United (traduction) ^

C'était un de ces mauvais jours, Jane pouvait déjà le dire. Il n'avait pas encore bougé de son lit - il n'avait pas éloigné le corps chaud de sa femme du sien, mais il savait que ça allait être un de ces jours gênants. C'était peut-être à cause de la douleur sourde derrière ses yeux quand il les avait ouvert, ou peut-être était-ce parce qu'il sentait certains de ses muscles engourdis. Sa femme s'était endormie sur sa poitrine, les cuisses à cheval sur ses hanches et il n'avait pas eu le cœur à la déplacer. Malgré les protestations de ses membres, il avait tenu la proximité toute la nuit, faisant courir ses mains le long de son dos recouvert d'un fin tissu.

Il ne pouvait toujours pas la bouger, elle avait l'air si bien et même avec l'engourdissement de ses jambes, il ne voulait pas perturber le peu de sommeil qui lui restait. Ça l'ennuyait que Lisbon ne dorme pas, il y avait des cernes sous ses yeux qui le prouvaient et si ça ne tenait qu'à lui il appellerait au travail pour elle, mais il savait qu'elle n'apprécierait pas. Elle se faisait trop de soucis, elle avait peur et c'était de sa faute. Une semaine qu'ils avaient eu des rapports sexuels et elle était de plus en plus inquiète. Ça n'avait pas d'importance le nombre de fois où il lui avait dit que tout se passerait bien ou qu'elle ferait une maman géniale, elle allait de pire en pire.

Après avoir veillé pendant quarante huit heures, il l'avait cajolé jusqu'à ce qu'elle s'endorme en la faisant s'allonger et écouter le son des doux battements de son cœur. Il avait ajouté quelques mots mélodiques à son oreille pour s'assurer qu'elle se détende mais il ne voulait pas dire qu'il l'avait hypnotisé bien que ça aurait été pour son bien. Le seul point négatif était qu'elle ne dormait que depuis quatre heures et que l'alarme allait sonner d'ici quarante minutes. Elle était définitivement endormie, et il ne pourrait certainement plus sentir ses jambes.

La pauvre femme s'inquiétait trop, mais sur cette même note, il mentirait si il disait qu'il n'était pas aussi nerveux qu'elle. Il voulait d'autres enfants, il aimait les enfants mais c'était un peu tôt et il n'en voulait pas le temps qu'elle ne serait pas à l'aise avec cette idée. Il n'en était pas affecté, ça lui tiraillait les entrailles comme pour elle, mais il savait que quoi qu'il arrive ils y travailleraient ensemble. Un bébé était une chose qu'on chérissait et aimait, qu'il soit prévu ou non.

Il pouvait presque s'imaginer fonder une famille avec elle, elle semblait être le type de femme à vouloir en moyenne deux ou trois enfants qui courraient partout. Elle avait raison cependant, ils n'étaient pas vraiment prêts et il ignorait pourquoi il lui avait demandé une telle chose au lieu d'utiliser son cerveau. Si elle était effectivement enceinte alors ils n’avaient qu’à faire en sorte d’être prêts, ce qui ne serait pas difficile pour sa part. Il avait réussi à faire partir un grand nombre de ses démons lorsqu'ils s'étaient allongés sur le lit, mais il savait qu'elle était en difficulté. Il y avait ce problème et quelques petites choses d'autres et ils tournaient autour de ses insécurités. Il pouvait dire que l'ensemble "avoir un enfant" était une chose qui la tracassait depuis un certain temps mais il y avait autre chose. Quelque chose la torturait vraiment et il aurait donné n'importe quoi pour qu'elle lui en parle.

Il n'était pas le genre d'homme à parler de ses sentiments mais la femme
qui se pressait contre lui, l'enfonçant d'avantage dans le matelas, appuyant par la même occasion sur sa vessie, était la reine dans ce domaine et la seule raison qui l’avait poussé à ne pas la harceler était qu'il savait ce qui la dérangeait. Il ne pouvait pas dire qu'il n'était pas inquiet à ce sujet lui aussi. L'idée d'être à nouveau père lui serrait la poitrine et lui faisait remettre en question un bon nombre de choses sur son passé. Il ferait d'avantage d'efforts que par le passé si ils avaient conçu un enfant. Un de ses plus grand regrets avait été de ne pas avoir été présent quand sa défunte épouse et sa fille avaient eu besoin de lui. Il ne referait pas les mêmes erreurs avec Lisbon. Leur mariage était difficile et compliqué mais il avait toujours fait de son mieux.

