Move on [legers spoilers saison 4] ^

Il allait bien, Jane allait bien et j’en étais heureuse. J’avais passé des mois à souffrir à cause de lui, à pleurer seule dans mon appartement. J’avais juré que je ne laisserais plus jamais personne me faire autant de mal lorsque j’étais adolescente et que mon père nous battait mes frères et moi. Mais finalement, j’avais laissé Jane le faire. Je ne sais pas comment j’ai pu me laisser séduire par cet homme, ce n’est pourtant pas le type d’homme qui m’attire en général. Mais il y avait quelque chose en lui, je ne sais pas quoi. Quand je le voyais, je ne pouvais m’empêcher de nous imaginer dans les bras l’un de l’autre, se réconfortant mutuellement. Comment moi, la grande Teresa Lisbon j’avais pu laisser un homme prendre tant d’importance dans ma vie, dans mon cœur. J’avais pourtant installé des murs, une muraille infranchissable. Mais il était parvenu à se faire un passage, à y entrer et se faire sa place. Patrick Jane était le seul homme que mon cœur avait accepté.

Je m’étais inquiétée pour lui pendant presque un an et maintenant je savais qu’il allait bien. Je ne savais toujours pas où il était, mais je savais qu’il n’était pas seul, que des gens veillaient sur lui et son bien être. J’aurais tant aimé être cette personne, celle qui s’assurerait qu’il ne fasse pas de bêtises, qu’il n’embête pas les mauvaises personnes. Mais même si ce n’était pas moi, le simple fait qu’il aille bien me suffisait. Je pouvais enfin penser à moi, peut-être rencontrer quelqu’un, faire ma vie. Si Jane avait réussit à le faire après toutes ces années, il n’y avait pas de raison pour que je ne puisse pas en faire autant. Il fallait juste que j’en trouve le courage, et c’est justement ce qui me manquait en ce moment.

Je n’avais jamais été une femme faible, j’avais toujours eu la force et le courage de faire ce que je voulais vraiment. Mais je devais bien admettre que depuis ma rencontre avec Jane, j’avais changé et pas forcement dans le bon sens. C’est surtout après mon dernier entretien avec Jane que j’avais commencé à changer, que j’étais devenue plus faible. Je me souviens encore de ce soir où je suis allée le voir à son motel, de son regard lorsqu’il a ouvert la porte. On aurait dit qu’il voulait me tuer sur place et je ne pouvais pas lui en vouloir. J’avais fait quelque chose que je pensais juste à cet instant mais qui aux yeux de Jane était la pire trahison. Je voulais juste le protéger, je ne voulais pas le voir gâcher sa vie et voilà ce que j’avais récolté. J’étais maintenant seule et il était quelque part, certainement dans un autre état, vivant heureux, sans moi.

Mais finalement, qu’il soit heureux était le plus important non ? Que ce soit avec moi ou non, il avait retrouvé le sourire à ce que j’avais entendu, il vivait de nouveau pleinement. Ce que j’avais du mal à comprendre c’était pourquoi il était repartit vers cette vie qu’il avait fuit des années plus tôt. Mais c’était son choix, pas le mien. J’avais encore mal en pensant à lui, une boule dans la gorge, le cœur en morceaux. Mais j’avais eu ce que je méritais, je ne pouvais blâmer que moi.

Assise sur mon lit, je remontais mes jambes contre ma poitrine, les entourant de mes bras et posais ma tête sur mes genoux. Je recommençais, je sombrais encore un peu plus dans la dépression. Je devais absolument en sortir, maintenant que je savais qu’il allait bien. Il fallait que je l’oublie, tout comme lui m’avais oublié. Mais au fond de moi, je continuais d’espérer qu’il ne m’ait pas vraiment oublié, qu’il continue de penser à moi et à notre… Je secouais la tête pour chasser ces pensées. Ce n’était pas le bon moment, je devais absolument oublier.

Je me décidais enfin à quitter mon lit pour me rendre à la salle de bain. Je devais me préparer, il n’était pas question que j’arrive en retard au travail. J’avais déjà sur moi les regards compatissants de mes collègues, chose que je n’avais jamais aimé et que j’aimais encore moins depuis un an. J’avais toujours fait en sorte toute ma vie de garder pour moi mes émotions, afin que personne ne sache quand ça n’allait pas. J’y étais très bien arrivée durant toute mon adolescence, personne n’avait vu à quel point je souffrais, à quel point mon père se comportait mal envers mes frères et moi. Alors pourquoi maintenant je n’arrive plus à le faire, pourquoi je ne parviens plus à cacher mes émotions.

Entrant dans la pièce, je laissais la porte ouverte, de toute façon qui pourrait me voir ? Je retirais le long T-shirt que je portais toujours pour dormir, le posais sur la chaise à coté du lavabo puis m’attaquais à mon pantalon. Je regardais ensuite mon reflet dans le miroir pour découvrir un corps que je reconnaissais à peine. J’avais maigri, je pouvais presque voir mes côtes et ça me fit peur. Comment en étais-je arrivée là ? Je ne comprenais toujours pas comment j’avais pu laisser mon corps et mon esprit se dégrader à ce point pour un homme. Ce n’était pas moi, je devais réagir au plus vite. Je retirais mes sous vêtements avant de filer sous la douche où l’eau chaude coula doucement sur mon corps amaigri.

Aussitôt, la chaleur de l’eau me rappela la chaleur des mains qui avaient touché mon corps, ces mains douces qui avaient réveillé en moi des sensations que je croyais perdues à jamais. Je fermais les yeux et les images affluèrent sous mes paupières closes. Je pouvais de nouveau sentir son souffle chaud contre ma peau, contre mes lèvres. Je pouvais sentir encore son corps se mouvoir sur le mien, en moi. Je fermais les yeux plus fort, comme si cela pouvait chasser ces images mais elles revenaient en force. Je ne pouvais pas les oublier, je ne pouvais pas les chasser de ma mémoire. Car si j’étais honnête avec moi-même, je ne le voulais pas vraiment. Ces souvenirs étaient les plus beaux que j’avais en moi et je voulais les garder à jamais, même si je devais en souffrir.

Plusieurs minutes s’écoulèrent et dans ce laps de temps, j’avais glissé et étais à présent assise dans la douche, le dos contre la paroi de verre, les larmes coulant de mes yeux. Même après tout ces mois, repenser à cette nuit me faisait mal. Jamais je ne parviendrais à passer au dessus de ça, ces quelques heures magiques étaient bien profondément ancrées dans mon cœur, dans ma mémoire. Je restais encore ainsi, retrouvant la position exacte que j’avais dans mon lit seulement quelques minutes plus tôt. Je restais jusqu’à ce que l’eau, à présent froide, me fasse frissonner. A ce moment là seulement je décidais de me lever. Je ne m’étais même pas lavé, trop prise par mes pensées. Je rectifiais donc cette négligence par un passage rapide au lavabo. Je me doucherais mieux ce soir.

