Démons du passé^, Chapitre 7 en ligne

Après leur discussion, Jane et Lisbon étaient retournés au CBI où l’agent s’était enfermé dans son bureau tandis que Jane reprenait sa place sur son canapé pour une petite sieste. Personne n’avait rien dit à leur retour, bien qu’ils soient revenus plus tard qu’ils ne leur avaient dit en partant. Ils avaient tous remarqué les changements chez Jane depuis que John le Rouge n’était plus une menace. Il était plus détendu, plus ouvert et plus présent.

Jane avait toujours été là pour Lisbon, s’assurant qu’elle dorme bien, qu’elle mange assez. Mais depuis que le tueur n’était plus dans sa vie, il était encore plus protecteur envers Lisbon. Il lui apportait son café régulièrement, de quoi manger quand elle travaillait tellement qu’elle en oubliait de manger. Il restait avec elle le soir et souvent arrivait avec elle le matin.

Il ne vivait plus dans une chambre de motel, mais dans un appartement. Ça ne s’était pas fait tout de suite, mais seulement au bout de plusieurs mois. Il avait demandé de l’aide à chacun d’eux. Mais il était si difficile qu’ils s’étaient tous lassés. Seule Lisbon avait tenu le coup et l’avait aidé à trouver l’appartement parfait. D’après ce qu’ils savaient, elle l’avait même aidé à faire la décoration, ce qui était étonnant puisqu’ils n’avaient pas les mêmes goûts.

Lisbon avait été là pour lui lorsqu’il en avait eut besoin, mais pas seulement pour lui. Cho avait vu à quel point tous ces changements dans la vie de Jane avaient également affecté l’agent. Lisbon était une femme très sensible, même si elle faisait de son mieux pour ne pas le laissé paraître. Et lorsqu’il était question de Jane, elle n’y parvenait plus. Elle n’avait jamais put cacher son attachement pour son consultant, le fait qu’elle l’ait gardé dans son équipe pendant toutes ces années en était la preuve.

Cette pause déjeuner n’avait donc surprit personne, ni même leur retard. Les sourires sur leurs visages suffisaient à savoir que tout allait bien. Lisbon s’assurait toujours que Jane aille bien et Jane en faisait autant pour elle. Et maintenant, ils reprenaient leurs activités habituelles : remplir des rapports pour Lisbon et faire la sieste pour Jane.

Jane, confortablement installé sur son canapé, repensait à ce que Lisbon lui avait dit lors de leur déjeuner. Son frère, qu’elle n’avait pas vu depuis des années, était de retour dans sa vie et elle était inquiète. D’après ce qu’elle lui avait dit, Daniel avait eut des problèmes par le passé, surtout avec l’alcool. Comme Tommy et James ne voulaient pas l’aider, il s’était tourné vers elle.

Il trouvait que sa présence soudaine dans la vie de l’agent n’était pas seulement dut à son amour pour elle et son envie de se racheter. Si ses frères ne l’avaient pas rejeté, il ne serait jamais venu voir Teresa, de ça Jane en était certain. Ce qui lui fit mal au cœur. Teresa Lisbon était la personne la plus gentille qu’il connaisse, (même s’il savait de source sûre qu’elle était parfaitement capable de faire très mal si on la poussait trop), la plus compatissante et loyale. Pour elle il serait prêt à tout.

Il était heureux que son frère soit de retour dans sa vie, il ne fallait pas croire le contraire. Il savait qu’elle avait toujours été triste du peu de rapports qu’elle avait avec lui, tout comme avec les autres. Elle avait passé des années à s’occuper d’eux, à prendre soin d’eux, comme une mère l’aurait fait. Elle été très attachée à ses trois frères, même s’ils ne se voyaient jamais.

Jane voulait connaître les véritables raisons du retour de Daniel Lisbon. S’il était là uniquement parce qu’il avait des problèmes et avait besoin d’un endroit pour se cacher, alors il lui ferait comprendre sa façon de penser. Il savait que Lisbon n’apprécierait pas, qu’elle lui reprocherait de se mêler de ce qui ne le regardait pas. Par contre, s’il était vraiment là pour sa sœur et se racheter du passé, il ne ferait rien, sauf apprécier le bonheur de Lisbon.

Avec sa nouvelle mission en tête, il réfléchit à un moyen de rencontrer Daniel sans éveiller les soupçons de sa collègue. Il ne voulait pas qu’elle sache quoi que ce soit sur ses intentions. Depuis la mort de son ennemi, il était parvenu à établir une relation de confiance et d’amitié profonde avec la jeune femme. Il ne voulait pas tout perdre maintenant. Elle comptait beaucoup trop pour lui, elle était tout ce qui lui restait dans la vie. Sans elle, il n’aurait plus rien.

Il se redressa sur son canapé lorsqu’il entendit un téléphone sonner et tourna la tête vers le bureau de Lisbon. Elle était au téléphone, fronçant les sourcils comme elle le faisait toujours lorsqu’elle recevait un appel concernant une affaire. Elle prenait des notes consciencieusement, comme elle le faisait toujours, puis elle raccrocha. Il l’observa se lever, prendre ses affaires et se diriger vers l’open space.

-“ On a une affaire !” les informa l’agent senior. “ Un corps à été retrouvé au nord de la ville, dans un entrepôt désaffecté. Van Pelt, restez ici et coordonnez les recherches. Je vous contacterai une fois sur place pour vous donner les informations nécessaires sur la victime. En attendant, je veux que vous cherchiez qui est le propriétaire de l’entrepôt. Les autres, en route.”

Van Pelt se mit immédiatement au travail lorsque Lisbon lui donna l’adresse de l’entrepôt. Lisbon savait que la jeune agent était prête à venir sur le terrain, elle l’était depuis plusieurs années maintenant. Cela faisait plus de sept ans qu’elles travaillaient ensemble, elles avaient confiance l’une en l’autre. Mais Grace était la plus à l’aise avec les ordinateurs, de ce fait, elle restait toujours au bureau.

Les deux autres agents et Jane suivirent Lisbon jusqu’au parking où, comme ils en avaient toujours eut l’habitude, Lisbon monta en voiture avec Jane et les deux autres prirent une seconde voiture. Jane n’avait pas changé, il avait toujours cette habitude de partir de son côté et Lisbon trouvait plus pratique de prendre deux véhicule afin de ne pas pénaliser leurs collègues.

Dans la voiture qui les conduisait à la scène de crime, le silence était total. Jane continuait de réfléchir au moyen de rencontrer Daniel. Il voulait le faire au plus vite afin de s’assurer que ce dernier ne ferait pas de mal à Lisbon. Quand à l’agent, elle pensait à la même personne mais pour une toute autre raison. Elle s’inquiétait toujours pour son frère. Elle avait tenté de le joindre deux fois après sa pause déjeuner, mais il n’avait pas plus répondu.

Avec son passé et ses problèmes, Lisbon craignait qu’il ne replonge. Elle savait à quel point il était difficile de résister à la tentation. Son père avait essayé au début, mais n’y était pas parvenu. Daniel avait prit le même chemin. Elle espérait toutefois qu’il serait plus fort que leur père, qu’il trouverait le courage nécessaire pour ne pas sombrer de nouveau. Et même s’il n’y parvenait pas, elle ne le rejetterait pas, elle l’aiderait de son mieux. Elle l’avait fait avec son père, ça n’avait pas marché. Mais elle gardait de l’espoir pour son petit frère.

-“ Quelque chose te tracasse Lisbon ?” Demanda Jane, rompant le silence devenant pesant. Il avait bien vu l’inquiétude sur le visage de la brune et savait exactement ce qui n’allait pas.

-“ Je m’inquiète simplement pour mon frère” répondit-t-elle. A quoi aurait-il servit de lui mentir ? Il le savait déjà de toute façon.

-“ Il n’a toujours pas répondu au téléphone ?” S’enquit-il.

-“ Toujours pas” avoua Lisbon. “ Il est certainement sortit faire des courses. Je dois bien avouer qu’il n’y a pas grand-chose à manger chez moi.”

-“ Tu n’as jamais rien à manger chez toi” souligna le blond.

-“ Tu t’en plains souvent, mais pourtant ça ne t’empêche pas de venir chez moi et de t’imposer pour le dîner” fit remarquer l’agent avec un sourire.

-“ C’est vrai, mais tu commandes toujours des plats à emporter” répliqua Jane. “ Il serait peut-être temps que tu remédies à ça,” il eut soudain une idée. “ Et si je venais manger ce soir, j’apporterai ce qu’il faut et je cuisinerai.”

Lisbon tourna brièvement la tête vers son collègue avant de reporter son attention sur la route. Un regard et elle sut exactement ce qu’il avait en tête. Elle se doutait, au moment où elle lui avait révélé la présence de son frère, qu’il chercherait un moyen de le rencontrer. Elle ne voulait pas que Jane se mêle de ça, mais elle savait que rien de ce qu’elle pourrait dire ne le ferait abandonner son idée.

-“ Ton idée est tentante” commença-t-elle. “ Ce que je te propose, c’est que si nous ne finissons pas trop tard, tu peux venir et cuisiner pour trois.”

-“ Ça me va” sourit Jane.

-“ C’est réglé alors. Maintenant, on se concentre sur l‘affaire.”

Ils arrivèrent rapidement à l’entrepôt où ils furent accueillit par un officier de police qui s’approcha directement vers Jane. Il avait une sorte de lueur d’admiration dans le regard et le consultant se sentit mal à l’aise. Lisbon, qui avait remarqué l’inconfort de son collègue, passa devant lui pour s’adresser à l’agent.

-“ Je suis l’agent Teresa Lisbon du CBI,” se présenta-t-elle. “ Qu’avons-nous ?”

L’officier se reprit immédiatement et se tourna vers l’agent.

-“ Un homme d’environ quarante ans, type caucasien” expliqua l’homme. “ Nous n’avons pas d’identité pour le moment.”

-“ Cause de la mort ?”

-“ Le médecin légiste dit qu’il ne peut pas se prononcer pour le moment” admit l’officier. “ Il vous fera parvenir son rapport.”

-“ Pourrais-je voir le corps dans ce cas” Lisbon commençait à perdre patience. “ Ou il a déjà été emporté à la morgue.”

-“ Et bien…” hésita l’homme. “ C’est à dire qu’il…”

-“ Il quoi ?” Demanda Lisbon d’une voix sèche, perdant patience. “ Est-il encore là ou dois-je me rendre à la morgue ?”

-“ Il est là mais… Il n’est pas très beau à voir et je… Je ne pense pas que vous devriez voir le corps.”

-“ Et pourrais-je savoir pourquoi ?”

-“ Et bien, il est en assez mauvais état. Enfin je veux dire…”

-“ Et vous craignez que je ne supporte pas la vue du cadavre.” L’homme ne répondit pas. “ Nous avons perdu assez de temps, dites-moi où se trouve le corps que je puisse faire mon travail.”

Un peu plus loin, Cho, Rigsby et Jane regardaient l’échange avec un amusement à peine dissimulé, du moins pour Jane. Les deux agents souriaient, enfin Rigsby souriait. Cho était plus discret, seuls ses yeux montraient à quel point il trouvait la scène amusante. Le jeune officier se sentit soudain mal à l’aise, se rendant enfin compte de la bêtise qu’il venait de dire. Il lança un regard désespéré vers l’équipe du CBI et Jane se décida enfin à mettre un terme au calvaire du pauvre homme. Le mentaliste avança vers Lisbon qui semblait sur le point de faire comprendre ce qu’elle pensait à ce jeune officier.

-“ Pourriez-vous s’il vous plait nous conduire au corps de notre victime ?” Demanda Jane. “ Nous avons un travail à faire, et je dirais que le votre ici est terminé.”

L’homme regarda Jane puis hocha la tête et conduisit l’équipe jusqu’au corps. Il s’éclipsa discrètement lorsque Jane s’agenouilla près du corps et commença à l’observer, puis le renifler. Il avait déjà entendu parler des méthodes du mentaliste, mais n’y avait jamais assisté. Il trouvait ça répugnant et préféra ne pas rester.

Lisbon le regarda s’éloigner avec soulagement. C’était la première fois qu’on remettait en question sa position d’agent senior à cause de sa condition de femme. Elle avait bien envie de lui faire comprendre sa façon de penser, lui faire comprendre que ce n’est pas parce qu’elle était une femme qu’elle était faible et ne supportait pas la vue d’un corps. Mais elle décida qu’il n’en valait pas la peine. Elle avait un travail à faire.

L’agent se tourna, à la recherche du médecin légiste qu’elle trouva un peu plus loin, donnant des ordres à son assistant. Lorsqu’il la vit, il délaissa le jeune homme puis vint à sa rencontre, un sourire bienveillant sur le visage. Il tendit sa main que Lisbon prit avec joie.

-“ C’est un plaisir de vous revoir agent Lisbon, bien que les circonstances ne soient pas les meilleures” dit l’homme.

-“ Je suis également heureuse de vous revoir” affirma Lisbon. “ Que pouvez-vous me dire sur la victime ?”

-“ Pour le moment pas grand-chose” avoua le médecin. “ Il a été battu à mort. Il y a des marques de liens sur ses poignets, il n’a pas put se défendre. Son visage n’en est plus un, mais s’il est fiché, je pourrai vous donner son identité grâce à son ADN. Mais ça risque de prendre un peu de temps. Toutefois, je pourrai peut-être trouver quelque chose avec ses empreintes. S‘il a fait de la prison, je le saurai bien plus vite. Je vous tiendrai au courant dès que j‘aurai les résultats.”

-“ Très bien, merci.” Elle se tourna vers Jane. “ Tu as finis ?”

-“ J’ai vu ce que j’avais à voir” répondit le mentaliste.

-“ Vous pouvez emmener le corps” dit l’agent au médecin.

-“ Je vous ferai envoyer le rapport aussitôt que l’autopsie sera finie.”

-“ Merci.”

Le médecin appela son assistant qui l’aida à placer le corps dans un sac mortuaire puis ils l’installèrent sur une civière pour le transporter jusqu’à leur véhicule. Lisbon se tourna vers son équipe qui n’avait pas attendu ses instructions. Cho et Rigsby étaient déjà au travail, recherchant d’éventuels témoins parmi les hommes qui travaillaient dans les entrepôts alentours. Quelqu’un avait certainement vu quelque chose.

Lisbon se dirigea donc vers Jane pour avoir son avis. Mais l’homme était déjà partit de son côté, comme il le faisait toujours. Il avait certainement vu quelque chose d’intéressant. Elle le retrouva un peu plus loin, dans une autre pièce. Il était en train d’examiner la table au fond de la grande salle sur laquelle était posé un cahier. L’agent s’approcha et regarda par-dessus l’épaule de son collègue.

Jane ouvrit le cahier révélant une liste d’initiales. Il leva la tête et croisa le regard curieux de Lisbon. Il revint ensuite au cahier et continua de tourner les pages. Sur chacune d’elles, en haut à gauche, étaient inscrites deux initiales, le prénom et le nom de quelqu’un. En dessous, il y avait une autre liste, bien plus inquiétante. D’autres initiales, suivit d’une inscription.

-“ Où as-tu trouvé ça ?” Demanda l’agent.

