Move on [legers spoilers saison 4] ^

Teresa Lisbon, agent du CBI, était habituée à souffrir. Depuis la mort de sa mère lorsqu’elle était enfant, elle avait dû subir les foudres de son père qui ne se consolait pas de la perte de sa femme. Elle ne l’avait jamais blâmé pour ça, elle pouvait comprendre sa souffrance car elle la ressentait aussi. Elle avait donc prit sur elle, avait accepté et souffert en silence. A la mort de son père, elle avait encore souffert. La vie ne lui avait jamais fait de cadeau, l’avait toujours tourmenté et aujourd’hui, adulte, elle souffrait encore.

Cela faisait presque un an que son consultant, Patrick Jane était partit sans donner de nouvelles, sans dire s’il reviendrait un jour. A la mort de John LeRouge, son ennemi, celui qui avait tué sa famille, il avait décidé qu’il n’avait plus besoin du CBI et avait prit la fuite. Il avait laissé derrière lui des gens pour qui il comptait mais ne s’en était pas soucié. Elle ne pouvait pas vraiment lui en vouloir, il n’avait plus rien ici, du moins de ce qu’il pensait. Il ne se doutait pas que juste à côté de lui, depuis des années, se trouvait une femme qui aurait tout fait pour le rendre heureux. Et cette femme c’était elle, Teresa Lisbon.

Elle avait passé presque dix ans à prendre soin de lui, à faire en sorte qu’il ne fasse pas, trop de bêtises. Elle avait veillé sur lui comme la chose la plus précieuse et lui n’avait rien vu. Il s’était laissé aveugler par sa colère, pas son envie de vengeance. Il ne voyait que lorsqu’il s’agissait de John LeRouge et rien d’autre. Elle avait gardé le silence tout ce temps, se contentant de rester près de lui. Son ange gardien, voilà ce qu’elle était. Mais surtout, un pion. Pour Patrick Jane elle n’avait été qu’un pion qu’il déplaçait à sa guise sur son échiquier. Mais toujours fidèle à elle-même, Lisbon n’avait rien dit. Du moment qu’elle pouvait veiller sur lui. Et les années passant, son attachement pour lui avait grandit, mais aussi sa colère. Elle en avait eut assez de ne rien être d’autre qu’une simple collègue, de ne servir qu’a le rapprocher de son but ultime.

Mais maintenant tout était fini, il était partit et ne reviendrait pas. John LeRouge n’était plus, alors rien ne le retenait plus au CBI, même pas elle. Et Lisbon avait une fois de plus gardé le silence, souffrant dans son cœur, retenant les larmes qu’elle ne verserait pas pour cet homme, qu’importe ses sentiments pour lui. Et une fois qu’il fut loin, qu’elle fut seule à l’abri des regards, elle les laissa couler. Elle pleura, longtemps, des heures entières, mais toujours à l’abri de ces murs, chez elle, dans cet appartement vide de chaleur humaine. Que pouvait-elle faire d’autre ? Il ne voulait pas rester, c’était sa vie, il faisait ce qu’il voulait.

Mais au fond d’elle, Lisbon savait qu’elle aurait put faire quelque chose, qu’elle aurait put tenter de lui ouvrir les yeux, de lui faire comprendre qu’elle était là, qu’elle tenait à lui, qu’elle avait besoin de lui. Mais non, stupide Teresa. Le silence encore et toujours. Elle avait voulu respecter son choix et c’est ce qu’elle avait fait. Il avait voulut changer de vie et c’est ce qu’il avait fait. Elle était seule et le resterait pour toujours. Elle l’avait tellement aimé, et l’aimait encore, qu’il n’y avait pas de place pour un autre homme. Elle savait qu’elle aurait put se reprendre, faire sa vie et tenter de l’oublier, mais elle ne le voulait pas, ne le pouvait pas.

Jane était partit depuis presque un an maintenant et elle n’avait pas perdu cette habitude de regarder son canapé dans l’espoir de l’y voir. Mais il était vide, désespérément vide et le resterait. Elle devait se faire à cette idée. Par chance elle avait beaucoup de travail. Les crimes ne cessaient pas juste parce qu’elle n’allait pas bien, ce qui fait que la journée au moins elle pouvait s’occuper l’esprit. Ses collègues aussi étaient d’un grand soutien, ils étaient toujours là pour elle, savaient lorsqu’elle avait besoin de compagnie. Parfois elle sortait avec eux le soir, mais pas souvent. Elle avait bien trop tendance à rentrer seule chez elle à se morfondre. Elle savait que ce n’était pas sain, mais elle le faisait quand même.