Lorsque je sortais de la salle de bain, enveloppée dans une serviette éponge, je me dirigeais directement vers ma grande armoire où j’entrepris de chercher ce que j’allais porter aujourd’hui. En regardant bien, le choix n’était pas grand. Vestes noires, pantalons noirs, chemisiers blancs, certains un peu plus colorés. Je fouillais encore à la recherche de vêtements que j’avais portés avant, dans un autre temps et je tombais sur une chemise. Ce n’était pas n’importe quelle chemise, c’était SA chemise. Je l’avais prise le matin de son départ, alors que je pleurais seule dans ce grand lit. Il n’avait rien laissé, pas même un mot pour me dire où il allait et quand il reviendrait. J’avais trouvé cette chemise alors que je refaisais le lit, elle était bien cachée sous le drap. Elle portait encore son odeur à ce moment là, mais maintenant elle n’avait plus que la mienne. Tout ces mois passés enfermée dans ce placard, ou bien sur moi lorsque parfois je la portais pour dormir.

Du bout des doigts, j’effleurais le tissu doux et soyeux. Il avait toujours eut bon goût en matière de vêtements. Je me souviens encore des fois où je l’embêtais sur sa façon de s’habiller, ces fameux costumes trois pièces qui lui allaient si bien. Je ne lui avais jamais dis, mais j’aimais le voir habillé ainsi, je le trouvais séduisant. Je me demandais s’il portait toujours ces costumes. Certainement pas, il devait porter des vêtements plus confortables pour la nouvelle vie qu’il avait choisie. Mais qu’importe ce qu’il portait, il serait toujours à mes yeux un homme séduisant, charmant.

Je repoussais la chemise et optais pour une tenue simple. Un pantalon noir, une chemise beige et une veste noire par-dessus. La tenue classique, mais je n’étais pas d’humeur à porter un de mes chemisiers colorés. Je m’habillais en vitesse avant de me diriger de nouveau vers la salle de bain pour me coiffer. Ces derniers temps je portais toujours mes cheveux remontés dans un chignon, mais aujourd’hui je les laissais tomber dans mon dos. Ils avaient poussés durant l’année et, même si ce n’était pas toujours très pratique dans mon travail, je les aimais ainsi. Peut-être devrais-je me les faire couper, afin de changer complètement. Si je voulais changer de vie, pourquoi ne pas changer d’apparence en coupant mes cheveux ?

Mais c’est alors que j’entendais dans ma tête la voix de Jane. Je l’entendais encore me dire qu’il aimait mes cheveux, que ça m’allait bien de les avoir plus long, que ça me changeait. J’avais rougi lorsqu’il m’avait dit ça, comme à chaque fois qu’il me faisait un compliment. Je ne les couperais pas alors, en souvenir de Jane. Je passais la brosse plusieurs fois et la reposais. Je m’inspectais une dernière fois, satisfaite du résultat et quittais la pièce. J’allais ensuite dans la cuisine me faire un café, le seul et unique de la journée. Depuis qu’il était partit, j’avais changé beaucoup de chose dans ma vie et à présent je buvais du thé. Je n’avais jamais particulièrement aimé le thé, pas que je détestais, mais pas plus que ça. Mais maintenant j’en buvais et je dois bien avouer que j’aime ça.

Je fis bouillir l’eau et préparais la boisson de la même façon que je l’avais toujours fait pour Jane. C’était une habitude maintenant et je m’installais au comptoir de la cuisine pour le boire. Je ne m’attardais pas trop car en regardant ma montre, je constatais qu’il commençait à se faire tard. Je finissais rapidement mon thé, posais la tasse dans l’évier avant de me prendre mon sac, mes clés et de quitter mon appartement, direction le CBI.




J’arrivais quelques minutes plus tard, garais ma voiture et en sortais. J’entrais dans le bâtiment, saluais le gardien puis montais dans l’ascenseur. Lorsque j’entrais dans l’open space, je constatais qu’il était vide, mais il n’y avait rien d’anormal, il était encore tôt. J’avais pris cette habitude des années plus tôt, en entrant dans la police. J’avais également eu besoin de plus d’heures de travail à cause des rapports de plaintes à l’encontre de Jane. Je n’avais plus de plaintes à présent, mais je continuais de venir de bonne heure, avant tous le monde afin d’éviter au maximum tout ces regards qui me rendaient malade. Mon équipe me regardait aussi de cette façon, ce qui prouvait bien que je ne cachais pas assez mes émotions. Mais je devais leur reconnaître quelque chose, depuis que Jane était partit et que je n’allais pas bien, ils faisaient en sorte que tout se passe bien. Cho avait prit sur lui de s’occuper des enquêtes à ma place lorsque je n’y parvenais pas. Heureusement qu’il était là pour s’occuper de tout, je ne sais pas ce que j’aurais fait sans lui.

En passant devant le canapé de Jane, je faisais glisser mes doigts sur le cuir usé, laissant les souvenirs affluer. Jane buvant son thé, jambes croisées. Jane faisant semblant de dormir alors qu’il y avait des enquêtes à résoudre. Je me souviens qu’à l’époque j’avais tendance à lui crier dessus, à lui demander de se bouger un peu et de nous aider. Mais s’il avait été là en ce moment, je crois que je n’en ferais pas autant. Ce que j’aimerais qu’il soit de nouveau parmi nous, rien qu’en restant sur ce canapé qu’il aimait tant. Après son départ, je n’avais pas eu le cœur de me séparer de ce canapé, il me rappelait trop de souvenirs, bons ou mauvais. Et personne n’avait songé à le faire.

Je me dirigeais ensuite vers mon bureau où je déposais mes affaires avant d’aller à la cuisine me faire un thé. Je revenais juste à mon bureau lorsque je vis Cho arriver. Depuis un an, il avait prit l’habitude d’arriver juste après moi, certainement pour s’assurer que j’étais bien là et surtout que j’allais bien. Il était très protecteur envers moi mais je ne lui en voulais pas. Il était plus qu’un collègue de travail, il était un ami et depuis que Jane n’était plus là, il avait en quelque sorte prit sa place. Il ne pourrait jamais le remplacer dans mon cœur, jamais je ne pourrais l’aimer plus qu’en ami. Je le saluais donc poliment avant d’aller m’enfermer dans mon bureau. J’avais encore un peu de paperasse à remplir.

Rigsby et Van Pelt arrivèrent peu de temps après lui et ils vinrent me saluer avant de s’installer à leur bureau respectif. Je ne savais pas vraiment ce qu’ils avaient à faire, peut-être de la paperasse comme moi. Et le temps passa ainsi, calmement, chacun occupé à son bureau avant que je reçoive un coup de téléphone. Cet appel allait changer ma vie, encore une fois. Mais je ne le savais pas encore à ce moment là. Je pris les informations qu’on me donnait et me rendais auprès de mes collègues. Ils levèrent aussitôt la tête.