-“ Caché sous un tas de caisses juste là” dit-il indiquant un endroit un peu plus loin sur la droite.

-“ Tu sais de quoi il s’agit ?” S’enquit Lisbon.

-“ Je crois que c’est une liste de noms” répondit Jane. “ Maintenant reste à savoir qui sont ces gens et pourquoi ce livre est toujours ici.”

-“ L’homme est soit un de ceux de la liste, soit un de ceux qui l’ont tué” continua Lisbon. “ Pour le moment on ne peut rien faire si ce n’est découvrir qui ils sont.”

Jane referma le cahier et se tourna vers Lisbon, le regard sérieux.

-“ Lisbon, tous ces gens sont en danger” dit-il. “ Nous devons absolument trouver qui ils sont et au plus vite.”

-“ Nous ne savons pas même pas si c’est le cas” le coupa Lisbon. “ Ça ne veut peut-être rien dire. Mais nous ne prendrons pas de risques. Je vais demander à Van Pelt de faire des recherches. Peut-être qu’en regroupant les initiales avec les listes d’électeurs nous trouverons quelque chose.”

-“ Et pour ceux qui ne s’y trouvent pas ?”

-“ On trouvera un moyen de les identifier et de les protéger” assura l’agent. “ Allez viens, retournons au bureau.”

Lisbon posa la main sur l’épaule de Jane qui ramassa le cahier. Puis, après un dernier regard dans la pièce, ils sortirent pour rejoindre les autres. Cho et Rigsby les attendaient, mais à leur regard, Lisbon sut qu’ils n’avaient rien apprit. Décidément, elle n’aimait pas ce genre d’affaire. Aucune identité pour la victime et une liste d’éventuelles victimes. Elle allait avoir beaucoup de travail.

-“ Jane a trouvé un carnet contenant des initiales” les informa Lisbon. “ Nous retournons au CBI le donner à Van Pelt et voir ce que nous pouvons en tirer. Je veux que vous restiez ici, voyez s’il y a des vidéos de surveillances dans l’un des autres entrepôts.”

-“ On s’en occupe.”

-“ Et lorsque vous aurez fini, vous n’aurez qu’a rentrer chez vous” ajouta-t-elle. “ Il commence à se faire tard. Vous me ferez votre rapport demain matin.”

-“ Bien patron.”

Les deux agents s’éloignèrent et retournèrent voir les autres entrepôts qu’ils venaient juste de quitter. Cho avait remarqué que l’entrepôt le plus près était équipé de cameras à l’entrée. L’angle permettait de voir le côté sud de l’entrepôt où le corps avait été retrouvé. Si ces gens étaient arrivés par là, ils pourraient les voir. Restait juste à espérer qu’ils ne soient pas passés par l’autre porte.


   


Lisbon et Jane remontèrent en voiture et se rendirent au CBI. A côté d’elle, Jane était silencieux, le carnet toujours entre les mains. Il n’avait cessait de le feuilleter, en se disant que peut-être certains initiales lui seraient familières. Mais jusque là rien. Il n’aimait pas ne pas savoir. Il avait été habitué à résoudre des casses têtes de ce genre sans difficulté grâce à sa mémoire. Malheureusement, ces derniers temps il avait assez de mal. Sa mémoire lui jouait des tours et il avait le sentiment que ce n’était pas vraiment le bon moment.

En règle générale, Lisbon était celle avec de l’intuition. Lui, il travaillait avec sa mémoire et ses idées. Ils se complétaient parfaitement, ils étaient une excellente équipe. Mais là, il ne trouvait rien. Il jeta un regard à Lisbon qui avait les yeux sur la route. Elle semblait inquiète, et il savait que ce n’était pas à cause de l’enquête. Elle s’inquiétait pour son frère et il la comprenait.

Il se souvint de leur accord pour la soirée à venir. Il y avait pensé depuis qu’elle avait accepté, impatient d’y être. Mais maintenant il n’en était plus aussi sûr. Il ne voulait pas la mettre mal à l’aise, ce qu’il savait inévitable s’il se retrouvait dans la même pièce que Teresa et son frère. Il poserait certainement des questions embarrassantes, comme il le faisait toujours.
De plus, cette nouvelle affaire avait piqué sa curiosité. Ne parvenant pas à trouver la signification de ces initiales, il était certain qu’il y passerait la nuit. Il devrait donc décommander leur soirée, ce qui soulagerait certainement Lisbon.

Ils arrivèrent rapidement au CBI et le duo monta à leur étage où les attendait Van Pelt. La jeune agent leva les yeux à leur approche, semblant attendre quelque chose à faire. Jane remarqua qu’elle ne travaillait pas sur son ordinateur, ce qui voulait dire qu’elle n’avait certainement rien trouvé sur ce que lui avait demandé Lisbon.

-“ Van Pelt, nous avons trouvé un carnet” expliqua Lisbon en arrivant à hauteur de sa collègue. “ Il y a une liste d’initiales que je voudrais que vous décodiez, si vous y arrivez.”

-“ Je m’en occupe patron” dit la jeune femme en tendant la main vers Jane pour prendre le carnet, mais l’homme ne le lui donna pas. “ Jane ?”

-“ Je crois que je vais t’aider Grace” lui dit-il, et devant le regard curieux et un peu déçu de Lisbon, il ajouta: “ C’est un travail long et fastidieux, il vaut mieux être deux pour ça.”

Lisbon ne dit rien et se dirigea vers son bureau, laissant ses deux collègues derrière elle. Jane la regarda s’éloigner, son cœur se serrant un peu à l’idée de l’avoir déçue. Mais il avait besoin de comprendre ce que voulaient dire toutes ces initiales. Il avait le sentiment que quelque chose d’important et grave allait se produire et que seul la résolution de ce mystère pouvait l’empêcher. Il n’aimait pas que quelque chose lui résiste et cette liste ne lui résisterait pas.

-“ Tu peux commencer à regarder pendant que je vais voir Lisbon ?” Demanda-t-il à l’agent qui acquiesça avec un sourire. “ Je n’en ai pas pour longtemps.”

Puis il s’éloigna pour rejoindre sa collègue. Lorsqu’il ouvrit la porte, il la trouva assise derrière son bureau, son téléphone collé à l’oreille, en pleine conversation. Elle leva les yeux vers lui puis leva un doigt devant elle pour lui signaler de se taire. Il hocha la tête et s’apprêtait à partir quand elle lui fit comprendre de s’installer sur le canapé le temps qu’elle finisse.

Il s’exécuta, tentant de ne pas écouter ce qu’elle disait. Il reporta son esprit sur l’affaire en cours, ce qui lui permit de s’occuper assez pour ne pas entendre un mot de ce que disait Lisbon. Mais il entendit tout de même un nom qui le fit sourire. Daniel. Lisbon était enfin parvenue à joindre son frère et un coup d’œil à son visage lui permit d’y voir du soulagement. Il lui fit un petit sourire qu’elle lui rendit.

-“ Très bien, je te vois ce soir alors” dit-elle à Daniel, puis elle raccrocha. “ Mon frère était sortit acheter de quoi remplir mon frigo et mes placards” expliqua-t-elle.

-“ Excellente idée” approuva Jane. “ Et je suis désolé de décommander ce soir, mais j’ai l’intime conviction que cette liste est d’une importance capitale.”

-“ Tu n’a pas à t’excuser, l’affaire passe en premier” le rassura Lisbon. “ Je crois même que je devrais rester, une troisième personne serait un plus pour résoudre cette énigme.”

-“ Inutile Lisbon. Nous y arriverons très bien sans toi, pas que tu ne puisses pas nous aider. Mais ton frère est chez toi, tu ne l’as pas vu depuis des années” expliqua-t-il. “ Tu devrais profiter de sa présence.”

-“ Mais je suis la chef de cette équipe, il est donc normal que je reste et que j’aide.”

-“ Pas cette fois Lisbon,” Jane se leva du canapé et s’approcha de Lisbon, s’asseyant sur le rebord du bureau. Il posa ses mains sur les épaules de l’agent. “ Ecoute moi Lisbon, tu travailles beaucoup trop pour ton bien. Pour une fois, laisse le reste de ton équipe s’occuper de tout et profite d’une soirée tranquille. Et si tu veux, tu n’auras qu’à venir plus tôt demain matin et rester tard demain soir.”

Lisbon ne put s’empêcher de rire et Jane la rejoignit.

-“ Très bien, je vous laisse travailler entre vous” capitula-t-elle. “ Mais si tu trouves la moindre chose, tu m’appelles. Qu’importe l’heure.”

-“ C’est promis Lisbon” promis Jane. “ Et toi promets moi de profiter de ta soirée avec ton frère et de ne pas penser au travail.”

Lisbon lui envoya un regard qui lui fit comprendre qu’elle ferait de son mieux. Mais il la connaissait, il savait qu’elle ne profiterait pas vraiment de sa soirée, que cette affaire lui tournerait dans la tête jusqu’à ce que soit de retour le lendemain. Il ne pouvait pas la blâmer, son travail était sa vie.

-“ Je vais retourner auprès de Grace” dit alors Jane.

-“ D‘accord. Mais surtout appelle moi si jamais vous trouvez quelque chose” lui rappela-t-elle et Jane hocha la tête en réponse.


 


Un peu plus tard dans la soirée, Lisbon arriva chez elle avec un poids dans le ventre. Elle n’avait pas réussit à joindre son frère avant son départ du CBI. Elle voulait faire confiance à son frère, elle voulait croire qu’il ne ferait rien de répréhensible. Mais c’était plus fort qu’elle. En passant la porte, Lisbon constata le silence de l’appartement. Elle posa ses affaires avant de faire le tour de chaque pièce à la recherche de Daniel. Mais il n’y avait aucune trace de lui, nulle part.

L’agent retourna dans le salon et se laissa tomber sur le canapé. Elle regrettait de ne pas être restée au bureau pour aider Jane et Van Pelt à résoudre l’énigme du carnet. A trois ils seraient allés bien plus vite, elle n’en doutait pas. Jane avait voulut être gentil en lui proposant de rentrer chez elle et de profiter de la présence de son frère. Malheureusement il n’était pas là, elle se retrouvait donc seule.

Elle eut envie de les rejoindre et de se rendre utile et s’apprêtait à le faire lorsque la porte de l’appartement s’ouvrit, révélant Daniel. Il titubait, ses cheveux étaient en désordre, ses vêtements sales. Lisbon sentit une profonde déception l’envahir mais elle se reprit rapidement pour aller l’aider à marcher.

-“ Daniel, où étais-tu ?” Questionna-t-elle en l’installant sur le canapé.

-“ Des copains” articula avec difficulté le jeune homme tout en se laissant tomber sur le canapé, les yeux clos.

-“ Tu sens l’alcool à plein nez Daniel” fit remarquer Lisbon. “ Tu avais dis que tu ne boirais plus.”

-“ Juste un verre” bégaya-t-il.

-“ Oui, et un autre ensuite, comme papa” rappela-t-elle.

-“ Pas comme papa” répondit Daniel en ouvrant les yeux. “ Jamais comme papa.”

Lisbon regarda son frère tenter de se lever avant de retomber lourdement sur le canapé, puis se leva pour aller lui préparer quelque chose à boire et à manger. Elle le laisserait dormir sur le canapé ce soir. De toute façon, il était bien trop lourd pour qu’elle puisse le faire monter jusqu’à sa chambre. Il risquait de dormir toute la soirée et toute la nuit, la laissant seule.
Alors décida qu’il ne lui servait donc à rien de rester chez elle. Ses collègues avaient beaucoup de travail et elle voulait se rendre utile. Alors elle se dépêcha de préparer un sandwich à son frère qu’elle déposa sur la table basse, avec un verre d’eau et un comprimé d’aspirine. Daniel en aurait bien besoin lorsqu’il s’éveillerait avec la gueule de bois.

Lisbon passa une main sur le visage endormit de son frère, se pencha et lui embrassa le front avec délicatesse. Elle se redressa, puis attrapa sa veste et ses clés avant de marcher jusqu’à la porte. Elle lui jeta un dernier regard avant d’ouvrir la porte et de sortir.


 


Cela faisait plusieurs heures que Jane et Van Pelt travaillaient sur le carnet. Ils n’avaient encore rien trouvé. Ils étaient d’accord sur le fait qu’il s’agissait d’une liste de nom. Ils ne savaient toujours pas si l’homme qu’il avait trouvé était sur cette liste ou non, mais le médecin légiste leur avait dit qu’ils auraient des nouvelles dans la matinée. En attendant, ils devaient se contenter du peu qu’ils avaient, ce qui était déjà bien assez.

Van Pelt avait tenté de comparer les initiales avec les listes d’électeurs de Sacramento, mais comme elle n’avait rien trouvé, elle avait tenté dans tout l’Etat de Californie. Elle n’avait pas eut beaucoup de chance pour le moment. Personne ne semblait correspondre à cette liste.

-“ Tu devrais étendre les recherches à tout le pays” suggéra Jane. “ Peut-être aurons-nous plus de chance.”

-“ Je vais essayer” acquiesça la rousse en se mettant au travail. Et elle n’eut pas à attendre longtemps car aussitôt, une liste de nom apparut sur son écran. “ Tu avais raison Jane.”

Le mentaliste se leva de son canapé pour venir se placer derrière l’agent, regardant l’ordinateur par-dessus son épaule. En effet, il avait raison. Une liste de personne apparut sur l’écran, des personnes assassinés dont le coupable n’avait pas encore été retrouvé. La police n’avait pas fait le lien entre tous les meurtres, les victimes n’étant pas toutes dans le même Etat.

-“ Je n’imaginais pas trouver ça” souffla Grace. “ Il y a pour le moment douze victimes qui correspondent à la liste du carnet.”

-“ Des familles” fit remarquer Jane qui sentit la colère monter en lui. “ Ils s’en prennent à des familles. Ils tuent des enfants. Mais pourquoi ?”

-“ La plus jeune victime avait six ans, un petit garçon, Joshua Parker” lut Van Pelt. “ Sa mère, Anna, son père, Gilbert, ses deux sœurs, Sophia et Jessica et son frère aîné Andrew, ont tous été tués.”

-“ De quelle façon ?” Se força à demander Jane.

-“ Les parents ont été battus à mort. Les filles et le petit garçon sont morts assez rapidement d’après le rapport du médecin légiste.” Grace pianota sur le clavier puis reprit: “ C’est à peu près la même chose pour toutes les victimes. Il y a deux autres familles dont les initiales se trouvent dans le carnet.”

-“ Nous avons au moins trois familles d’identifiées” dit Jane. “ Il va falloir identifier les autres. Et si tu n’as rien trouvé c’est qu’ils sont encore en vie, pour le moment.”

-“ Il va falloir les trouver et les mettre sous protection” précisa l’agent. “ On devrait avertir Lisbon.”

Et juste lorsque les mots sortaient de sa bouche, le bruit de l’ascenseur attira son attention et elle vit sa patronne arriver. Jane se tourna et fut également très surprit de la voir. Un regard et il comprit qu’elle lui parlerait plus tard mais que pour le moment elle voulait se concentrer sur l’affaire.

-“ Patron, nous avons trouvé quelque chose” informa Grace.

-“ Je t’écoute” dit Lisbon en s’approchant.