Il savait que leur relation ne serait jamais toute rose avec des poneys et des arcs en ciel, mais il s'en fichait. Il l'aimait et c'était suffisant. Laissant échappé un profond soupir, il passa ses doigts dans sa queue de cheval désordonnée et ignora les plaintes de sa vessie. Il ne voulait pas la bouger pour le moment, encore quelques minutes de plus auprès d'elle. Il ne pouvait pas nier qu'il avait peur, mais il pouvait dire qu'il n'éprouvait aucun regret de s'être marié avec elle.

Les choses entre eux étaient devenues plus faciles, moins tendues depuis qu'ils avaient fait l'amour et il en était heureux. Durant cette semaine, il avait appris ce qu'elle aimait au lit et ce qu'elle n'aimait pas. Ils avaient apprit à mieux se connaître.

Incapable de résister plus longtemps, il laissa ses doigts glisser sous l'ourlet de son débardeur pour caresser la peau chaude de son dos. Elle poussa un faible gémissement sous ses doigts et tenta de se rapprocher de son corps. Il détestait l'idée de s'éloigner mais il le fallait.

Aussi doucement qu'il le put, il roula sur le côté, tenant ses vêtements tout le temps pour la poser délicatement sur le matelas dans l'espoir de ne pas la réveiller. Il fut récompensé par la vue de sa femme ayant toujours les yeux clos et des lèvres légèrement entrouvertes. Sa pauvre épouse était épuisée, elle s'inquiétait trop peu de son bien être mais si elle ne le faisait pas, elle ne serait pas Teresa Lisbon.

Aussi silencieusement que possible, il se redressa et attendit un long moment jusqu'à ce qu'il puisse sentir de nouveaux ses jambes. Il détestait les picotements ressentis lorsque le sang re-circula à nouveau. Il savait qu'il pouvait se tenir debout sans tomber et après un doux regard par-dessus son épaule, il se releva. Elle ne bougeait pas, même pas un cil. Étirant ses bras au-dessus de sa tête, il pensa qu'il pouvait prendre une douche pendant qu'elle se reposait. Il éteignit l'alarme du réveil, sachant qu'il pouvait lui donner quelques minutes de plus. Elle réglait la sonnerie toujours trop tôt.

S'il était resté dans le lit, il aurait sans doute fini par la réveiller, même si ce n'était pas intentionnel. Il n'aurait pas pu la laisser dormir et regarder le plafond sans la toucher.

Une fois sous le jet d'eau chaude, il se laissa aller à ses pensées. Chaque fois que Lisbon était en vue, il se souciait constamment de ses réactions et ne prêtait plus d'attention aux siennes mais être sous la douche à se laver avec le savon lui permit de considérer la semaine écoulée.

Il ne serait pas à l'aise jusqu'à ce qu'elle le soit - c'est la conclusion à laquelle il était parvenu après quelques secondes. Si elle était inquiète à propos de quelque chose, alors il l'était automatiquement aussi, ils partageaient les choses. C'était comme ça que ça fonctionnait. Non, ils n'étaient pas prêts pour quelque chose d'aussi grand qu'un bébé, mais il savait qu'ils seraient en mesure d'y faire face. Cette pensée le terrifiait mais il ne pouvait pas le montrer à Lisbon car si elle le savait alors elle serait encore plus terrifiée et ce n'était pas une chose envisageable. Elle en perdait déjà le sommeil.

Jane ignorait depuis combien de temps il était sous le jet d'eau, rinçant l'avant de son corps. Il était tellement plongé dans ses pensées qu'il fut surpris lorsque deux bras l'enlacèrent et se posèrent sur son ventre et qu'il sentit un visage se lover contre son dos. Il aimait quand elle était l'instigatrice d'un contact, ça semblait plus réel.

Saisissant doucement ses mains, il les retira de sur son estomac et se retourna pour lui faire face, mais elle se lova contre lui. Un petit rire sortit de ses lèvres lorsqu'il desserra sa queue de cheval qu'elle n'avait pas pris la peine de défaire. C'était une évidence qu'elle était encore à moitié endormie et cela l'amusait.

-"Teresa, tu vas bien ?"

-"Mmmm."

