Le prix de la vengeance [Spoiler Saison 4] ^

Lisbon était rentrée chez elle depuis maintenant une semaine après presque deux semaines d’hospitalisation. Jane était venu la voir chaque jour, ne l’obligeant à rien d’autre qu’a sa présence. Ils n’avaient presque pas parlé, seulement des banalités. Lisbon ne se sentait pas à l’aise avec Jane, du moins plus autant qu’avant. Depuis son enlèvement, elle se sentait différente mais elle ne savait pas en quoi. Jane voulait savoir ce qu’elle avait vécu et elle avait envie de lui en parler, mais quelque chose l’en empêchait. Elle savait que John LeRouge lui avait fait quelque chose, si seulement elle pouvait savoir de quoi il s’agissait. Elle ne se souvenait que peu de ce qu’elle avait vécu, les seules choses dont elle se souvenait était les sentiments qu’elle avait eut durant sa séquestration.

Alors maintenant, assise sur son lit, elle se sentait seule. La présence de Jane lui manquait, même si lorsqu’il se trouvait avec elle c’est comme si elle se sentait mal. Tout ce qu’elle ressentait en ce moment la rendait folle, car elle ne comprenait pas pourquoi elle avait ces sentiments. Elle avait toujours beaucoup apprécié la présence de Jane, ses blagues et la façon qu’il avait de la faire rire et sourire. Pourquoi ne pouvaient-ils pas être comme avant, pourquoi à chaque fois qu’elle se trouvait dans la même pièce que Jane elle ne souhaitait qu’une chose, s’éloigner de lui le plus possible. Elle ne se reconnaissait vraiment pas et elle avait peur d’elle-même.

La jeune femme se leva, traversa sa chambre et se rendit dans la salle de bain. Elle se plaça devant le miroir, observant son reflet. Physiquement elle était toujours la même, mais psychologiquement elle ne l’était plus. Le tueur ne lui avait fait aucun mal, elle devait certainement être sa seule victime revenant entière auprès des siens. Mais le mal avait pourtant été fait, seulement il ne se voyait pas. Seul un œil entraîné pourrait le voir et Jane le pouvait. Il avait ce pouvoir de lire les gens, et encore plus elle. Il avait toujours sut lire en elle, durant toutes ces années elle n’avait jamais rien put lui cacher. Et c’est-ce qu’elle redoutait le plus, qu’il puisse savoir ce qu’elle ressentait en ce moment.

S’éloignant du miroir, Lisbon ôta ses vêtements un à un, prenant tout son temps. Elle entra ensuite dans la cabine de douche, ouvrit l’eau le plus chaud possible. Elle avait besoin de retirer de son corps le souvenir des mains de l’homme qu’elle détestait le plus au monde, encore plus que son père. Il ne lui avait rien fait, aucun abus. Mais le simple fait qu’il ait put la toucher était de trop. Il avait été familier avec elle, comme un ami proche, ce qu’il n’était pas. Il l’avait transformée, avait fait d’elle une femme faible alors qu’elle avait passé sa vie à se montrer forte.

La douche dura plus longtemps qu’à l’ordinaire, mais elle en avait besoin. La chaleur et la douceur de l’eau lui firent du bien. Cela lui permit de se vider l’esprit, de ne plus penser à son enlèvement ni à ses réactions envers Jane. L’espace de quelques minutes elle put tout oublier, absolument tout et n’être qu’elle-même, Teresa Lisbon. Aussi bien se sentait-elle sous la douche, elle devait en sortir. Elle avait encore des choses à faire, à commencer par son courrier à trier. Trois mois d’absence lui avaient laissé un tas considérable qu’elle devait lire. Elle n’avait pas vraiment la tête à ça, mais ce devait être fait.

Elle s’habilla de son T-shirt fétiche et d’un pantalon de sport. Elle ne se sentait pas de porter ses vêtements habituels, elle voulait être confortable. Une fois prête, elle descendit dans le salon, s’installa sur le canapé et commença son tri. Elle était plongée dans sa tache lorsqu’elle entendit des coups frappés à la porte. Elle n’attendait aucune visite mais elle savait qui venait la voir. Il ne pouvait s’agir que d’une personne, Jane. Elle se leva, hésita devant la porte et fini par l’ouvrir. Elle tomba comme elle le prévoyait sur Jane qui lui souriait, un peu mal à l’aise.

-“ Que voulez-vous Jane ?” Lui demanda-t-elle sans le laisser entrer pour autant.
-“ Je voulais juste venir vous voir et prendre de vos nouvelles” répondit-il.
-“ Et bien je vais très bien, vous pouvez repartir maintenant”. Elle tenta de fermer la porte.
-“ Attendez” interféra-t-il. “ Je sais que vous n’allez pas bien, mais que vous voulez vous convaincre du contraire. Je veux juste vous aider Lisbon.”
-“ Je n’ai pas besoin de votre aide Jane” contra-t-elle. “ Je veux juste être seule pour le moment, j’ai beaucoup de choses à faire.”

Ils restèrent un moment ainsi à se regarder avant que Lisbon baisse les yeux. Elle se sentait mal face au regard suppliant et inquiet de Jane. La puissance de son regard était tel qu’elle savait qu’il connaissait parfaitement le fond de ses pensées, qu’il savait qu’elle se battait contre elle-même. Mais que pouvait-il y faire ? Rien de plus qu’elle alors à quoi bon essayer. Si elle ne savait pas ce que John LeRouge lui avait fait, comment Jane pourrait-il le savoir ? Personne ne pouvait rien pour elle et elle le savait parfaitement.

Jane sentait qu’il ne devait pas la forcer, qu’il devait lui laisser de l’espace. C’est-ce qu’il avait fait ces dernières semaines, mais cela devenait de plus en plus difficile pour lui. Il souffrait de la voir s’éloigner de lui un peu plus chaque jour. Mais ce qui lui faisait le plus mal c’était de voir la souffrance dans les yeux de Lisbon lorsqu’elle agissait ainsi. Il sentait qu’elle agissait contre sa propre volonté, mais qu’elle n’avait pas le choix. Quelque chose en elle la forçait à agir ainsi, ce que John LeRouge lui avait fait l’obligeait à faire ça. Il n’avait toujours pas trouvé ce que c’était, mais il ne perdait pas espoir de le découvrir. Il ne pouvait pas la laisser, elle avait besoin de lui.

Alors, pour ne pas lui faire plus de mal, il décida de partir. Il lui jeta un dernier regard, lui faisant ainsi comprendre qu’il n’abandonnait pas pour autant. Puis, il tourna les talons pour rejoindre sa voiture. Lisbon resta sur le pas de la porte, le regardant s’éloigner. Elle s’en voulait de l’avoir fait partir alors que tout ce qu’elle voulait était d’être avec lui et de le laisser la réconforter. Elle n’avait jamais été ce genre de femme à avoir besoin de réconfort, du moins elle ne le montrait pas. Le fait d’être parvenue à le faire partir lui prouvait qu’elle n’était pas aussi faible que ça et que bientôt elle redeviendrait celle qu’elle avait toujours été.

Elle referma la porte lorsque la voiture de Jane disparu au bout de la rue. Elle resta néanmoins un moment derrière la porte, se demandant ce qu’elle allait faire maintenant. Elle ne pouvait pas encore reprendre le travail, elle devait avant tout voir un spécialiste et elle ne le voulait pas, trop de mauvais souvenirs. Mais la dernière fois, Jane avait été là pour la soutenir, pour l’aider. Une part d’elle voulait que Jane soit avec elle, mais l’autre repoussait cette idée. C’était comme si elle était deux personnes, l’une voulant de son ancienne vie, l’autre en voulant une nouvelle. Il fallait absolument qu’elle découvre ce que lui avait fait John LeRouge et le plus tôt serait le mieux. Et pour ça elle savait exactement à qui d’adresser.

Lisbon s’éloigna de la porte, attrapa son téléphone et hésita un moment. Devait-elle vraiment l’appeler, devait-elle lui parler de ce qu’elle avait vécu et de ses peurs? Elle savait qu’elle ne serait pas jugée, que c’était la meilleure personne pour lui venir en aide. Elle avait été d’une grande aide à Jane dans le passé et elle savait qu’elle pouvait compter sur elle et sa discrétion. Alors elle prit son courage à deux mains et composa le numéro, attendant patiemment que la personne décroche. Elle n’eut pas à attendre longtemps avant d’entendre une voix lui répondre.