Elle restait souvent tard le soir, travaillant sur la paperasse qui était moindre depuis le dépars de Jane. Plus de rapports de plaintes à remplir, sa charge de travail avait diminué. Mais malgré tout elle restait, encore une vieille habitude qu’elle avait du mal à perdre. Elle avait quand même changé quelque chose, et pas des moindre. Depuis bientôt trois mois elle s’était mise à boire du thé, boisson qu’elle n’aimait pas du tout mais qui lui rappelait son ancien consultant. Le café, ce n’était que le matin pour se réveiller. Le reste de la journée c’était le thé. Elle avait trouvé une boite, seule souvenir de Jane resté ici et elle ne voulait pas la jeter. Alors elle avait commencé à se faire cette boisson régulièrement. Van Pelt avait remarqué cette habitude. Lisbon savait que cela peinait sa collègue de la voir ainsi, mais elle ne pouvait rien y faire.

La vie était devenue si triste, si morne depuis qu’il n’était plus là avec ses blagues, ses sourires à faire fondre, ses yeux bleus si beaux qu’elle voyait encore en rêve. Il lui arrivait de temps en temps de dormir au CBI, soit dans son bureau, soit dans le grenier qui était devenu le repère de Jane. Les draps avaient encore son odeur et elle se pelotonnait dedans, les serrant contre son cœur. Elle le faisait quand même moins souvent depuis quelques temps, elle ne voulait pas que son patron se rende compte de son manège. Elle était agent Senior, elle ne pouvait pas se permettre de se faire surprendre à dormir dans les greniers de son lieu de travail.



Rigsby et Van Pelt avaient tenté à maintes reprises de faire sortir Lisbon de sa solitude, de lui faire comprendre que le monde continuait de tourner. Mais c’était peine perdue, elle le savait et eux avaient fini par le comprendre. Cho pour sa part n’avait rien fait. Il savait que, quoi qu’il puisse dire, quoi qu’il puisse faire, ça ne changerait rien. Elle avait le cœur brisé et seul Jane pourrait le faire revivre. Alors l’asiatique ne faisait rien, il se contentait de s’assurer qu’elle continue de bien faire son travail, prenant parfois les rênes lors des enquêtes lorsqu’il voyait qu’elle allait vraiment mal. Lisbon était plus que sa patronne, elle était aussi une amie chère qu’il ne pouvait pas laisser perdre son travail pour une peine de cœur.

Ce que Lisbon ne savait pas, c’est que son collègue au silence légendaire avait entrepris des recherches pour retrouver le mentaliste. Il n’avait rien dit à personne, pas même à ses deux collègues qui ne se doutaient de rien. Il voulait le retrouver pour Lisbon, car il savait que sans lui, la jeune femme n’irait pas mieux. Il tenait assez à elle pour mettre, temporairement sa colère envers Jane de côté. Mais il ne le laisserait pas s’en tirer ainsi, pas après ça. Il était déjà partit une fois, Lisbon en avait souffert, beaucoup, sans rien dire à personne. Lorsqu’il était revenu, tous avaient pensé que c’était pour de bon. Mais ils se trompaient.

Aujourd’hui, l’agent Cho avait enfin retrouvé la trace de son ancien collègue. Ça n’avait pas été facile et pour cause. L’ancien médium, celui qui avait quitté sa vie de forain étant adolescent avait reprit les routes avec ceux qui avaient été une sorte de famille pour lui. Il avait reprit ses habitudes avec eux, avait oublié les gens avec qui il avait passé tant d’années. Oh bien sûr il ne jouait plus les mentalistes, il ne se faisait pas connaître du public. Il restait en retrait, aidant à la préparation des spectacles, tout ce qu’il y a de plus simple. Mais il avait chassé de sa mémoire ce que représentaient les quatre agents du CBI avec qui il avait travaillé durant si longtemps. C’est grâce à Danny, l’ancien beau-frère de Jane, que Cho avait retrouvé sa trace. L’homme, après une cavale de plusieurs années, avait reprit contact avec ses amis et avait été surpris d’apprendre le retour du ‘Boy Wonder’. Il avait donc cherché à savoir pourquoi il avait décidé tout à coup de revenir et c’est là qu’il avait apprit la véritable raison de son retour.