-" Ce n'est pas vraiment une réponse cohérente". Après avoir dégagé ses cheveux, il la rapprocha de lui.

-"Mmmm."

-"Endormie ?"

-"Mmmm."
Elle était toujours plus délicate, plus câline lorsqu'elle était fatiguée. Il l'avait appris assez rapidement et ça ne le dérangeait pas. Mais il ne pourrait pas terminer sa douche si elle continuait à se frotter contre lui ainsi. C'était la première fois depuis qu'ils avaient couché ensemble qu'elle venait le rejoindre sous la douche pour se serrer contre lui, totalement nue, et il était difficile pour lui de garder toute sa lucidité. Cette femme avait un tel pouvoir sur lui et elle n'en avait même pas conscience. Elle n'avait même pas bougé un muscle, toujours penchée contre lui, le visage sur sa poitrine et ses fines mains dans son dos.

-"Pourquoi n'es-tu pas restée au lit ?"

-"Mmmmm."

-"C'est la seule réponse que tu vas me donner ?"

-"Mmmmm."
En posant ses lèvres sur sa tête en un baiser, il marcha à reculons jusqu'à qu'ils soient tous les deux sous le jet d'eau. Elle sursauta timidement au contact de l'eau puis ses muscles se relâchèrent sous l'effet bienfaisant de l'eau. Il la sentit se détendre dans ses bras et il se demanda ce qu'il l'avait réveillé. Elle dormait si bien lorsqu'il était parti.

Quand elle tourna son visage vers lui, il s'aperçut qu'elle avait toujours les yeux fermés et qu'elle n'était pas prête à le lâcher. Ce n'était pas dans ses habitudes de rester blottie ainsi contre lui - il ne voulait pas utiliser le mot collant parce qu'il n'avait jamais associer ce mot à Lisbon. Il n'était pas sûr de comment il devait le qualifier mais ce n'était pas un comportement normal pour elle. Il savait qu'elle était épuisée et c'est pourquoi il ne comprenait pas qu'elle ait quitté le lit.

-"Vous ne pouvez pas dormir dans la douche Mme Jane."
Un autre bruit tomba de ses lèvres, mais c'était plus un mécontentement, un gémissement désapprobateur qui signalait que c'était ce qu'elle comptait faire. -"Allez, quel est le problème ? Pourquoi tu ne dors pas encore ?"

Il la poussa doucement sur le côté jusqu'à ce qu'elle murmure contre lui, mais son étreinte ne se desserra toujours pas. Au bout de quelques secondes, elle soupira et lui répondit avec autre chose qu'un grognement.

-"Stupide mauvais rêve".
Les mots furent étouffés, murmurés doucement et presque noyés par le bruit de l'eau, mais il les avait entendu et s'en voulu de ne pas y avoir pensé. Elle s'était déjà accroché à lui auparavant et c'était toujours après un cauchemar.

Oubliant de se rincer, il la tenait sous le jet et commença à la caresser de haut en bas. Il savait qu'un cauchemar pouvait être horrible et il n'allait pas la repousser alors que lui même était parfois dans le même état. Même Lisbon, une femme forte pouvait utiliser le contact humain pour oublier un mauvais rêve.

-"Tu veux bien me dire ce que c'était ?"

-"Le même qu'avant."
Le même cauchemars qu'elle faisait lorsqu'elle était stressée, et cela depuis longtemps. Il se souvenait de tout ce qu'elle lui avait dit auparavant. Comment elle avait eu la sensation d'échouer à protéger ses frères contre son père. Ou comme lorsqu'il était tombé du toit et qu'elle avait rêvé qu'il n'avait pas survécu. Il pariait sur ce cauchemar là.

-"Exactement le même, vraiment ?"

-"Non, un peu différent"
Il voulait plus de détails mais il savait qu'elle ne voulait pas en parler de suite. Il déposa un doux baiser sur sa tempe à la place.

-"Je..."

-"Shh."

-"Ter..."

-"Chut, écoute pendant une seconde."
Elle retira sa tête de son torse tandis qu'il gardait le silence. Visiblement elle entendait quelque chose au loin.
-"Quelqu'un frappe."

C'est ce son qui l'avait tirée de ses bras. Il lui prit la main avant qu'elle ne puisse sortir et donna un doux baiser sur ses lèvres. Il était chaste, mais il espérait réconfortant. Il voulait en faire plus, elle était tellement magnifique avec les gouttelettes d'eau dégoulinant sur sa peau mais il savait que si elle en avait eu besoin, elle aurait fait un geste vers lui.