-“ Bonjour, je suis Teresa Lisbon et je souhaiterais parler au Dr Miller s’il vous plait” se présenta Lisbon, poliment.
-“ Un instant” lui répondit la secrétaire.

Elle attendit quelques minutes avant d’entendre la voix qu’elle attendait.

-“ Agent Lisbon, que me vaut l’honneur de votre appel ?” Interrogea le Dr Miller.
-“ C’est seulement Lisbon maintenant, je suis en repos forcé pour quelques temps” rectifia Lisbon. “ Je voudrais prendre un rendez-vous avec vous.”
-“ Un rendez-vous ? Je pensais que vous alliez voir un spécialiste recommandé par vos bureau” s’étonna le médecin. “ Je sais ce qui vous est arrivée et j’en suis navrée.”
-“ Oui, enfin. Je souhaiterais que ce soit vous qui me suiviez, je… je n’ai pas vraiment de confiance envers les psys et…. Je me sentirais plus à mon aise avec vous, si vous l’acceptez.”
-“ Ce sera avec plaisir Teresa, que diriez-vous de Mercredi à dix heures ?”
-“ Ce sera parfait, merci.”

Elle raccrocha et se laissa tomber sur son canapé. Une bonne chose de faite. Elle ne voulait pas devoir parler de ce qu’elle avait vécu, mais puisqu’elle n’avait pas le choix, autant que ce soit avec la personne de son choix. Sophie Miller savait comment agir avec les victimes de John LeRouge, elle avait aidé Jane à remonter la pente. Il avait encore beaucoup de travail à faire sur lui-même, mais Sophie lui avait apporté les bases et elle pourrait en faire de même avec elle. Il faudrait encore longtemps avant qu’elle ne se sente de nouveau elle-même, beaucoup de temps. Mais avec l’aide nécessaire, elle y arriverait. Et peut-être que Sophie pourrait également l’aider à comprendre pourquoi elle tentait toujours de repousser Jane alors qu’elle mourrait d’envie de passer du temps avec lui.

Lisbon ne voulait plus avoir ce sentiment de malaise lorsque Jane se trouvait dans la même pièce qu’elle, il était bien trop important et avait bien trop besoin d’elle dans sa vie. Au début elle avait pensé que c’était à cause de son enlèvement, que cette longue séparation d’avec ses amis l’avait changé. Mais elle ne ressentait ça qu’avec lui, pas avec Cho, ni Rigsby et pas plus avec Van Pelt. D’ailleurs, la jeune femme était la seule avec qui elle se sentait vraiment bien. Elle était à l’aise avec ses deux collègues masculins, mais avec Grace c’était différent. Entre femmes, elles se comprenaient mieux.

Finalement, la jeune femme décida de se réinstaller sur le canapé pour finir le tri de son courrier. Elle en avait tellement qu’elle devait sérieusement s’y mettre. Plus tôt elle commencerait, plus tôt elle serait tranquille. Une lettre attira son attention, elle venait de son frère Tommy. Il lui avait envoyé juste après son enlèvement et à ce moment là, il n’était pas encore au courant. Elle devrait le contacter, mais pas avant d’être totalement remise. Elle serait heureuse de le revoir, ainsi que sa nièce Annie. Ils lui avaient tant manqué, les revoir lui ferait du bien. Peut-être que cela l’aiderait à se sentir mieux, peut-être même qu’elle devrait aller les voir plutôt que de leur demander de venir. Oui, c’est-ce qu’elle allait faire.




Mercredi arriva bien plus vite qu’elle ne le pensait et Lisbon ne se sentait pas vraiment prête pour son rendez-vous. Bien entendu c’était elle qui l’avait voulu, mais elle avait peur de ne pas être capable de parler de sa séquestration. Devoir raconter ce qu’elle avait vécu serait bien plus difficile qu’elle ne le pensait. Elle n’avait que peur des souvenirs de cette période, elle ne savait même pas comment c’était possible. Elle se trouvait actuellement devant le centre et hésitait à entrer dans le bâtiment. Elle prit une profonde respiration avant de pousser la porte et de finalement entrer. Elle alla directement à l’accueil et se présenta. On lui indiqua la direction à prendre et s’installa dans une salle d’attente. Elle vit arriver le Dr Miller et se leva pour venir à sa rencontre.

-“ Teresa, quel plaisir de vous revoir” la salua Sophie.
-“ Heureuse aussi, même si les circonstances ne sont pas les meilleures” sourit difficilement Lisbon.
-“ Bien, si nous y allions” proposa le médecin en indiquant le chemin.

Les deux femmes avancèrent dans le couloir, silencieuses. Sophie ouvrit un bureau où elles entrèrent. Lisbon prit place sur un fauteuil et Sophie fit de même sur le fauteuil opposé. Elles gardèrent le silence encore quelques minutes avant que Sophie ne le brise.

-“ Bien, Teresa, dites moi ce qui vous tracasse.”
-“ C’est à dire que…”

Elle hésitait à parler, elle ne savait pas comment dire ce qu’elle avait à dire. Elle n’était pas du genre à se confier ainsi, mais c’est elle qui avait décidé de venir alors elle devait parler.

“ J’ai des sentiments contradictoires en ce moment et je me sens un peu perdue” avoua Lisbon, encore surprise de son aveux.
-“ Je sais que vous avez du mal à vous confier, que vous avez pour habitude de tout garder pour vous, mais parfois il est bon de se livrer un peu” sourit Sophie.
-“ C’est vrai mais… je ne sais pas, j’ai du mal” elle baissa les yeux.
-“ Prenez le temps qu’il vous faudra, vous n’avez pas à tout me dire maintenant” la rassura Sophie. “ Il vous faudra du temps, mais vous irez mieux. Et avec mon aide, j’espère que les choses seront plus facile.”
-“ Merci beaucoup.”

Elles parlèrent encore un moment, mais pas de la période de Lisbon avec John LeRouge. Sophie savait qu’elle ne devait pas pousser Lisbon à parler si elle n’était pas prête, il lui faudrait encore du temps avant qu’elle ne se sente vraiment assez à l’aise pour parler. L’agent avait toujours été une femme forte, indépendante. Et aujourd’hui, elle semblait perdue, l’ombre de celle qu’elle avait été. Ça lui faisait de la peine de la voir ainsi, de la savoir si perdue.

“ Je pense que je vais prendre quelques jours de repos” expliqua-t-elle. “ Enfin, je suis déjà de repos, mais je pensais à aller voir mon frère et ma nièce.”
“ Voilà qui est une bonne idée. Je pense aussi que cela vous fera du bien de vous éloigner un peu.”

Lisbon se décida à partir au bout de presque deux heures, un record pour elle. Tout le monde savait qu’elle n’aimait pas les psys et Sophie était même surprise qu’elle soit restée si longtemps. Maintenant qu’elle était partie, elle devait réfléchir. Elle savait que Lisbon et Jane étaient proches, elle savait que la force de Lisbon avait toujours aidé le mentaliste. La voir si faible maintenant devait également affaiblir l’homme et si elle parvenait à l’aider, alors elle aiderait les deux. Il lui fallait juste trouver les bons mots, les bons points sur lesquels appuyer qui pourraient faire revenir la mémoire. Lisbon semblait faire comme un blocage, comme si quelque chose empêchait les souvenirs de revenir.

Peut-être que John LeRouge avait utilisé l’hypnose sur elle, peut-être qu’il avait implanté quelque chose dans son esprit la forçant à s’éloigner de Jane, car c’était de cela qu’il s’agissait. Sophie était persuadé que c’était le plan du tueur afin de détruire Jane. Elle l’avait vu après la mort de sa famille, elle l’avait aidé de son mieux durant tout ces mois et il était parvenu à s’en sortir. Mais c’était Teresa Lisbon qui l’avait rendu meilleur et c’est pour cette raison que John LeRouge s’en était prit à la jeune femme.