-“ La liste d’initiales dans le carnet est bien une liste de nom” expliqua Van Pelt. “ Pour le moment, nous avons identifié trois familles, toutes les trois mortes. Une à New-York et deux à Chicago.”

-“ Et pour notre victime ?” S’enquit Lisbon.

-“ Rien pour le moment” répondit la rousse. “ Je pense que nous en saurons plus demain dans la matinée.”

-“ Très bien, et pour les vidéos surveillances de l’entrepôt ?”

-“ Cho est passé pour les déposer et il les a visionnées avant de partir. Mais il n’a rien trouvé qui puisse nous aider.”

-“ Il va donc falloir attendre d’avoir l’identité de notre victime dans ce cas. Bien, je vais dans mon bureau. Van Pelt, tu peux rentrer chez toi, il est tard.”

-“ Bien patron, bonne soirée.”

Lisbon s’éloigna tandis que Van Pelt rassemblait ses affaires. Jane quand à lui, se réinstalla sur son canapé, le carnet entre les mains. Il avait le cœur serré en pensant à ces pauvres enfants, morts pour une raison qu’il ignorait encore. Qui pouvait être aussi cruel pour tuer des enfants innocents ? Ils avaient toute la vie devant eux, et maintenant plus rien. Il trouverait qui leur avait fait ça et les feraient payer. Les assassins ne resteraient pas impunis pour un tel crime.

Mais comme il ne pouvait rien faire de plus pour le moment, il décida de penser à autre chose et il tourna instinctivement les yeux vers le bureau de Lisbon. Sa collègue avait fermé les stores, l’empêchant ainsi de voir dans la pièce. Elle ne voulait voir personne, mais Jane savait que s’il entrait dans son bureau, elle ne le renverrait pas. Mais pour ne pas prendre de risque, il décida d’aller la voir avec une tasse de café, même s’il se faisait un peu tard pour ça.

Il se leva et se dirigea vers la petite cuisine où il prépara le café de Lisbon ainsi qu’un thé pour lui-même. Il n’y avait pas d’heure pour le thé et il ne laisserait pas Lisbon boire seule. Une fois le tout prêt, il attrapa un paquet de petit gâteau qu’il glissa sous son bras avant de se rendre au bureau de Lisbon. Et comme si elle savait qu’il arrivait, elle ouvrit la porte.

-“ Jane, tu m’as l’air bien chargé” sourit-elle en prenant le paquet de biscuit et de lui tenir la porte.

-“ C’est bien gentil Lisbon” remercia Jane en posant les tasses sur le bureau de Lisbon. “ Je me suis dis qu’un café te ferait le plus grand bien.”

-“ Et je t’en remercie.”

Le silence s’imposa alors que les deux s’installaient sur le canapé blanc que Jane avait offert à Lisbon tant d’années plus tôt, chacun une tasse à la main. Lisbon savait ce que Jane voulait et ce dernier attendait que Lisbon se décide à parler. Il ne la pousserait pas, il savait qu’elle le ferait quand elle serait prête. Ce qui ne tarda pas. Lorsqu’elle posa la tasse devant elle sur la petite table, il sut qu’elle était prête à lui parler.

Il posa également sa tasse sur la table avant de s’installer confortablement sur le canapé. Lisbon avait croisé ses mains sur ses jambes, comme elle le faisait si souvent ces derniers temps. Il l’avait remarqué pour la première fois un peu plus d’un an plus tôt et elle le faisait toujours lorsqu’elle était soucieuse. Il ne savait pas d’où elle avait prit cette habitude, mais au moins cela l’informait de son humeur.

-“ Mon frère est rentré à la maison tard” commença-t-elle. “ Il est sortit toute la journée, c’est pour ça que je ne pouvais pas le joindre.”

-“ Il y a autre chose” dit Jane, conscient que Lisbon ne lui disait pas tout.

-“ Je pensais pouvoir avoir confiance en lui, mais j’ai eus tort.”

-“ Il avait but” remarqua Jane en se tournant vers Lisbon et en posant sa main sur son avant bras. “ Mais tu ne devrais pas le condamner.”

-“ Je ne le fais pas, c’est juste que…”

-“ C’est comme revoir ton père” finit Jane à sa place.

Lisbon tourna les yeux vers Jane, peu surprise de sa constatation. Il la connaissait si bien, les mots étaient presque inutiles entre eux. Il avait deviné ce qui lui avait traversé l’esprit en voyant son frère avachi sur le canapé. Elle avait eut l’impression de voir son père après la mort de sa mère.

Jane serra son bras, ce qui attira son attention. Elle leva une fois de plus les yeux vers lui et sourit. Sa simple présence était réconfortante, apaisante. Après tant d’années à travailler ensemble, tant d’années à lui reprocher sa masse de rapports et de plaintes, Lisbon avait finit par apprécier sa présence. Elle s’était rendue compte que Jane était d’agréable compagnie, lorsqu’il se permettait d’être lui-même.

-“ Il a besoin d’aide et de soutien” reprit Jane. “ Et je peux l’aider si tu veux bien.”

-“ Je ne sais pas. Je n’aime pas mélanger ma vie privée et ma vie professionnelle” rappela l’agent.

-“ C’est ta décision” approuva Jane, comprenant la réticence de sa collègue. “ Mais mon offre tiendra toujours. Si jamais tu changes d’avis, je serais là.”

Lisbon hocha la tête de gratitude.

-“ Tu devrais rentrer chez toi, je suis certain que ton frère t’attend.”

-“ Oh, il doit encore dormir sur le canapé” répondit Lisbon. “ Quand je suis partis il ronflait.”

Jane sourit à la description que Lisbon faisait de son frère. Il n’avait pas de mal à imaginer le jeune homme, complètement soul, endormi sur le canapé. Il avait lui-même bien souvent vu son père dans un tel état après ses soirées de poker où il perdait toujours tout leur argent. Il ne pouvait que comprendre la peine de Lisbon à savoir son frère emprunter la même route. La seule chose à faire était d’être présent pour Daniel, lui montrer qu’il pouvait retrouver le droit chemin.

Jane se leva du canapé, ramassa les deux tasses encore pleines et les ramena à la cuisine. Il revint ensuite dans le bureau de Lisbon, l’aida à enfiler sa veste et, d’une main dans le bas de son dos, l’accompagna jusqu’à l’ascenseur. Il resta avec elle jusqu’à sa voiture. Seulement là il décida de rentrer chez lui. Il se pencha vers Lisbon pour lui embrasser la joue, ce qui la surprit un peu.

Jane et elle étaient devenus très proches ces dernières années. Ils se prenaient la main lorsque l’autre avait besoin de réconfort, ils se prenaient parfois dans les bras. Mais jamais encore il ne l’avait embrassé ainsi, jamais il n’avait eut le courage de le faire. C’était un geste bien trop intime, surtout pour eux.

Mais Lisbon, bien que surprise, passa un bras dans le dos de Jane et posa son autre main sur sa joue. Elle ferma les yeux, savourant ce simple contact de quelques secondes avant de laisser Jane s’écarter. Elle garda sa main sur la joue de l’homme, la caressant tendrement avant d’elle aussi lui embrasser la joue. Lorsqu’elle s’écarta finalement, Jane avait les yeux clos et elle sourit.

-“ Bonne nuit Jane,” lui souffla-t-elle avant de monter dans sa voiture.

Elle lui fit un signe de la main, puis démarra et s’éloigna, quittant le parking pour rentrer chez elle. Jane resta un moment sur le parking, immobile. Il laissa ses yeux se perdre dans le lointain pendant quelques minutes, se demandant ce qui lui avait prit d’agir ainsi. Lisbon était une amie, sa meilleure amie. Ils avaient vécu tant de choses ensemble au cour des années.

Mais jamais encore il n’avait vu Lisbon comme autre chose que son amie. Pourtant, après la mort de l’homme qui avait brisé sa vie, il se sentait enfin capable d’avancer dans la vie, de se reconstruire. Il avait enfin emménagé dans un appartement, laissant derrière lui sa chambre de motel et son grenier. Il avait changé sa façon de s’habiller, il était plus classique à présent. Et tout ça était grâce à Lisbon. C’était peut-être la raison pour laquelle il se sentait plus proche d’elle que de quiconque. Et la voir si triste et déçue ce soir lui avait fait mal.

Lisbon n’avait pas encore accepté son offre de l’aider avec son frère, mais il savait que ça viendrait. Lisbon avait confiance en lui, plus maintenant que pendant toutes ces années à travailler ensemble. La preuve étant qu’elle partageait avec lui bien plus qu’elle ne l’avait fait avec quiconque. Et pour sa part, il lui confierait sa vie sans hésitation.

Après encore quelques minutes de réflexions, Jane se dirigea vers sa voiture et prit la direction de son appartement. Une longue journée l’attendait demain et il savait que cette enquête allait leur demander beaucoup d’efforts. Son mauvais pressentiment se faisait de plus en plus fort et ce qui l’inquiétait le plus était de ne pas savoir de quoi il s’agissait. Mais il trouverait, il trouvait toujours.


   


Jack faisait les cent pas dans le salon. Il avait cherché pendant des jours, des semaines même. Il n’avait pas eut de chance et il n’aimait pas ça. Dès le début il avait sut que ce n’était pas une bonne idée de faire confiance à cet homme, qu’il ne lui apporterait que des problèmes. Mais Cathy l’avait presque supplié de lui donner une chance, qu’il ne le regretterait pas. Le problème c’est qu’il risquait de tout perdre par la faute de cet homme.

La porte de l’appartement s’ouvrit, laissant entrer trois hommes dont deux restèrent à l’entrée tandis que le troisième s’approchait de Jack.

-“ Alors Charlie ?” S’enquit Jack.

-“ Nous avons trouvé Malone et Johnston” répondit l’homme. “ Sébastien et Max sont partit s’en occuper.”

-“ Et pour Lisbon ?”

-“ Rien pour le moment” avoua l’homme. “ Mais nous le trouverons rapidement. J’ai envoyé Tim voir s’il ne se serait pas réfugié chez ses frères. Il devrait m’appeler sous peu.”

-“ Il a aussi une sœur” fit remarquer Jack. “ Elle vit en Californie, j’y ai envoyé Stanley et les autres. J’attends encore de leurs nouvelles.”

Jack s’éloigna vers le bar où il se servit un verre. Stanley ne l’avait pas encore appelé, mais avec le décalage horaire, il le ferait peut-être plus tard. Pour le moment, il se félicitait d’avoir réduit au silence Malone, Johnston et Parker. Quel dommage que leur famille aient dut payer le prix de leur incompétence. Il n’aimait pas s’en prendre aux enfants, ils étaient innocents. Mais dans cette affaire, il n’y avait pas d’autre solution. Ne restait plus qu’a trouver les autres et en particulier Lisbon. Sans lui, les autres ne se seraient jamais retournés contre lui. Il devait à présent payer.


-“ Nous le retrouverons Jack” assura Charlie.

-“ Oh oui nous le retrouverons” assura Jack. “ Et si nous n’y parvenons pas, sa sœur nous y aidera, qu’elle le veuille ou non.

Et il le pensait. S’il devait utiliser cette femme pour arriver à ses fins, alors il le ferait.

Lisbon se trouvait dans sa chambre, réfléchissant à la proposition de Jane de lui venir en aide pour Daniel. L’idée était tentante, d’autant qu’elle ne savait vraiment pas comment s’y prendre avec lui. Lorsqu’elle était rentrée, Daniel dormait toujours sur le canapé, mais elle avait vu avec plaisir qu’il avait mangé le sandwich qu’elle lui avait préparé. Par contre, il n’avait pas prit les cachets qu’elle avait placé avec le verre d’eau à coté du sandwich. Par acquit de conscience, elle avait vérifié le niveau d’alcool dans la bouteille qu’elle avait dans le placard de la cuisine. Et sans grande surprise, elle était presque vide.

Daniel n’avait pas tenu plus d’une semaine sans boire, mais c’était déjà six jours de plus que leur père. Elle pouvait au moins lui reconnaitre ça. Il avait essayé, c’était bien plus que ce que leur père avait fait durant ces quelques années après la mort de leur mère. Elle se dit alors qu’elle avait peut-être une chance de le sortir de tout ça. Mais elle allait vraiment avoir besoin d’aide. Elle ne pourrait pas y arriver seule.

Elle se dit qu’elle y réfléchirait plus tard. Pour le moment, elle était fatiguée et avait vraiment besoin de dormir. Cette nouvelle affaire était bien plus compliqué qu’elle ne le pensait au dépars. Elle était impatiente d’avoir des nouvelles du médecin légiste, de connaitre l’identité de leur victime. Et surtout, elle voulait savoir qui était les autres personnes dont les initiales se trouvaient dans le carnet qu’ils avaient trouvé.

L’agent se leva de son lit pour se rendre à la salle de bain. Une bonne douche lui ferait le plus grand bien et apaiserait certainement les douleurs qu’elle avait dans la nuque. Elle connaissait bien quelque chose de plus efficace et bien plus agréable et cette simple pensée la fit rougir. En effet, quelques semaines plus tôt, Jane lui avait offert de lui masser la nuque après qu’elle ait plaqué un suspect au sol un peu trop durement.

Elle avait apprécié ces quelques minutes. Les mains douces et expertes de Jane sur sa nuque douloureuse. La chaleur de son corps derrière elle qui l’avait fait frissonner. Ce moment n’avait pas duré longtemps, mais assez pour qu’elle se rende compte que ses sentiments envers Jane avaient évolués au point de lui faire peur. Ils étaient amis depuis si longtemps qu’elle ne voulait pas le perdre pour des sentiments qui ne seraient pas partagés.

Elle ne pouvait pas laisser parler ses sentiments pour lui, leur amitié était bien trop importante pour elle. Toutes ces années à travailler ensemble, à parler, à apprendre à se connaitre. Elle ne pouvait pas perdre tout ça, même si elle l’aimait. Surtout parce qu’elle l’aimait. Il était son meilleur ami et ce devait être suffisant pour elle. Bien entendu, Lisbon savait que ce ne serait pas facile. Mais elle avait réussit à faire taire ses sentiments pendant longtemps maintenant, elle pourrait continuer.

Lisbon entra dans la cabine de douche et laissa couler l’eau chaude sur son corps fatigué. Elle ferma les yeux et savoura ce moment de détente. Entre le travail, sa relation avec Jane et les problèmes avec son frère, elle ne savait plus où donner de la tête. Elle avait vraiment besoin de vacances et elle se promit d’en prendre une fois que cette enquête serait résolue. Elle n’avait pas prit de vacances depuis longtemps et elle savait que son corps le lui faisait comprendre.

Elle n’y resta pas trop longtemps, elle avait besoin de dormir. Elle arrêta l’eau, attrapa une serviette dans laquelle elle s’enveloppa et sortit de la salle de bain pour chercher de quoi s’habiller. Elle trouva un grand T-shirt dans la commode ainsi qu’un short et elle les enfila rapidement en laissant tomber la serviette sur le sol. Une fois présentable, elle décida d’allé voir si son frère dormait toujours. Elle se doutait que ce devait être le cas, mais elle voulait quand même le voir.

Elle arriva au moment même où la porte de son appartement s’ouvrit sur un homme masqué. Instinctivement, elle porta la main à sa taille pour attraper son arme mais n’y trouva que du vide. Elle se reprit bien vite lorsqu’elle vit l’homme lever une arme vers elle.