-“ Nous avons une affaire” leur dis-je. “ Un homme retrouvé mort à l’entrée Est de Sacramento. Van Pelt, tu restes ici et tu attends notre appel pour entamer des recherches sur la victime, tout sur lui, sa famille, ses amis, ses habitudes, comme d’habitude quoi.”
-“ Bien patron” acquiesça-t-elle.

Je savais que j’avais tendance à la laisser derrière, mais elle était la meilleure en informatique. Rigsby n’était pas mauvais, mais Grace était bien meilleure que lui.

-“ Rigsby et Cho, vous venez avec moi, on va sur la scène de crime” et je vis mes deux collègues prendre leurs vestes et me suivre.

Cho prit le volant, comme il en avait l’habitude depuis un an tandis que je m’installais du côté passager. A l’arrière, Rigsby lisait les informations que j’avais obtenues par téléphone. Le trajet se fit en silence et nous arrivâmes rapidement sur place. Une fois la voiture garée, je sortais et rejoignais l’agent local qui me fit un topo de la situation.

-“ La victime est un homme de race blanche, environ quarante ans, blond. Il à été retrouvé par un promeneur.”
-“ Où est le témoin ?” Demandais-je et il me l’indiqua du doigt. “ Cho, tu t’occupes de lui.”

Mon agent s’éloigna et Rigsby me suivit vers la victime. En approchant, je vis les cheveux blonds de l’homme, mélangé à du sang et je pensais immédiatement à Jane. Rigsby dut le sentir car il me posa une main sur l’épaule et me sourit. Je lui rendis son sourire et lorsque nous arrivâmes près de la victime, je me penchais pour mieux le voir. Ce n’était pas Jane et je me baffais mentalement pour avoir imaginé que ça puisse être lui. Je l’examinais, il avait reçu un coup derrière la tête, ce qui avait probablement été la cause de la mort. Je remarquais qu’il portait des vêtements colorés, comme s’il sortait d’un cirque. Je me relevais et m’éloignais un peu. En regardant autour de nous, je vis un peu plus loin un chapiteau, des caravanes et c’est alors que l’odeur d’animaux me vint aux narines.

Rigsby s’approcha de moi, comme mal à l’aise. Je le questionnais du regard et il tourna les yeux vers un groupe de personnes se tenant un peu plus loin. Mon agent vint me préciser qu’il s’agissait de la famille de la victime, en quelque sorte. L’homme faisait bien partie d’un cirque. Mais alors que je m’approchais de la ‘famille’, des boucles blondes attirèrent mon attention dans la foule, faisant battre mon cœur d’une façon anormale. Il était là, si près de moi et si loin à la fois. Il dut me voir lui aussi car il se détacha de la foule et s’approcha de moi.

-“ Salut Lisbon” me dit-il calmement.

Les mots se perdirent sur mes lèvres, j’étais incapable de lui répondre. Il se tenait devant moi, les mains dans les poches, la tête basse. Il avait raison d’agir ainsi, il avait bien des choses à se reprocher. J’avais envie de lui crier dessus, de lui faire savoir à quel point j’avais souffert de son départ. Mais au lieu de ça, je tournais les talons et me dirigeais vers la voiture.

-“ Lisbon !” Cria-t-il derrière moi.

Mais je ne l’écoutais pas. J’avais envie de pleurer à cet instant, de laisser libre court à mes larmes. Mais je ne pouvais pas, pas maintenant, pas ici. Plus tard lorsque je serais chez moi, seule. Pour le moment, un homme était mort et il méritait que je m’occupe sérieusement de trouver le coupable. J’espérais seulement que Jane n’avait rien à voir avec tout ça. Je ne savais pas si j’étais prête à travailler de nouveau avec lui, j’étais terrifiée. Mais techniquement nous n’allions pas travailler ensemble, il n’était juste qu’un proche de la victime, rien de plus.

J’attendais à la voiture que les autres aient fini puis nous rentrâmes au CBI. Alors que la voiture s’éloignait, je le vit nous observer. Il tenta un faible sourire lorsque nos yeux se croisèrent avant de tourner les talons et de rejoindre ses amis. Le trajet du retour était aussi silencieux que celui de l’aller, mais bien plus pesant. De revoir Jane m’avais fait du bien, même si je ne l’admettrais jamais. Je jetais un coup d’œil à mes collègues et je pus voir que pour eux aussi c’était difficile. Ils avaient revu un ami partit depuis un an et ce n’était pas dans les meilleures circonstances. Je ne savais pas vraiment ce qu’ils pensaient de tout ça, mais je voyais bien que de le revoir les avait aussi secoué.

Nous arrivâmes au CBI où Van Pelt nous fit part de ce qu’elle avait trouvé sur la victime. Un homme simple, il avait quitté sa famille alors qu’il était à peine majeur pour rejoindre le cirque dans lequel se trouvait Jane. Ils se connaissaient de longue date et rien qu’à l’évocation du nom de mon ancien consultant, je sentis mon cœur se serrer. Grace nous apprit qu’il avait des dettes de jeu et elle avait trouvé le nom de son partenaire mécontent. Elle nous donna l’adresse et j’envoyais Cho et Rigsby l’interroger.

Finalement, en fin de journée, l’affaire était résolue. Ne pouvant pas payer ses dettes, Edouard Meyer, le partenaire de jeu de notre victime l’avait tué. Cela faisait bien longtemps que nous n’avions pas eut d’enquêtes si facile à résoudre et cela nous fit du bien. Nous pûmes donc rentrer tôt chez nous et pour une fois je ne m’attardais pas. J’avais besoin d’être seule après les événements de la journée.




Je sortais de ma douche, plus reposée, plus détendue. Ça m’avait vraiment fait du bien. Je portais ma serviette autour de moi et fouillais dans mon armoire à la recherche de quelque chose à porter pour la nuit. Lorsque je tombais sur la chemise de Jane, je restais un moment à la fixer avant de la prendre et de l’enfiler. Je m’enveloppais dedans et enfouissais mon nez dans les manches trop longue à la recherche de son odeur. Elle n’y était plus de puis longtemps et je savais que c’était inutile, mais j’en avais besoin. Je descendais ensuite dans la cuisine me faire un thé. Mais alors que je m’installais sur le canapé, des coups résonnèrent à la porte.

Je me relevais, marchais lentement en me demandant qui pouvait venir me déranger aussi tard. Je ne voyais jamais personne en dehors du travail. Peut-être était-ce une voisine qui venait me demander quelque chose. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je tombais sur Jane en ouvrant la porte. Il portait un T-shirt bleu et un jean. Il était bien plus séduisant que dans mes souvenirs, sa peau était plus bronzée, ses cheveux un peu plus longs et je prenais le temps de l’observer avant qu’il ne se racle la gorge, me ramenant à la réalité.