Sophie avait entendu parler du plan de Jane pour attraper John LeRouge, et de la façon dont tout s’était fini. Cela avait fait la une des informations durant plusieurs jours. Elle savait pour l’arrestation de Lorelei Martins et elle se doutait que pour Jane, c’était un moyen de se rapprocher du tueur. Il était venu la voir peu de temps avant l’enlèvement de Lisbon pour lui parler, pour lui expliquer ce que John LeRouge avait voulu de lui. Il avait eut besoin de parler à quelqu’un et ne pouvait pas le faire avec Lisbon. Sophie avait été surprise car Lisbon était la personne la plus proche du mentaliste et en général il n’hésitait pas à lui parler.

Jane lui avait expliqué que l’homme voulait qu’ils deviennent amis et pour lui prouver sa bonne volonté, Jane devait lui offrir le cadavre de Lisbon. Sophie avait été choquée, mais s’était rassuré lorsque Jane lui avait assuré qu’il ne pourrait jamais faire une chose pareille, même pour accomplir sa vengeance. Le problème était qu’à présent, le tueur voulait se venger de lui et Lisbon était sa cible. Pour Sophie, l’enlèvement de Lisbon devait faire partie d’un plan pour détruire Jane et non pas Lisbon. John LeRouge n’avait rien contre Lisbon et si Jane refusait de la sacrifier, alors elle était la cible parfaite.

Alors qu’elle travaillait sur les notes qu’elle avait prises sur la visite de Lisbon, elle entendit un coup à la porte. Elle rangea ses papiers dans un dossier portant le nom de la jeune femme, le plaça dans un tiroir et se leva. Elle ouvrit la porte et ne fut pas surprise de tomber sur Patrick Jane.

-“ Patrick, que faites-vous ici ?” Demanda-t-elle tout de même.
-“ J’ai besoin de vous parler, c’est vraiment important” répondit-il.

Elle le laissa passer, referma la porte derrière lui et vint prendre place sur le même fauteuil que plus tôt. Elle attendit qu’il parle, après tout c’est lui qui était venu la voir, c’était donc à lui de faire le premier pas. Il semblait mal à l’aise et elle pouvait parfaitement le comprendre. Elle avait été son médecin par le passé, il était normal qu’il se sente mal à l’aise. Il fini par lever les yeux vers elle.

-“ C’est au sujet de ma collègue, l’agent Lisbon” commença-t-il. “ Elle… elle a besoin d’aide.”
-“ Et qu’est-ce qui vous fait croire ça ?” Demanda-t-elle innocemment.
-“ Depuis son retour, elle n’est plus la même. John LeRouge lui a certainement fait quelque chose, je ne sais pas quoi mais…”
-“ Continuez.”
-“ Elle s’éloigne de moi.”
-“ Et qu’est-ce qui vous fait dire que ça à a voir avec son enlèvement ?”
-“ Parce que je sais qu’elle ne le veut pas vraiment. A chaque fois qu’elle me repousse, il y a quelque chose dans ses yeux qui me dit qu’elle s’en veut de faire ça.”

Il garda le silence un moment avant de reprendre.

-“ Elle n’est plus elle-même, elle n’est plus aussi forte qu’avant. Elle a vraiment besoin d’aide et je ne peux pas l’aider. Elle ne me laisse pas faire. Si elle veut pouvoir s’en sortir, elle va avoir besoin de la meilleure aide qu’il soit et je sais que ça ne pourra pas être moi.”
-“ Et si jamais elle ne s’en remettait pas, comment le prendriez-vous ?”
-“ Je… Si elle en est là c’est de ma faute. Il faut absolument qu’elle s’en remette, je ne me le pardonnerais jamais autrement.”

Sophie observa Jane un moment. Il se sentait vraiment coupable, elle avait déjà vu ce regard. Il avait eut le même la première fois qu’elle l’avait vu et elle avait eut du mal à lui faire comprendre qu’il n’était pas coupable. Il n’avait pas tout à fait oublié sa culpabilité, elle était ancrée dans son cœur. Alors ce nouveau coup dur était de trop pour lui. Sophie voulait lui venir en aide, ainsi qu’a Lisbon, du mieux que possible.

-“ Ecoutez Patrick, j’ai un rendez-vous qui ne devrait pas tarder à arriver” lui dit-elle.
-“ Oui, je vous laisse” s’excusa-t-il.

Il se leva, salua Sophie et quitta le bureau. La jeune femme se rassit sur le fauteuil et réfléchit. Il fallait qu’elle trouve une solution à leur problème à tous les deux et le plus vite possible.




En quittant le centre, Jane avait voulut rentrer à son motel, mais il avait conduit directement jusque chez Lisbon. Ce ne fut que lorsqu’il aperçu la porte de l’appartement qu’il s’en rendit compte. Il se gara, mais ne sortit pas de sa voiture. Il resta là, ne sachant pas quoi faire. Il mourrait d’envie d’aller jusqu’à la porte, de frapper et de voir Lisbon. Mais il savait qu’il ne le pouvait pas, que Lisbon ne le laisserait pas entrer. Elle lui manquait terriblement, tous ces moments passés ensemble lui manquaient, leurs discussions. Il aurait aimé pouvoir l’emmener de nouveau manger des glaces ou simplement se rendre avec elle chez le marchand de fruits et légumes. Des moments simples mais pourtant si important pour lui.

Depuis qu’elle était revenue, il ne l’avait que très peu vue. Il était allé à l’hôpital chaque jour jusqu’à ce qu’elle rentre chez elle, mais ce n’était pas la même chose. A chaque fois, il se sentait de trop mais il venait quand même. Il avait besoin de la voir, après tout ces mois de séparation. Alors même si elle ne voulait pas vraiment de lui, il la forçait à supporter sa présence. Mais maintenant, elle n’était plus à l’hôpital et il lui était bien plus difficile de la voir. Lisbon ne le laissait jamais entrer chez elle et cela lui faisait mal. Il n’avait plus l’habitude de devoir lui demander l’autorisation d’entrer dans son appartement. Avant sa disparition, ils étaient devenus plus proche et même s’il pensait que c’était une mauvaise idée au départ, par la suite c’était devenu naturel.

Alors que leur relation commençait à devenir vraiment sérieuse, John LeRouge était intervenu et avait tout détruit. Lisbon n’était plus vraiment Lisbon et lui ne savait plus quoi faire pour l’aider. Il aurait tant voulu que tout redevienne comme avant, qu’ils se retrouvent comme avant. Il avait aimé la tenir dans ses bras, sentir son doux parfum et la chaleur de son corps contre le sien. Et l’embrasser. Il n’avait jamais pensé pouvoir prendre autant de plaisir à embrasser une femme après Angela, mais Teresa était devenue si importante pour lui. Ils se connaissaient depuis des années, étaient amis depuis bien longtemps, même si ça n’avait pas été facile au début.

Il fut sortit de ses pensées lorsqu’il vit de la lumière dans le salon de l’appartement de Lisbon. Il se concentra et vit une ombre passer, Lisbon. Elle revint devant la fenêtre, repoussa le rideau et chercha quelque chose des yeux. Leurs regards se croisèrent et Jane avala difficilement sa salive. Il y avait tant de peine dans son regard qu’il eut mal au cœur. Elle sortit ensuite de son champ de vision. Il baissa la tête mais la releva soudain lorsqu’il entendit des coups sur la vitre de sa voiture. Elle était là, devant lui. Il baissa la vitre, et attendit de savoir ce qu’elle voulait.

-“ Ne restez pas dans votre voiture” lui dit-elle. “ Venez à l’intérieur.”

Il fut surprit de son invitation et un petit sourire de Lisbon suffit à le convaincre de la suivre. Il verrouilla sa voiture et la suivit dans l’appartement. Il resta sur le pas de la porte, ne sachant pas quoi faire, attendant ce qui allait suivre. Il vit Lisbon allait dans la cuisine et revenir avec un tasse de thé fumante qu’elle lui donna. Ils allèrent ensuite s’installer sur le canapé, chacun à un bout. Personne n’osa parler, et ce fut Lisbon qui rompit le silence.

-“ Jane je… Je voulais vous dire que je compte m’absenter quelques temps” dit-elle.
-“ Vous partez ?” S’exclama-t-il, inquiet.
-“ Je vais voir mon frère Tommy et Annie, ça fait longtemps que je ne les ai pas vus” s’expliqua-t-elle. “ Je ne sais pas combien de temps je serais absente, mais j’ai vraiment besoin de changer d’air.”
-“ Alors nous allons nous revoir, n’est-ce pas ?” Voulu-t-il savoir.
-“ Oui je vais revenir” le rassura-t-elle. “ Maintenant, si vous le voulez bien, j’aimerais me reposer.”
-“ Je vais vous laisser alors. Merci pour le thé Lisbon” sourit-il en se levant.

