Le prix de la vengeance [Spoiler Saison 4] ^

Les deux hommes se mirent d’accord en silence. Cho entrerait en premier, Jane le suivrait. C’était peut-être un piège, ils ne savaient pas ce qui les attendaient à l’intérieur de la maison. Ils devraient être prudents, plus que d’habitude.

-“ Tu restes derrière moi, tu ne fais aucun bruit” précisa Cho.
-“ Je ferais ce que tu veux” accepta-t-il. “ C’est de la vie de Lisbon dont on parle.”
-“ Bien, alors allons-y.”

Cho avança doucement, son arme au poing devant lui. Il n’était pas nerveux, mais il avait quand même peur. Il ne savait pas ce qu’il allait trouver dans la maison, il ne savait pas si Lisbon s’y trouverait. Si jamais c’était le cas, il ne savait pas comment il pourrait aider son collègue, comment il pourrait l’aider à surmonter la peine alors qu’il savait que pour lui aussi ce serait difficile. C’est pourquoi il craignait ce qu’ils trouveraient dans cette maison.

Jane était silencieux, attentif au moindre bruit, au moindre petit détail. Pour la première fois depuis bien longtemps, il avait lui aussi très peur. Et s’il retrouvait Lisbon, mais pas comme il le souhaitait ? Et s’il était déjà trop tard pour elle et que tout cela était de sa faute ? Il ne voulait pas penser au pire, mais c’était une possibilité et il ne devait pas l’oublier. Il voulait toutefois penser qu’elle n’était pas morte, pas encore et qu’il la retrouverait pour lui dire ces mots qu’il n’avait pas osé formuler depuis sa femme.

Le mentaliste suivit son collègue le long du couloir sombre, toujours aussi silencieusement que possible. Contrairement à ce que laissait penser l’extérieur, l’intérieur était bien entretenu, pas une poussière sur le sol, pas une toile d’araignée au plafond. Mais le tout était dépourvu de meubles ou du moindre objet qui laisserait croire que quelqu’un avait un jour vécu ici.

Cho fit signe à Jane de le rejoindre rapidement en voyant que le consultant s’était quelque peu éloigné de lui, ce qu’il fit tout de suite. Ils arrivèrent devant une porte, au fond du couloir sur laquelle quelque chose attira leur attention. Jane s’en approcha et sentit son cœur se serrer, sa respiration se faire plus difficile, ses mains se serrer en des poings qu’il se retint de balancer dans le mur. Le tueur jouait avec ses nerfs, il le poussait à bout et Jane savait qu’il ne devait pas jouer son jeu, mais c’était bien plus dur qu’il ne le pensait, même avec le soutien de l’équipe.

Il tendit une main tremblante devant lui pour attraper ce bout de papier qui lui rappelait tant celui qu’il avait trouvé le jour de la mort de sa famille. Les mots n’étaient toutefois pas les mêmes, mais ils n’en faisaient pas moins mal.

“ Cher Mr Jane,
J’ai en ma possession quelque chose que vous voulez.
Vous avez pensé pouvoir vous jouer de moi, mais vous aviez tort et maintenant vous en payez le prix. Mais ne vous inquiétez pas, vous la reverrez un jour.
En attendant, je me suis dis que je pouvais vous donner un petit quelque chose.
RJ.”

Cette lettre le réconfortait dans l’idée que Lisbon était encore en vie, ce qui le rassurait un peu. Lisbon ne se trouvait pas derrière cette porte, il n’en doutait pas, mais qu’allait-il trouver ? Il retira la lettre qu’il rangea dans sa poche. Il ne mit pas de gants, de toute façon le tueur ne laissait jamais de traces, jamais d’empreintes alors c’était inutile. Il s’écarta, laissant Cho passer devant lui. Même si Lisbon n’était pas là, il ne savait pas ce qu’ils trouveraient et ne voulait pas prendre de risques. L’asiatique ouvrit doucement, révélant une pièce vide ne contenant qu’une table sur laquelle se trouvait une enveloppe. Cho inspecta les lieux et, ne trouvant rien de suspect, laissa Jane entrer.

Le mentaliste se dirigea vers la table et prit l’enveloppe sur laquelle était inscrit son nom. Il hésita un moment, n’osant pas voir ce qui se trouvait dans l’enveloppe. Il avait peur, il sentait son cœur battre la chamade, ses mains trembler encore plus. Cho posa une main réconfortante sur son épaule, attirant son attention. Il prit une profonde inspiration et ouvrit enfin. Des photos, tout un tas de photos. Sur chacune d’elle se trouvait Lisbon. Jane sentit les larmes lui monter aux yeux en voyant la jeune femme, de la voir et de savoir qu’elle allait bien.

-“ Elle est en vie” souffla-t-il à Cho.
-“ Oui, mais nous ne savons pas encore où elle est” lui répondit son collègue.
-“ Peut-être, mais elle va bien” murmura-t-il, un léger sourire sur les lèvres.

Cho regarda son ami, puis les photos. Lisbon était allongée sur un lit, dans une chambre. Elle ne semblait pas être blessée, elle semblait aller bien, du moins physiquement, c’était déjà ça. Ils ne savaient pas ce qu’elle avait put vivre depuis son enlèvement, ce que le tueur lui avait fait. Ils devaient vite la retrouver avant que ces photos ne soient remplacées par d’autres bien moins plaisantes.

-“ Allons-y” dit alors Cho, rompant le silence.

Jane le suivit sans un mot. Il avait à la main une photo, on pouvait y voir le visage de Lisbon, les yeux clos. Il la posa contre son cœur, inspira un bon coup puis suivit son collègue hors de la maison. Ce n’était pas un piège, John LeRouge ne prévoyait pas de le tuer, ni Lisbon. Ils avaient encore une chance de la retrouver avant qu’il ne soit trop tard. Mais ils devaient faire vite avant que l’homme ne fasse des dégâts irréversibles dans son esprit.




Lisbon s’assit sur le lit, serrant contre son cœur une photo. Elle l’avait trouvée dans le journal et représentait Patrick Jane. L’article suivant la mort de l’agent Caldwell parlait de son équipe et plus particulièrement de Jane. Il expliquait sa disparition, la quête de ses collègues pour la retrouver. Jane avait le regard triste, elle savait que c’était à cause d’elle. Elle ne pouvait rien y faire, elle ne pouvait que culpabiliser.

La jeune femme souffla un bon coup, tentant de retrouver son calme. Elle ne devait pas laisser ses émotions prendre le dessus, elle devait se montrer forte. Mais c’était de plus en plus difficile et elle ne savait pas si elle y parviendrait encore longtemps. Ce que tentait de faire John LeRouge finirait par fonctionner, elle ne se faisait pas d’illusions. Qu’importe sa force d’esprit, elle ne pourrait pas résister encore longtemps. Elle ferait de son mieux, mais elle savait que peu à peu les barrières qu’elle avait construites s’ecroulaient.

La porte s’ouvrit pour révéler son geôlier. Il portait encore et toujours son masque, jamais il ne laissait voir son visage mais Lisbon n’en avait que faire. Il était là pour la convertir. Elle avait du mal à l’admettre, mais elle avait comme l’impression que ça fonctionnait. C’était difficile à admettre, mais c’était pourtant vrai. Elle ne pourrait pas se battre encore longtemps contre le plan de cet homme, il était bien trop fort. Mais elle ne le laisserait pas gagner si facilement, elle allait se battre de toutes ses forces, aussi longtemps que possible.

-“ Comment allez-vous ce matin Teresa ?” Lui demanda-t-il en prenant place sur une chaise, à côté du lit.
-“ Bien” répondit-elle en levant fièrement le visage.
-“ Je suis heureux de l’entendre. Cela vous dirait-il de sortir de cette chambre ?”

Lisbon le regarda, surprise.

-“ Je me suis dis que vous aimeriez pouvoir voir autre chose que cette chambre et ça vous ferait du bien.”

Qu’était-elle sensée faire ? Bien sûr qu’elle voulait quitter cette chambre, mais elle ne voulait pas partir à l’exploration de cet endroit, tout ce qu’elle voulait était sortir d’ici, rentrer chez elle et retrouver sa famille, ses amis. Elle voulait retrouver sa vie. Mais elle savait que le seul moyen était de laisser croire à l’homme qu’il parvenait à la changer.