Lisbon se jeta au sol juste devant le canapé et tira son frère avec elle. Ce dernier ouvrit les yeux pour voir ce qu’il se passait mais n’eut le temps de ne rien faire. Teresa le poussa de son mieux vers l’arrière du canapé et Daniel comprit en voyant l’homme qui venait d’être rejoint par un autre.

-“ Ils m’ont retrouvé,” souffla-t-il à sa sœur.

Teresa ne chercha pas à comprendre et continua de le pousser vers la cuisine. Il y avait une porte qui menait vers l’arrière du bâtiment. Elle voulait mettre son frère en sécurité et surtout appeler des renforts. Malheureusement pour elle, son portable était dans sa chambre, tout comme son arme. Elle ne pouvait pas prendre le risque de monter, les hommes la verraient.

Une fois devant la porte, Teresa attrapa Daniel par le bras pour attirer son attention. Il la fixa de ses yeux inquiet et emplis de peur. Il savait quelque chose sur ces types et elle l’aurait bien interrogé, mais elle n’avait pas le temps.

-“ Daniel, sors par cette porte et court chez ma voisine Mme Keating,” lui dit-elle. “ Tu lui demanderas d’appeler la police et le CBI.”

-“ Teresa, ils sont là pour moi,” murmura-t-il, conscient que sa sœur allait rester pour les retenir jusqu’à l’arrivée des renforts.

-“ Tu m’expliqueras tout ça plus tard,” le coupa-t-elle. “ Pour le moment dépêches-toi. On a pas le temps de discuter.”

Daniel fixa sa sœur un instant puis sortit aussi vite que possible. Il lança un dernier regard vers Teresa puis courut chez la voisine.

Teresa referma la porte juste à temps. L’un des hommes arriva derrière elle et la visa de son arme. Mais elle repoussa son bras d’un coup de pied, se leva et attrapa la première chose qu’elle trouva pour l’assommer avec. Pas de chance pour l’homme, elle avait attrapé une casserole et l’homme partit en arrière, se cognant la tête au sol. Malheureusement, le second arriva et la frappa dans le dos, ce qui la fit tomber sur le premier. La douleur irradia tout son corps, la paralysant l’espace d’un instant.

L’homme en profita pour l’attraper par les cheveux et la releva brusquement. Lisbon tenta de se défaire de son emprise, mais elle avait bien trop mal. Il l’entraina dans le salon et la jeta sur la table de salon. Lisbon eut juste le temps de lancer ses bras en avant pour amortir sa chute. Mais l’homme n’en avait pas finit avec elle et il lui attrapa de nouveau les cheveux, tira sa tête en arrière avant de la projeter en avant, la frappant contre la table.

Lisbon grogna de douleur mais se reprit bien vite. Si ses hommes parvenaient à prendre le dessus sur elle, ils pourraient ensuite partir après son frère et elle ne pourrait rien pour lui. Elle devait le protéger coute que coute. L’homme revint vers elle et lui envoya le pied dans le ventre, lui coupant le souffle. Elle ne parviendrait pas à se sortir de là seule. Elle serait morte avant l’arrivée de la police et il n’y aurait plus personne pour protéger Daniel. Elle ne pouvait pas laissé ça arriver.

Elle puisa en elle pour trouver la force de se défendre et se redressa, repoussant la tête en arrière et son crane frappa dans le nez de l’homme qui grogna et la relâcha. Lisbon en profita pour rouler de la table, tombant au sol et elle rampa vers la porte d’entré où se trouvait le téléphone. Elle l’attrapa et composa rapidement un numéro, par automatisme.

Mais alors qu’elle attendait que son interlocuteur réponde, elle entendit du bruit derrière elle et elle vit l’un des hommes arriver rapidement. Elle laissa tomber le téléphone et se prépara à se défendre, mais l’homme fut plus rapide qu’elle. Il lui envoya un coup de poing dans le visage, faisant partir sa tête sur le coté qui se cogna contre le meuble du téléphone. Sa dernière pensée avant de perdre connaissance fut pour Jane. Elle espéra qu’il se remette de sa disparition si elle devait mourir ce soir.



Au CBI, Jane était assit sur son canapé, le carnet entre les mains. Lisbon était partit depuis presque une heure et il était seul. Ça ne le dérangeait pas plus que ça, il aimait être seul pour réfléchir. Il y avait une page qui l’intriguait plus que les autres, des initiales qu’il avait l’impression de connaitre: DL, TL, JL, de nouveau TL et enfin AL. Il ne savait pas à qui correspondaient ces initiales mais il était certain de les connaitre.

Il chercha dans sa mémoire tout les gens qu’il connaissait, et cela faisait beaucoup de monde. Peut-être même un peu trop. Il n’y arriverait pas tout seule. Peut-être même qu’il ne connaissait pas du tout ces personnes, peut-être que ces initiales lui étaient familières, tout simplement. Il ne savait pas trop quoi penser.

Soudain, son téléphone sonna et il lâcha le carnet pour répondre. Il reconnut le nom de Cho, ce qui l’intrigua un peu. Pourquoi Cho l’appelait-il au milieu de la nuit?

-“ Un problème Cho?” Demanda Jane.

-“ C’est Lisbon,” lui répondit l’agent. “ Elle est à l’hôpital.”

-“ J’arrive tout de suite.”

Jane raccrocha, rangea le carnet dans sa poche, prit sa veste et partit en courant. Lisbon était à l’hôpital. Le ton de Cho n’était pas encourageant et Jane envisagea immédiatement le pire. Avait-elle eut un accident en rentrant chez elle? Il se souvenait de l’air fatiguée qu’elle avait lorsqu’elle était partit. Il s’en voulut alors de ne pas l’avoir raccompagné.

Alors qu’il montait dans sa voiture et prenait la direction de l’hôpital, Jane s’imagina tout un tas de scenario sur ce qui aurait put arriver à la jeune femme. La peur monta en lui à la simple idée qu’il puisse la perdre. Ça ne pouvait pas arriver, pas maintenant. Il accéléra, ne s’inquiétant pas de savoir s’il dépassait ou nom les limitations de vitesse. Tout ce qui comptait était Lisbon et rien d’autre.

Il arriva enfin en vue de l’hôpital et trouva rapidement une place. Il sortit rapidement de la voiture et se précipita dans le bâtiment. Il ne savait pas où chercher, pas où se trouvait Lisbon. Mais il vit Cho un peu plus loin, en compagnie d’un homme qu’il sembla connaitre. Ce devait être Daniel, il ressemblait tellement à Teresa. Il se dirigea donc vers eux.

-“ Où est Lisbon?” Demanda Jane en arrivant près de Cho.

-“ Je n’ai pas encore vu le médecin,” répondit l’agent. “ Il est encore en train de s’occuper d’elle.”

-“ C’est ma faute,” se lamenta le jeune homme. “ Elle est là dedans par ma faute.”

-“ C’est Daniel Lisbon, le frère du patron,” l’informa Cho. “ Il a appelé la police de chez la voisine.”

-“ En quoi est-ce votre faute?” Demanda Jane à Daniel.

-“ Ils sont venu pour moi,” répondit-il. “ Ils voulaient me faire la même chose qu’à Andrew. Tout ça c’est ma faute.”

Jane reconnut le nom que venait de citer Daniel. Andrew. Ce pouvait-il qu’il s’agisse de Andrew Parker, l’une des victimes?

-“ Andrew Parker?” Demanda Jane.

Daniel hocha la tête et Jane commença à comprendre. Daniel n’était pas venu chez sa sœur pour avoir de l’aide mais pour se cacher. Les types qui le recherchaient étaient les mêmes qu’eux-mêmes cherchaient. Ceux qui avaient tué ces familles. Et soudain, les initiales dans le carnet prirent un sens. TL pour Teresa Lisbon, Thomas Lisbon. AL pour Annie Lisbon. Et DL en haut de la liste était Daniel Lisbon. C’était après Daniel que ces hommes en avaient et c’était également pour ça que Lisbon se trouvait ici.

Jane sentit la colère monter en lui et une furieuse envie de faire payer cet homme, qu’il soit le frère de Lisbon ou non. A cause de lui elle avait été agressée et risquait peut-être de mourir. Il ne savait encore rien de son état et c’Est-ce qui le mettait en colère.
Sans plus réfléchir, Jane se jeta sur Daniel, l’attrapa par le col et le plaqua contre le mur derrière lui. Le jeune homme ne se défendit même pas, mais Cho tenta de retenir Jane.

-“ Calme-toi Jane,” tenta l’agent.

-“ Il doit payer pour ce qu’il a fait à Lisbon,” siffla Jane entre ses dents. “ C’est à cause de lui qu’elle est là, à lutter pour survivre.”

-“ Mais c’est son frère,” continua Cho. “ Lisbon ne te le pardonnera pas si tu lui fais du mal. Pense à ça.”

Jane maintint sa poigne sur l’homme qui ne s’était toujours pas défendu. Il plongea son regard dans le sien et sa colère diminua instantanément. Ces yeux. Il avait les yeux de sa meilleure amie, la même couleur, la même intensité. Sauf que dans les yeux de l’homme il y avait de la culpabilité. Il eut alors l’impression de se revoir en lui, des années plus tôt et le relâcha. Daniel glissa le long du mur pour finir au sol.

Jane recula et se passa une main sur le visage. Son inquiétude pour Lisbon lui avait fait perdre son sang froid et ça ne lui ressemblait pas, lui ressemblait plus. Il n’était plus cet homme et il ne voulait plus jamais l’être. Il posa les yeux sur Daniel dont le visage était ravagé par les larmes. Il s’en voulait d’avoir entraîné sa sœur dans cette histoire, d’être la cause de son état actuel. Il ne pouvait que le comprendre et il eut un élan de compassion pour cet homme.

Le mentaliste s’approcha doucement et s’agenouilla à coté de lui. Il posa une main sur son bras, attirant son attention. Daniel leva les yeux vers lui. Il tenta de dire quelque chose, mais Jane l’en empêcha d’un geste de la main. Il la posa ensuite sur son épaule qu’il serra doucement, lui montrant ainsi qu’il lui pardonnait, du moins en partie.

Du bruit derrière eux leur fit tourner la tête et ils virent un médecin venir vers eux. Les deux hommes se levèrent d’un même mouvement et rejoignirent Cho. Ils attendirent que le médecin s’arrête devant eux, aussi inquiet l’un que l’autre de ce qu’ils allaient apprendre. Le médecin les regarda tour à tour et leur fit signe de venir avec lui dans un endroit un peu plus calme. Les trois hommes le suivirent dans une salle d’examen.

-“ L’état de l’agent Lisbon est stable pour le moment,” commença-t-il et il vit le soulagement sur les visages des trois hommes. “ Toutefois, elle souffre de deux côtes cassées et d’un léger traumatisme crânien.”

-“ Elle va s’en remettra?” Osa demander Jane d’une voix tremblante.

-“ Avec beaucoup de repos elle s’en remettra,” leur assura l’homme. “ Mais elle ne doit pas faire le moindre effort pendant au moins un mois, le temps que ses blessures se remettent.”

-“ Ça ne sera pas facile de l’empêcher de bouger,” sourit Jane, ce qui détendit un peu l’atmosphère tendue dans la salle d’examen. “ Mais je m’assurerais qu’elle ne fasse rien.”

-“ Moi aussi,” assura Daniel et Jane fut certain que l’homme le pensait vraiment. “ C’est ma sœur et je ne veux pas qu’il lui arrive quoi que ce soit.”

-“ Nous veillerons tous sur elle,” dit alors Cho.

-“ Je n’en doute pas,” affirma le médecin, voyant en chacun des hommes des sentiments différents envers sa patiente.

-“ Quand pourrons-nous la voir?” S’enquit alors Jane, plus qu’impatient de voir Lisbon, de s’assurer de son état de ses propres yeux.

-“ En temps normal, seule la famille est autorisée à voir les patient,” répondit le médecin. “ Mais je pense que je pourrais vous laissé la voir tous les trois. Toutefois, je ne vous autorise que quelques minutes, elle a besoin de repos.”

Le médecin se leva et quitta la salle d’examen, suivit des trois hommes. Il les dirigea vers la chambre où Lisbon avait été installée pendant leur discussion puis les laissa. Il ne doutait pas qu’ils ne fatigueraient pas sa patiente. Ils semblaient tous les trois vraiment inquiet pour elle et ne vouloir que son bien.

Jane put alors la voir et son cœur se serra. Son visage était méconnaissable. Un coté était gonflé à tel point qu’on ne pouvait plus voir son œil droit. L’autre était coupé sur la joue et sa lèvre inferieure était également gonflée. Elle avait aussi des marques sur les bras, des traces de mains comme si quelqu’un lui avait attrapé le bras et l’avait serré très fort, y imprégnant sa marque. Elle avait un pansement sur le front et une petite tache de sang ressortait sur le blanc du pansement.

Daniel se précipita vers sa sœur et se laissa tomber sur la chaise à coté du lit, les larmes coulant de nouveau sur ses joues. Lisbon ouvrit les yeux et, en voyant son frère, elle souffla de soulagement. Elle tendit une main vers lui qu’il prit dans la sienne et la porta à sa joue.

-“ Je suis tellement désolé Teresa,” souffla-t-il contre la paume de sa main. “ Je ne voulais pas tout ça, je te le jure.”

-“ Tu aurais dus me le dire Daniel,” le réprimanda-t-elle gentiment, ne voulant pas rajouter à sa culpabilité. “ Je t’aurais aidé, qu’importe ce que tu as fais. Tu es mon frère, je ne laisserais rien t’arriver.”

-“ Je ne savais pas qu’il te ferait du mal,” continua le jeune homme. “ Je ne pensais pas qu’il s’en prendrait à toi parce que tu es flic.”

-“ Il faut croire que ça ne lui a pas fait peur, qu’importe qui *il* est.”

-“ Jack,” répondit Daniel. “ C’est Jack et il n’abandonnera pas tant qu’il ne m’aura pas tué, comme pour les autres.”

Lisbon tourna les yeux vers Cho et ce dernier comprit ce qu’il avait à faire.

-“ Je vais le mettre sou protection,” assura l’agent. “ Et vous aussi.”

Lisbon ne protesta pas. Elle savait qu’elle n’avait pas le choix si elle voulait rester en vie. Elle n’était pas en état de se défendre, elle le savait. Elle allait en avoir pour plusieurs semaines et elle ne pourrait même pas résoudre son affaire. Mais son équipe s’en chargerait, de ça elle n’avait aucun doute.

-“ Et pour…?” Demanda-t-elle.

-“ En cellule à l’heure qu’il est,” affirma Cho. “ Vous ne lui avez pas fait de cadeaux.”

-“ Eux non plus,” sourit Lisbon.

Cho fixa Lisbon un moment et la jeune femme crut comprendre ce qu’il y avait.

-“ Vous avez bien deux hommes en détention, n’est-ce pas?” Demanda-t-elle, mais elle connaissait la réponse.

-“ Il n’y avait qu’un homme lorsque je suis arrivé,” répondit Cho. “ L’autre à dut prendre la fuite.”

-“ Il faut le retrouver.”