Lisbon le raccompagna jusqu’à la porte, le salua une dernière fois et referma la porte. Jane retourna à sa voiture, jeta un dernier coup d’œil vers l’appartement puis partit. Il venait de passer quelques minutes avec Lisbon, ce n’était pas grand-chose, mais c’était un début. Peut-être qu’après son retour, les choses iraient mieux. Il l’espérait de tout son cœur.

Bien qu’elle ait décidé d’aller voir son frère pour quelques temps, Lisbon avait encore du mal à l’appeler. Elle mourrait d’envie de le revoir, ainsi que sa nièce, mais d’un autre côté cela voulait dire s’éloigner de Jane. Elle savait qu’elle était celle à le repousser sans cesse, mais elle n’y pouvait rien. John LeRouge lui avait fait quelque chose, elle ne savait pas vraiment quoi, mais à cause de lui elle était perdue. Elle se souvenait encore à quel point ils étaient proches avant, comme ils étaient heureux, même en ce cachant. Ce n’était pas comme ça qu’elle s’était imaginée sa vie de couple, mais au moins elle en avait une. Et elle avait été enlevée et tout avait changé.

Assise dans son salon, elle se demandait si elle supporterait de s’éloigner ainsi. Elle continuait de voir Sophie, une fois par semaine. Cela faisait trois semaines qu’elle voyait le docteur et elle ne se sentait toujours pas mieux. Jane continuait de venir la voir le soir, restant dans sa voiture. Depuis le soir où elle lui avait dit son intention de s’absenter, il n’avait pas commenté. Il avait certainement comprit qu’elle avait besoin de distance, même si elle commençait sérieusement à en douter. Elle aurait tant voulu pouvoir revenir à ce qu’ils étaient avant. Si seulement elle pouvait savoir ce que le tueur lui avait fait et ainsi pouvoir travailler dessus et redevenir elle-même.

Prenant son courage à deux mains, elle prit son téléphone et hésita encore un moment avant de composer le numéro de son frère. Elle s’attendait à tomber sur sa boite vocale, avec ses horaires de travail il n’était pas évident de pouvoir le joindre. Mais à sa plus grande surprise, il décrocha à la seconde sonnerie.

-“ Ici Tommy Lisbon.”
-“ Tommy, c’est Teresa” dit-elle doucement.
-“ Oh mon Dieu Teresa, comme je suis heureux de t’entendre” s’écria son frère.
-“ Oui, moi aussi je suis heureuse. Ecoute, je voulais savoir si…” elle hésita, elle n’osait pas.
-“ Si quoi ?” L’encouragea-t-il.
-“ Si je… je pouvais venir passer quelques temps chez toi” fini-t-elle.
-“ Ce serait avec joie tu le sais” s’enthousiasma Tommy. “ Annie sera si heureuse de te revoir, et moi aussi. Tu viens quand?”
-“ Quand cela te conviendrait-il ?”
-“ N’importe quand, du moment que je te vois.”
-“ Alors disons, la semaine prochaine, Lundi, ça ira ?”
-“ Tout sera près pour toi Lundi alors.”
-“ Alors à Lundi.”

Puis elle raccrocha. Elle reposa le téléphone avant de se laisser tomber contre le dossier du canapé. Elle avait enfin eut le courage d’appeler son frère, après trois semaines. Encore quelques jours et elle serait loin d’ici, avec sa famille. Avec de la chance, lorsqu’elle reviendrait elle irait mieux et pourrait reprendre sa vie comme avant. Si seulement cela pouvait être possible. Mais elle ne devait pas perdre espoir, elle n’avait jamais était comme ça. Ses visites chez Sophie lui avaient été d’une grande aide, même si elle ne se sentait pas encore elle-même.

Elle releva les yeux vers la télévision et tenta de se concentrer sur l’émission, mais rien à faire. Elle ne pouvait pas cesser de penser à sa vie d’avant. Elle entendit un moteur et sut à l’instant qu’il s’agissait de Jane, qu’il resterait dans sa voiture et attendrait le petit matin pour partir. C’est-ce qu’il faisait depuis ces trois dernières semaines et, même si elle ne l’avouerait pas, elle aimait ça. Elle se sentait comme en sécurité avec lui devant chez elle, comme s’il pouvait faire quoi que ce soit en cas de danger. La simple idée en était risible. Mais Jane avait toujours eut un côté réconfortant. Peut-être était-ce parce qu’il avait toujours sut trouver les bons mots lorsqu’elle en avait besoin, elle ne le savait pas.

Lisbon se leva et vint se poster à la fenêtre, comme elle le faisait chaque soir. Elle restait toujours là à le regarder, sans jamais oser aller le voir. Il était fatigué, elle pouvait le voir malgré la pénombre. Peut-être qu’elle devrait le faire rentrer, ne serait-ce pour la nuit. Il serait plus à l’aise à dormir sur son canapé plutôt que dans sa voiture. Il ne méritait pas ce qu’elle lui faisait endurer, il avait déjà bien assez souffert dans sa vie. Elle ne pouvait pas en rajouter. Elle prit donc sa veste, sortit et se dirigea vers la Citroën. Elle tapa à la fenêtre et sourit à son collègue. Il lui sourit en retour, mais ne sut pas trop quoi faire.

-“ Entrez Jane, ne restez pas dehors avec ce froid” lui dit-elle.
-“ Vous êtes certaines Lisbon ? Je ne voudrais pas m’imposer.”
-“ Vous ne vous imposez pas puisque c’est moi qui vous le propose. Allez venez, je vais vous prépare du thé.”
-“ Bien.”

Il la suivit sans un mot, referma la porte derrière lui et alla s’installer sur le canapé. Cela lui rappelait étrangement le fameux soir, trois semaines plus tôt. Il s’attendait encore à une mauvaise nouvelle, car même s’il était heureux que Lisbon aille voir son frère, pour lui ce n’était pas vraiment une bonne nouvelle. Cela voulait dire qu’elle serait loin de lui, qu’il ne pourrait pas la voir autant qu’il le voulait, même s’il restait dans la voiture. Lorsque Lisbon revint de la cuisine, elle lui tendit une tasse de thé et prit place à côté de lui, mais cette fois elle se tint bien plus près que la dernière fois.

Jane la regarda sans vraiment comprendre, mais il ne fit aucun commentaire. Il but tranquillement son thé, attendant que ce soit la jeune femme qui fasse le premier pas. Il savait qu’elle avait quelque chose à lui dire, c’est ce qu’il pouvait dire par la façon dont elle se tenait. Son corps ne pouvait mentir, il avait toujours sut dire quand elle allait bien, quand elle se sentait mal à l’aise, quand elle était triste. Et aujourd’hui il savait qu’elle allait enfin lui dire quand elle allait partir et qu’elle en était triste. Il l’était aussi, mais ne lui dirait pas. Il ne voulait pas la rendre plus mal qu’elle ne l'était déjà. Si cela pouvait l’aider, alors il fallait qu’elle y aille. Elle avait vraiment besoin de s’éloigner un peu de la ville, d’oublier ce qu’elle avait vécu.

Les minutes passèrent sans qu’aucun des deux ne parle. Jane attendait et Lisbon n’osait pas. Comment lui dire qu’elle allait partir ? Elle-même ne savait pas vraiment si elle tiendrait loin de chez elle, mais elle devait le faire. Finalement, elle posa sa tasse sur la table du salon et se tourna vers lui. Jane en fit de même, attendant qu’elle parle.

-“ Comme je vous l’ai dis, je vais chez mon frère pour quelques temps” lui rappela-t-elle. “ Je vais rester chez lui pendant deux semaines, je pense, je ne sais pas encore.”
-“ C’est une bonne chose, ça vous fera du bien de vous éloigner un peu de Sacramento” sourit-il, pensant que ça l’aiderait à se détendre un peu.
-“ Oui, et je… je voulais savoir si vous pouviez m’accompagner à l’aéroport.”
-“ Ce sera avec joie, dites moi quand” accepta-t-il.
-“ Lundi, à midi.”
-“ Merci.”