-“ Je peux entrer ?” Me demanda-t-il, mal à l’aise.

Je m’écartais pour le laisser passer et refermais la porte derrière nous. Il resta planté dans l’entrée. Pour ma part, j’avançais dans le salon et me tournais pour lui faire face.

-“ Que voulez-vous ?” Lui demandais-je alors de ma voix la plu dure.
-“ Je voudrais vous expliquer mon départ.

Je ne sais pas pourquoi j’ai fait ça, pourquoi je suis venue chez elle ce soir, pourquoi j’ai dis vouloir lui expliquer mon départ. En ce moment, moi le grand Patrick Jane, je ne savais plus quoi dire. La voir aujourd’hui m’avait fait une drôle de sensation. Lorsque j’étais parti presque un an plus tôt, je ne pensais pas la revoir un jour. Pas que je ne le voulais pas, mais je savais qu’elle m’en voudrait d’être partit et qu’elle ne pourrait pas me le pardonner. Je ne me le pardonne pas non plus, mais je devais le faire. La nuit que nous avions passée ensemble avait été la plus magique de ma vie depuis la mort de ma famille. J’avais toujours eu des sentiments pour elle, amicaux pour commencer, mais par la suite plus profonds. J’avais voulu les garder au fond de moi le plus longtemps possible mais ça n’avait pas fonctionné.

J’avais cédé, même après ce qu’elle avait fait. J’avais toutes les raisons d’être en colère contre elle. Lisbon avait fait une chose qu’elle n’aurait pas dut faire, elle m’avait volé ma vengeance en tuant John LeRouge à ma place. Je lui en avais terriblement voulu, plus que je ne pensais le pouvoir un jour. Pendant des années je lui avais fait comprendre comment je voyais les choses, qu’il était à moi et à personne d’autre. Je pensais qu’elle l’avait comprit mais ça n’était pas le cas. Elle l’avait tué et je lui en avais voulu.

Ce soir là, lorsqu’elle était venue me voir, je lui avais crié dessus, je lui avais dis tout ce que j’avais sur le cœur à cet instant. Elle avait aussi crié et avait mit en avant le fait que c’était son travail et non le mien. Et elle avait raison, ce n’était pas à moi de le faire. Mais ça ne voulait pas dire non plus que c’était à elle de le faire. Je n’avais jamais voulu qu’elle se mêle de ça, même si elle était en charge de l’affaire. Jusqu’au bout j’avais voulu la protéger de mon passé. J’aurais dû savoir que rien ne pourrait empêcher Lisbon de faire son travail, elle avait ça dans le sang.

Nous nous sommes disputés, nous disant tout ce que nous avions sur le cœur et finalement Lisbon avait dit les mots qu’il ne fallait pas. Elle avait dit qu’elle m’aimait et j’avais réagis impulsivement. Je lui avais attrapé le visage et l’avais embrassé avec toute la force des sentiments que je gardais au fond de mon cœur. Et contre toute attente, elle avait répondu à ce baiser, m’entourant la nuque de ses bras. Et une chose en entraînant une autre, nous avions fini dans mon lit, nous embrassant, nous caressant, nous aimant. Et nous nous sommes endormis dans les bras l’un de l’autre, elle la tête sur mon torse et l’un de mes bras lui entourant la taille.

Mais au petit matin, lorsque j’avais ouvert les yeux et que je l’avais vue, son visage si paisible, sa beauté, j’avais réalisé que je ne pouvais pas l’embarquer dans ma vie comme ça. Je suis un homme brisé, et je sais que jamais je pourrais la rendre heureuse comme elle le mérite. Voilà pourquoi je suis parti sans un mot ce matin là. Et je sais que si je le lui dis, elle m’en voudra encore plus, elle me reprochera de ne pas lui avoir demandé son avis. Mais si je l’avais fait, alors je pense que je ne serais jamais parti et je le devais. Pour son bien, pour le mien. Je ne suis pas l’homme qu’il lui faut, même si elle pense le contraire. Quoi que, je ne pense pas que ce soit encore son avis après l’année passée.

Je me souviens encore de la douceur de ses baisers, de la chaleur de son corps contre le mien. J’avais ressentis tant de choses que je ne pensais pas ressentir de nouveau dans ma vie. Le corps d’une femme contre le mien, sa douceur. Teresa avait été douce, tendre, attentionnée. Elle avait surtout cherché à me faire plaisir, ne pensant pas à elle. Mais je l’avais fait pour elle et je crois avoir bien réussi, un peu trop même. J’aurais tant aimé pouvoir rester avec elle, ne jamais la quitter. Mais je le devais, j’avais besoin de réfléchir à ce que je voulais faire à présent.

Je relevais les yeux que je ne me rappelais pas avoir baissés et croisais le regard de Teresa. Elle attendait des explications, j’étais venu pour ça après tout. Alors je m’avançais dans la pièce, allant directement dans la cuisine me faire un thé, comme si j’étais chez moi. Je la sentis me suivre du regard et je pouvais deviner qu’elle levait les yeux au ciel, comme elle le faisait si souvent. Certaines choses ne changeaient jamais. Je trouvais ce qu’il me fallait dans les placards et je fus même étonné de trouver mon thé favori. Je tournais les yeux vers elle, interrogateur, et elle baissa la tête. Pas besoin de paroles, je comprenais. Je me fis donc mon thé et lui en fis un au passage, puisqu’elle semblait en boire à présent.

J’allais ensuite dans le salon m’asseoir sur le canapé, Teresa me suivit doucement. Je sentais sa colère d’où je me trouvais, mais aussi son amour pour moi qui était encore bien trop présent. Si seulement elle pouvait cesser de m’aimer, ce serait le meilleur qu’il puisse lui arriver. Car après ce que j’allais lui annoncer, elle allait encore plus souffrir et j’en avais mal d’avance. Je n’avais jamais voulus ça pour elle, mais la vie était ainsi.

-“ Je vous écoute” me dit-elle pour rompre ce silence qui devenait pesant.
-“ Je suis désolé” lui dis-je, et elle ferma les yeux douloureusement. “ Je suis désolé d’être parti ainsi, de vous avoir laissé sans nouvelles pendant si longtemps.”
-“ Je me fiche de vos excuses Jane” me coupa-t-elle brusquement. “ Vous disiez avoir des explications, alors donnez les moi et partez.”

Elle était définitivement très en colère contre moi. Mais je pouvais aussi voir au fond de ses yeux ce petit espoir que j’étais revenu pour elle. Ce qui n’était pas le cas. Je pris donc une profonde inspiration avant de me lancer.