-“ D’accord” souffla-t-elle.
-“ Bien, je vais vous laisser vous changer et je reviens dans quelques minutes.”

Il se leva et quitta la chambre, laissant Lisbon de nouveau seul. Elle se leva, attrapa des vêtements dans l’armoire et se dirigea vers la salle de bain où elle prit une bonne douche chaude. Elle laissa son esprit s’éloigner de ce lieu, se retrouver chez elle, loin des souffrances et des peines. Elle ferait tout pour rentrer chez elle, mais elle avait peur des conséquences, pour elle et pour son entourage. Une fois sa douche finie, elle s’habilla et, au moment où elle sortait de la salle de bain, la porte de la chambre s’ouvrit sur le tueur qui lui tendit une main qu’elle prit.

Ils sortirent ensemble et l’homme la fit avancer dans le couloir. Il la conduisit dans une pièce bien plus éclairée, lumineuse. Ils avancèrent dans la pièce et l’homme la fit asseoir sur un confortable fauteuil près d’une cheminée. Lisbon regarda autour d’elle, admirant le salon. Il y avait une immense bibliothèque et elle pouvait facilement s’imaginer Cho dévorant chacun de ces livres. Son collègue aimait la lecture et elle savait qu’un endroit comme celui là lui plairait. Penser à son collègue lui fit du bien et apporta un peu de chaleur dans son cœur. Mais cela ne suffirait pas à lui donner assez de force pour résister.

Lisbon réalisa soudain qu’elle venait de commettre sa première erreur. Elle avait accepté de quitter la chambre et de venir ici, avec John LeRouge. Elle avait fait le premier pas vers ce chemin qui conduirait à sa perte et elle ne s’en était même pas rendu compte. Elle avait tellement envie de voir autre chose que les quatre murs qui l’entouraient depuis si longtemps qu’elle avait agit sans réfléchir. Et quelle serait sa prochaine erreur, que ferait-elle sans même y réfléchir avant, juste pour se sentir bien. L’homme était fort, il parvenait à faire d’elle ce qu’il voulait sans même qu’elle s’en rende compte.

Elle ne voulait pas le laisser gagner, elle voulait être assez forte pour pouvoir sortir d’ici comme elle y était entrée. Parfaitement saine physiquement et psychologiquement. Alors même si physiquement elle allait bien, elle n’en était pas certaine pour l’autre. Peu à peu elle perdait, elle le savait mais elle ne pouvait rien y faire. Elle était piégée, elle ne pouvait rien faire d’autre que subir. Ce n’était pas elle, ce n’était pas celle qu’elle avait eut tant de mal à devenir. John LeRouge, l’homme qui avait détruit la vie de Patrick Jane était en train de faire la même chose avec elle et elle était incapable de l’en empêcher.

L’homme revint vers elle, une tasse à la main. Il la lui tendit et elle la prit. La bonne odeur de café envahie ses narines et elle ferma les yeux. Jane. Elle devait penser à Jane. Il était celui à qui elle avait le plus pensé toutes ces dernières années, celui qui avait occupé son esprit. Elle savait que grâce à lui, elle ne se laisserait pas piéger si facilement. Il avait toujours dit qu’il la sauverait, et c’est ce qu’il ferait. Même en étant absent, il parviendrait à l’aider. Elle laissa ses souvenirs lui revenir en mémoire. Jane lui apportant son café le matin ou lorsqu’il savait qu’elle en avait besoin. Jane la rendant folle avec ses plans toujours plus fous mais qui fonctionnaient toujours. Jane la faisant sourire, rire. C’est ça qui l’aiderait à tenir, le plus longtemps possible.

Les minutes passèrent, puis les heures et finalement il fut temps de retourner dans sa chambre. John la guida et la laissa, lui souhaitant une bonne nuit. Elle avait du mal à l’admettre, mais cet homme était gentil avec elle, ne lui faisait pas de mal. Elle ne voulait pas voir cet être gentil en lui, car elle savait qu’il n’agissait ainsi que pour une chose, détruire Jane. Elle ne voulait pas être celle qui le détruirait un peu plus, elle ne voulait pas lui faire de mal.

La jeune femme fini par s’allonger, se glissant doucement dans le lit. Elle observa quelques instants de plus la photo du journal, traçant les contours du visage de son consultant du bout des doigts. Elle la porta à ses lèvres, y déposa un baiser et la glissa sous son oreiller. Elle ferma ensuite les yeux et se laissa aller au sommeil. Elle avait besoin de repos, elle avait besoin de force. Il n’y avait que dans ses rêves qu’elle parvenait à s’échapper maintenant. Au début elle faisait des cauchemars, mais maintenant elle rêvait de Jane. C’était le seul moment où elle était vraiment libre et elle chérissait la nuit et ses rêves. Tant qu’elle rêverait de lui, de son équipe, de ses amis et sa famille, elle ne serait jamais totalement à John LeRouge.




Deux mois complets avait passé depuis la disparition de Lisbon et personne n’avait encore aucune piste. Les dirigeants du CBI n’avaient pas abandonné, mais l’affaire n’avait plus la priorité. L’agent Lisbon faisait à présent partie de la longue liste des personnes disparues, celles dont on ne savait pas où les chercher. Cette liste dont on oubliait un peu trop souvent l’existence, mais qui pourtant existait bel et bien. Une équipe était chargé de mener l’enquête, mais pas celle que dirigeait à présent l’agent Cho. Jane faisait toujours partie de cette équipe, il n’en partirait pas tant que Lisbon ne serait pas de retour.

Tout le monde laissait croire qu’ils étaient passés à autre chose, mais le reste du CBI savait bien que ce n’était pas le cas. Ils avaient eut bien des affaires depuis, mais secrètement ils se réunissaient pour parler de ce qu’ils avaient apprit, c’est à dire pas grand-chose. C’est Cho qui avait eut cette idée, au plus grand étonnement de ses collègues. Lui qui était pour le respect des règles en avait surprit plus d’un depuis qu’il était à la tête de l’équipe des crimes majeurs. Pas qu’il agisse contre les lois, mais il laissait bien trop souvent Jane agir comme il l’entendait. Il y avait bien entendu une limite et il savait quand elle était atteinte.

Jane de son côté faisait de son mieux pour s’occuper l’esprit, mais il ne cessait de penser à Lisbon et cela le rendait dingue. Il se faisait tant de soucis pour elle, ne pas savoir comment elle allait le rendait fou. Il savait qu’elle était encore en vie, ils auraient déjà retrouvé son corps si elle était morte. Red John ne cachait pas ses victimes, il les laissait bien en vue afin d’inspirer un peu plus la terreur autour de lui. Et comme elle n’avait toujours pas été trouvée, cela voulait dire qu’elle était encore en vie. Il voulait y croire, il avait besoin d’y croire.

Depuis deux mois, il n’avait cessé de chercher, de réfléchir à tous les endroits où le tueur aurait put l’emmener. Mais qui pouvait savoir ce que pensait cet homme, qui pouvait avoir un esprit aussi tordu que le sien ? Personne. Même lui n’avait aucune idée d’où chercher et pourtant il avait toujours cru connaître son ennemi. Mais cette fois, il n’était plus lui-même, ses sentiments l’empêchaient de réfléchir comme il savait si bien le faire. Mais il s’agissait de Lisbon et il ne parvenait pas à penser tant il était inquiet.

Depuis que Cho et lui s’étaient rendu dans cette maison, depuis qu’ils avaient cru retrouver Lisbon, les choses n’étaient plus les mêmes. Elle ne s’y trouvait pas, mais c’était à prévoir. Ce n’était pas un piège non plus. La seule chose qu’ils avaient trouvée dans cette maison était une enveloppe contenant une lettre et des photos. Une lettre de John LeRouge et des photos de Lisbon. Sur chacune d’elles la jeune femme dormait, allongée dans un grand lit. Elle n’avait pas semblé être maltraitée, le lit paraissait confortable. Mais Jane savait que tout n’était pas aussi facile.