Le silence retomba, moins pesant cette fois. Jane proposa de regarder la télévision, ce que Lisbon accepta avec joie. Elle laissa le choix du programme au mentaliste et elle fini par regarder un documentaire sur les animaux de la savane. Elle n’avait pas grand-chose contre ce genre de programme, mais elle n’avait pas vraiment envie de passer la soirée à regarder ça. Elle attendit toutefois une heure avant de prendre la télécommande et de changer pour mettre une série policière.

-“ Ça ne vous suffit pas de travailler dans la police, même pendant votre repos vous continuez de travailler” la taquina-t-il.
-“ Mon travail me manque, alors oui” répondit-elle simplement. “ Si vous n’aimez pas, vous pouvez toujours retourner dans votre voiture.”
-“ Non ça me va parfaitement” sourit-il en s’installant un peu mieux.
-“ Très bien.”




Sans qu’il ne s’en rende compte, Jane s’était endormi sur le canapé et lorsqu’il ouvrit les yeux, Lisbon se trouvait la tête sur son torse. Il ne savait pas quoi faire, il avait peur de sa réaction lorsqu’elle ouvrirait les yeux. Elle s’éloignait toujours de lui, de plus en plus depuis qu’elle était revenue. Mais là, c’était comme si rien n’avait changé, comme s’ils étaient revenus à ce qu’ils étaient avant. Il aurait aimé que ce soit vrai, mais il savait que ça ne l’était pas. Il sentit Lisbon commencer à se réveiller contre lui et il se tendit, attendant de l’entendre crier. Mais lorsqu’elle ouvrit les yeux, qu’elle vit où et contre qui elle se trouvait, elle referma les yeux et se réinstalla confortablement.

Jane posa un bras autour de sa taille, encore un peu craintif et Lisbon releva les yeux vers lui. Il plongea son regard dans le sien et put lire à quel point cette situation était difficile pour elle. Elle était à la fois heureuse et inquiète. Elle se mit à trembler et Jane comprit. Il la libera, se leva et prit sa veste avant de se diriger vers la porte. Il ne pouvait pas rester, même s’il le voulait vraiment. C’était trop difficile pour elle, il ne pouvait pas lui imposer ça. Ce n’est que lorsqu’il posa sa main sur la poignée de la porte qu’il entendit la voix de Lisbon.

-“ Restez” murmura-t-elle, si doucement qu’elle eut peur qu’il n’entende pas.
-“ Vous avez besoin de repos Lisbon” répondit-il.
-“ Je… j’ai besoin de vous Jane” reprit-elle.

Il se tourna enfin vers la jeune femme et la vit, le regard implorant, les yeux brillants. Il ne résista pas et revint vers le canapé, posant sa veste sur le fauteuil. Il se réinstalla à côté d’elle, posa sa main sur son bras et le serra un peu dans un geste réconfortant. Elle le laissa faire, fermant même les yeux pour savourer cet instant avant de les rouvrir et de les plonger dans ceux de son ami.

-“ Je suis désolée Jane” souffla-t-elle alors que de nouvelles larmes coulaient le long de ses joues. “ Je suis désolée de vous faire souffrir autant, de m’éloigner de vous ainsi alors que la seule chose que je voudrais est de pouvoir vivre comme avant.”

D’une main tremblante, elle chassa les larmes qui furent aussitôt remplacées par d’autres. Mais cette fois elle ne chercha même pas à les faire disparaître.

-“ Regardez moi, je suis devenue si faible, si fragile. Je ne me reconnais même plus.”
-“ Vous n’êtes pas faible Lisbon, ni fragile” la rassura-t-il. “ Vous avez juste vécu une épreuve difficile et il vous faudra du temps pour vous remettre.”
-“ Je sais, Sophie me l’a dit déjà” laissa-t-elle échapper.
-“ Sophie ?” S’étonna le mentaliste. “ Vous voyez le docteur Miller ?”
-“ Je…. Oui” avoua Lisbon, inutile de le cacher.
-“ Et moi qui lui avais demandé de vous aider.”
-“ Vous avez fait quoi ?” Sa voix était plus aiguë qu’elle ne l’aurait voulu et au regard honteux de Jane, elle comprit qu’il avait mal interprété. “ C’est… merci Jane d’avoir voulu m’aider. Je sais que c’est difficile pour vous aussi, que mes réactions envers vous sont difficiles à supporter. Je ne veux pas vous faire de mal et pourtant, je ne peux m’empêcher de m’éloigner. Je ne sais même pas pourquoi je fais ça.”

Jane se rapprocha de Lisbon, lentement, ne voulant pas l’effrayer. Elle releva la tête vers lui et comprit ce qu’il voulait sans oser le demander. Elle se rapprocha à son tour et vint se lover contre lui, enfouissant sa tête dans son cou et lui entoura la taille de ses bras. Jane, bien qu’un peu hésitant, lui rendit son étreinte et posa son menton dans la chevelure de la jeune femme.

-“ C’est moi qui suis désolé Lisbon” souffla-t-il. “ Si je n’avais pas été là, rien de tout ça ne vous serait arrivé.”
-“ Ça aurait fini par arriver et je serais probablement morte” ajouta-t-elle.

Jane se tendit dans ses bras à la simple idée que Lisbon ait pu mourir par sa faute. Il y avait déjà pensé par le passé, il en avait même fait des cauchemars. Il avait vu le corps de Lisbon couvert de sang, dans son lit, sous un Smiley sanguinolent sur le mur. Il ferma les yeux et tenta de chasser cette image de la jeune femme qui se trouvait actuellement dans ses bras. Il la relâcha lorsqu’elle s’écarta de lui.

-“ Vous allez me manquer” lui dit-elle alors, les yeux brillants un peu plus.
-“ Vous aussi vous allez me manquer, mais vous avez besoin d’un peu de temps loin de la ville et loin de moi. Je ne vous aide pas à vous remettre, j’en suis conscient.”
-“ Ça n’a rien à voir avec vous Jane, c’est moi et uniquement moi.”

Jane avait peur de ce que cela voulait dire. Il avait peur que cela veuille dire qu’elle regrettait leur histoire, qu’elle ne voulait plus être aussi intime avec lui. Il avait peur qu’elle ne veuille être que son amie et rien de plus. Si c’était le cas, alors il l’accepterait, il ne la forcerait pas dans quelque chose qu’elle ne voulait pas, il l’aimait trop pour ça.
Lisbon comprit que Jane ne comprenait pas ce qu’elle voulait dire et elle voulu le rassurer. Elle ne regrettait rien de ce qu’ils avaient vécu, au contraire elle voulait le vivre de nouveau. Mais pour le moment, elle avait besoin d’une pause entre eux, de se retrouver afin de pouvoir mieux revenir. Elle posa sa main sur la joue de Jane, le forçant à affronter son regard et elle lui sourit.

-“ Je ne regrette rien Jane, et je ne vous… te reproche rien” . Elle fit une pause avant de reprendre. “ J’ai besoin de toi dans ma vie, mais pour le moment, j’ai besoin de me retrouver et pour ça je dois m’éloigner.”
-“ Mais tu reviendras ?” Voulu-t-il savoir, inquiet.
-“ Bien entendu que je reviendrais, je ne pars pas pour toujours.”

Jane souffla de soulagement et cela fit sourire Lisbon.

-“ Je ne sais pas vraiment ce qu’il m’a fait” reprit-elle et elle n’eut pas besoin de donner le nom, Jane avait comprit de qui elle parlait.
-“ Je ne me rappelle pas de grand-chose, juste de cette chambre, d’un salon, de boire le thé avec lui.”
Elle sentit Jane se tendre et elle se serra contre lui.
-“ Je n’ai jamais vu son visage, et il ne m’a jamais fait de mal. Il voulait être mon amie et j’ai résisté pendant longtemps, mais je ne sais pas combien de temps. Je n’arrive pas à me souvenir de tout et parfois je fais des cauchemars. Je me souviens en avoir fait beaucoup là-bas, et tu étais dans ces rêves.”
-“ Tu n’es pas obligée de m’en parler si tu ne veux pas” tenta-t-il, l’entendre parler de ça lui faisait vraiment mal.
-“ Je sais, mais j’ai envie de te parler. Du moins du peu dont je me souviens. Je sais que c’est difficile pour toi d’entendre tout ça et c’est difficile pour moi d’en parler. Je sais aussi que tu vas encore plus culpabiliser et ce n’est pas pour ça que je t’en parle. Je veux juste que tu sache ce que j’ai vécu et…. Je ne sais même pas pourquoi.”
-“ Mais si tu en as besoin alors fait le, même si ça me fait mal de l’entendre” la réconforta-t-il en lui passant la main dans le dos en mouvement circulaire.