-"Finis ta douche Patrick."
Puis elle sortit, attrapant une serviette sur le lavabo et se dépêcha de se sécher. Avec un soupir, il retourna à sa douche et attrapant son shampooing. Il pensait que ces cauchemars étaient dûs au stress et il comptait à travailler plus fort pour qu'elle se détende, mais pour le moment il n'y avait rien qu'il ne puisse faire.




Se réveiller sans le corps chaud de son époux à ses côté avait été étrange. En général, elle se réveillait toujours avec les yeux de Jane fixés sur elle. Ça n'avait fait qu'empirer les choses quand, lorsqu'elle s'était réveillée, elle ne l'avait pas eu à ses côtés. Dès qu'elle avait compris où Jane se trouvait, elle avait sauté du lit et s'était dirigée à la salle de bain. Ça ne lui était même pas venu à l'esprit qu'ils n'avaient pas pris de douche ensemble depuis son dernier cauchemar où il l'avait entièrement déshabillée.

Tout en y réfléchissant, elle remis bien sa robe et se dirigea vers la porte . En gémissant, elle se réprimanda d'avoir ressenti le besoin de se réconforter dans ses bras surtout qu'elle était parfaitement capable de le faire sans lui. Après tout elle l'avait fait pendant des années. C'était agréable d'avoir une personne sur qui elle pouvait compter et avec tous les soucis qu'elle avait, elle avait ressenti le besoin d'être auprès de lui. Pas d'une manière sexuelle mais juste émotionnellement. Etait-ce normal ? Etait-ce supposé être ainsi quand on était marié ?

Elle l'ignorait, elle n'avait jamais été mariée auparavant mais elle repoussa ses pensées. Passant la serviette dans ses cheveux encore humides, elle ouvrit la porte. La personne se trouvant face à elle n'était pas une personne à laquelle elle s'attendait.

-"Tommy ?"
Choquée de voir son jeune frère, Lisbonne cligna des yeux à plusieurs reprises pour être sûre qu'elle ne voyait pas des choses sous le soleil matinal. Ils ne s'étaient pas vus depuis longtemps, suite à des discordes mais elle voulait arranger les choses. -"Que fais-tu ici ?"

-"Je suis venu rencontrer le mari de ma sœur."
Son visage pâlit à ces mots. Elle ne l'avait pas encore appelé. En fait ça faisait partie des plans du week-end mais elle avait été devancée. Tirant sa robe trop serré, elle le fit rapidement entrer à l'intérieur.

-"Comment as-tu ..."

-"Alors, c'est vrai ?"
Avec un haussement d'épaules, elle hocha la tête et laissa glisser son regard sur le cadre photo derrière son frère.
-"Je ne mérite même pas de savoir que ma sœur s'est mariée ? Ecoute, je sais que tu es en colère contre moi, mais ..."

-"Je ne suis pas en colère contre toi Tommy. Je n'ai rien dit à personne."

-"Tu l'as dis à Jon apparemment. Il m'a appelé et de fil en aiguille le nom de Patrick Jane a été prononcé. Tu peux m'expliquer ?"

-"Pas vraiment, et je n'ai rien dit à Jon. Bon je lui ai dit mais seulement parce qu'il m'a demandé de faire du babysitting pour Jojo".
Elle espérait vraiment pouvoir lui parler mais elle savait que ça ne serait pas aussi facile qu'avec Jon. Elle avait le sentiment que cette fois, les choses ne se passeraient pas aussi bien.

-"J'ai fait des recherches sur lui".
Juste à voir le visage de Tommy, elle pouvait voir qu'il n'approuvait pas. Juste ce dont elle avait besoin pour commencer la journée, elle était fatiguée et de mauvaise humeur et devait aller travailler dans une heure et demie. Elle ne voulait pas le faire. Elle ne voulait pas des conneries de protections fraternels. Elle était l'aînée et une femme cultivée pour l'amour de Dieu.

-"Très bien, nous n'avons jamais eu de rendez-vous et du jour au lendemain, il m'a proposé de l'épouser. Et j'ai dis oui. Trois jours plus tard, je me suis mariée avec lui. Là, tu es satisfait ?"

-"As-tu perdu la tête ?"