-“ Après cette nuit ensemble” je la vis fermer de nouveau les yeux. “ J’ai compris que je ne pourrais jamais vous rendre heureuse comme vous le méritiez, alors je suis parti. Je sais, c’était égoïste de ma part, mais vous méritez tellement plus que ce que je peux vous offrir Teresa.”
-“ Lisbon, pour vous c’est Lisbon” sa voix était douloureusement dure. “ Vous avez perdu le droit de m’appeler Teresa la nuit où vous êtes partit sans rien me dire. Comme si je n’avais été qu’un moyen pour vous de vous satisfaire, un bon plan sexe et rien de plus.”
-“ Vous avez été tellement plus pour moi… Lisbon.”
-“ Était ? Je ne suis plus rien donc ?” Je pus entendre la douleur dans sa voix.

Qu’étais-je sensé lui dire maintenant ? J’avais peur de sa réaction. Mais je lui devais la vérité, qu’importent les conséquences pour moi.

-“ Vous étiez et serez toujours ma meilleure amie Lisbon, rien ne pourra changer ça" commençais-je, et je la vis remonter les genoux pour les serrer contre sa poitrine, une façon de se protéger de la suite. “ Mais la vie suit son court et les choses ont changé durant l’année écoulée.”
-“ Changées ? De quelle façon ?”
-“ J’ai…” L’instant de vérité. “ J’ai rencontré quelqu’un.”

Je pus voir le choc sur son visage, puis la douleur. Je pus aussi sentir ses espoirs s’envoler dans les airs et la douleur prendre place dans ses yeux et son cœur. Je venais de la briser un peu plus, je me haïssais pour ça. Mais que pouvais-je faire de plus ? Lorsque j’étais parti, je ne pensais pas que je rencontrerais une femme qui saurait elle aussi me rendre heureux. Pas comme Teresa, mais cette femme était de mon monde, nous nous comprenions et je ne pensais pas un jour revenir à Sacramento, je ne pensais pas revoir Teresa. Je pensais qu’elle finirait par m’oublier et qu’elle ferait sa vie. Si j’avais sus qu’elle espérait toujours mon retour, alors… J’étais sur le point de lui en expliquer plus mais elle me coupa encore.

-“ Vous… vous êtes heureux ?” Me demanda-t-elle d’une petite voix.
-“ Je le suis” mais ce n’était pas l’exacte vérité.
-“ Partez maintenant” souffla-t-elle en fermant les yeux.
-“ Lisbon” tentais-je.
-“ Laissez-moi et, s’il vous plait Jane, ne revenez jamais.”

Je la regardais un moment. Elle avait les épaules tremblantes, mais elle se retenait au mieux de pleurer. Je lui avais encore fait du mal, je n’étais bon qu’à ça, la faire souffrir. Je savais que si je restais ici, je lui ferais encore plus de mal, alors je décidais de l’écouter et de partir. Je me dirigeais vers la porte, posais la main sur la poignée mais me retournais une dernière fois vers elle. Je la vis relever la tête, une larme coula sur sa joue et je sortais. Je n’aurais jamais dus venir, j’aurais mieux fait de rester avec les autres. J’avais voulu lui parler, lui expliquer les raisons de mon départ, mais aussi celle de mon retour. Elle ne m’avait pas laissé finir, elle croyait que j’étais en couple, ce qui n’était pas exactement le cas. Mais je ne pourrais jamais le lui dire, elle refuserait toujours de me revoir.




J’arrivais à ma caravane moins d’une heure plus tard. J’aurais pus arriver plus vite, mais j’avais fait un détour par la plage pour me libérer l’esprit. J’avais eus besoin de me ressourcer avant de rentrer et de retrouver les autres. Mais maintenant j’étais chez moi, Allison m’attendait. Lorsque j’entrais, elle vint immédiatement vers moi et me déposa un baiser au coin des lèvres avant de s’éloigner et de retourner finir le repas. Je posais ma veste sur le dossier de la chaise et m’y appuyais un moment. Elle dut sentir que quelque chose n’allait pas car elle délaissa ce qu’elle faisait pour venir m’entourer la taille par derrière de ses bras fins. Elle posa sa tête sur mon épaule et je posais mes mains sur les siennes.

-“ Ça c’est mal passé” elle me connaissait si bien.
-“ Plutôt mal oui” soufflais-je.
-“ Tu lui as dis pour nous” encore une constatation.
-“ Et elle l’a mal pris, elle m’attendait encore” ajoutais-je.
-“ Je suis désolée Paddy.”
-“ Tu n’y es pour rien, tout est de ma faute.”

Allison savait tout de mon passé, je ne lui avais rien caché, même pas Teresa. Elle savait ce que j’avais fait avant de partir, elle savait que j’avais laissé derrière moi une femme formidable et que je le regrettais parfois. Elle était si gentille avec moi malgré tout et je me demandais encore comment j’avais fait pour qu’elle s’intéresse à moi. Elle aurait put avoir tellement mieux dans la vie, elle méritait elle aussi tellement mieux. Mais elle avait été aussi malchanceuse que moi et nous nous étions rapprochés grâce à ça. Nous vivions ensemble depuis plusieurs mois, depuis ce fameux jour où j’avais appris la grossesse d’Allison. Je ne pouvais pas la laisser seule dans cette situation, elle avait besoin d’aide et j’étais le seul à bien vouloir l’aider.

Un cri nous interpella et je sentis Allison s’éloigner de moi pour aller vers la chambre. Elle revint peu après avec le petit Joshua. Je m’approchais pour déposer un baiser sur son front et il cessa de pleurer. Cet enfant était si mignon, il méritait lui aussi une vie meilleure. J’avais comme projet de nous faire quitter la troupe et vivre comme des gens normaux. Je voulais une vie dans laquelle ils seraient bien, heureux. Je voulais expliquer tout ça à Teresa, je voulais qu’elle nous aide, ou plutôt qu’elle aide Allison et Joshua. Mais à présent je savais que nous ne pourrions ne compter que sur nous.

-“ Tu devrais essayer de nouveau Paddy” me dit Allison en serrant son fils contre elle. -“ Je pense que si tu lui disais toute la vérité, elle t’écouterait.”
-“ Elle refuse de me revoir Alli, je ne vois pas comment je pourrais tout lui dire si je ne peux même pas la voir.”
-“ Je pourrais peut-être essayer” suggéra-t-elle.