-“ Nous le ferons,” assura l’asiatique.

Le silence retomba dans la chambre et finalement, au bout de quelques minutes, Cho entraina Daniel avec lui qui le suivit sans un mot après avoir embrassé sa sœur sur la main, peut-être le seul endroit où elle n’était pas blessée. Ne resta alors que Jane dans la chambre avec Lisbon.

Le mentaliste n’avait pas bougé depuis qu’il était entré, pas dit un mot. Il se contentait de fixer Lisbon avec un regard plein de haine. Elle savait que ce n’était pas dirigé vers elle, mais ça lui faisait tout de même mal. Elle n’aimait pas voir ça dans ses yeux, cette colère, cette envie de vengeance. Elle ne pouvait pas le laissé continuer sur cette voie.

-“ Jane?” Appela-t-elle. “ Viens par ici.”

Elle tendit une main vers lui, mais il ne bougea pas, comme s’il était incapable du moindre mouvement. Lisbon savait parfaitement ce qu’il avait et elle pouvait le comprendre. Il avait besoin d’un peu de temps et elle lui en laisserait. Au bout d’une minute qui lui sembla être une éternité, il fit enfin un pas vers elle, puis un autre et encore un autre. Il fut enfin assez proche pour qu’elle lui prenne la main et il la laissa l’installer sur le bord du lit.

Elle leva une main qu’elle posa sur sa joue et Jane ferma les yeux, savourant ce simple contact qui lui prouvait qu’elle était là, en vie, avec lui. Il posa une main sur la sienne puis lui embrassa la paume. Il garda le contact un peu plus longtemps que nécessaire avant d’ouvrir les yeux et de se pencher vers elle. Lisbon fut surprise lorsqu’elle sentit sa tête se poser sur son ventre, mais elle le laissa faire et lui caressa tendrement les cheveux.

Il l’entoura doucement de ses bras, ne voulant pas lui faire de mal et se laissa enfin aller à pleurer. Il se fichait que Lisbon puisse le voir, il était juste si heureux qu’elle soit en vie. Il avait eut si peur de la perdre, si peur de la trouver morte alors qu’il commençait juste à se rendre compte des sentiments qu’il avait pour elle. Il ne voulait pas qu’elle meure avant bien longtemps, il ne s’en remettrait pas sinon.

-“ Ça va aller Jane,” le rassura-t-elle. “ Je vais m’en remettre.”

-“ Mais tu as faillis mourir,” dit-il en se redressant. “ J’aurais pus te perdre ce soir et je ne m’en serais pas remis. J’ai besoin de toi dans ma vie Lisbon.”

-“ Moi aussi Jane et je te promets de faire attention de ne pas mourir avant très longtemps,” sourit-elle en lui prenant la main. “ Personne ne parviendrait à te supporter.”

Cette petite touche d’humour parvint à détendre Jane, du moins un peu et il lui rendit son sourire. Ses yeux montraient néanmoins toute la colère qu’il ressentait et Lisbon savait parfaitement qu’elle ne disparaitrait pas comme ça. Lorsque sa femme était morte, même après dix ans il était toujours habité par cette colère envers l’homme qui la lui avait enlevée. Elle espérait juste que le fait qu’elle soit toujours en vie soit assez pour que cette colère s’en aille.

Elle ne lui avait toujours pas lâché la main qu’elle continuait de caresser du bout des doigts. Elle voulait le rassurer et ses simples paroles ne suffisaient pas. Le contact de sa main par contre avait le don de le calmer. Alors elle continua jusqu’à ce qu’elle sente toute son anxiété disparaitre de son corps. Elle tira légèrement sur sa main pour l’inciter à s’assoir et, lorsqu’il fut sur le point de le faire, elle le tira vers le lit.

Jane leva un regard interrogateur vers elle, mais le fit tout de même. Une fois assit, tenant toujours la main de l’agent dans la sienne, il la lui caressa tendrement la main, comme elle l’avait fait un peu plus tôt pour lui. Il la vit fermer les yeux et sourire faiblement. Il avait bien cru ne jamais plus avoir l’occasion de voir ce sourire. Mais elle était là, devant lui et c’est tout ce qui comptait pour lui.



Lorsque Lisbon rouvrit les yeux, Jane n’était plus là, elle était seule dans la chambre. Il avait dut sortir se chercher un thé, il reviendrait bientôt. En attendant, elle devait trouver de quoi s’occuper. Mais quoi faire? Elle savait qu’elle ne pouvait pas quitter le lit et de toute façon elle avait bien trop mal pour ça. Elle regretta que Cho ne lui ait pas apporté de lecture, elle aurait put s’occuper.

La porte de la chambre s’ouvrit, mais ce ne fut pas Jane qui entra. Un infirmier d’environ quarante ans pénétra dans la pièce. Il s’approcha d’elle d’un pas décidé et Lisbon se sentit frissonner en croisant son regard. Elle avait l’impression de le connaitre, mais elle ne parvenait pas à se souvenir d’où. Ce regard glacial l’inquiéta, d’autant plus lorsqu’il sortit une seringue de sa poche et la planta dans sa perfusion.

-“ Qu’est-ce que c’est?” Demanda-t-elle alors que le produit se mélangeait au liquide qui lui était injecté dans les veines. Elle sentit sa tête tourner un peu et elle tenta de résister du mieux possible, sans succès. “ Qui êtes-vous?” Parvint-elle à demander.

L’homme ne répondit pas, mais la fixa de ce regard toujours si glacial. Et là tout lui revint. C’était l’homme de l’appartement, celui qui l’avait agressé. Elle se demanda alors pourquoi le garde devant la porte l’avait laissé entrer. Son corps se fit soudain plus lourd et il lui fut de plus en plus difficile de garder les yeux ouvert.

-“ Jane,” souffla-t-elle une dernière fois avant de perdre conscience.



Jane était resté avec Lisbon pendant bien dix minutes après qu’elle se soit endormit. Il avait profité qu’elle dorme pour l’observer. Son visage était tuméfié, son corps entier était meurtrit et il ne savait pas qui lui avait fait ça. Il avait finit par sortir de la chambre pour se dégourdir un peu les jambes. Il avait eut besoin de s’éloigner un peu.
Lorsque Cho l’avait appelé pour lui dire que Lisbon était à l’hôpital, il avait crut à un accident de voiture. Il aurait préféré que ce soit ça, même si ça aurait put être très grave. Parce que maintenant, il y avait un homme qui cherchait à la tuer et il savait exactement comment elle risquait de mourir.

Il avait vu les photos des autres victimes de ces hommes. Ces pauvres innocents avaient tellement souffert pour quelque chose qui ne les concernaient pas. Et maintenant elle. Si Daniel n’était pas revenu dans sa vie, elle ne se trouverait pas à l’hôpital en ce moment. Mais dans ce cas, le jeune homme serait peut-être mort et elle n’aurait jamais eut l’occasion de le revoir.

Il ne pouvait pas regretter, même si elle se trouvait dans ce lit en ce moment. Et d’ailleurs, en pensant à ça, il accéléra sa marche. Il se doutait que Lisbon devait s’ennuyer à mourir dans sa chambre alors il lui avait acheté un peu de lecture. Bon, ils n’avaient pas les mêmes gouts et Lisbon risquait de ne pas aimer. Mais ça irait pour le moment, ça lui laisserait le temps d’allé chez elle pour lui rapporter ce dont elle avait besoin.

Jane arriva devant la porte de la chambre, s’étonnant de l’absence du garde. Il ouvrit la porte avec quelques difficultés, sa tasse de dans une main, quelques livres dans l’autres. Il poussa la porte avec le coude et entra. Un homme portant une tenue d’infirmier était penché sur Lisbon, ce qui ne l’intrigua pas. Par contre, l’absence de mouvements provenant du lit attira son attention. L’homme se tourna vers lui et tout se passa très vite.

L’infirmier laissa tomber ce qu’il avait dans les mains, le bras de Lisbon, se précipita vers la porte et seulement là le garde arriva. Jane fut pousser contre le mur et il laissa tomber tout ce qu’il avait dans les mains, livres et tasse. Mais il ne s’occupa pas de savoir si le garde l’arrêtait ou pas et se précipita vers Lisbon. Il s’inquiéta de la pâleur de son visage et du mouvement inexistant de sa poitrine.

-“ Faites venir un médecin,” hurla-t-il. Puis il vit la seringue sur le sol et comprit. Il arracha la perfusion du bras de Lisbon et plaqua sa main sur le filet de sang qui s’échappa. “ Ouvre les yeux Lisbon,” supplia-t-il en lui caressant la joue de sa main libre.

Soudain, Jane se sentit tiré en arrière et ne résista pas lorsqu’une infirmière le poussa hors du chemin. Le médecin était déjà au dessus de Lisbon, cherchant à comprendre ce qui l’avait mit dans cet état. Tout comme Jane, il remarqua la seringue sur le sol qu’il ramassa. Il donna ensuite des ordres que Jane n’écouta même pas, toute son attention focalisée sur Lisbon.

Après ce qui lui sembla être une éternité, le médecin s’éloigna de Lisbon et se tourna vers lui, un faible sourire sur le visage. Jane regarda derrière l’homme et put constater que l’agent semblait en meilleure forme, même si sa pâleur lui faisait toujours peur. Le médecin s’approcha de lui et posa une main sur son épaule.

-“ Elle va s’en remettre,” lui dit-il. “ Mais elle va avoir besoin de rester ici plus longtemps. Je vais faire analyser le contenu de la seringue pour plus de sécurité, mais je pense que ça devrait aller.”

-“ Alors, elle ne va pas mourir?” Demanda tout de même Jane, encore inquiet.

-“ Pas tant que je serais son médecin,” certifia l’homme. “ Vous pouvez rester avec elle.”

Puis il sortit, ainsi que les infirmières et Jane s’installa sur la chaise à coté du lit de Lisbon. Il prit sa main qu’il serra doucement dans la sienne. Elle venait d’échapper deux fois à la mort dans la même nuit et c’était deux de trop pour lui. Il embrassa sa main du bout des lèvres puis se réinstalla confortablement sur la chaise où il finit par s’endormir.



Cho se trouvait au CBI avec Daniel. Le jeune homme semblait encore sous le choque de ce qui était arrivé à sa sœur. Il s’en voulait tellement et n’avait pas cessé de murmurer des ‘pardons’ durant tout le trajet en voiture. Il avait raison de demander pardon et Cho admirait beaucoup la capacité qu’avait sa patronne à pardonner ainsi. Elle avait toujours été ainsi. Jane était un bon exemple. Après tout ce qu’il avait put faire au cours des douze ans à travailler ensemble, elle lui avait toujours pardonné.

Daniel avait caché quelque chose d’assez important pour que des hommes pénètrent chez Lisbon et tentent de la tuer. Et maintenant c’était à lui de découvrir de qui il retournait. Il ne voulait pas perdre sa patronne et amie. Il travaillait avec Lisbon depuis si longtemps qu’elle était pour lui plus qu’une collègue. Avec le temps, ils étaient tous devenus comme une famille et il protégerait sa famille, même s’il devait donner sa vie.

L’agent attendit encore un peu que Daniel se calme puis se leva pour préparer un peu de café. Rigsby devait le rejoindre sous peu et ensemble ils interrogeraient le jeune homme. Il ne voulait pas que le frère de sa patronne se sente comme un criminel et il savait que s’il l’interrogeait seul, l’homme ne se sentirait pas à l’aise. Il avait cet effet sur beaucoup de gens et dans son travail, cela l’aidait beaucoup. Mais dans ce cas, cela serait un obstacle et il avait besoin de l’entière coopération du jeune homme.

Il revint avec deux tasses fumantes et Daniel se leva pour l’aider. Ils s’installèrent ensuite sur le canapé de Jane, du moins Daniel car Cho prit place à son bureau en attendant Rigsby. Mais le jeune Lisbon semblait être impatient.

-“ Je dois tout vous dire maintenant,” dit-il à Cho. “ Je dois le faire maintenant avant que Jack tente de s’en prendre encore à Teresa.”

-“ Vous ne voulez pas attendre mon collègue?” S’enquit Cho. “ On perdrait moins de temps si je n’ai pas à tout lui répéter.”

-“ Je sais, mais Jack est un homme dangereux et il pourrait tenter quelque chose contre Teresa si on attend votre collègue,” s’obstina Daniel.

-“ Très bien,” accepta Cho. “ Venez dans le bureau de votre sœur, nous serons plus tranquille.”

Il n’y avait presque personne à cette heure de la nuit, seuls quelques agents de gardes, le gardien et la personne chargé du ménage. Cho et son équipe n’avaient jamais eut la malchance de devoir travailler en garde de nuit. Mais sait-on jamais, la chance pouvait tourner, surtout avec les bêtises de Jane, même s’il en faisait moins.

Une fois la porte fermé, Cho prit place sur une chaise et Daniel sur le canapé de sa sœur. Il détailla la pièce, s’imprégnant de cet endroit qui lui faisait tant penser à Teresa. Il vit sur le bureau un cadre et se leva pour regarder la photo. Il sourit. Il s’agissait du chien que leur avait offert une tante après la mort de leur père. Ils l’avaient gardé aussi longtemps que possible. Malheureusement, l’animal s’était sauvé un jour et n’était jamais rentré.

Il reposa le cadre et aperçu une autre photo qui attira son regard. Cette fois, il s’agissait de sa sœur et de son collègue qu’il avait rencontré à l’hôpital. Patrick Jane, s’il se souvenait bien. Il ne savait rien de l’homme et ne pouvait s’en prendre qu’à lui. Il n’avait jamais vraiment fait partie de la vie de sa sœur et par conséquent, il ne se doutait pas qu’un homme tenait tant à elle.

Il avait vu ce soir à l’hôpital que cet homme dont il ne savait rien tenait vraiment à Teresa. Il n’avait rencontré qui que ce soit qui aime autant sa sœur, en dehors de la famille bien entendu. Il avait vu la colère de cet homme, l’avait ressentit et cela le fit encore plus culpabiliser. Il devait absolument tout dire à l’agent Cho, tout faire pour que Jack ne puisse plus jamais s’en prendre à qui que ce soit, en particulier sa sœur.

-“ J’ai fais des erreurs dans ma vie,” commença Daniel. “ J’ai rencontré les mauvaises personnes à une mauvaise période de ma vie. Jack.”

-“ Qui est-ce Jack?” Demanda Cho en prenant des notes.

-“ Un homme dangereux,” répondit Daniel en revenant s‘installer sur le canapé, la tête basse. “ J’avais des problèmes d’alcool et de jeu. J’avais vraiment besoin de gagner de l’argent et Jack est arrivé. Il m’a proposé un travail que j’ai accepté. Ce n’était pas grand-chose au début, je devais juste intimider des gens qui lui devaient de l’argents.”

-“ Mais?”

-“ Mais un jour tout à basculer. J’étais avec Andrew Parker ce soir là et nous étions allés voir un type qui devait de l’argent à Jack. Tout s’est bien passé jusqu’à ce qu’on retourne au bar de Jack. Il était là avec ses hommes de mains et un autre type que je n’avais jamais vu.”

-“ Que s’est-il passé?” Insista Cho.