Il avait toujours avec lui une photo d’elle, celle où on la voyait dormir paisiblement. Elle se trouvait dans la poche intérieure de sa veste et ne la quittait jamais. Il avait aussi la croix de la jeune femme, celle qu’il avait trouvé sur la porte, avec la lettre. Il ne croyait pas en Dieu, il ne portait aucun signe religieux sur lui. Mais cette croix était bien plus que ça, elle voulait dire bien plus qu’une simple croyance. Cette croix était la seule chose qui lui restait de Lisbon pour le moment et il la garderait jusqu’à ce qu’il la retrouve et il lui rendrait.

Il leva les yeux vers ses collègues. Il pouvait voir la peine et l’inquiétude sur leurs visages. Il oubliait bien trop souvent qu’il n’était pas le seul à souffrir de la disparition de Lisbon, les autres aussi avaient mal. Ils étaient tous amis, et plus que ça, ils étaient une famille. Et actuellement, il manquait un membre à cette famille et il avait du mal à s’y faire. Il ne pourrait jamais s’y faire, c’était impossible. Il avait besoin d’elle dans sa vie, il ne pourrait jamais vivre sans elle. Il savait qu’il en serait de même pour les autres. Peut-être parviendraient-ils à faire leurs vies, mais elles ne seraient jamais complètes.

-“ Jane ?”

Le mentaliste tourna la tête pour voir Grace s’approcher. Elle hésita et il lui fit signe de prendre place sur le canapé avec lui, ce qu’elle fit. Un silence s’installa entre eux avant qu’elle ne le brise.

-“ Elle me manque” souffla-t-elle, des larmes brillants aux coins de ses yeux.
-“ A moi aussi elle me manque” avoua Jane en posant une main sur le bras de la jeune femme, tentant de la consoler.
-“ Tu crois qu’on la retrouvera un jour ?” Osa-t-elle demander en baissant les yeux, honteuse de sa question.
-“ On la retrouvera, je ne sais pas quand mais on la retrouvera.”

Il disait ces mots plus pour se convaincre lui que sa collègue. Il voulait y croire, plus que tout au monde. Mais plus le temps passait, et plus l’espoir qu’il avait au début s’estompait. Il ne voulait pas baisser les bras, il ne voulait pas perdre espoir, mais c’était de plus en plus difficile. Un jour elle reviendrait, un jour il la retrouverait. Mais en attendant, il ne devait surtout pas perdre espoir, pour lui, pour ses collègues et pour Lisbon. Elle aurait besoin de lui lorsqu’elle reviendrait, elle aurait besoin de quelqu’un de fort, pas d’un homme brisé.

-“ Il est tard, tu devrais rentrer te reposer” lui dit Grace en se levant.
-“ Dans un moment, mais rentre toi, tu es fatiguée” sourit-il.
-“ A demain Jane.”
-“ A demain Grace.”

La jeune femme se leva, prit ses affaires et quitta le bureau. Jane la regarda disparaître au coin du couloir et, une fois qu’il entendit les portes de l’ascenseur se fermer, emportant sa collègue, il se leva. Il ne rentrerait pas chez lui, si on pouvait appeler un motel une maison. Il ferait comme il faisait si souvent ces derniers temps. Il entra dans le bureau de Lisbon, s’installa sur le canapé qu’il lui avait offert bien des années plus tôt. Il inspira profondément et ferma les yeux. Il savait qu’il ne dormirait pas, quelques heures tout au plus. Il voulait juste se sentir proche d’elle et il n’y avait qu’ici que ce serait possible. Un jour il la retrouverait, un jour elle reviendrait.

Jane ne parvint pas à beaucoup dormir cette nuit là, pensant bien trop à Lisbon. Il avait passé la nuit sur le canapé de sa patronne, inspirant son parfum imprégné dans les coussins. Il s’était laissé aller à pleurer durant quelques minutes avant de s’endormir. Mais au milieu de la nuit, il s’était réveillé en sursaut, encore un cauchemar. Il s’était levé pour se faire un thé, avait retrouvé sa place sur son canapé en cuir et avait fini par s’y allonger et s’y endormir.

Il s’en voulait tellement, elle était quelque part avec l’homme qu’il haïssait le plus au monde et c’était de sa faute. S’il n’avait pas rejoint le CBI, s’il ne s’était pas tant rapproché de la jeune femme, elle n’en serait pas là aujourd’hui. Mais en même temps, il ne pensait pas le jour où il avait franchit les portes du CBI, qu’il s’attacherait tant à elle. Lisbon était une femme exceptionnelle, forte, douée dans ce qu’elle faisait. Avec ou sans lui, elle aurait eut l’affaire sur John LeRouge. Mais sans lui, elle ne serait peut-être pas devenue la victime du tueur.

Malheureusement on ne pouvait changer le passé, il fallait vivre avec et tenter de continuer. Les regrets seraient toujours présents. Pour Jane, il n’y avait que ça, des regrets. Il avait été la cause de la mort de sa famille, qu’importe ce que pouvait lui dire Lisbon. Il était également responsable de la mort de l’agent Caldwell ainsi que de la disparition de Lisbon. Comment pourrait-il se pardonner un jour tout le mal qu’il avait fait autour de lui ? C’était une chose impossible, il le savait.

Tout ce qu’il voulait pour le moment, c’était retrouver Lisbon, la ramener chez elle, auprès de sa famille et ses amis. Et auprès de lui. Les quelques semaines qu’ils avaient passé ensemble étaient les plus belles depuis la mort de sa famille. Il voulait pouvoir revivre ces moments de nouveau, il voulait pouvoir la sentir contre lui, dans ses bras. Il voulait être heureux de nouveau. Il ne savait pas comment il retrouverait Lisbon, si elle serait blessée, si elle serait la même qu’elle avait toujours été. John LeRouge savait comment détruire les gens, il se souvenait encore de Kristina. Il espérait que ce ne soit pas le cas pour Teresa.




Le téléphone vibrait sur le bureau, encore et encore. Mais personne ne répondait, personne ne décrochait et le téléphone ne s’arrêtait pas. Finalement, une main émergea du canapé marron et attrapa l’objet.

-“ Allo” répondit-il, encore endormit.
-“ Monsieur Jane, ici l’hôpital universitaire de Sacramento” s’annonça l’interlocuteur. “ Il faudrait que vous veniez au plus vite.”
-“ Pourquoi ?”
-“ Une jeune femme nous a été amenée il y a quelques heures, inconsciente…”

Jane n’écouta pas la suite, il bondit de son canapé, attrapa sa veste et partit en courant. Il ne prit pas le temps d’appeler ses collègues, il savait que l’hôpital avait dut le faire. Il descendit l’escalier en courant, arriva au parking et monta dans sa voiture. Il roula aussi vite que son véhicule le lui permettait, ne prit pas la peine de s’arrêter au stop. Une chance pour lui, il était tard et il n’y avait que peu de voitures sur la route. Mais qu’importe, tout ce qu’il avait en tête en ce moment était qu’une femme se trouvait en ce moment même à l’hôpital et qu’il avait été appelé. Ça ne pouvait dire qu’une chose, il devait s’agir de Lisbon.

Il arriva devant l’établissement, gara sa voiture rapidement et sortit en courant. Il arriva dans le hall d’entrée pour être accueilli par Cho. L’agent avait le regard sérieux et Jane comprit qu’il avait raison. Il y avait cette petite étincelle dans ses yeux, celle qu’il avait lorsqu’il recevait une bonne nouvelle. Il était si rare qu’il montre ce qu’il ressentait, Jane se retrouva soudain avec plus d’espoir qu’il n’en avait eut ces derniers mois.

-“ C’est elle ?” Demanda-t-il, anxieux.
-“ Oui c’est elle” lui répondit-il.
-“ Elle… elle va bien ?” Il craignait la réponse.
-“ Il semblerait qu’elle n’ait rien de grave. Elle a été droguée et c’est pour ça qu’elle est inconsciente.”
-“ Droguée ?”
-“ Mais les médecins disent qu’elle va bien.”

