchement de l’étreinte de Jane et ce dernier en tomba à la renverse, glissant sur le chemin boueux. Lorsqu’il se releva, il la chercha du regard, mais ne la trouva pas. Son cœur s’accéléra, la panique s’insinua en lui et il courut aussi vite que possible en appelant le nom de la jeune femme. Mais elle ne répondit pas et il eut vraiment peur. Il devait la retrouver, il ne pouvait pas la perdre à cause d’une stupide dispute.




Lisbon marchait vite, aussi vite que possible pour s’éloigner de Jane. Elle en avait assez de lui, assez de l’entendre lui dire quoi faire. Elle était adulte et parfaitement capable de s’occuper d’elle-même. Le vent était si fort qu’elle était obligée de se pencher en avant pour avancer, mais ça devenait presque impossible. Peut-être que Jane avait raison finalement, le temps était trop mauvais pour continuer. Elle décida donc de revenir sur ses pas, mais lorsqu’elle se tourna, une grosse bourrasque de vent lui fit perdre l’équilibre et elle tomba à côté du chemin, roulant sur le sol en pente et fini sa course contre un arbre un peu plus bas.

Lorsqu’elle se releva, elle glissa encore une fois et reprit sa course infernale vers le bas. Mais cette fois ce ne fut pas un arbre qui la retint, elle passa par-dessus le rebord de la falaise et se rattrapa tant bien que mal à la paroi. La prise était glissante, elle avait du mal à tenir et elle avait peur de lâcher. Elle tenta d’appeler Jane, mais elle avait déjà du mal à s’entendre, alors comment pourrait-il l’entendre ? Mais pourquoi s’était-elle éloignée de lui comme ça ?

-“ Lisbon” entendit-elle au loin et l’espoir revint.
-“ Jane !” tenta-t-elle de nouveau.
-“ Où êtes-vous Lisbon ?” Cria encore Jane.
-“ En bas, la falaise.”

L’eau coulait entre ses doigts, rendant sa prise encore plus glissante et l’une de ses mains lâcha. Elle tenta de trouver une prise avec ses pieds, mais il n’y avait rien.

-“ Lisbon, je suis là.”

Lorsqu’elle releva les yeux, Jane était sur le ventre juste au dessus d’elle. Lisbon lui sourit difficilement et Jane posa sa main sur la sienne. Il l’agrippa de son mieux, la tira à lui et elle s’aida de ses pieds pour remonter. Ce n’était pas facile, mais en combinant leurs forces elle parvint à remonter. Elle tomba dans les bras de Jane et le serra contre elle, trop heureuse d’être encore en vie. Elle refusa de le lâcher lorsqu’il tenta de s’éloigner d’elle et elle le sentit ses mains se poser dans son dos.

-“ Je vous tiens Lisbon, je ne vous lâche pas” la rassura-t-il.
-“ Merci Jane, merci de m’avoir sauvée” souffla-t-elle contre son cou.
-“ Toujours Lisbon, je serais toujours là pour vous.”

Finalement, au bout de plusieurs minutes, ils se relevèrent, ne se lâchant pas la main et remontèrent avec précaution jusqu’au chemin. Une fois en haut, ils reprirent la direction du camp. Le temps ne leur permettait pas de continuer leur recherche, alors tant pis s’ils ne remplissaient pas l’épreuve, ils venaient de prouver qu’ils étaient une équipe. Si Lisbon n’était pas parti en colère comme ça, elle ne serait pas tombée. Mais Jane avait été là pour elle, comme toujours. Il lui avait sauvé la vie alors qu’elle l’avait repoussé, il prouvait ainsi que ses sentiments n’entraient pas en ligne de compte lorsqu’il s’agissait de ses collègues.

Une fois en vue du camp, Jane lâcha la main de Lisbon, mais elle la reprit aussitôt. Il releva des yeux surpris et elle lui sourit. Il la laissa donc faire, savourant un peu de paix dans leur petite guerre. Il espérait seulement que ça durerait. Ils trouvèrent Cho ramassant un sac, le reste du camp avait disparu. Il leur expliqua leur changement d’emplacement et ils le suivirent, heureux de ne pas passer la nuit à cet endroit, qui ne ressemblait plus qu’à une mare.