Mais je savais que ce serait pire si c’était elle qui allait voir Teresa. Elle la verrait comme la femme qui lui avait volé mon cœur et qui m’avait éloigné d’elle. Je ne pouvais pas lui en vouloir, elle était parfaitement en droit de croire ça. Allison était bien celle qui m’avait tenue éloigné d’elle durant tout ces mois, mais pas dans le sens qu’elle l’imaginait. Allison et moi n’étions qu’amis, et ce depuis de longues années. Nous nous connaissions depuis notre petite enfance, Allison avait été la meilleure amie d’Angela. Lorsque ma femme et moi avions quitté la troupe, nous lui avions demandé de venir avec nous, mais elle n’avait pas voulut, elle n’était pas prête à partir à cette époque. Les années avaient passé, nous avions totalement perdu contact. Et lorsque j’étais revenu, ça n’avait été que pour quelques temps, juste pour me laisser du temps pour réfléchir à ma vie, à ce que j’allais faire, à celui que je voulais devenir. Je comptais revenir auprès de Teresa. Je l’aimais, et je ne le lui avais même pas dit.

Allison avait été heureuse de me revoir, et je l’avais été aussi. J’avais retrouvé mon amie d’enfance, celle avec qui Angela et moi avions fait tant de bêtises. Et j’avais constaté que sa vie n’avait pas été meilleure que la mienne. Elle avait fait la connaissance d’un homme qu’elle pensait aimer, elle pensait que lui aussi l’aimait. Elle était tombée enceinte et il était partit, la laissant seule. J’avais alors décidé de l’aider, autant que je le pouvais. C’est la raison pour laquelle je n’étais pas revenu. Je sais que j’aurais dû lui écrire, lui faire savoir que j’allais bien, que je pensais encore à elle. Mais je n’en avais pas eu le courage. J’avais été lâche.

Il fallait que je trouve un moyen de revoir Teresa et de lui parler. Je ne voulais pas que notre dernière conversation soit vraiment la dernière. Je ne voulais pas qu’elle vive en croyant que je ne l’aimais pas assez pour revenir vers elle. Je l’aimais de tout mon cœur, je ne cesserais jamais de l’aimer. Je regardais de nouveau Alli jouer avec Joshua. Je souris en les voyant, ils étaient si beaux. Je ne pourrais pas non plus les quitter. Je les aimais eux aussi, ils étaient ma famille. Je ne savais plus quoi faire. Je voulais retourner auprès de Teresa, mais je ne voulais pas les perdre pour elle. J’étais perdu et ça ne m’arrivais jamais.

Alli releva les yeux vers moi et son sourire se fana. Elle s’approcha de moi et me posa une main sur la joue. Sans même que je puisse l’en empêcher, une larme coula sur ma joue et elle la chassa de son pouce. Heureusement qu’elle était là pour me soutenir, je ne sais pas ce que j’aurais fait sans elle. Je la vis s’éloigner pour remettre Joshua dans son berceau puis revenir vers moi. Elle prit place sur la seconde chaise et me força à la regarder.

-“ On va trouver une solution Paddy” tenta-t-elle de me rassurer.
-“ Plus facile à dire qu’a faire” souris-je amèrement.
-“ Ne t’inquiète pas, on trouva un moyen pour lui faire comprendre que tu l’aimes. J’irais la voir s’il le faut, je lui expliquerais tout et je suis certaine qu’elle comprendra.”
-“ Je ne mettrais pas ma main à couper sur ce coup.”
-“ Il faut que tu y crois Paddy, sinon c’est perdu d’avance.”

Plus je l’écoutais parler et plus je me disais que j’avais de la chance de l’avoir. Elle avait raison, je devais garder espoir. Je parviendrais à faire comprendre à Teresa que je ne l’avais pas oubliée. J’espérais juste qu’elle comprendrait pourquoi je n’avais pas pus revenir avant. Il fallait qu’elle comprenne, il le fallait absolument.

-“ Bien, et si on mangeait maintenant” proposa Alli en se relevant.

Je souris de nouveau et mis la table. Nous mangeâmes en riant et en nous racontant de bons vieux souvenirs.




Au petit matin, je me levais difficilement. Je n’avais pas très bien dormi et pour une fois Joshua n’y était pour rien. Le petit avait dormit toute la nuit, ainsi qu’Alli. Je me préparais un thé et réfléchissais à un moyen de contacter Teresa sans qu’elle n’en m’envoie balader. Une idée me vint en tête, mais je doutais que cela fonctionne. Je n’avais que peu de chance, mais il fallait bien que je tente quelque chose. Je sortis mon téléphone, envoyais un message et attendis une réponse. Contre toute attente, j’en obtins une et je souris. Je me préparais donc, m’habillais rapidement et quittais la caravane. Je ne laissais pas de mot à Allison, pas la peine, elle savait très bien ce que je comptais faire dans la journée. Je pris le bus, n’ayant plus de voiture depuis que j’avais rejoins la troupe, et me dirigeais vers le centre ville. Je me rendais dans un salon de thé et attendis l’arrivée de mon rendez-vous.

La porte s’ouvrit et je vis arriver un asiatique. Cho. Il était venu et à sa tête, il m’en voulait. Je ne pouvais pas le lui reprocher, il avait lui aussi toutes les raisons de m’en vouloir. Il prit place face à moi et je me sentis soudain mal. Je pouvais voir dans ses yeux qu’il se retenait de me mettre son poing dans la figure. Je le remerciais d’un regard.

-“ Merci d’être venu.”
-“ Je ne le fais pas pour toi” sa voix était claire, il m’en voulait.
-“ Alors merci pour elle” repris-je.
-“ Tu veux quoi Jane ?” Direct.
-“ Je voudrais que tu m’aide à parler à Lisbon.”
-“ Elle ne voudra jamais, elle t’en veut et elle a raison.”
-“ Je sais, mais je peux m’expliquer.”
-“ Je ne veux pas savoir, tout ce que je veux c’est que tu cesses de la faire souffrir. Tu ne sais pas ce qu’elle a vécu cette année et tout ça à cause de toi.”

Cho n’avait jamais autant parlé, ce qui me surprit un peu. Mais il avait raison, je ne devais plus la faire souffrir. Je savais que je n’aurais pas d’autre chance. Je bus une gorgée de thé avant de me lancer.

J’étais assis face à Jane. Je n’avais pas vraiment envie d’être ici, de me trouver avec lui, surtout après ce qu’il avait fait cette année. Je lui en voulais d’être partit, de ne rien avoir dit à personne, et encore plus de ne rien avoir dit à Lisbon. J’avais toujours su qu’ils avaient un lien spécial tout les deux, un lien que personne d’autre ne comprenait. Mais je savais que le départ de Jane avait été difficile pour elle, qu’il l’avait vraiment bouleversé. Jamais je n’avais vu Lisbon ainsi, j’avais eus du mal à rester ainsi sans rien pouvoir faire pour l’aider. Nous étions collègues depuis de très longue années, j’avais toujours été son bras droit et j’en étais fier. Elle m’avait donné ma chance lorsque personne ne croyait en moi, à cause de mon passé. Mais pour elle, je n’étais plus ce jeune délinquant, membre d’un gang. Pour elle j’étais un agent qualifié, rien d’autre.