Jane souffla de soulagement. Lisbon allait bien, Lisbon était en vie, ici, dans ce même hôpital. Il mourrait d’envie d’aller la voir, de pouvoir s’assurer de ses propres yeux qu’elle était bien là. Il ne doutait pas des mots de Cho, il voulait juste la voir après tous ces mois. Et plus que tout, il voulait savoir ce qu’elle avait vécu, ce que John LeRouge lui avait fait. Il avait peur de savoir, mais il en avait besoin. Les deux hommes prirent place sur des chaises et attendirent. Ils ne pouvaient rien faire d’autre de toute façon, les médecins s’occupaient encore de la jeune femme.

Au bout d’encore une demi-heure d’attente, un médecin vint les voir et confirma ce que Cho avait déjà dit à Jane. Lisbon allait bien, était encore inconsciente mais tout était normal. Au bout d’un moment, le médecin comprenant ce qu’attendaient les deux hommes, les autorisa à se rendre dans sa chambre. Ils ne se firent pas prier, prirent leurs vestes et le suivirent dans le couloir. Ils arrivèrent devant la chambre, prirent chacun une profonde inspiration et entrèrent.

Jane resta sous le choc en voyant Lisbon après tout ce temps sans elle. Il s’attendait au pire, mais pas à ce qu’il voyait en ce moment. Elle était toujours comme lorsqu’elle était partit, pas une marque, pas un bleu. Elle était toujours aussi belle et il se précipita à son chevet. Il s’installa sur la chaise, prit la main de Lisbon et posa ses yeux sur elle. Il ne voulait plus jamais la quitter, plus jamais la perdre de vue. Plus jamais la perdre, tout simplement. Maintenant qu’elle était là, il ne la laisserait plus. Il ne savait pas ce que le tueur avait put lui faire, psychologiquement puisque physiquement elle allait bien. Il ne savait pas pourquoi il l’avait laissée partir, mais il le découvrirait bien assez tôt.

Cho resta un peu en retrait. Il était heureux de la revoir en vie, il était heureux qu’elle soit enfin de retour. Mais tout comme Jane, il s’inquiétait de savoir ce qu’elle avait put vivre durant tout ces mois de captivité. Il espérait qu’elle soit toujours elle-même, qu’elle n’ait pas changé. Il savait que si elle se trouvait avec eux en ce moment, c’était pour une bonne raison. Il craignait cette raison, il craignait ce qui allait suivre. Pour le moment, il ne pouvait rien faire d’autre qu’attendre qu’elle ouvre les yeux. Il verrait plus tard pour le reste.




Jane n’avait pas quitté Lisbon depuis son arrivée à l’hôpital, deux jours plus tôt. Il avait eut peur parce qu’elle ne se réveillait pas, mais le médecin lui avait assuré qu’il n’y avait rien d’anormal. Il lui avait été donné des sédatifs car elle avait besoin de repos. Alors il s’était contenté de rester avec elle, de tenir sa main. Il attendait qu’elle ouvre les yeux. Il voulait voir ses yeux émeraude, il voulait voir les étincelles qui s’y trouvaient à chaque fois qu’elle le regardait. Il savait que ce ne serait pas facile pour elle au début, mais il serait avec elle, aussi longtemps qu’elle le voudrait.

Ses collègues étaient passé un peu plus tôt dans la journée. Grace avait les larmes aux yeux et ne les cachait même pas. Elle n’avait pas honte, elle était heureuse que sa patronne soit enfin de retour. Tout le monde était heureux et tout le monde attendait qu’elle ouvre les yeux, qu’elle leur dise qu’elle allait bien. Ils devaient juste attendre, elle finirait pas revenir à eux. Jane espérait juste qu’elle ne serait pas trop perturbée psychologiquement, que John LeRouge n’aurait pas trop fait de dégâts.

Des mouvements à côté de lui attirèrent son attention et il tourna la tête pour voir Lisbon ouvrir doucement les yeux. Il se précipita aussitôt vers elle, lui attrapa la main et lui souffla des mots encourageant. Ses yeux papillonnèrent et finirent par s’ouvrir et elle tourna la tête vers lui. Il lut quelque chose dans ses yeux qui lui fit mal. Elle repoussa sa main et tourna la tête de l’autre côté. Jane s’en senti blessé, mais pouvait la comprendre. Elle venait de passer presque trois mois avec un monstre, un tueur et il ne savait toujours pas ce qu’elle avait vécu.

-“ Lisbon ?” Souffla-t-il.
-“ Laissez-moi Jane,” murmura-t-elle.

Elle avait reprit un ton professionnel avec lui, celui qu’elle avait avant qu’ils ne se rapprochent et cela lui fit mal au cœur. Mais que pouvait-il y faire ? Il devait lui laisser du temps, elle finirait par se remettre, par revenir vers lui. Elle avait besoin de repos pour le moment, le reste viendrait plus tard. Il se leva, se rapprocha de Lisbon et se pencha vers elle.

-“ Je reviendrai plus tard Lisbon, repose-toi pour le moment” puis il tenta de poser un baiser sur sa joue, mais elle le repoussa.

Il l’entendit sangloter un peu, mais n’insista pas et il fini par quitter la chambre. Il resta de l’autre côté de la porte, l’observant à travers la vitre. Elle avait perdu du poids, pas beaucoup mais il pouvait le voir. Elle n’avait aucune blessure, mais son regard laissait voir qu’elle n’allait pas bien. Elle aurait besoin de parler, de voir un spécialiste car il savait qu’elle ne lui parlerait pas. Il avait envie de savoir ce qu’elle avait vécu, mais en même temps il avait peur de ce qu’il pourrait apprendre. La culpabilité serait bien trop grande pour qu’il la supporte.

Alors qu’il allait partir, il entendit des gémissements dans la chambre de Lisbon et il revint immédiatement. Il entra dans la chambre, courut vers elle et posa une main sur son épaule. Elle sursauta, tourna des yeux larmoyants vers lui et éclata en sanglots. Il ne résista pas et la prit dans ses bras. Il passa sa main dans son dos, de haut en bas en des gestes réconfortants. Elle pleura encore et encore jusqu’à ce qu’elle finisse par se calmer. Il la garda encore un peu contre lui avant de s’écarter et de plonger ses yeux dans les siens.

Lisbon releva les siens vers lui, renifla une fois de plus avant de s’écarter de lui. Elle sécha ses larmes d’une main tremblante, se réinstalla dans son lit et croisa ses bras sur sa poitrine. Jane ne savait pas quoi faire, il ne savait plus quoi faire. Il n’avait jamais eut de mal à aider Lisbon, il avait toujours sut quoi faire. Mais aujourd’hui, il était perdu, incapable de trouver les bons mots, les bons gestes. Ce fut Lisbon qui agit la première en lui attrapant la main et en serrant ses doigts dans les siens. Leurs yeux se croisèrent un instant et finalement, Jane l’attira à lui une fois de plus.

Teresa l’entoura de ses bras, se laissant envelopper dans une tendre étreinte qui lui avait tant manqué. Durant des nuits entières elle avait rêvé qu’il soit là avec elle, qu’il la serre contre lui, qu’il la rassure. Elle n’était pas ce genre de femmes, elle n’était pas faible. Elle était forte, Jane le lui avait toujours dit. Mais seule dans cette chambre, loin de tout, de sa famille de ses amis et en compagnie de l’homme qui avait détruit tant de vies, celle de Jane, elle avait changé. Elle était devenue plus faible, plus craintive. Elle voulait tant pouvoir redevenir celle qu’elle était avant, mais ne savait pas comment faire.

Jane serrait la jeune femme contre lui aussi fort qu’il le pouvait. Il l’avait perdue et l’avait retrouvée. Il savait qu’elle avait changé, il pouvait le voir, le sentir. Lisbon n’était plus aussi forte qu’avant, mais il l’aiderait à le redevenir. Il serait là pour elle, il la suivrait jour après jour pour qu’elle redevienne LA Teresa qu’il avait toujours connue.

-“ Je suis désolé Lisbon, pour tout ça” souffla Jane contre les cheveux de la jeune femme en la serrant un peu plus contre lui. “ J’aurais tant voulu que tu ne sois pas la nouvelle victime de John LeRouge. Mais comme toujours, tous les gens à qui je tiens, des malheurs leur arrivent.”