Lisbon parla encore un peu, mais elle fini par s’endormir dans les bras de Jane. Il aurait voulu rester là, Lisbon dans les bras et dormir ici. Mais il savait qu’elle aurait certainement mal au dos et à la nuque au petit matin alors il décida de la monter dans sa chambre. Aussi délicatement que possible il passa un bras sous ses genoux et un autre dans son dos. Il la souleva avec douceur et il sourit lorsqu’elle se serra confortablement contre lui. Il monta les escaliers, traversa le couloir et entra dans la chambre. Il la posa sur le lit, tira la couverture et la fit rouler dessous avant de la remonter sur elle.

Il la regarda un moment, et il s’en voulu d’être à l’origine de tout le mal dont elle était victime. La pauvre femme n’avait jamais eut de chance dans la vie et il venait rajouter à sa peine. Il se pencha vers elle, déposa un baiser sur son front et quitta la chambre. Il laissa la porte entrouverte et descendit au salon pour s’installer sur le canapé. Lisbon avait fait un pas vers lui et il en était heureux. Elle avait encore du chemin à faire mais elle irait bien, il le savait. Il finit par s’endormir avec l’image de Lisbon dans ses bras dans la tête.




Le grand jour était arrivé et ni Jane ni Lisbon n’en étaient vraiment heureux. Elle devait y aller, elle en avait besoin. Mais cette soirée passé ensemble avait changé bien des choses entre eux. Aujourd’hui, ils se trouvaient là, dans le hall de l’aéroport, dans la file d’attente pour enregistrer les bagages de Lisbon. Son tour arriva, elle présenta son passeport et enregistra le bagage avant de s’éloigner. Ils allèrent boire un café pour Lisbon et un thé pour Jane. Il y a bien des choses qui ne changeraient jamais. Mais l’heure arriva bien vite et bientôt il fut temps pour la jeune femme de rejoindre la salle d’embarquement. Jane la suivit encore jusqu’à ce qu’il ne puisse plus aller plus loin. C’était leur dernière minute ensemble et Jane mourrait d’envie de la prendre dans ses bras et de l’embrasser, mais il savait qu’il ne le pouvait pas. Alors qu’arrivait le tour de Lisbon de passer, elle se tourna vers lui et le prit dans ses bras. Elle enfouit son visage contre son torse, l’entoura de ses bras et savoura ce moment une dernière fois.

Jane répondit à son étreinte avec joie, heureux qu’elle prenne encore l’initiative d’aller vers lui. Il déposa un baiser sur sa tête. Il aurait voulu faire plus, mais c’était tout ce qu’il pouvait faire pour le moment. Elle n’était pas prête pour plus et il ne la forcerait pas. Si elle voulait un jour qu’ils vivent d nouveau ensemble, il ne dirait pas non, mais il fallait que ce soit elle qu’il le veuille. Elle se décala de lui, leva les yeux vers les siens et sourit. Elle se mit sur la pointe des pieds et vint déposer ses lèvres vers les siennes. Ce n’était qu’un chaste baiser, un simple effleurement de lèvres, mais c’était magique à la fois pour Jane et pour Lisbon. C’était ce dont-ils avaient rêvé tous les deux depuis si longtemps.

Ils finirent par se séparer lorsque l’agent de sécurité appela Lisbon. Elle devait bientôt embarquer et il ne lui restait pas beaucoup de temps. Jane lui embrassa la joue et la serra une dernière fois dans ses bras.

-“ Tu vas me manquer Teresa” lui souffla-t-il.
-“ Toi aussi Patrick, mais on se revoit bientôt et je t’appellerai, aussi souvent que possible.”

Puis elle s’éloigna. Elle lui fit un dernier signe de la main avant de disparaître dans la foule. Jane resta un moment sans bouger. Elle lui manquait déjà et il n’avait qu’une hâte, qu’elle revienne. Il rejoignit sa voiture et rentra au CBI. Il devait se changer les idées et rien de mieux qu’une enquête pour ça. Elle reviendrait bientôt, et il espérait vraiment qu’elle irait mieux à ce moment là. Il avait besoin d’elle dans sa vie et il savait qu’elle avait besoin de lui. Il ne savait toujours pas ce que John LeRouge lui avait fait, mais ça ne comptait plus aujourd’hui. Elle revenait doucement à lui, il attendrait aussi longtemps qu’elle le voudrait si cela voulait dire qu’elle reviendrait vers lui. Le tueur lui avait enlevé une famille et il avait tenté de lui prendre également Lisbon. Mais elle était forte, bien trop forte. Elle n’était plus la même et il l’aiderait à le redevenir.

Et lorsque le moment serait venu, lorsqu’elle serait prête, il serait là. Il l’aimait, de tout son cœur. Il lui avait fallut du temps pour l’admettre, et encore plus de temps pour que Lisbon l’admette. Ils avaient travaillé ensemble sur leur relation, sur leurs sentiments et étaient parvenus à trouver un équilibre qui leur convenait parfaitement. John LeRouge ne pourrait pas les détruire car ensemble ils étaient forts. Le mentaliste savait qu’il tenterait encore quelque chose contre eux, mais il ferait tout pour que ce qu’elle avait vécu ne lui arrive plus jamais. Il donnerait sa vie si cela était nécessaire.

Le vol avait semblé long pour Lisbon. Elle savait que de se rendre à Chicago prendrait du temps, mais elle avait oublié à quel point. Elle profita de ce temps pour réfléchir, à sa vie, à son travail, sa famille… et Jane. Elle ne pouvait cesser de penser à lui, au soutien qu’il avait été pour elle. Bien entendu, il ne la forçait pas à accepter sa présence, si elle était honnête avec elle-même, elle l’avait même repoussé. Mais il n’avait pas abandonné et elle lui en était reconnaissante. Cet homme était exceptionnel. Malgré ce qu’elle avait vécu, il avait toujours été disponible pour elle. Il avait attendu qu’elle vienne vers lui, n’avait rien fait tant qu’elle n’avait pas fait le premier pas.

Aujourd’hui, alors qu’elle s’éloignait de lui, elle n’était plus certaine que ce soit une bonne idée. Elle savait qu’elle avait besoin de temps et de solitude pour faire le point, pour se remettre de ce qu’elle avait vécu. Se retrouver en famille lui ferait du bien. Elle n’avait pas vu son frère depuis longtemps et elle mourrait d’envie de se retrouver avec lui et sa nièce. Mais elle avait aussi très envie d’être avec Jane. L’étreinte qu’ils avaient partagé avant son départ lui avait rappelé tout ces moments qu’ils avaient vécu ensemble avant son enlèvement. Elle voulait pouvoir revivre tout ça, mais avant elle avait besoin de se remettre vraiment.

Elle présenta son passeport à l’agent de sécurité et avança avec sa valise. Elle n’eut pas à chercher dans la foule, son frère vint directement à sa rencontre. Elle posa sa valise et son frère la prit pour la serrer dans ses bras. Elle lui rendit son étreinte, trop heureuse de le revoir. Ils restèrent ainsi une éternité avant de se séparer, un grand sourire sur chacun de leur visage.

-“ La voiture est dehors” dit-il en prenant la valise.

Lisbon suivit Tommy sans un mot. Elle aurait put lui dire qu’elle était parfaitement capable de porter sa valise elle-même, mais elle n’en fit rien. Ça faisait du bien de se laisser aller un peu, de laisser les autres s’occuper d’elle. Cela lui rappela Jane et sa façon de l’aider et elle sentit une boule dans sa gorge. Le simple fait de penser à Jane la rendait triste, mais ça finirait par passer. Ils montèrent dans la voiture, Lisbon sur le siège passager. Elle avait l’habitude de conduire, mais elle ne savait pas où vivait son frère, il avait déménagé peu de temps avant son enlèvement. Elle tourna donc la tête et regarda le paysage, laissant ses souvenirs d’enfance revenir en mémoire.