Alors, en la voyant souffrir ainsi, chaque jour, et ne rien pouvoir faire pour l’aider j'enrageais. Elle avait changé, elle s’était laissée abattre par son départ. J’avais dû prendre en charge l’équipe, faire en sorte que tout se passe bien pour qu’elle ne perde pas son travail. J’avais plutôt bien réussi pour le moment, mais je ne voulais pas que ça dure plus longtemps et si le retour de Jane devait briser un peu plus Lisbon, alors il valait mieux qu’il reparte. Le problème c’est qu’il ne semblait pas le vouloir. Son message de ce matin m’avait intrigué et c’est uniquement pour ça que j’étais venu. Pour savoir ce qu’il voulait au juste.

Alors je l’écoutais s’expliquer, me dire à quel point il était triste que Lisbon refuse de lui parler. Je pouvais la comprendre, elle n’avait pas de raison de lui pardonner. Il avait été trop loin cette fois, il ne méritait pas mon aide. Mais lorsque je le regardais dans les yeux, je pouvais voir à quel point c’était vrai, à quel point il s’en voulait. Il regrettait vraiment d’être partit comme ça et de lui avoir fait du mal. Mais que pouvais-je faire ? Il n’était pas en mon pouvoir d’obliger Lisbon à lui parler si elle ne le voulait pas. Je respectais son choix et ce serait toujours le cas.

-“ Je te jure Cho” me dit-il, “ je n’ai jamais voulu lui faire de mal. J’ai n'ai toujours voulu que son bien.”
-“ Et tu croyais vraiment qu’en partant ça lui ferait du bien ?” Lui lançais-je.
-“ Je savais qu’elle souffrirait au début, mais qu’elle finirait par m’oublier, qu’elle ferait sa vie, qu’elle serait heureuse.”
-“ Elle n’a fait que sombrer un peu plus à chaque jour qui passait” lui avouais-je bien malgré moi. “ Elle n’arrivait plus à sourire, plus à travailler et elle n’aurait plus son travail si on n’avait pas été là pour l’aider.”

Je vis son regard s’ouvrir en grand, il avait du mal à y croire et si je n’en avais pas été témoin, je n’y aurais pas cru non plus. Mais j’avais été là, j’avais vu son état se dégrader au fil du temps.

-“ Que comptes-tu lui faire encore subir ?” Voulus-je savoir.
-“ Je me suis rendu compte que je ne pouvais pas vivre sans elle, je tiens trop à elle.”
-“ Alors pourquoi être partit ? Tu lui reproches encore la mort de John LeRouge ?”
-“ Non, je ne lui en ai jamais voulu. La seule chose que je lui reprochais était d’avoir prit des risques pour ça.”
-“ Mais c’était son devoir, une part de son travail. Elle savait ce qu’elle risquait en le faisant.”
-“ Elle aurait put mourir bon sang” s’énerva-t-il. “ Elle aurait put mourir et pour quoi ?”
-“ Pour toi imbécile, elle l’a fait pour toi” m’emportais-je à mon tour. “ Si elle n’y était pas allée, tu serais mort et tu le sais.”
-“ Je n’en vaut pas la peine Cho” souffla-t-il en baissant la tête.

Il avait tort, il en valait la peine. S’il était mort, Lisbon ne s’en serait jamais remise, nous le savions tous. Il était le seul à ne rien comprendre.

-“ Elle t’aime Jane, c’est pour ça qu’elle était prête à mourir.”
-“ Je sais, mais j’aurais voulu qu’elle ne m’aime pas, qu’elle trouve quelqu’un d’autre, de plus ouvert, de moins abîmé que moi.”
-“ Alors pourquoi vouloir revenir maintenant ? Si tu veux qu’elle trouve quelqu’un d’autre, pourquoi revenir maintenant ?”
-“ Parce que je n’arrive pas à l’oublier, je pense encore bien trop à elle et je l’aime aussi, de tout mon cœur.”

Il n’avait jamais été si sincère et j’en avais mal pour lui. Mais je sentais qu’il y avait quelque chose de plus. A la façon dont il parlait, sa façon d’être honnête. Il ne l’avait jamais été autant qu’aujourd’hui et je savais qu’il ne me disait pas tout.

-“ Ecoute Jane, si tu veux que je t’aide il faut que tu me dises tout” lui dis-je alors.
-“ Que veux-tu savoir de plus Cho ?”
-“ Qu’est-ce qu’il c’est passé entre vous avant que tu partes ?”

Je le vis blêmir. Je sentis que ce qu’il allait me dire risquait fort de me mettre en colère et je regrettais déjà de lui avoir demandé. Mais j’avais besoin de tout savoir si je voulais pouvoir les aider tous les deux. Ils avaient besoin d’aide et je pense que je devais être le seul à pouvoir le faire. Rigsby avait bien trop peur de Lisbon pour tenter quoi que ce soit. Grace, elle était gentille, avait un cœur d’or, mais était trop naïve et elle avait déjà bien assez souffert dans la vie pour en plus s’occuper des affaires de cœur de sa patronne. Il ne restait donc que moi.

-“ Avant que je te dise quoi que ce soit, il faut que tu saches que je m’en veux beaucoup et que je regrette d’être partis.”
-“ Dis le moi simplement et on verra ce que je ferais après.”
-“ Je… Lisbon est venu me voir le soir de…” il prit une profonde respiration. “ Nous nous sommes disputés, nous avons crié et elle m’a avoué qu’elle m’aimait.”
-“ Et ?”
-“ Et, je ne sais pas ce qu’il m’a pris mais… je l’ai embrassé et… nous avons…”

Il n’eut pas besoin de finir sa phrase pour que je comprenne. Lisbon et lui avaient couché ensemble. Je savais que ça devait arriver un jour. Mais je vis rouge en comprenant tout. Il avait couché avec elle et était partit. Il l’avait laissé juste après, n’avait pas donné de nouvelles. Comment croyait-il pouvoir revenir maintenant ? Il était allé trop loin cette fois, il avait en quelque sorte abusé d’elle, la seule femme à vraiment l’aimer et si je ne me retenais pas, je lui mettrais mon poing dans la figure. Mais je ne pouvais pas faire ça, pas maintenant. Il avait fait une bêtise, une grosse, mais aujourd’hui il voulait faire les choses bien. Il avait besoin d’aide et j’étais là pour ça. Je lui en voudrais longtemps, je ne pourrais pas oublier si facilement ce qu’il avait fait. Mais il avait au moins le mérite de reconnaître ses torts, ce qui n’arrivait pas souvent, si ce n’est jamais. Jane était ainsi, il pensait toujours avoir raison et n’admettait pas se tromper. En le voyant si triste, si mal à l’aise, je me dis que peut-être il avait décidé de changer et de faire les choses bien.