Le silence retomba dans la chambre et ils restèrent un moment ainsi, dans les bras l’un de l’autre, savourant juste la chaleur de ce contact. Lisbon n’avait toujours rien dit, elle se contentait de rester dans ses bras, laissant les larmes couler librement sur ses joues. Elle n’avait jamais aimé se montrer faible devant qui que ce soit, encore moins devant Jane. Mais aujourd’hui, elle n’en avait que faire. Tous ces jours à prier pour se retrouver, toutes ces nuits à espérer se retrouver un jour. Ils étaient enfin de nouveau réunis, mais tout n’était pas si facile. Cet homme avait fait quelque chose à Lisbon, peut-être pas physiquement, mais psychologiquement. Jane devait absolument découvrir quoi s’il voulait pouvoir l’aider.

-“ Je crois que je devrais prévenir une infirmière que tu es réveillée” dit alors Jane en se levant du lit, “ Mais je vais revenir” promit-il.

Il l’embrassa sur la joue avant de quitter la chambre. Mais avant d’aller prévenir l’infirmière, il prit quelques minutes pour réfléchir. Lisbon allait bien physiquement, John LeRouge ne lui avait pas fait de mal. Mais il lui avait bien fait quelque chose, il avait brisé quelque chose en elle. Lisbon avait toujours été forte, elle avait toujours été la plus forte des deux. Et aujourd’hui, elle avait perdu cette force. John LeRouge avait comprit que sans la force de caractère de Lisbon, Jane pourrait perdre le peu de force qui lui restait pour tenir dans ce monde. Mais il ne lui ferait pas ce plaisir, il serait fort pour eux deux.




Jane entra dans le bureau de Lisbon, se dirigea directement vers le canapé et s’y installa. Il avait besoin de réfléchir, de comprendre pourquoi Lisbon avait été relâchée ainsi, sans rien en échange. John LeRouge ne faisait jamais ça, il ne laissait jamais de victime vivante derrière lui, sauf Kristina. Mais dans le cas de la médium, elle pensait être morte, alors c’était comme si elle l’était vraiment. Elle n’avait jamais put les aider.

Lisbon était de retour, elle était en vie, elle allait bien. Mais d’un autre côté, qui pouvait savoir ce qu’elle avait vraiment vécu là-bas, ce que cet homme avait put lui faire. Il y avait forcement une raison pour que Lisbon soit revenue, mais laquelle ? Il savait que le tueur avait fait en sorte qu’elle perde ses repaires, qu’elle ne soit plus aussi forte qu’avant. Il fallait qu’il l’aide à redevenir cette femme. Elle allait avoir besoin d’aide, de toute l’aide possible et pas seulement de la sienne.

Un coup à la porte le sorti de ses songes et il croisa le regard de Cho. L’asiatique entra, prit place sur la chaise à côté du canapé. Il garda le silence, mais les mots étaient inutiles, Jane savait parfaitement ce que voulait savoir son collègue. Mais que pouvait-il répondre ? Il ne savait rien, ni pourquoi John LeRouge avait relâché Lisbon, ni ce qu’il lui avait fait.

-“ Donc tu ne sais rien” fini par dire l’agent.
-“ Non, elle n’a pas dit un mot, sauf pour me demander de la laisser seule.”
-“ Elle finira par son confier.”
-“ Je ne pense pas qu’elle me parle, elle n’était plus la même.” Jane souffla, se prenant le visage entre les mains. “ Elle se sent mal, je pense qu’elle culpabilise. Quand elle a ouvert les yeux, et qu’elle m’a vu, elle m’a dit de sortir, de la laisser. Mais quand je suis parti, je l’ai entendu pleurer et je suis revenu.” Il garda le silence un moment. “ J’ai pas résisté, je l’ai prise dans mes bras. J’étais si heureux de la revoir que…”
-“ Vous êtes ensemble” affirma Cho.

Jane releva les yeux vers son collègue. Il fallait se douter que Cho finirait par le découvrir, il était flic, rien ne lui échappait.

-“ Je ne pense pas que ce soit encore le cas maintenant, pas après ce qu’elle a vécu” murmura le mentaliste. “ Elle m’a laissé la prendre dans mes bras mais… Elle était tendue, elle pleurait. Lisbon ne pleure jamais devant les gens, elle n’aime pas se montrer faible.”
-“ Elle va devoir voir un psy” annonça l’agent.
-“ Elle ne va pas aimer” sourit Jane en imaginant la tête que ferait Lisbon en l’apprenant.
-“ C’est la procédure après un enlèvement et surtout une séquestration aussi longue” précisa Cho. “ Elle s’en remettra. Il lui faudra du temps, mais elle s’en remettra.”
-“ Beaucoup de temps” précisa Jane. “ Il a brisé quelque chose en elle, je ne sais pas ce qu’il lui à fait, mais elle aura du mal à s’en remettre. Je serai avec elle autant que possible, mais j’ai comme l’impression qu’elle ne veut pas de moi.”
-“ Reste quand même avec elle, qu’importe ce qu’elle dit, elle a besoin de toi.”

Puis, Cho se leva et quitta le bureau. Laissant Jane seul. Le mentaliste resta un moment ainsi, réfléchissant. Il ne laisserait pas Lisbon seule, il serait avec elle aussi souvent que possible. Bien qu’elle refuse de le dire, elle avait besoin de lui. A l’hôpital, Lisbon l’avait repoussé, mais lorsqu’il l’avait prise dans ses bras, elle s’était laissé faire. Elle était même allée jusqu’à se serrer dans ses bras, pleurant contre lui alors qu’elle ne montrait jamais ses faiblesses à qui que ce soit. C’était comme si elle était partagée, comme si elle ne savait pas quoi faire. Elle avait besoin de lui mais quelque chose en elle la forçait à le repousser.

John LeRouge avait certainement implanté une idée dans son esprit, la poussant à s’éloigner de Jane. Autant elle avait envie et besoin d’être avec lui, cette suggestion la poussait à faire le contraire. Il allait devoir trouver un moyen d’inverser tout ça, sinon les choses pourraient empirer. Il fallait qu’il trouve ce qu’il avait bien put lui dire, quelle suggestion il lui avait implanté afin de savoir comment l’inverser. Mais il fallait avant tout qu’il sache si c’était bien ça.

Jane décida qu’il lui laisserait du temps, il irait la voir à l’hôpital jusqu’à ce qu’elle puisse rentrer chez elle. Il essaierait de lui rendre visite à son appartement, si seulement elle le laissait entrer. Et même si elle ne le faisait pas, il resterait là, dans sa voiture, aussi longtemps qu’il le faudrait. Il voulait vraiment qu’elle aille mieux, il voulait la voir comme elle avait toujours été. Il ne pouvait supporter de la voir ainsi, si triste, si seule, si perdue. S’il devait passer des nuits entières devant chez elle pour s’assurer qu’elle aille bien, alors il le ferait. Il ne pouvait rester sans rien faire, à la voir souffrir.

Lisbon était rentrée chez elle depuis maintenant une semaine après presque deux semaines d’hospitalisation. Jane était venu la voir chaque jour, ne l’obligeant à rien d’autre qu’a sa présence. Ils n’avaient presque pas parlé, seulement des banalités. Lisbon ne se sentait pas à l’aise avec Jane, du moins plus autant qu’avant. Depuis son enlèvement, elle se sentait différente mais elle ne savait pas en quoi. Jane voulait savoir ce qu’elle avait vécu et elle avait envie de lui en parler, mais quelque chose l’en empêchait. Elle savait que John LeRouge lui avait fait quelque chose, si seulement elle pouvait savoir de quoi il s’agissait. Elle ne se souvenait que peu de ce qu’elle avait vécu, les seules choses dont elle se souvenait était les sentiments qu’elle avait eut durant sa séquestration.