-“ Un des hommes de main de Jack frappait ce type, mais je ne sais pas pour quelle raison et je n’ai pas cherché à savoir. L’homme ne voulait pas parler et Jack a perdu patience. Il l’a fait abattre juste devant moi.”

-“ Et ensuite?”

-“ Ensuite, j’ai eu peur,” avoua Daniel. “ Andrew voulait aller voir la police, mais j’ai eu peur de ce qui pourrait m’arriver. Je ne voulais pas allé en prison. Alors j’ai fuis.”

-“ Il y avait d’autres personnes qu’Andrew et vous?” Demanda Cho.

-“ Nous étions nombreux à travailler pour Jack,” répondit-il. “ Beaucoup à avoir peur de lui. Personne ne voulait prendre le risque d’allé voir la police, sauf Andrew. Nous savions qu’il avait une liste avec nos noms et j’ai appris trop tard qu’il avait aussi fait des recherches sur nos familles. Je suis allé voir mes frères. Mais aucun n’a voulut m’aider.”

-“ Alors vous êtes venu ici,” finit Cho pour lui.

-“ Oui, je suis venu ici,” Daniel laissa des larmes couler sur ses joues. “ Je ne voulais pas qu’il arrive quoi que ce soit à Teresa, mais je pensais que Jack n’oserait pas s’en prendre à elle.”

-“ Ce Jack n’a pas peur de s’en prendre à des flics,” dit Cho.

-“ Comment le savez-vous?”

-“ Nous avons trouvé un corps dans la journée qui s’avère être celui d’un flic en immersion. Je ne sais pas encore quelle mission il avait, mais il à été tué par les hommes de Jack.”

-“ Qu’est-ce qui vous fait dire ça?”

-“ Je ne peux rien vous dire sur une enquête en cours,” dit Cho pour couper court aux questions de Daniel. “ Tout ce que vous avez besoin de savoir c’est qu’il n’hésitera pas à s’en prendre encore à votre sœur pour vous avoir et que je dois vous mettre sous protection.”

-“ Vous protégerez aussi ma sœur n’est-ce pas?” S’inquiéta Daniel. “ Je ne veux pas qu’elle meurt à cause de moi.”

-“ Un agent se trouve déjà devant la porte de sa chambre,” assura Cho. “ Il ne lui arrivera rien.”

Des coups se firent entendre à la porte du bureau et Rigsby entra.

-“ Comment va le patron?” Demanda-t-il aussitôt.

-“ Elle va s’en remettre,” répondit l’asiatique. “ Je veux que tu veille sur son frère, Daniel. Il est lié à notre affaire.”

-“ Très bien,” acquiesça le brun. “ Jane est avec Lisbon?”

-“ Personne ne pourra le faire quitter sa chambre s’il en a décidé ainsi,” fut tout ce que dit Cho avant de se lever. “ Je compte sur toi Rigsby.”

Puis, l’agent quitta la pièce en laissant Rigsby avec Daniel. Il avait encore beaucoup de choses à faire et pas de temps à perdre.



Jack jeta une chaise contre le mur en face de lui qui se cassa en plusieurs morceaux. Lorsqu’il était en colère, rien ni personne ne pouvait l’arrêter. Et il était en colère, vraiment en colère et ses hommes savaient parfaitement pourquoi. Ils venaient de perdre deux hommes à cause de Daniel Lisbon et de sa sœur Teresa. Jamais encore une femme n’avait eut autant d’effet sur Jack et ce n’était pas bon.

L’homme jeta encore deux chaises avant de se tourner vers ses hommes qui attendaient patiemment qu’il se calme. Il en fixa un qui avala sa salive avec difficultés. Sans un mot, Jack lui remit une enveloppe et l’homme sortit de la pièce. Les autres attendirent de savoir ce qu’ils avaient à faire.

-“ Je veux cette femme,” rugit-il. “ Elle doit mourir pour ce qu’elle a fait.”

-“ Nous l’aurons,” certifia Charlie.

-“ Je l’aurais moi-même,” précisa Jack. “ Je vais me rendre en Californie et je la tuerais moi-même. Charlie, tu viens avec moi.”

Charlie hocha la tête et suivit Jack qui sortit de la pièce. Les autres savaient ce qu’ils devaient faire, inutile de leur donner d’ordres. Mais alors que les deux hommes marchaient dans le couloir, quelque chose intrigua Charlie qui arrêta Jack d’une main sur l’épaule.

-“ Qu’as-tu demandé à Alan?”

-“ Il va s’occuper du reste de la petite famille Lisbon,” sourit Jack, machiavélique. “ Nous allons les réunir pour mieux les détruire. Mais avant, Daniel va me rendre ce qu’il m’a prit.”

Charlie sentit des frissons lui parcourir le corps à l’idée de ce que prévoyait de faire Jack. Il avait vu comment avaient finit ceux qui ne le suivaient pas, il se doutait donc de ce qui allait arriver au reste de la famille Lisbon. Il savait qu’il était leur dernière chance, que lui seul pouvait les aider. Même si pour cela il devait anéantir des années de travail.

Il avait entendu parler de l’agent Teresa Lisbon du CBI. Il savait ce qu’elle et son équipe avaient fait pour l’état de Californie, il savait qu’ils avaient mit un terme à la menace qu’était John Le Rouge, le tueur le plus recherché de toute la Californie. Il ne pouvait pas laisser Jack la tuer elle et sa famille. Il devait faire quelque chose avant qu’il ne soit trop tard.

Mais il devait être discret, il ne devait pas se faire prendre avant d’avoir put informer ses supérieurs. C’était très risqué, mais c’était la seule solution.

Jane n’avait pas quitté le chevet de Lisbon de toute la nuit. Il avait eut si peur de la perdre, si peur d’arriver trop tard. Elle était toujours en vie, même si elle n’avait pas encore ouvert les yeux. Bien que le médecin lui ait assuré qu’elle s’en sortirait, il n’y croirait que lorsqu’il verrait ses beaux yeux émeraude. Cela lui manquait plus qu’il ne le croyait possible, plus qu’il ne l’avait imaginé.
Teresa Lisbon était plus pour lui qu’une simple amie et collègue. Il avait fallut qu’elle risque sa vie pour qu’il s’en rende compte, par deux fois. Pourquoi fallait-il toujours en arriver à de telles extrémités pour qu’il se rende compte de l’importance qu’avaient les gens pour lui ?

Il avait eut une famille, une femme et une fille. Il les aimait, de tout son cœur et il pensait qu’il vivrait avec elles pour toujours. Mais voilà, quelqu’un les lui avait enlevé, les lui avait arraché. Et c’est là qu’il s’était rendu compte de l’importance qu’elles avaient dans sa vie et du vide qu’elles avaient laissé en partant. Il culpabilisait tous les jours, après tout, il était responsable de leur mort.
Il avait mit des années, mais il avait enfin comprit qu’il n’était pas responsable de cette horreur. L’homme qui lui avait prit sa famille, ce monstre, avait décidé de les tuer avant même qu’il ait parlé à la télévision. C’est grâce à Lisbon qu’il avait comprit, grâce à elle qu’il avait cessé de culpabiliser et avait recommencé à vivre.

Mais aujourd’hui, elle était là, allongée dans ce lit, plus pâle qu’il ne l’avait jamais vue. Sa main était chaude, ce qui le rassurait quand même un peu. Sa peau était douce et il aimait à y passer ses doigts. Sur sa joue, sur sa main ou son bras. Il savait qu’il ne devrait pas, qu’elle n’apprécierait pas qu’il prenne cette liberté. Mais il tenait tellement à elle et il avait si peur qu’elle ne se réveille pas.

Il ne savait toujours pas ce que l’homme lui avait injecté et il ne s’en souciait pas vraiment. Le médecin ne lui dirait rien de toute façon, il n’était pas de la famille. Il avait néanmoins obtenu l’autorisation de rester dans la chambre avec elle. Même s’il ne l’avait pas obtenu, il serait resté de toute façon. Il refusait de la laisser seule. Il avait besoin d’être avec elle, pour s’assurer qu’elle reste en vie.

Jane ne faisait plus confiance à personne en ce qui concernait la sécurité de Lisbon. Seul Cho méritait sa confiance. Même s’il confierait sa vie à Rigsby, il n’en ferait pas autant pour celle de Lisbon. Il voulait le meilleur pour elle et Cho était le meilleur. Mais l’homme était occupé avec le frère de Lisbon qui lui-même avait besoin de protection.

Il voulait pouvoir reprocher la situation à Daniel, après tout, ceux qui en avaient après le jeune homme étaient ceux qui s’en étaient prit à Lisbon. Il avait fait les mauvais choix, tout comme lui dans le passé. Il méritait une seconde chance, tout le monde méritait une seconde chance. Il ne pouvait donc pas lui reprocher quoi que ce soit, même s’il le voulait.

Jane sentit soudain un mouvement sous sa main et il baissa les yeux pour voir les doigts de Lisbon trembler sous les siens. Il s’approcha doucement, scruta son visage et sourit lorsqu’il vit ses paupières trembler légèrement. Elle était en train de se réveiller, rien ne pouvait lui faire plus plaisir. Il serra sa main tendrement dans la sienne jusqu’à ce qu’elle ouvre complètement les yeux. Elle les referma aussitôt, la lumière trop forte pour elle. Puis, elle tenta d nouveau et il put enfin voir ses magnifiques yeux verts. Elle grimaça un peu lorsqu’elle tourna la tête vers lui et se figea.

Jane put alors voir de la surprise dans son regard, ainsi que de la peur. Il n’avait jamais vu une telle chose dans ses yeux et il s’inquiéta. Il leva sa main libre pour la poser sur son bras, mais l’agent s’écarta brusquement, retirant ainsi sa main de son emprise. Bien que blessé de cette réaction, Jane comprit ce qu’il se passait. Alors, pour éviter d’autres réactions de ce genre, il se leva et quitta la chambre.

Avant de s’éloigner dans le couloir, il s’assura que l’agent en faction était bien là cette fois. Il ne savait toujours pas où il était partit lors de l’attaque, mais il le questionnerait plus tard. Pour le moment, il était urgent qu’il voit le médecin de Lisbon. Il pensait savoir de quoi souffrait son amie, bien qu’il espère que ce ne soit pas ça.
Il trouva une infirmière qui lui demanda d’attendre pendant qu’elle appelait le médecin. Alors il attendit. Il savait que l’homme était occupé, que Lisbon n’était pas sa seule patiente. Mais pour le moment, elle avait vraiment besoin de lui.

Il n’eut pas à attendre bien longtemps avant que l’homme arrive. Il avait le nez plongé dans un dossier et releva la tête en arrivant devant le mentaliste. Jane lui expliqua brièvement la situation et l‘homme hocha la tête. Il s’éloigna ensuite vers la chambre de Lisbon, suivit de Jane. Il salua l’agent en faction qui hocha la tête et entra dans la chambre.
En le voyant, Lisbon se tendit avant de se détendre. Mais lorsque ses yeux se posèrent sur Jane, elle se tendit de nouveau. Il ne voulait pas la mettre mal à l’aise, il savait qu’il devrait sortir. Mais il avait besoin de savoir, alors il resta. Toutefois, il s’installa près de la porte, lui assurant ainsi qu’au moindre mot de sa part ou de celle du médecin, il sortirait.

-“ Comment vous sentez-vous ?” Demanda le médecin, n’utilisant pas son prénom délibérément.

-“ J’ai mal un peu partout” répondit-elle d’une petite voix, toujours méfiante. “ Mais j’ai peur” avoua-t-elle.

-“ Qu’est-ce qui vous fait peur ?” S’enquit l’homme.

-“ Je… Je ne sais pas qui je suis” souffla-t-elle, le menton tremblant de sanglots qu’elle retint bravement. “ Et je ne sais pas qui est cet homme” dit-elle en indiquant Jane du regard. “ Je suis désolée, je vois bien que je vous fais de la peine. Mais je ne sais vraiment pas qui vous êtes.”

-“ Je ne te reproche rien” assura Jane. “ Docteur, comment se fait-il qu’elle ne se souvienne de rien ?”

-“ Je pense que c’est du à un traumatisme” répondit le médecin.

-“ Quel traumatisme ?” Demanda-t-elle.

Le médecin hésita à répondre, mais il savait qu’elle finirait par le comprendre. Elle n’était pas arrivée dans ce lit pour rien et son instinct de flic la pousserait à poser des questions, même si elle ne se souvenait pas d’être flic.

-“ Tout d’abord, votre nom est Teresa Lisbon” commença-t-il. “ Vous avez été attaquée chez vous la nuit dernière par des hommes qui sont actuellement en détention. Vous ne craigniez donc plus rien venant d’eux.”

-“ Mais il y en a d’autres, n’est-ce pas ?” S’enquit-elle.

-“ Je ne peux vous répondre là-dessus” s’excusa-t-il. “ Vous souffrez de deux côtes cassées et d’un léger traumatisme crânien. Rien de bien méchant mais vous avez besoin de beaucoup de repos.”

-“ Est-ce que… J’ai de la famille ?” Voulut-elle savoir.

-“ Vous avez trois frères” répondit le médecin. “ Vous n’avez ni mari ni petit ami j’en ai bien peur. Du moins rien ne l’indique dans votre dossier. Mais l’homme qui est là,” indiqua-t-il Jane. “ Est votre contact d’urgence, ainsi que votre meilleur ami, si j’ai bien compris.”

-“ Je suis Patrick Jane et nous travaillons ensemble depuis plus de douze ans” expliqua alors Jane et, devant le regard curieux de Lisbon, il continua. “ Tu es agent du CBI et je suis consultant.”

-“ Alors, si nous sommes amis, pourquoi j’ai eu peur en me réveillant ?”

-“ Je pense que c’est à cause de ta seconde attaque” répondit-il. “ Je suis le dernier visage que tu as vu avant de perdre connaissance.”

Lisbon assimila tout ce qu’elle venait d’apprendre. Alors elle était agent du CBI, n’avait pas de vie personnelle. Mais elle avait un ami sur lequel elle pouvait compter, de ça elle n’avait pas de doute. Patrick Jane. Ce nom lui semblait familier, mais pour le moment rien ne lui venait. Elle finirait par se souvenir, à un moment ou à un autre.

Elle posa les yeux sur Jane pour le voir la fixer avec insistance. Elle pouvait voir dans ses yeux qu’il était à la fois heureux et triste. Elle ressentait d’étranges sensations en le regardant, comme des sentiments forts pour cet homme qu’elle ne connaissait pas. Enfin si, elle le connaissait, dans une autre vie. Et elle avait bien l’intention de retrouver cette vie.

Le médecin s’excusa avant de sortir de la chambre pour aller s’occuper d’autres patients, laissant Jane et Lisbon seuls. Le blond n’osa pas avancer dans la pièce, encore inquiet de ce que sa présence ferait à Lisbon. Il avait envie d’être près d’elle, de lui prendre la main. Il avait également envie de retrouver cette complicité qui s’était installée entre eux ces dernières années. Il voulait retrouver sa meilleure amie.

-“ Mr Jane, vous pouvez vous approcher si vous voulez” dit-elle au bout d’un moment, voyant bien l’envie mais aussi l’hésitation de l’homme.

-“ Tu es certaine que ça ne te dérange pas ?” S’enquit-il tout de même.