Je me redressais un peu sur ma chaise, attirant son attention. Je croisais de nouveau ses yeux et je pus voir qu’ils brillaient de larmes retenues. C’était étrange de le voir ainsi, jamais encore je ne l’avais vu pleurer. Je tendis une main en avant et attrapais son bras de façon amicale, ce qui ne me ressemblait pas non plus.

-“ Je t’aiderais Jane” lui dis-je. “ Mais promets moi de ne plus jamais la faire souffrir comme ça. Elle mérite plus.”
-“ Je te le jure Cho, jamais je n’ai voulu ça.”

Il libera son bras de mon emprise, attrapa sa tasse et but une gorgée de thé avant de la reposer devant lui. Il n’avait pas fini, il avait encore des choses à m’avouer.

-“ Durant mon absence j’ai rencontré une femme, enfin je la connaissais déjà, c’était une amie lorsque j’étais encore un gamin. Elle avait des problèmes et j’ai décidé de l’aider. Mais quand j’ai voulu l’expliquer à Lisbon, elle n’a rien voulu entendre.”
-“ Tu m’étonnes” lui dis-je. “ Si tu as commencé ta phrase comme maintenant, elle a dut croire que tu avais quelqu’un dans ta vie, que tu étais allé de l’avant, sans elle.”
-“ Mais Allison et moi ne sommes qu’amis, rien de plus. C’est Lisbon que j’aime.”
-“ Tu aurais dus lui dire les choses simplement.”
-“ Je foire tout ce que je fais dans ma vie” souffla-t-il, défaitiste.
-“ Tu as peut-être encore une chance de faire les choses bien” le rassurais-je. “ Si je t’aide, peut-être qu’elle acceptera de te parler, mais ne fais pas plus de bêtises, réfléchis bien. Tu n’auras pas d’autre chance.”
-“ Merci Cho.”
-“ Ne me remercie pas encore.”

Et avec ça, je me levais et quittais le salon de thé. Je laissais Jane finir sa boisson tranquille et l’assurais que je le contacterais au moment voulu. Je ne savais pas encore comment j’allais m’y prendre, mais je voulais le bonheur de mes amis.




Lorsque j’arrivais au CBI, je trouvais Rigsby et Van Pelt installés à leur bureau, en plein travail. Ils relevèrent la tête à mon approche et je cherchais Lisbon des yeux, sans parvenir à la trouver. La porte de son bureau était close, les stores encore levés et je pus voir qu’elle ne s’y trouvait pas. Je me tournais donc vers mes collègues qui haussèrent les épaules. Elle avait encore du retard, ce qui était devenu une habitude. Je m’installais donc à mon propre bureau et attendais qu’elle arrive pour aller la voir. Je devais lui parler au plus tôt.

Moins de vingt minutes plus tard, je la vis arriver, la tête basse, des cernes sous les yeux. Elle avait encore mal dormi, ça se voyait. Je n’aimais pas la voir ainsi, je n’aimais pas la voir se laisser aller. Jane l’avait définitivement brisée et je me demandais vraiment si les faire se parler les aiderait. Mais Jane voulait absolument s’expliquer avec elle, il voulait s’excuser. Il avait mal agit, il l’avait lui-même reconnu. Je lui avais même dis que je ferais en sorte qu’elle accepte alors j’allais le faire.

Une fois que je la vis dans son bureau, je me levais pour aller lui faire un café. Si je devais lui annoncer ça, autant qu’elle ait son café avant, histoire de la calmer un peu. Je lui préparais donc sa tasse, puis me dirigeais vers son bureau. Je tapais doucement, attendis sa réponse et entrais. J’allais m’installer en face d’elle et je la vis lever les yeux. Elle était vraiment fatiguée, elle ne pouvait pas le cacher et n’essayait même pas. Je posais la tasse devant elle et elle la prit en me remerciant doucement. Il fallait que je me lance.

-“ J’ai vu Jane ce matin” lui dis-je.
-“ Et alors ?” Son ton était froid.
-“ Il veut vous parler.”
-“ Je ne veux pas lui parler, il ne mérite que je perde mon temps pour lui.”
-“ Je sais qu’il a mal agit, mais il s’en veut vraiment” tentais-je.
-“ Il a refait sa vie pendant que je souffrais de son départ” s’emporta-t-elle. “ Il est partit sans rien me dire, sans même me laisser un mot. Il a profité de moi et qu’est-ce qu’il me reste maintenant ? Ma douleur et ma honte.”

Elle prit une profonde respiration, chassa une larme de sa joue et baissa les yeux. Elle n’avait pas fini, je savais qu’elle avait encore des choses à dire et je la laisserais faire. Elle avait besoin de parler, elle avait tout gardé en elle pendant trop longtemps. Il fallait qu’elle se vide un peu sinon elle risquait d’exploser.

-“ Il… lui et moi nous avons…” tenta-t-elle.
-“ Je sais” elle releva les yeux, surprise avant de les baisser. “ N’ayez pas honte, je savais que ça arriverait un jour.”
-“ Je lui ai donné ce qu’il voulait et une fois qu’il la eut, il est partit. Il s’est servit de moi et il voudrait que j’accepte que je lui parle ? C'est hors de question.”

Je ne savais pas vraiment quoi dire pour lui faire comprendre qu’elle n’avait rien à se reprocher. Il fallait aussi qu’elle comprenne qu’il ne l’avait pas utilisé comme elle le pensait.

-“ Lisbon, cessez de croire à ça. Jane ne vous a pas utilisé.” Elle ne semblait pas me croire. “ Il s’en veut vraiment, il ne voulait pas vous faire de mal et il voudrait s’expliquer. Il ne demande pas votre pardon, juste un peu de votre temps.”

Je voyais bien qu’elle était surprise de m’entendre parler autant, ce n’était pas dans mes habitudes. Mais pour une fois je les changeais. Je voulais la voir de nouveau sourire, je voulais retrouver la collègue et amie qui m’avait aidé lorsque j’étais arrivé. Je voulais qu’elle redevienne la femme forte qu’elle avait toujours été.

-“ Pourquoi Cho ?” Me demanda-t-elle. “ Pourquoi voulez-vous absolument que je lui parle ?”
-“ Parce qu’il n’est pas bien, et il a besoin de vous” lui dis-je.

Je me levais et la laissais. J’avais parlé bien plus que je ne l’avais jamais fait. Il fallait à présent qu’elle réfléchisse, elle ne pourrait pas prendre cette décision facilement. Je savais qu’elle l’aimait encore, ça se voyait. Mais ce qu’il lui avait fait subir, la laisser comme ça…Il était normal qu’elle hésite. Je savais qu’elle prendrait la bonne décision, celle qui lui convenait le plus. Qu’importe son choix, je serais là pour la soutenir. La balle était dans son camp.