Alors maintenant, assise sur son lit, elle se sentait seule. La présence de Jane lui manquait, même si lorsqu’il se trouvait avec elle c’est comme si elle se sentait mal. Tout ce qu’elle ressentait en ce moment la rendait folle, car elle ne comprenait pas pourquoi elle avait ces sentiments. Elle avait toujours beaucoup apprécié la présence de Jane, ses blagues et la façon qu’il avait de la faire rire et sourire. Pourquoi ne pouvaient-ils pas être comme avant, pourquoi à chaque fois qu’elle se trouvait dans la même pièce que Jane elle ne souhaitait qu’une chose, s’éloigner de lui le plus possible. Elle ne se reconnaissait vraiment pas et elle avait peur d’elle-même.

La jeune femme se leva, traversa sa chambre et se rendit dans la salle de bain. Elle se plaça devant le miroir, observant son reflet. Physiquement elle était toujours la même, mais psychologiquement elle ne l’était plus. Le tueur ne lui avait fait aucun mal, elle devait certainement être sa seule victime revenant entière auprès des siens. Mais le mal avait pourtant été fait, seulement il ne se voyait pas. Seul un œil entraîné pourrait le voir et Jane le pouvait. Il avait ce pouvoir de lire les gens, et encore plus elle. Il avait toujours sut lire en elle, durant toutes ces années elle n’avait jamais rien put lui cacher. Et c’est-ce qu’elle redoutait le plus, qu’il puisse savoir ce qu’elle ressentait en ce moment.

S’éloignant du miroir, Lisbon ôta ses vêtements un à un, prenant tout son temps. Elle entra ensuite dans la cabine de douche, ouvrit l’eau le plus chaud possible. Elle avait besoin de retirer de son corps le souvenir des mains de l’homme qu’elle détestait le plus au monde, encore plus que son père. Il ne lui avait rien fait, aucun abus. Mais le simple fait qu’il ait put la toucher était de trop. Il avait été familier avec elle, comme un ami proche, ce qu’il n’était pas. Il l’avait transformée, avait fait d’elle une femme faible alors qu’elle avait passé sa vie à se montrer forte.

La douche dura plus longtemps qu’à l’ordinaire, mais elle en avait besoin. La chaleur et la douceur de l’eau lui firent du bien. Cela lui permit de se vider l’esprit, de ne plus penser à son enlèvement ni à ses réactions envers Jane. L’espace de quelques minutes elle put tout oublier, absolument tout et n’être qu’elle-même, Teresa Lisbon. Aussi bien se sentait-elle sous la douche, elle devait en sortir. Elle avait encore des choses à faire, à commencer par son courrier à trier. Trois mois d’absence lui avaient laissé un tas considérable qu’elle devait lire. Elle n’avait pas vraiment la tête à ça, mais ce devait être fait.

Elle s’habilla de son T-shirt fétiche et d’un pantalon de sport. Elle ne se sentait pas de porter ses vêtements habituels, elle voulait être confortable. Une fois prête, elle descendit dans le salon, s’installa sur le canapé et commença son tri. Elle était plongée dans sa tache lorsqu’elle entendit des coups frappés à la porte. Elle n’attendait aucune visite mais elle savait qui venait la voir. Il ne pouvait s’agir que d’une personne, Jane. Elle se leva, hésita devant la porte et fini par l’ouvrir. Elle tomba comme elle le prévoyait sur Jane qui lui souriait, un peu mal à l’aise.

-“ Que voulez-vous Jane ?” Lui demanda-t-elle sans le laisser entrer pour autant.
-“ Je voulais juste venir vous voir et prendre de vos nouvelles” répondit-il.
-“ Et bien je vais très bien, vous pouvez repartir maintenant”. Elle tenta de fermer la porte.
-“ Attendez” interféra-t-il. “ Je sais que vous n’allez pas bien, mais que vous voulez vous convaincre du contraire. Je veux juste vous aider Lisbon.”
-“ Je n’ai pas besoin de votre aide Jane” contra-t-elle. “ Je veux juste être seule pour le moment, j’ai beaucoup de choses à faire.”

Ils restèrent un moment ainsi à se regarder avant que Lisbon baisse les yeux. Elle se sentait mal face au regard suppliant et inquiet de Jane. La puissance de son regard était tel qu’elle savait qu’il connaissait parfaitement le fond de ses pensées, qu’il savait qu’elle se battait contre elle-même. Mais que pouvait-il y faire ? Rien de plus qu’elle alors à quoi bon essayer. Si elle ne savait pas ce que John LeRouge lui avait fait, comment Jane pourrait-il le savoir ? Personne ne pouvait rien pour elle et elle le savait parfaitement.

Jane sentait qu’il ne devait pas la forcer, qu’il devait lui laisser de l’espace. C’est-ce qu’il avait fait ces dernières semaines, mais cela devenait de plus en plus difficile pour lui. Il souffrait de la voir s’éloigner de lui un peu plus chaque jour. Mais ce qui lui faisait le plus mal c’était de voir la souffrance dans les yeux de Lisbon lorsqu’elle agissait ainsi. Il sentait qu’elle agissait contre sa propre volonté, mais qu’elle n’avait pas le choix. Quelque chose en elle la forçait à agir ainsi, ce que John LeRouge lui avait fait l’obligeait à faire ça. Il n’avait toujours pas trouvé ce que c’était, mais il ne perdait pas espoir de le découvrir. Il ne pouvait pas la laisser, elle avait besoin de lui.

Alors, pour ne pas lui faire plus de mal, il décida de partir. Il lui jeta un dernier regard, lui faisant ainsi comprendre qu’il n’abandonnait pas pour autant. Puis, il tourna les talons pour rejoindre sa voiture. Lisbon resta sur le pas de la porte, le regardant s’éloigner. Elle s’en voulait de l’avoir fait partir alors que tout ce qu’elle voulait était d’être avec lui et de le laisser la réconforter. Elle n’avait jamais été ce genre de femme à avoir besoin de réconfort, du moins elle ne le montrait pas. Le fait d’être parvenue à le faire partir lui prouvait qu’elle n’était pas aussi faible que ça et que bientôt elle redeviendrait celle qu’elle avait toujours été.

Elle referma la porte lorsque la voiture de Jane disparu au bout de la rue. Elle resta néanmoins un moment derrière la porte, se demandant ce qu’elle allait faire maintenant. Elle ne pouvait pas encore reprendre le travail, elle devait avant tout voir un spécialiste et elle ne le voulait pas, trop de mauvais souvenirs. Mais la dernière fois, Jane avait été là pour la soutenir, pour l’aider. Une part d’elle voulait que Jane soit avec elle, mais l’autre repoussait cette idée. C’était comme si elle était deux personnes, l’une voulant de son ancienne vie, l’autre en voulant une nouvelle. Il fallait absolument qu’elle découvre ce que lui avait fait John LeRouge et le plus tôt serait le mieux. Et pour ça elle savait exactement à qui d’adresser.

Lisbon s’éloigna de la porte, attrapa son téléphone et hésita un moment. Devait-elle vraiment l’appeler, devait-elle lui parler de ce qu’elle avait vécu et de ses peurs? Elle savait qu’elle ne serait pas jugée, que c’était la meilleure personne pour lui venir en aide. Elle avait été d’une grande aide à Jane dans le passé et elle savait qu’elle pouvait compter sur elle et sa discrétion. Alors elle prit son courage à deux mains et composa le numéro, attendant patiemment que la personne décroche. Elle n’eut pas à attendre longtemps avant d’entendre une voix lui répondre.

-“ Bonjour, je suis Teresa Lisbon et je souhaiterais parler au Dr Miller s’il vous plait” se présenta Lisbon, poliment.
-“ Un instant” lui répondit la secrétaire.

Elle attendit quelques minutes avant d’entendre la voix qu’elle attendait.

-“ Agent Lisbon, que me vaut l’honneur de votre appel ?” Interrogea le Dr Miller.
-“ C’est seulement Lisbon maintenant, je suis en repos forcé pour quelques temps” rectifia Lisbon. “ Je voudrais prendre un rendez-vous avec vous.”
-“ Un rendez-vous ? Je pensais que vous alliez voir un spécialiste recommandé par vos bureau” s’étonna le médecin. “ Je sais ce qui vous est arrivée et j’en suis navrée.”
-“ Oui, enfin. Je souhaiterais que ce soit vous qui me suiviez, je… je n’ai pas vraiment de confiance envers les psys et…. Je me sentirais plus à mon aise avec vous, si vous l’acceptez.”
-“ Ce sera avec plaisir Teresa, que diriez-vous de Mercredi à dix heures ?”
-“ Ce sera parfait, merci.”