-“ Pas du tout” le rassura-t-elle. “ De plus, je voudrais en apprendre plus sur moi et ma vie. Si ce que vous dites est vrai, vous êtes mon meilleur ami, vous devez donc bien me connaître et pourrez m’aider à me souvenir.”

-“ Je ne pense pas qu’il soit prudent de forcer les souvenirs” dit-il en s’approchant, s’installant sur la chaise à côté du lit. “ Je pense qu’il vaut mieux laisser les souvenirs revenir d’eux-mêmes.”

-“ Je suis d’accord avec vous. Mais j’ai vraiment besoin d’en savoir plus” insista-t-elle. “ J’ai le sentiment que ces deux attaques ne seront pas les dernières.”

Elle vit Jane se crisper à ses mots et les regretta immédiatement.

-“ Je ne voulais pas vous faire peur, mais c’est-ce que me dit mon instinct.”

-“ J’y avais déjà pensé pour être honnête” avoua Jane. “ Et c’est ça qui me fait peur. Je n’ai pas envie de te perdre Lisbon, pas comme…”

Mais il s’arrêta. Il ne pouvait pas trop en dévoiler, elle n’avait pas besoin de savoir ça. Ce n’était pas sa vie. Mais Lisbon semblait penser autrement.

-“ Pas comme quoi ?” Lui demanda-t-elle en lui prenant la main, ce qui les surprit tous les deux.

Elle allait retirer sa main lorsque Jane posa la sienne par-dessus, l’empêchant de s’éloigner. Elle leva les yeux vers lui et des flashs passèrent devant ses yeux.

Lisbon était assise dans un tas de sable, ses cheveux bougeant au rythme du vent, les yeux sur Jane. Il était allongé au pied de ce tas de sable, les vêtements en désordre, les cheveux ébouriffés. Il se tenait les côtes.

-“ Est-ce que ça va ?” Lui demanda-t-elle.

-“ Mieux que jamais” répondit-il en faisant glisser sa main le long de son bras jusqu’à envelopper sa petite main dans la sienne plus grande.

Il lui serra doucement la main et elle le laissa faire, savourant ce simple contact.

Lisbon sortit de ses pensées et ses yeux se levèrent pour croiser le regard de Jane qui semblait inquiet.

-“ Ça va” le rassura-t-elle. “ Juste un flash.”

-“ Qu’est-ce que tu as vu ?” Demanda-t-il en lui servant un verre d’eau.

-“ Vous et moi, dans le désert” répondit-elle en prenant le verre qu’il lui tendait. “ Vous me preniez la main.”

-“ C’était il y a quatre ans, après une intervention ratée” expliqua-t-il.

-“ Nous voulions arrêter un tueur en série” continua-t-elle. “ Mais il s’est échappé.”

-“ Comme toujours.”

-“ Non, pas toujours. Nous avons fini par l’avoir.”

Jane se redressa soudain, les yeux écarquillés.

-“ Tu te souviens?”

-“ Pas de tout” répondit-elle avec un faible sourire. “ J’ai des flash, des images de vous et moi. Je ne me souviens pas de grand-chose, mais je sais que cet homme vous a fait du mal, beaucoup de mal. Vous vouliez le trouver et vous venger.”

Jane baissa les yeux.

-“ Mais c’est fini maintenant” lui dit-elle en relevant son visage. “ Il n’est plus là et nous sommes tous les deux en vie.”

-“ Oui” confirma-t-il en prenant sa main, et elle le laissa faire. “ Nous sommes en vie et ensemble. C’est tout ce qui compte pour moi. Et je ferai tout pour que tu restes en vie.”

Ils se sourirent avant que Lisbon ne se réinstalle dans le lit.

-“ Tu es fatiguée, je vais te laisser dormir.”

-“ Reste” dit-elle, se redressant soudainement, grimaçant de douleur. Jane se précipita vers elle, le regard inquiet. “ Ne me laisse pas seule.”

-“ Je ne pars pas” assura-t-il en passant une main dans ses cheveux. “ Je resterai avec toi aussi longtemps que tu me laisseras faire.”

Lisbon hocha la tête, heureuse de ne pas se retrouver seule. Même si elle ne se souvenait pas encore de qui il était, elle ne voulait pas qu’il parte. Il émanait de lui quelque chose qui la mettait en confiance, qui la faisait se sentir en sécurité. Et ses yeux. Elle y voyait tout l’attachement qu’il avait pour elle. Comme elle aurait voulut pouvoir se souvenir de lui, pouvoir lui rendre ce regard et le voir sourire.

Pour le moment elle ne le pouvait pas, mais bientôt. Peut-être qu’en dormant, tous ses souvenirs reviendraient et là, elle saurait enfin ce qu’il y avait entre eux. Elle était certaine qu’il y avait quelque chose qu’il ne lui disait pas, une chose qu’il préférait garder pour lui. Peut-être voulait-il attendre qu’elle se souvienne seule de cette chose. Cela devait donc avoir beaucoup d’importance.

Elle ferma les yeux, mais pas avant de s’être assurée qu’il soit bien installé sur la chaise et qu’il lui ait prit la main. Ainsi, même durant son sommeil, elle saurait qu’il était là, qu’il ne la laissait pas. Mais de toute façon, il ne partirait pas. Son regard le lui avait fait comprendre. C’est donc avec un sourire sur les lèvres qu’elle se laissa envahir par le sommeil, en espérant que tous ses souvenirs reviendraient.


 


Cho avait fait placer Daniel sous la protection de Rigsby. Il savait qu’il pouvait faire confiance à son collègue, que rien n’arriverait au frère de sa patronne. Depuis que les deux hommes étaient partis, il s’était mis au travail et avait fait des recherches sur ce fameux Jack. Il voulait savoir qui était ce type et à quoi il devait s’attendre. Et il avait apprit pas mal de choses qui faisaient froid dans le dos.

Jack n’avait pas de nom de famille, juste un prénom, du moins c’est ce que Cho avait trouvé dans les dossiers de la police de Chicago. Il était bien plus dangereux que ce que lui en avait dit Daniel, bien plus dangereux. Il était responsable de beaucoup de morts, même si la police n’avait jamais été en mesure de le prouver. Il avait beaucoup de gens travaillant pour lui, dans divers endroits, comme des casinos, des bars, des salles de sports. Il vivait dans la diversité et s’en sortait très bien financièrement.

L’agent passa en revue les différents rapports d’autopsie des victimes imputées à l’homme. Il avait vu bien des horreurs dans sa vie, mais là c’était bien pire. La victime dans leur affaire en cours avait été torturée, tout comme les autres que ses collègues avaient trouvé. Mais certaines des victimes de Jack avait subit bien pire que ce que les autres avaient subit.

Il devait absolument le retrouver avant qu’il ne décide d’envoyer quelqu’un d’autre finir le travail. Il se doutait que l’homme n’en resterait pas là, qu’il ne laisserait pas l’une de ses victimes survivre. Il s’agissait de Teresa Lisbon, sa patronne, son amie. Il ne pouvait pas ne rien faire, il devait la protéger, même s’il devait risquer sa vie pour ça. Elle avait tant fait pour lui par le passé. Elle lui avait donné sa confiance malgré ses erreurs, elle lui avait donné une chance quand personne d’autre ne voulait de lui.

C’était à lui maintenant de faire quelque chose pour elle, pour Daniel et pour Jane. Il savait que s’il arrivait quelque chose à Lisbon, son ami ne s’en remettrait pas. Il avait déjà tant perdu dans sa vie, sa femme, sa fille. Tous le monde savait qu’il tenait à Lisbon plus qu’à n’importe qui d’autre, qu’elle était tout pour lui. Pour tous, ils étaient les meilleurs amis. Mais pour lui, ils étaient plus que ça, même s’ils n’osaient pas se l’avouer.

Cho rangea les papiers contenant les informations qu’il venait d’acquérir dans un dossier, éteignit son ordinateur et prit ses affaires pour rentrer chez lui. Il ne serait utile à personne s’il ne dormait pas un peu. Mais alors qu’il s’apprêtait à rejoindre les ascenseurs, son téléphone sonna. Il décrocha, se disant que ce devait être important pour qu’on l’appel à cette heure.

-“ Agent Cho” dit-il en répondant.

-“ Agent Cho? Je suis l’officier Nicols de la police de Chicago,” se présenta son interlocuteur. “ Je vous appelle pour vous prévenir d’un contrat qui a été mis sur la tête de l’agent Teresa Lisbon.”

-“ Qui l’a fait ?” Demanda Cho.

-“ Jack, inutile de vous préciser de qui il s’agit.”

-“ Elle est déjà sous protection” précisa Cho.

-“ Peut-être bien, mais il faut que vous sachiez qu’il est en route lui-même pour régler cette affaire” ajouta Nicols. “ Elle doit être quelqu’un d’important pour qu’il fasse le déplacement.”

-“ Comment savez-vous tout ça ?” Questionna Cho, suspicieux.

-“ J’ai un homme en infiltration depuis plusieurs mois dans le groupe de Jack” expliqua-t-il. “ Il a réussi à devenir son bras droit et il fera de son mieux pour contrer les plans de Jack. Mais il ne peut pas prendre de trop gros risques.”

-“ Je m’en doute. Merci pour l’information, je vais faire ce qu’il faut.”

-“ Soyez prudent agent Cho et tenez-moi au courant.”

-“ Ce sera fait.”

Puis, Cho raccrocha. Ça changeait beaucoup de choses. Si Jack venait lui-même, il serait certainement accompagné de ses hommes. Il allait falloir renforcer la protection autour de Lisbon et de son frère, rien ne devait leur arriver. Il sortit son portable et composa le numéro de Rigsby, qui répondit immédiatement.

-“ Un problème Cho ?” S’inquiéta Rigsby.

-“ Jack est en route, avec ses hommes pour finir le travail” expliqua rapidement l’agent. “ Il faut renforcer la sécurité de Daniel. Trouve des hommes pour le surveiller et rejoins moi à l’hôpital.”

-“ Je m’en occupe tout de suite” assura-t-il.

Cho rangea son téléphone. Il partit vers le parking, il n’avait pas de temps à perdre. Lisbon risquait encore sa vie, tout comme Jane qui refusait de la quitter. Si quelqu’un s’en prenait encore à elle, il n’hésiterait pas à intervenir, tout comme plus tôt dans la nuit.
L’agent en charge de la protection de Lisbon avait appelé pour l’informer de l’attaque, expliquant que c’était Jane qui était intervenu. Il avait également expliqué pourquoi il n’était pas à son poste et s’était excusé, mais ça n’avait rien changé. Cho avait quand même décidé de le laisser à son poste, jusqu’à ce qu’il arrive lui-même et se charge du reste. Mais il avait envoyé un second homme qui était chargé de surveiller les cameras afin d’éviter ce genre d’incidents. Ce n’était pas grand-chose, mais c’est le mieux qu’il pouvait faire pour le moment.

Il ne pouvait pas mettre trop de monde au courant de cette affaire, ce serait prendre de trop gros risques. Pour que quelqu’un ait put pénétrer la chambre de Lisbon aussi facilement, et surtout, pour l’avoir trouvé. Jack devait certainement avoir des hommes à lui infiltrés dans la police, sans quoi il aurait été arrêté depuis longtemps.
En attendant, moins de monde serait au courant, le mieux ce serait.

De plus, suite à sa seconde agression, Lisbon avait perdu la mémoire, ce qui risquait de poser des problèmes. Jane lui avait brièvement expliqué au téléphone qu’elle avait eut peur de lui à son réveil, même si par la suite, elle s’était un peu calmée. Elle allait certainement se méfier de tout le monde et il n’avait pas le temps de tout lui expliquer afin qu’elle soit coopérative. Il espérait juste que la mémoire lui reviendrait rapidement.


   


Lisbon était réveillée depuis plusieurs minutes déjà. Elle observait Jane dormir sur la chaise, sa main tenant toujours la sienne. Il avait peur, elle pouvait le voir à son visage. Il semblait inquiet, même dans son sommeil. Cette expression, elle l’avait déjà vu avant, lorsqu’ils poursuivaient John Le Rouge. A chaque fois, elle s’inquiétait pour lui. Lorsque le tueur était mort, elle avait cru ne plus jamais la revoir. Et aujourd’hui, elle était de retour, à cause d’elle.

D’un autre côté, c’est cette expression qui avait fait revenir tous ses souvenirs. De le voir ainsi, son inquiétude et sa peur pour elle lui avait rappelé son inquiétude et sa peur pour lui, ces sentiments qu’elle avait ressenti pendant des années. Ainsi qu’un autre qu’elle avait depuis si longtemps qu’elle ne se rappelait pas une époque où elle ne l’avait pas. Un sentiment si fort, si profond.

Pendant des années, elle avait attendu le bon moment, celui où elle lui avouerait ce qu’elle ressentait pour lui. Mais il n’était jamais arrivé, jusqu’à aujourd’hui. Elle avait failli mourir, deux fois, en l’espace d’une nuit. Ça faisait partie de sa vie, étant agent du CBI. Avant, cela ne l’aurait pas autant touché. Mais aujourd’hui, maintenant que Jane était libre, elle ne pouvait plus se taire.

Lisbon savait que Jane ressentait quelque chose pour elle, les mêmes sentiments. Il avait peur, tout simplement, comme elle. Ils avaient passé tellement de temps à prétendre qu’il n’y avait rien, qu’ils n’étaient que des amis. Ils l’étaient, elle n’avait aucun doute là-dessus, Jane était son meilleur ami, celui sur qui elle pouvait toujours compter. Mais aujourd’hui, elle voulait plus. Elle ne voulait pas prendre le risque de mourir sans lui avoir dit ce qu’elle ressentait pour lui.

Perdue dans ses pensées, elle ne remarqua pas que l’homme venait d’ouvrir les yeux et qu’il la fixait avec attention. Il bougea légèrement, attirant son attention. Elle posa les yeux sur lui et sourit d’un sourire lumineux. Jane le lui rendit et se redressa sur sa chaise.

-“ Bonjour Lisbon” la salua-t-il. “ Tu as bien dormi ?”

-“ Très bien et j’ai une bonne nouvelle” répondit-elle.

-“ Tu veux dire…”

Lisbon hocha la tête et, sous l’effet de sa joie, Jane se redressa soudainement, lui attrapa le visage et l’embrassa sur les lèvres. Bien que surprise, Lisbon répondit à ce baiser qu’elle avait attendu si longtemps. Elle y mit tout son cœur, lui entourant la nuque de ses bras et le serrant plus près d’elle encore. Elle sentit les mains de l’homme glisser de ses joues à ses épaules puis ses hanches. Il lui entoura la taille et gémit contre ses lèvres. Ce baiser, il l’avait attendu tous les deux, pendant des années et maintenant, ils le savouraient.

Finalement, après ce qui leur sembla une éternité, ils se séparèrent. Jane posa son front contre celui de Lisbon et elle posa une main sur sa joue, la caressant tendrement. Elle avait un sourire lumineux sur le visage, un de ceux que Jane aimait tant. Ils souriaient tous les deux, comme des adolescents. Plus rien d’autre n’existait si ce n’est eux à cet instant et ils n’entendirent pas la porte de la chambre s’ouvrir et un homme entrer.