L’équipe avait décidé de déplacer le camp pour un endroit plus sécurisé. Les trois agents avaient déplacé leurs affaires au cours de la journée, la pluie étant bien trop forte pour rester à cet endroit. Ils avaient trouvé une grotte plus haut et s’y étaient installés. A présent bien au sec devant un feu et un repas préparé par Grace, les cinq amis discutaient de tout et de rien. Ils ne se souciaient même pas d’avoir échoué à la première épreuve, le plus important était qu’en travaillant ensemble, ils étaient tous ensemble pour savourer un peu de calme et de chaleur.

Jane fut le premier à se lever et s’éloigner du groupe. Lisbon le suivit, inquiète de le voir si triste et si inquiet à la fois. Il était ainsi depuis leur retour, ce qui ne lui ressemblait pas. Elle s’installa à côté de lui, posa sa main sur son bras mais garda le silence. Elle savait que ça ne servait à rien de le forcer, il parlerait lorsqu’il le voudrait, lorsqu’il se sentirait prêt. Elle avait tout son temps, les autres plus loin ne faisaient même pas attention à eux.

-“ J’ai eu peur Lisbon” furent les premiers mots de Jane.
-“ Moi aussi” répondit-elle.
-“ Quand je vous ai vu accrochée à cette falaise, j’ai cru que j’allais vous perdre” confessa-t-il. “ Et je me suis voulu, c’était de ma faute.”
-“ C’était de la mienne Jane, pas la votre. C’est moi qui suis parti.”
-“ Mais c’est à cause de moi, encore une fois.”

Le silence retomba un moment, la main de Lisbon glissa du bras de Jane à sa main et elle serra ses doigts. Il releva les yeux vers la jeune femme, les yeux brillants.

-“ J’en ai marre de nos disputes Lisbon” souffla-t-il. “ J’en ai marre de vous voir vous éloigner de moi.”
-“ Je suis désolée de vous avoir imposé ça” s’excusa Lisbon. “ Je sais que vous ne vouliez pas me faire de mal, c’est juste que… lorsqu’il s’agit de mon père…”
-“ Je n’aurais jamais dû dire des choses pareilles, je sais que c’était la mauvaise chose à faire.”
-“ J’ai peur de vraiment devenir comme lui parfois” avoua-t-elle. “ Quand j’ouvre une bouteille, je le revois affalé sur le canapé, une bière à la main.”
-“ Mais c’était votre père et malgré tout ça, vous l’aimez et vous voulez voir l’homme bien en lui.”
-“ Comment je peux encore penser à lui ainsi ? Comment je peux voir l’homme bon qu’il était après tout le mal qu’il nous a fait ?”
-“ Parce que vous voulez vous souvenir de lui avant le drame, vous voulez penser uniquement à ce qu’il était avant, l’homme bon et aimant.”
-“ Mais il a tellement changé, je ne pensais pas qu’il pourrait devenir si…”
-“ Je sais Lisbon, mais c’est du passé. Vous n’êtes pas comme lui, vous êtes quelqu’un de bien Lisbon.” Il l’attira à lui et la serra dans ses bras. “ Et tout ce que j’ai pu dire n’était rien, ça ne mérite pas ce qui nous arrive maintenant.”
-“ Je ne voulais pas ramener votre passé, mais je voulais vous faire aussi mal que vous m’avez fait. Je suis vraiment désolée.”

Ils se regardèrent dans les yeux, sans rien dire. Ces excuses, elles avaient été si attendues, si espérées. Lisbon reposa la tête sur l’épaule de Jane, ferma les yeux et entoura son consultant de ses bras.

-“ Promettez-moi qu’on ne se disputera plus comme ça, qu’on ne s’éloignera plus comme nous l’avons fait” supplia le blond.
-“ Alors promettez-moi de ne plus jamais parler de mon père, de ne plus jamais évoquer son nom.”
-“ Je ne le ferais plus, c’est promis.”

Un nouvel accord venait d’être passé entre eux, et cette fois ils le respecteraient. Ils ne voulaient plus souffrir comme ça avait été le cas pendant tous ces jours, ils avaient trop besoin l’un de l’autre. Ils avaient déjà bien souffert dans la vie, ils ne pouvaient pas s’imposer d’autres souffrances. Jane regarda dehors, la pluie était de plus en plus forte et il sut alors que leur semaine se passerait ici, dans cette grotte, jusqu’à ce qu’on vienne les chercher. Le plus tôt serait le mieux. Et même s’ils ne remplissaient pas toutes les épreuves, ils agissaient en équipe, ils s’aidaient les uns les autres et c’était ça le but de ce stage.

vls vls vls