Elle raccrocha et se laissa tomber sur son canapé. Une bonne chose de faite. Elle ne voulait pas devoir parler de ce qu’elle avait vécu, mais puisqu’elle n’avait pas le choix, autant que ce soit avec la personne de son choix. Sophie Miller savait comment agir avec les victimes de John LeRouge, elle avait aidé Jane à remonter la pente. Il avait encore beaucoup de travail à faire sur lui-même, mais Sophie lui avait apporté les bases et elle pourrait en faire de même avec elle. Il faudrait encore longtemps avant qu’elle ne se sente de nouveau elle-même, beaucoup de temps. Mais avec l’aide nécessaire, elle y arriverait. Et peut-être que Sophie pourrait également l’aider à comprendre pourquoi elle tentait toujours de repousser Jane alors qu’elle mourrait d’envie de passer du temps avec lui.

Lisbon ne voulait plus avoir ce sentiment de malaise lorsque Jane se trouvait dans la même pièce qu’elle, il était bien trop important et avait bien trop besoin d’elle dans sa vie. Au début elle avait pensé que c’était à cause de son enlèvement, que cette longue séparation d’avec ses amis l’avait changé. Mais elle ne ressentait ça qu’avec lui, pas avec Cho, ni Rigsby et pas plus avec Van Pelt. D’ailleurs, la jeune femme était la seule avec qui elle se sentait vraiment bien. Elle était à l’aise avec ses deux collègues masculins, mais avec Grace c’était différent. Entre femmes, elles se comprenaient mieux.

Finalement, la jeune femme décida de se réinstaller sur le canapé pour finir le tri de son courrier. Elle en avait tellement qu’elle devait sérieusement s’y mettre. Plus tôt elle commencerait, plus tôt elle serait tranquille. Une lettre attira son attention, elle venait de son frère Tommy. Il lui avait envoyé juste après son enlèvement et à ce moment là, il n’était pas encore au courant. Elle devrait le contacter, mais pas avant d’être totalement remise. Elle serait heureuse de le revoir, ainsi que sa nièce Annie. Ils lui avaient tant manqué, les revoir lui ferait du bien. Peut-être que cela l’aiderait à se sentir mieux, peut-être même qu’elle devrait aller les voir plutôt que de leur demander de venir. Oui, c’est-ce qu’elle allait faire.




Mercredi arriva bien plus vite qu’elle ne le pensait et Lisbon ne se sentait pas vraiment prête pour son rendez-vous. Bien entendu c’était elle qui l’avait voulu, mais elle avait peur de ne pas être capable de parler de sa séquestration. Devoir raconter ce qu’elle avait vécu serait bien plus difficile qu’elle ne le pensait. Elle n’avait que peur des souvenirs de cette période, elle ne savait même pas comment c’était possible. Elle se trouvait actuellement devant le centre et hésitait à entrer dans le bâtiment. Elle prit une profonde respiration avant de pousser la porte et de finalement entrer. Elle alla directement à l’accueil et se présenta. On lui indiqua la direction à prendre et s’installa dans une salle d’attente. Elle vit arriver le Dr Miller et se leva pour venir à sa rencontre.

-“ Teresa, quel plaisir de vous revoir” la salua Sophie.
-“ Heureuse aussi, même si les circonstances ne sont pas les meilleures” sourit difficilement Lisbon.
-“ Bien, si nous y allions” proposa le médecin en indiquant le chemin.

Les deux femmes avancèrent dans le couloir, silencieuses. Sophie ouvrit un bureau où elles entrèrent. Lisbon prit place sur un fauteuil et Sophie fit de même sur le fauteuil opposé. Elles gardèrent le silence encore quelques minutes avant que Sophie ne le brise.

-“ Bien, Teresa, dites moi ce qui vous tracasse.”
-“ C’est à dire que…”

Elle hésitait à parler, elle ne savait pas comment dire ce qu’elle avait à dire. Elle n’était pas du genre à se confier ainsi, mais c’est elle qui avait décidé de venir alors elle devait parler.

“ J’ai des sentiments contradictoires en ce moment et je me sens un peu perdue” avoua Lisbon, encore surprise de son aveux.
-“ Je sais que vous avez du mal à vous confier, que vous avez pour habitude de tout garder pour vous, mais parfois il est bon de se livrer un peu” sourit Sophie.
-“ C’est vrai mais… je ne sais pas, j’ai du mal” elle baissa les yeux.
-“ Prenez le temps qu’il vous faudra, vous n’avez pas à tout me dire maintenant” la rassura Sophie. “ Il vous faudra du temps, mais vous irez mieux. Et avec mon aide, j’espère que les choses seront plus facile.”
-“ Merci beaucoup.”

Elles parlèrent encore un moment, mais pas de la période de Lisbon avec John LeRouge. Sophie savait qu’elle ne devait pas pousser Lisbon à parler si elle n’était pas prête, il lui faudrait encore du temps avant qu’elle ne se sente vraiment assez à l’aise pour parler. L’agent avait toujours été une femme forte, indépendante. Et aujourd’hui, elle semblait perdue, l’ombre de celle qu’elle avait été. Ça lui faisait de la peine de la voir ainsi, de la savoir si perdue.

“ Je pense que je vais prendre quelques jours de repos” expliqua-t-elle. “ Enfin, je suis déjà de repos, mais je pensais à aller voir mon frère et ma nièce.”
“ Voilà qui est une bonne idée. Je pense aussi que cela vous fera du bien de vous éloigner un peu.”

Lisbon se décida à partir au bout de presque deux heures, un record pour elle. Tout le monde savait qu’elle n’aimait pas les psys et Sophie était même surprise qu’elle soit restée si longtemps. Maintenant qu’elle était partie, elle devait réfléchir. Elle savait que Lisbon et Jane étaient proches, elle savait que la force de Lisbon avait toujours aidé le mentaliste. La voir si faible maintenant devait également affaiblir l’homme et si elle parvenait à l’aider, alors elle aiderait les deux. Il lui fallait juste trouver les bons mots, les bons points sur lesquels appuyer qui pourraient faire revenir la mémoire. Lisbon semblait faire comme un blocage, comme si quelque chose empêchait les souvenirs de revenir.

Peut-être que John LeRouge avait utilisé l’hypnose sur elle, peut-être qu’il avait implanté quelque chose dans son esprit la forçant à s’éloigner de Jane, car c’était de cela qu’il s’agissait. Sophie était persuadé que c’était le plan du tueur afin de détruire Jane. Elle l’avait vu après la mort de sa famille, elle l’avait aidé de son mieux durant tout ces mois et il était parvenu à s’en sortir. Mais c’était Teresa Lisbon qui l’avait rendu meilleur et c’est pour cette raison que John LeRouge s’en était prit à la jeune femme.

Sophie avait entendu parler du plan de Jane pour attraper John LeRouge, et de la façon dont tout s’était fini. Cela avait fait la une des informations durant plusieurs jours. Elle savait pour l’arrestation de Lorelei Martins et elle se doutait que pour Jane, c’était un moyen de se rapprocher du tueur. Il était venu la voir peu de temps avant l’enlèvement de Lisbon pour lui parler, pour lui expliquer ce que John LeRouge avait voulu de lui. Il avait eut besoin de parler à quelqu’un et ne pouvait pas le faire avec Lisbon. Sophie avait été surprise car Lisbon était la personne la plus proche du mentaliste et en général il n’hésitait pas à lui parler.

Jane lui avait expliqué que l’homme voulait qu’ils deviennent amis et pour lui prouver sa bonne volonté, Jane devait lui offrir le cadavre de Lisbon. Sophie avait été choquée, mais s’était rassuré lorsque Jane lui avait assuré qu’il ne pourrait jamais faire une chose pareille, même pour accomplir sa vengeance. Le problème était qu’à présent, le tueur voulait se venger de lui et Lisbon était sa cible. Pour Sophie, l’enlèvement de Lisbon devait faire partie d’un plan pour détruire Jane et non pas Lisbon. John LeRouge n’avait rien contre Lisbon et si Jane refusait de la sacrifier, alors elle était la cible parfaite.