-“ Je dérange peut-être” retentit la voix de Cho, les faisant sursauter tous les deux.

Jane se tourna vers son collègue, s’écartant doucement de Lisbon. Mais cette dernière garda une de ses mains dans la sienne. Il la regarda avec des yeux interrogateurs et elle lui sourit, ce qui le détendit.

-“ Oui tu déranges” répondit-il enfin. “ Nous étions en pleine conversation.”

-“ J’ai cru voir. Et vous semblez avoir retrouvé la mémoire patron” remarqua l’agent et Lisbon hocha la tête. “ Bon, j’ai de mauvaises nouvelles.”

-“ Que se passe-t-il ?” Demanda Lisbon, et elle sentit Jane se tendre à côté d’elle.

-“ L’homme qui veut vous tuer, Jack, est en route pour Sacramento pour finir lui-même le travail, à savoir vous tuer.”

-“ Comment tu sais tout ça ?” S’enquit Jane, une fois sa peur sous contrôle.

-“ Un flic de Chicago m’a appelé pour m’informer des plans de Jack” expliqua Cho. “ Il a un homme en infiltration dans le groupe de Jack.”

-“ Quel est le nom de ce flic ?” Demanda Lisbon, suspicieuse.

-“ Nicols.”

-“ Brad Nicols ? Je le connais, c’est lui qui m’a donné envie de devenir flic” affirma-t-elle. “ On peut lui faire confiance.”

-“ J’ai fait renforcer la sécurité de votre frère et Rigsby va nous rejoindre sous peu. Nous devons mettre un plan en place. Mais avant, nous devons vous transférer dans un endroit sûr.”

-“ Il est hors de question que je me cache” protesta Lisbon.

-“ Tu vas te cacher” intervint Jane d’une voix sèche, ce qui surprit à la fois Lisbon et Cho. “ Je refuse de te perdre parce que tu auras voulu jouer au héros.”

-“ Jane...” tenta Lisbon.

-“ Non Teresa !” la coupa-t-il. “ J’ai faillis te perdre deux fois en une seule nuit. J’ai cru devoir de nouveau faire le deuil d’une femme que j’aime. Je ne veux plus revivre ça, alors tu vas faire ce que te dis Cho. Tu vas te cacher avec ton frère et nous laisser faire notre travail.”

Cho se sentit de trop et décida de sortir de la chambre le temps qu’ils se parlent vraiment. Il savait que ce n’était pas le bon moment, qu’il y avait des choses plus importantes à régler. Mais il savait aussi que face à un adversaire comme ce Jack, il y avait de fortes chances pour que les choses tournent mal. Alors il leur donna ce temps dont-ils avaient tant besoin.

Dans le couloir, il vit Rigsby arriver avec une mine sombre. Il devait avoir de mauvaises nouvelles à lui apprendre et Cho avait une petite idée de ce que cela pouvait être. Il espérait se tromper, de tout son cœur.

-“ Que se passe-t-il Rigsby ?” S’enquit-t-il une fois que son collègue fut à sa hauteur.

-“ Je viens de recevoir un appel de Chicago m’informant que James Lisbon à été enlevé.”

-“ Mince. Et pour Tommy et Annie ?”

-“ Ils sont en sécurité” affirma Rigsby. “ Et pour le patron ?”

-“ En pleine dispute avec Jane” répondit-il.

-“ A quel sujet cette fois ?”

-“ Lisbon veut nous aider.”

-“ Je vois. Mais Jane obtient toujours ce qu’il veut, alors je ne me fait pas de souci.”

-“ Sauf qu’il s’agit de sa famille, elle ne renoncera pas.”

Avant que Rigsby ne puisse répondre quoi que ce soit, la porte de la chambre s’ouvrit et Jane avança vers eux.

-“ Elle accepte” leur dit-il. “ Mais à la condition que je reste avec elle.”

-“ Ce que tu vas faire” affirma Cho. “ Cet homme est bien trop dangereux pour que tu prennes le risque de venir avec nous.”

-“ Je le sais bien et je ne tenteras rien,” lui dit Jane. “ Je préfère rester avec elle que de risquer ma vie.”

-“ Très bien. Je vais voir son médecin pour qu’il donne son accord pour le transfert et nous y allons.”

Cho s’éloigna dans le couloir, laissant Jane et Rigsby devant la porte de la chambre de Lisbon. Jane avait entendu pour le frère de son amie et il savait qu’il valait mieux ne rien lui dire pour le moment. Si jamais elle l’apprenait, alors elle refuserait la protection et insisterait pour aller avec eux. Il ne pouvait pas laisser une chose pareille arriver, il devait la protéger. Elle lui en voudrait plus tard, il n’avait aucun doute là-dessus. Mais qu’importe, sa vie était bien trop importante. Il laissa Rigsby avec le garde devant la chambre et retourna auprès de Lisbon.


   


Jack venait d’arriver à Sacramento et se trouvait actuellement dans l‘une de ses planques. Il en avait un peu dans toutes les villes, avec des hommes prêts à se battre pour lui. Il avait rendez-vous avec un de ses informateurs qui lui donnerait des détails sur la famille Lisbon. Il avait déjà trouvé l’un des frères de Daniel, James, qui se trouvait actuellement dans un endroit sûr. S’il ne parvenait pas à trouver Daniel, il utiliserait James pour le faire sortir de sa cachette. Il n’était pas certain que l’homme risquerait sa vie pour son frère, mais il savait que la sœur, Teresa, le ferait sans hésiter.

Il avait entendu parler d’elle, de son travail de flic mais aussi de son grand cœur. Elle n’hésitait jamais à prendre des risques pour ceux qu’elle aimait. Elle aimait ses frères, ils étaient toute sa vie, elle n’avait rien d’autre. Il utiliserait ça contre elle et il obtiendrait ce qu’il voulait. Personne ne pouvait lui résister.

-“ Il sera là dans dix minutes” informa Charlie en entrant dans le bureau de Jack.

-“ Parfait” approuva l’homme en reposant la photo qu’il avait en main. “ Et pour la femme ? Tu sais où elle est ?”

-“ A l’hôpital pour le moment, mais ils vont la bouger dans peu de temps.”

-“ Alors nous devons faire vite” Jack se dirigea vers la porte, mais se tourna vers son ami avant de sortir. “ Vas là bas et ramène la moi.”

-“ Ce sera fait.”

Puis, Jack partit se préparer pour son rendez-vous. Il avait un membre de la famille, bientôt il en aurait un second. Il ne lui resterait plus qu’a trouver le troisième frère et sa fille. Une fois qu’il aurait la famille au grand complet, il utiliserait chaque membre pour faire parler Daniel et il retrouverait ce qu’il avait perdu. Personne ne pouvait le voler sans être puni. Daniel Lisbon avait cru pouvoir le faire et il allait payer pour ça.

Charlie attendit que Jack soit loin pour sortir son téléphone. Il savait qu’il ne pouvait pas prendre le risque d’appeler qui que ce soit, mais il pouvait envoyer un code à la bonne personne. Son chef lui avait rapidement donné des informations avant son départ et cela allait lui être utile maintenant. Ensuite, il se rendrait à l’hôpital. Et si tout se passait bien, Teresa Lisbon serait déjà partit et ne risquerait plus rien, du moins pour un temps.

Il ne pourrait pas arrêter Jack tout seul, il allait avoir besoin d’aide. Et de temps. Jack n’était pas le seul, il y avait un autre homme, ici, à Sacramento. Cet homme était aussi dangereux que lui, mais bien plus discret. Il agissait dans l’ombre, personne ne connaissait sa véritable identité. Il savait à propos de lui uniquement parce que Jack lui en avait parlé. Il voulait s’associer à cet homme pour ainsi accroître son pouvoir. C’était une chose que Charlie ne pouvait pas laisser faire.

Une fois son message envoyé, il partit rassembler des hommes pour se rendre à l’hôpital. S’il se débrouillait bien, elle ne s’y trouverait plus lorsqu’il arriverait. Il savait que c’était risqué, que l’homme qu’il avait prévenu n’aurait peut-être pas le temps de la faire sortir avant son arrivée. Mais il n’avait pas le choix s’il ne voulait pas que Jack découvre qui il était vraiment.

A l’étage inférieur, il trouva quatre hommes prêts à partir. Il leur fit un signe de la tête et ils le suivirent jusqu’à la voiture où ils s’installèrent. Charlie s’installa derrière le volant et prit la direction de l’hôpital. Il ne pouvait pas prendre son temps, il savait que les autres trouveraient ça étrange. Il ne pouvait faire confiance à personne ici et ce n’était pas facile tout les jours. Si cette mission n’était pas si importante, il y aurait mit un terme depuis longtemps.

Sa famille lui manquait, il n’avait pas vu ses enfants depuis tellement longtemps qu’il avait peur de ne plus se souvenir de leurs visages. Il n’avait put emporter de photos de ses fils et de sa fille, bien trop risqué. Il espérait juste que cette mission touche bientôt à sa fin pour qu’il puisse rentrer chez lui. Il voulait pouvoir jouer au baseball avec Ricky, aider Glenn à faire ses devoirs d’algèbre et accompagner Elsa à son récital de piano. Toutes ces petites choses lui manquaient. Pour le moment, c’était sa mère qui s’en occupait, sa femme étant partie des années plus tôt. Mais c’était à lui de le faire, en tant que père.

Il chassa toutes ces pensées lorsqu’il arriva devant l’hôpital. Il se gara non loin de l’entrée du parking afin de pouvoir partir plus facilement en cas de besoin. Ses hommes sortirent de la voiture et il les suivit, priant pour que Teresa et les autres ne soient plus là. Mais ses prières ne furent pas entendues lorsqu’il la vit un peu plus loin, marchant avec quelques difficultés, aidé d’un homme blond. Deux agents se trouvaient avec eux, pour les protéger.

Ses hommes les virent tout de suite et avancèrent vers eux. Il n’y avait rien que Charlie puisse faire pour eux, il était obligé de faire son travail. Alors il suivit ses hommes, s’approchant discrètement du groupe qui ne lui jeta même pas un regard. L’un de ses hommes sortit son arme et tira. L’un des agents tomba et l’autre se précipita pour protéger la femme.

-“ On bouge” hurla-t-il.

Jane tira Lisbon avec lui, la forçant à marcher vite. Elle fit de son mieux, grimaçant de douleur à chaque pas. Elle entendit Rigsby faire feu mais ne se retourna pas. Elle entendit d’autre coups de feu puis le cri de son agent.

-“ Courez” leur hurla-t-il en rampant sur le sol pour se mettre à l’abri.

Jane accéléra, ne lâchant pas Lisbon. Il savait que ces hommes en avaient après eux et il ne pouvait pas les laisser emmener Lisbon. Il entendit une voiture arriver et vit Cho qui s’arrêta et ouvrit la porte passager.

-“ Montez” leur dit-il. “ Vite !”

Lisbon courut comme elle put vers la voiture, aidée de Jane. Mais alors qu’ils atteignaient enfin la voiture, un homme qu’ils n’avaient pas remarqué sauta sur Jane, le tirant en arrière.

-“ Jane” cria Lisbon en se retournant.

-“ Monte dans la voiture” ordonna Jane en se débattant.

Lisbon lui lança un dernier regard avant de monter dans la voiture. Cho lui donna une arme et sortit pour défendre son collègue. Il savait que c’était risqué, mais il ne pouvait pas le laisser aux mains de ces types. Du coin de l’œil, il vit Rigsby approcher, se tenant la jambe d’où s’échappait du sang. Il fit feu le premier, abattant l’homme d’une balle dans le dos. Jane en profita pour sauter dans la voiture. Mais ce que personne n’avait vu, c’est le troisième homme qui avait contourné le véhicule et qui s’installa au volant. Il accéléra d’un coup, projetant les deux passagers contre le siège.

Lisbon reprit ses esprits la première et ramassa l’arme qui était tombée au sol. Jane comprit ce qu’elle était sur le point de faire, mais ne tenta pas de s’interposer. Elle s’approcha du siège avant, avec son aide et posa l’arme à l’arrière du crane de l’homme qui ne sursauta même pas.

-“ Si vous faites ça, nous sommes tous morts” dit-il sans tourner la tête. “ Alors à votre place je reposerais cette arme avant de faire une bêtise.”

-“ Arrêtez la voiture” lui ordonna Lisbon, sans prêter attention à ce qu’il venait de lui dire. “ Tout de suite.”

-“ Je vais m’arrêter, mais pas tout de suite. Vous ne prendrez pas le risque de faire du mal à votre ami.”

Il avait raison, elle ne prendrait pas de risque avec la vie de Jane. Alors elle recula, mais ne lâcha pas son arme. Dès que la voiture s’arrêterait, elle n’hésiterait pas à tirer. En attendant, elle attrapa la main de Jane qui la serra étroitement. Elle tourna la tête vers lui et Jane comprit qu’elle avait une idée en tête, quelque chose qu’il n’aimerait certainement pas.

-“ A mon signal, tu sautes de la voiture” chuchota-t-elle.

-“ Je ne te laisserai pas” répondit Jane.

-“ Ecoute, on a pas le temps de discuter. Fais ce que je te dis et rejoins Cho.”

-“ Et toi tu vas rester avec eux” il la fixa dans les yeux. “ Je refuse de te laisser faire ça. Je te l’ai déjà dis, j’ai faillis te perdre bien trop souvent, il est hors de question que je t’abandonne maintenant.”

-“ Jane, ces types sont dangereux, ils pourraient avoir l’idée de t’utiliser pour obtenir des informations de ma part.”

-“ Je sais que tu ne diras rien.”

-“ Et c’est bien là le problème. Je ne parlerai pas et ils te tortureront jusqu’à ce que tu sois mort. Je refuse de prendre un tel risque.”

Jane comprenait parfaitement ses raisons, elle ne voulait pas le voir mourir. Mais il ne pouvait pas non plus la laisser tout en sachant qu’il risquait de ne jamais la revoir. Alors non, il ne partirait pas, il ne la laisserait pas. Il serra un peu plus sa main, lui faisant comprendre que sa décision était prise et qu’elle ne pourrait pas le faire changer d’avis. Elle finit par capituler. Il était aussi tête de mule qu’elle. Il était conscient des risques qu’il prenait en restant, et pourtant il le faisait. Pour elle. Il avait changé, elle le voyait. Il ne pensait plus qu’à lui, mais aussi à elle.

La voiture roula encore quelques minutes avant d’arriver dans un endroit complètement désert. Lisbon vit là sa chance de se sortir de cette situation et resserra ses doigts autour de l’arme. A la minute où l’homme arrêta la voiture, elle le visa. Elle le vit sourire dans le rétroviseur.

-“ Inutile de perdre votre temp,” ricana-t-il. “ Vous n’êtes pas en position de force.”

Lisbon sentit la main de Jane sur son épaule, insistante. Elle tourna la tête pour voir une autre voiture arriver et des hommes en sortir, ceux de l’hôpital. Il avait encore une fois raison, elle ne pouvait rien faire. Elle n’avait qu’une arme, elle était blessée. Elle ne pouvait rien faire d’autre qu’attendre que ses collègues les retrouvent et les sortent de là. En attendant, elle ferait tout son possible pour qu’il n’arrive rien à Jane.