Ils arrivèrent peu de temps après devant une jolie petite maison de banlieue et Teresa fut surprise. Elle s’attendait plus à un appartement en centre ville, c’était plus son truc. Mais il semblait avoir changé, comme s’il avait décidé de se ranger. Il avait une fille qui avait besoin d’attention et il avait fait des sacrifices pour qu’elle soit heureuse. Une fois la voiture arrêtée, Teresa vit Annie sortir en courant de la maison et venir lui ouvrir la porte.

-“ Tante Reese, ça fait trop plaisir de te voir” s’enthousiasma Annie en prenant sa tante dans ses bras.
-“ Moi aussi Annie, moi aussi” sourit la jeune femme en lui rendant son étreinte.
-“ Tu restes longtemps ?” Interrogea l’adolescente.
-“ Je ne sais pas encore, mais tu seras la première à savoir quand je partirai” lui répondit Teresa en suivant la jeune fille vers la voiture. “ Mais tu ne devrais pas être en cours en ce moment ?”
-“ Ce sont les vacances tante Reese, du coup on va pouvoir passer du temps ensemble.”

Lisbon sourit et elles entrèrent dans la maison, Tommy les suivant avec la valise. L’homme regarda sa sœur avec un petit sourire sur le visage, mais il savait que ce n’était qu’une apparence. Il la connaissait assez bien pour savoir qu’elle n’allait pas bien et que c’était la raison principale de sa visite. Pas qu’elle ne veuille pas les voir, mais après son enlèvement et son retour, il se doutait qu’elle allait avoir besoin de souffler et de s’éloigner de Sacramento. Il ne savait rien de ce qu’elle avait vécu, honnêtement, il ne voulait rien savoir. Un homme avait fait du mal à sa sœur et si jamais il le trouvait, il lui ferait payer. Personne n’avait le droit de la faire souffrir, elle était comme une mère pour lui et il serait prêt à tout pour elle.

Il posa la valise dans l’entrée, ferma la porte et rejoignit sa famille. Ils n’auraient pas beaucoup de temps ensemble, il voulait donc en profiter le plus possible. Pour l’instant, elle allait bien, mais bientôt, elle ferait des cauchemars et il se réveillerait au milieu de la nuit pour la consoler. Il était prêt à le faire, il n’avait pas peur. Ce qui le terrifiait le plus c’était de voir sa sœur si forte avant être si vulnérable maintenant. Il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour l’aider de son mieux.




Il était tard, Tommy et Annie étaient au lit depuis longtemps déjà, mais Teresa ne parvenait pas à trouver le sommeil. Elle avait passé une excellente soirée, avait rit avec son frère et sa nièce. Aucun d’eux ne lui avait posé de question sur ce qu’elle avait vécu lors de son enlèvement, ils n’avaient même pas mentionné cette période. Ils s’étaient contentés de parler de leurs vies depuis la dernière fois qu’ils s’étaient vus. Annie apprit à sa tante qu’elle avait enfin décidé de vraiment travailler au collège, qu’elle voulait être comme elle. Mais elle ne perdait pas l’idée de devenir flic, ce qui fit sourire Lisbon.

Mais maintenant, seule dans son lit dans la chambre d’ami, elle se sentait vraiment, mais vraiment seule. Avant de se coucher, elle avait regardé par la fenêtre, habitude qu’elle avait prise au cours des semaines précédentes. Et bien entendu, elle ne vit pas la voiture de Jane. Elle le savait, mais une petite part d’elle espérait le voir. Il lui manquait, bien plus qu’elle ne le pensait. Elle était venue ici pour faire le vide, pour oublier un peu sa vie et repartir sur de bonnes bases. Elle voulait oublier ce qu’elle avait vécu, oublier qu’elle avait été une des victimes de John LeRouge. Mais c’était bien plus facile à dire qu’à faire.

Au bout de plusieurs minutes d’incertitudes, elle sortit son téléphone et appuya sur la touche d’appel rapide. Elle n’attendit que deux sonneries avant d’entendre la voix de son collègue et son cœur fit un bond dans sa poitrine. Cela lui faisait toujours le même effet d’entendre sa voix. Comment pourrait-elle rester ici et lui là-bas si cette distance lui faisait cette effet là ?

-“ Lisbon, tu es là ?” Demanda le consultant, inquiet de ne pas l’entendre.
-“ Oui… oui je suis là” souffla-t-elle d’une petite voix.
-“ Tout va bien ?” Son inquiétude augmenta, elle semblait mal.
-“ Oui c’est juste que…” Elle hésita.

Pouvait-elle lui dire qu’il lui manquait horriblement, qu’elle voulait revenir après être partie depuis une seule journée ? Elle ne le pouvait pas, ce serait lui donner de faux espoirs et elle ne le voulait pas. Il comptait trop pour elle et elle ne voulait pas lui faire de peine.

-“ C’est juste que la vie est différente ici et qu’il fait bien plus froid” finit-elle par dire pour cacher son trouble.
-“ Oh, et… la famille, ça va ?” Voulut-il savoir, ne voulant pas la pousser.

Il savait que Lisbon ne lui disait pas la vérité, qu’elle lui cachait quelque chose. Il savait aussi qu’il devait lui manquer, tout comme elle lui manquait. Une journée et c’était déjà de trop. Mais c’était pour le mieux, il le savait, même si c’était difficile.

-“ Il fait si froid que ça ?” Dit-il.
-“ Pas tant que ça, j’étais habituée, il va falloir que je m’y réhabitue.
-“ Ça viendra vite, ne t’inquiète pas.”

Il savait qu’en disant ça, il appuyait sur le fait qu’elle allait rester à Chicago plus longtemps. Il ne voulait pas qu’elle reste loin trop longtemps, même s’il savait que c’était pour le mieux. Ils avaient été séparés pendant trois long mois, il avait cru devenir fou. Quand il l’avait retrouvée, il pensait que tout serait comme avant, tout en sachant qu’il y aurait tout de même une période difficile. Il s’y était préparé, mais pas à ce qu’elle s’éloigne de lui de son plein gré.

-“ Annie travaille de mieux en mieux au collège” continua Lisbon. “ Mais elle veut toujours être flic, il n’y a rien que je puisse faire pour la faire changer d’avis.”
-“ Elle est têtue, comme sa tante” sourit Jane.
-“ Oui et je sais qu’elle ferait une bonne flic, mais je ne veux pas qu’elle perde la chance d’avoir une vie. Je ne veux pas qu’elle devienne comme moi.”
-“ Mais tu as une vie Lisbon, tu as une carrière, des collègues, des amis” tenta-t-il.
-“ Mais c’est tout, je n’ai que mon travail. Dis-moi ce que j’ai en dehors de ça ?”
-“ Moi” souffla-t-il.

Lisbon sentit son cœur se serrer d’avantage. Oui, elle l’avait lui, elle l’avait toujours eut. Jane avait toujours été là pour elle, même lorsque tout allait au plus mal. Tout comme elle avait été là pour lui quand il en avait besoin. Mais cette fois, c’était différent et il n’y avait rien que Jane puisse faire pour l’aider. Elle aurait voulu qu’il le puisse, mais il ne le pouvait pas. Il était bien trop proche d’elle pour ça et aussi trop proche de son kidnappeur.

-“ Jane, je sais que je t’ai si jamais je vais vraiment mal, que tu seras toujours là pour me sauver, tu me l’as promis” lui rappela-t-elle. “ Mais ce n’est pas ce que je veux dire. Ce qu’il y a c’est que… Je ne suis plus toute jeune, j’ai passé ma vie à tenter de rendre justice à toutes ces victimes. Mais en faisant ça, j’ai laissé passer ma vie et maintenant je n’ai rien.”
-“ Tu as fait du bien autour de toi, tu as aidé beaucoup de famille à faire leur deuil.”
-“ Mais pas toi, je n’ai rien pus faire pour t’aider et je suis même devenue une autre de ses victimes alors que je suis sensée être capable de me défendre. Je n’ai pas réussis à empêcher ce monstre de m’enlever et par la même occasion je t’ai fait souffrir.”