Alors qu’elle travaillait sur les notes qu’elle avait prises sur la visite de Lisbon, elle entendit un coup à la porte. Elle rangea ses papiers dans un dossier portant le nom de la jeune femme, le plaça dans un tiroir et se leva. Elle ouvrit la porte et ne fut pas surprise de tomber sur Patrick Jane.

-“ Patrick, que faites-vous ici ?” Demanda-t-elle tout de même.
-“ J’ai besoin de vous parler, c’est vraiment important” répondit-il.

Elle le laissa passer, referma la porte derrière lui et vint prendre place sur le même fauteuil que plus tôt. Elle attendit qu’il parle, après tout c’est lui qui était venu la voir, c’était donc à lui de faire le premier pas. Il semblait mal à l’aise et elle pouvait parfaitement le comprendre. Elle avait été son médecin par le passé, il était normal qu’il se sente mal à l’aise. Il fini par lever les yeux vers elle.

-“ C’est au sujet de ma collègue, l’agent Lisbon” commença-t-il. “ Elle… elle a besoin d’aide.”
-“ Et qu’est-ce qui vous fait croire ça ?” Demanda-t-elle innocemment.
-“ Depuis son retour, elle n’est plus la même. John LeRouge lui a certainement fait quelque chose, je ne sais pas quoi mais…”
-“ Continuez.”
-“ Elle s’éloigne de moi.”
-“ Et qu’est-ce qui vous fait dire que ça à a voir avec son enlèvement ?”
-“ Parce que je sais qu’elle ne le veut pas vraiment. A chaque fois qu’elle me repousse, il y a quelque chose dans ses yeux qui me dit qu’elle s’en veut de faire ça.”

Il garda le silence un moment avant de reprendre.

-“ Elle n’est plus elle-même, elle n’est plus aussi forte qu’avant. Elle a vraiment besoin d’aide et je ne peux pas l’aider. Elle ne me laisse pas faire. Si elle veut pouvoir s’en sortir, elle va avoir besoin de la meilleure aide qu’il soit et je sais que ça ne pourra pas être moi.”
-“ Et si jamais elle ne s’en remettait pas, comment le prendriez-vous ?”
-“ Je… Si elle en est là c’est de ma faute. Il faut absolument qu’elle s’en remette, je ne me le pardonnerais jamais autrement.”

Sophie observa Jane un moment. Il se sentait vraiment coupable, elle avait déjà vu ce regard. Il avait eut le même la première fois qu’elle l’avait vu et elle avait eut du mal à lui faire comprendre qu’il n’était pas coupable. Il n’avait pas tout à fait oublié sa culpabilité, elle était ancrée dans son cœur. Alors ce nouveau coup dur était de trop pour lui. Sophie voulait lui venir en aide, ainsi qu’a Lisbon, du mieux que possible.

-“ Ecoutez Patrick, j’ai un rendez-vous qui ne devrait pas tarder à arriver” lui dit-elle.
-“ Oui, je vous laisse” s’excusa-t-il.

Il se leva, salua Sophie et quitta le bureau. La jeune femme se rassit sur le fauteuil et réfléchit. Il fallait qu’elle trouve une solution à leur problème à tous les deux et le plus vite possible.




En quittant le centre, Jane avait voulut rentrer à son motel, mais il avait conduit directement jusque chez Lisbon. Ce ne fut que lorsqu’il aperçu la porte de l’appartement qu’il s’en rendit compte. Il se gara, mais ne sortit pas de sa voiture. Il resta là, ne sachant pas quoi faire. Il mourrait d’envie d’aller jusqu’à la porte, de frapper et de voir Lisbon. Mais il savait qu’il ne le pouvait pas, que Lisbon ne le laisserait pas entrer. Elle lui manquait terriblement, tous ces moments passés ensemble lui manquaient, leurs discussions. Il aurait aimé pouvoir l’emmener de nouveau manger des glaces ou simplement se rendre avec elle chez le marchand de fruits et légumes. Des moments simples mais pourtant si important pour lui.

Depuis qu’elle était revenue, il ne l’avait que très peu vue. Il était allé à l’hôpital chaque jour jusqu’à ce qu’elle rentre chez elle, mais ce n’était pas la même chose. A chaque fois, il se sentait de trop mais il venait quand même. Il avait besoin de la voir, après tout ces mois de séparation. Alors même si elle ne voulait pas vraiment de lui, il la forçait à supporter sa présence. Mais maintenant, elle n’était plus à l’hôpital et il lui était bien plus difficile de la voir. Lisbon ne le laissait jamais entrer chez elle et cela lui faisait mal. Il n’avait plus l’habitude de devoir lui demander l’autorisation d’entrer dans son appartement. Avant sa disparition, ils étaient devenus plus proche et même s’il pensait que c’était une mauvaise idée au départ, par la suite c’était devenu naturel.

Alors que leur relation commençait à devenir vraiment sérieuse, John LeRouge était intervenu et avait tout détruit. Lisbon n’était plus vraiment Lisbon et lui ne savait plus quoi faire pour l’aider. Il aurait tant voulu que tout redevienne comme avant, qu’ils se retrouvent comme avant. Il avait aimé la tenir dans ses bras, sentir son doux parfum et la chaleur de son corps contre le sien. Et l’embrasser. Il n’avait jamais pensé pouvoir prendre autant de plaisir à embrasser une femme après Angela, mais Teresa était devenue si importante pour lui. Ils se connaissaient depuis des années, étaient amis depuis bien longtemps, même si ça n’avait pas été facile au début.

Il fut sortit de ses pensées lorsqu’il vit de la lumière dans le salon de l’appartement de Lisbon. Il se concentra et vit une ombre passer, Lisbon. Elle revint devant la fenêtre, repoussa le rideau et chercha quelque chose des yeux. Leurs regards se croisèrent et Jane avala difficilement sa salive. Il y avait tant de peine dans son regard qu’il eut mal au cœur. Elle sortit ensuite de son champ de vision. Il baissa la tête mais la releva soudain lorsqu’il entendit des coups sur la vitre de sa voiture. Elle était là, devant lui. Il baissa la vitre, et attendit de savoir ce qu’elle voulait.

-“ Ne restez pas dans votre voiture” lui dit-elle. “ Venez à l’intérieur.”

Il fut surprit de son invitation et un petit sourire de Lisbon suffit à le convaincre de la suivre. Il verrouilla sa voiture et la suivit dans l’appartement. Il resta sur le pas de la porte, ne sachant pas quoi faire, attendant ce qui allait suivre. Il vit Lisbon allait dans la cuisine et revenir avec un tasse de thé fumante qu’elle lui donna. Ils allèrent ensuite s’installer sur le canapé, chacun à un bout. Personne n’osa parler, et ce fut Lisbon qui rompit le silence.

-“ Jane je… Je voulais vous dire que je compte m’absenter quelques temps” dit-elle.
-“ Vous partez ?” S’exclama-t-il, inquiet.
-“ Je vais voir mon frère Tommy et Annie, ça fait longtemps que je ne les ai pas vus” s’expliqua-t-elle. “ Je ne sais pas combien de temps je serais absente, mais j’ai vraiment besoin de changer d’air.”
-“ Alors nous allons nous revoir, n’est-ce pas ?” Voulu-t-il savoir.
-“ Oui je vais revenir” le rassura-t-elle. “ Maintenant, si vous le voulez bien, j’aimerais me reposer.”
-“ Je vais vous laisser alors. Merci pour le thé Lisbon” sourit-il en se levant.

Lisbon le raccompagna jusqu’à la porte, le salua une dernière fois et referma la porte. Jane retourna à sa voiture, jeta un dernier coup d’œil vers l’appartement puis partit. Il venait de passer quelques minutes avec Lisbon, ce n’était pas grand-chose, mais c’était un début. Peut-être qu’après son retour, les choses iraient mieux. Il l’espérait de tout son cœur.