Danny n’était pas un mauvais bougre. Il avait fait des erreurs dans sa vie, mais il voulait s’amender et il ne voyait qu’un moyen pour commencer sur cette voie. Il avait prit contact avec l’agent Cho, ayant apprit de source sûre que l’homme cherchait activement Jane. Il aurait préféré avoir à faire à l’agent Lisbon, elle l’avait aidé une fois. Mais il avait aussi apprit son état actuel, ce que le départ de Jane lui avait fait et il ne voulait pas lui donner de faux espoirs. Il n’était pas certain que le blond repartirait, même après avoir appris pour Lisbon. Ce que Danny avait du mal à comprendre c’était pourquoi il avait laissé une telle femme derrière lui, pourquoi il n’avait pas profité de sa nouvelle liberté pour refaire sa vie, avec elle. Il avait la chance d’avoir une femme merveilleuse qui tienne à lui et il prenait la fuite.

Pour Danny, ça ne pouvait pas continuer ainsi, Patrick avait besoin que quelqu’un le remette sur le droit chemin et il avait donc tout simplement pensé à l’agent Cho. Il savait que l’asiatique arriverait à le faire changer d’avis, qu’il trouverait les mots pour le faire revenir. Cho était comme ça et Jane en avait besoin. C’est donc ainsi que l’agent l’avait retrouvé, tout simplement. Il aurait voulu prévenir Lisbon, lui faire part de cette bonne nouvelle, la voir de nouveau sourire. Mais si jamais Jane ne revenait pas, alors ce serait comme un autre abandon et il ne pouvait pas lui imposer ça, elle avait déjà bien trop souffert à cause de lui.




En un chaud matin de Juillet, l’agent Lisbon, assise derrière son bureau, buvait sa seconde tasse de thé du matin. La journée avait et calme jusque là, à croire que la chaleur avait atteint les criminels et qu’ils avaient décidé eux aussi de faire une pause. Mais elle n’allait pas s’en plaindre, bien au contraire. Elle était fatiguée, pas du travail mais de souffrir. Elle ne savait pas comment elle parvenait encore à se lever le matin, comment elle pouvait encore venir travailler alors que celui qui lui avait brisé le cœur vivait sa vie quelque part. Elle avait apprit, tout à fait par hasard, que Cho avait fait des recherches pour retrouver Jane et qu’il y était parvenu. Elle avait sentit son cœur bondir dans sa poitrine ce jour là, comme si une part d’elle revenait à la vie à cette simple information. Mais bien vite il s’était de nouveau serrer. Elle avait entendu Cho parler à Danny et ce dernier lui avait dit que Jane ne parlait jamais d’elle, qu’il avait comme oublié ses amis.

Comment pouvait-il ne pas se souvenir d’elle et de toutes ces années passées à travailler ensemble ? Mais finalement, peut-être qu’il avait réussit là où elle avait échoué. Il était parvenu à refaire sa vie, à aller de l’avant. Tout ce qu’elle avait réussit à faire jusque là était de venir travailler, faire en sorte de rester en vie à la fin de chaque journée et rentrer chez elle. C’était déjà bien étant donné son état psychologique et physique. Le manque de sommeil, le manque de nourriture, ça ne l’aidait pas du tout. Tant que l’équipe serait là pour veiller sur elle, il n’y avait pas de soucis. Mais ils ne seraient pas toujours là et elle devait se reprendre. Elle ne voulait pas leur imposer encore plus de responsabilités, elle ne voulait devoir compter sur personne. Si Jane avait réussit à refaire sa vie, alors elle y arriverait aussi. Il n’était pas le premier homme à être passé dans sa vie et dans son cœur, et il ne serait pas le dernier.

C’est avec cette nouvelle résolution que la brunette se remit sérieusement au travail, remplissant des rapports, faisant disparaître cette pile de dossier qui encombrait son bureau depuis bien trop longtemps. Elle avait décidé de redevenir la femme qu’elle était avant l’arrivée de Jane, redevenir forte et indépendante. Elle était une femme fière, toutes les femmes de sa famille l’avaient été et elle ne voulait pas les décevoir. Alors elle allait travailler, dur, montrer au monde que ce n’est pas un homme comme Patrick Jane qui allait détruire Teresa Lisbon.