Jane avait du mal à retenir ses larmes en entendant tout ce que lui disait Lisbon. Elle avait raison sur un point, qu’elle soit devenue une autre victime de John LeRouge lui faisait mal, mais elle n’y était pour rien. Lisbon n’était pas responsable de sa souffrance, le tueur l’était. Ça lui faisait mal qu’elle se croit responsable.

-“ Teresa” commença-t-il, utilisant son prénom pour rendre ce qu’il comptait lui dire plus personnel. “Je sais que ça va te faire mal d’entendre ça mais… je pense qu’il vaudrait mieux que tu ne m’appelles plus pendant quelques temps.”
-“ Quoi ? Mais pourquoi ?” Cria presque Lisbon.
-“ Ne crois pas que je ne veux pas t’entendre mais… Je crois que tu as besoin de couper les ponts complètement si tu veux te remettre. Tu dois oublier John LeRouge pendant un temps et je suis comme un lien avec lui.”
-“ Mais…”
-“ Si tu as vraiment besoin de me parler, je serai là, toujours. Mais il te faut penser à autre chose.”
-“ Donc, tu ne veux plus que je t’appelle. Très bien, je ne t’embêterai plus.”

Elle raccrocha avant que Jane ne puisse dire quoi que ce soit, des larmes pleins les yeux. Elle jeta son téléphone de l’autre côté de la chambre et se laissa tomber sur l’oreiller, pleurant à chaudes larmes. Au bout de quelques minutes, elle se calma et se rendit compte de ce qu’elle venait de faire. Elle s’était énervée contre Jane pour rien, il voulait juste lui venir en aide. En y réfléchissant bien, il n’avait pas tort. Elle avait besoin de se vider la tête, d’oublier l’enfer qu’elle avait vécu pendant ces trois mois, ou plutôt d’oublier sa peur. N’ayant toujours aucun souvenir de ce qu’elle avait put vivre là-bas, elle faisait toujours des cauchemars. Elle devait reprendre goût à la vie, redevenir celle qu’elle avait toujours été.

Elle voulut le rappeler, s’excuser, mais elle avait trop honte pour ça. Il voulait juste l’aider, qu’elle se remette vite et qu’elle revienne. Elle se sentait tellement mal qu’elle lui avait reproché de vouloir l’aider. Elle se leva de son lit, attrapa le téléphone sur le sol et fini par composer son numéro. Elle ne pouvait pas lui en vouloir, elle avait trop besoin de lui. Elle attendit, encore et encore, mais il ne répondit pas. Elle tenta une fois de plus, mais toujours rien. Il lui en voulait et refusait de lui parler. Elle savait qu’elle était en faute, qu’elle ne pouvait pas lui en vouloir. Mais elle appela une dernière fois.

-“ Jane” commença-t-elle sur la boite vocale, “ je suis désolée pour ce que j’ai dis, je ne voulais pas être aussi dure. Je… je comprends pourquoi tu m’as dit ça et je ne t’en veux pas. C’est juste que… Je suis désolée. J’espère qu’on pourra vite se reparler. Ne fait pas trop de bêtises.”

Elle raccrocha, retourna se coucher et pria pour que Jane lui pardonne rapidement. Elle ne voulait pas qu’il s’éloigne d’elle, elle avait trop besoin de lui.




Tommy retourna dans sa chambre en se passant une main sur le visage. Il s’assit sur son lit, la fatigue visible sur son visage. Cela faisait deux semaines que Teresa était arrivée, deux semaines que toutes les nuits c’était la même chose. Elle se réveillait en hurlant et en suppliant. Il tentait de la calmer, lui assurait qu’elle était en sécurité et une fois qu’elle s’était rendormie, il retournait se coucher. Il avait voulut lui faire dire pourquoi elle faisait tout ces cauchemars, ce qu’elle avait vécu. Mais elle ne disait jamais rien, gardait le silence et en général, le lendemain elle faisait comme si rien ne s’était passé. Il n’en pouvait plus, il était fatigué, sur les nerfs. Il voulait l’aider du mieux possible, mais il ne s’en sentait plus capable.

Il aimait sa sœur, elle avait toujours été là pour lui quand il en avait besoin et c’était son tour. Mais il n’y arrivait plus, il avait l’impression de devenir fou. Annie faisait de son mieux pour l’aider et le soutenir. Mais même elle ne savait plus quoi faire. La jeune fille passait une bonne partie de ses journées avec sa tante, elle essayait de la faire sourire et parfois ça fonctionnait. Mais dernièrement, elle se renfermait de plus en plus et aucun d’eux ne savait comment l’aider. Un petit coup à la porte lui fit lever les yeux.

-“ Encore un cauchemar ?” Demanda Annie en prenant place sur le lit à côté de son père, posant une main sur son épaule.
-“ Oui et je ne sais plus quoi faire pour l’aider” souffla l’homme.
-“ Je crois avoir une idée” annonça-t-elle.
-“ Et je peux savoir quoi ?” S’inquiéta Tommy.
-“ Tu verras bien.”

Annie se leva et quitta la chambre, laissant son père seul. Elle s’enferma dans sa chambre, prit son portable et composa un numéro qu’elle connaissait par cœur, celui de Patrick Jane. Le jour suivant l’arrivée de sa tante, Annie avait reçu un appel de Jane, ce qui l’avait quelque peu surprise. Il lui avait parlé de sa dispute avec Teresa et avait demandé à la jeune fille s’il pouvait garder un œil sur elle pour lui. Sachant qu’elle n’allait pas bien, Annie avait accepté et faisait de son mieux pour que sa tante aille mieux. Malheureusement, elle savait qu’il n’y avait rien à faire et que la seule personne qui pourrait lui venir en aide était Jane.

-“ Salut Patrick” salua Annie, sachant parfaitement qu’elle ne le réveillait pas.
-“ Un problème Annie, un autre cauchemar ?” Demanda-t-il.
-“ Oui, encore un et elle ne va vraiment pas mieux” souffla la jeune fille.
-“ Je sais, je pensais que ça l’aiderait de venir chez vous.”
-“ Mais il n’y a que vous qui puissiez l’aider.”
-“ Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, je lui rappelle trop ce qu’elle a vécu. Elle a besoin d’une pause.”
-“ Non, la pause à été bien assez longue” s’énerva l’adolescente. “ Ma tante va mal et il n’y a que vous pour l’aider.”
-“ Je te l’ai dit Annie, ce n’est pas une bonne idée.”
-“ Elle a hurlé votre nom cette nuit, elle vous a supplié de venir l’aider” lui dit-elle alors. “ Elle a vraiment besoin de vous. Je pense que les souvenirs reviennent et que vous êtes le seul à pouvoir l’aider sur ce coup. Mon père n’en peut plus et j’ai l’impression de devenir folle. J’aime ma tante, mais là c’est plus possible.”

Jane écouta les paroles de la jeune fille et finit par prendre sa décision. Lisbon avait besoin de lui et il ne pouvait pas rester sans rien faire. Lui-même avait l’impression de devenir fou avec cette distance entre eux. Et maintenant que les souvenirs semblaient revenir, il serait plus à même de lui venir en aide. Peut-être qu’il découvrirait ce que John LeRouge avait implanté dans sa tête, peut-être qu’il trouverait comment changer tout ça. Et peut-être qu’après, Lisbon serait de nouveau elle-même. Et avec de la chance, ils pourraient peut-être vivre ce qu’ils avaient vécu ensemble, avant toute cette histoire. Ça faisait beaucoup de peut-être, mais c’était déjà un début d’espoir. Il ne pouvait pas laisser passer sa chance, il ne pouvait pas laisser cette histoire briser la jeune femme.

-“ Je vais venir Annie” lui dit-il alors. “ Mais surtout ne dit rien à ta tante, je veux lui faire la surprise.”
-“ Merci Patrick.”
-“ De rien. J’espère vraiment pouvoir l’aider.”
-“ Moi aussi.”

Puis, Annie raccrocha et alla se coucher. Elle pria pour que Jane parvienne à aider sa tante et qu’ainsi elle redevienne comme avant. Elle ne savait toujours pas ce qu’elle avait vécu, mais ce devait être assez horrible pour la changer à ce point. La jeune fille finit par s’endormir avec un nouvel espoir au fond du cœur.