-"Je suis sûre qu'elle est à sa place".
Se frottant les tempes avec l'espoir de soulager un peu la pression, Lisbon étouffa un bâillement et résista à l'envie de retourner dans son lit.
-" Je dois bientôt aller au travail. Tommy, je t'aime, mais ce n'est pas le moment pour cette discussion. Je suis désolée. J'aurais dû te le dire et j'avais prévu de t'appeler ce week-end.

-"Depuis quand êtes-vous mariés ?"

-"Près de deux mois, comme je l'ai dit nous n'avons eu aucun rendez-vous et tout ça commence tout juste à prendre un sens. Tu as vraiment fait tout ce chemin juste pour savoir si je suis oui ou non mariée ?"
Suite au regard penaud que lui lança son frère, elle réalisa que ce n'était pas la seule raison de sa venue. Avec un soupir, elle s'avança et le pris dans ses bras.
-"Tu m'as manqué."

Il la serra contre lui et sourit quand elle s'éloigna. Lisbon pouvait voir qu'il n'approuvait toujours pas, mais ça n'a pas vraiment d'importance pour elle. Elle aimait Patrick Jane et il n'y avait rien qu'on puisse dire ou faire pour la convaincre de divorcer de cet homme. Elle le connaissait, savait tout de son passé et pourtant elle ne voulait pas l'abandonner.

Tirant maladroitement sur sa robe, elle regarda ce frère qu'elle n'avait pas vu depuis longtemps. Il semblait différent. Avec un soupir, elle laissa tomber son regard et fit passer son pouce sur son annulaire nu. Son alliance était encore dans la salle de bain, elle l'avait oubliée et se sentait bizarre sans elle. Le silence qui s'était installé était légèrement inconfortable mais il était son frère et ça devait juste être un petit peu plus facile.

-"Alors, je peux le rencontrer ..."

-"Hey Teresa, as-tu vu mon après ras ... Oh euh, bonjour."
Elle se retourna pour voir Jane stopper sur les deux dernières marches de l'escalier. Lisbon ferma les yeux un instant et aurait aimé que son mal de tête s'en aille. Elle ne voulait pas que ça se passe ainsi. Elle ne voulait pas faire face à cela pour le moment.

La seule raison pour laquelle il était descendu était qu'il était venu demander si elle savait où se trouvait son après rasage. Elle n'aimait pas cette chose et l'avait planquée dans la salle de bain. Et pour le moment, elle regrettait de le lui avoir pris. Si elle l'avait simplement laissé sur le comptoir du lavabo, Jane ne serait pas descendu et elle ne se retrouverait pas dans cette position inconfortable.

-"Finissons en avec ça ..."
Lisbon savait qu'elle était grincheuse mais elle s'en fichait. Simultanément les deux hommes ont prononcés les mêmes mots, chose qui l'exaspéra.

-"Quelqu'un est de mauvaise humeur."
Des mots qu'elle s'attendait à entendre mais pas prononcés simultanément par son mari et son frère.

-"C'est juste bizarre. Patrick voici Tommy, Tommy voici Patrick."
Les présentant en un geste, elle supposait qu'ils avaient compris le message. La situation n'était pas aussi confortable qu'avec Jon, plus hésitante, et quand Jane tendit la main vers son beau-frère, Tommy saisit de l'opportunité pour l'étudier.

-"Alors, qu'est ce qui vous a fait demander ma sœur en mariage ?"

-"Tommy !"

-"Non, ça va Teresa."
Elle savait qu'il ne pouvait pas rester à sa place mais ce n'était pas une raison pour Tommy de se comporter de manière aussi grossière.
-"Etre amoureux d'elle me semblait être une bonne raison."

Cette déclaration lui fit plaisir. Il semblait nonchalant à ce sujet, haussant les épaules et elle savait que son frère ne voudrait pas lâcher aussi facilement. Même si c'était la vérité, il n'allait le croire parce qu'il ne connaissait pas vraiment Jane - pas comme elle. Tout comme elle le soupçonnait, il y avait un doute persistant dans ses yeux alors qu'ils les regardaient à tour de rôle.

-"Tu arrives au mauvais moment Tommy. Je dois finir ma douche et nous devons aller travailler. As-tu fini avec tes questions ?"
En dépit de son attitude, elle n'était pas en colère contre son frère, juste un peu contrarié. Elle voulait retourner dans son lit et ne plus en sortir pendant les deux prochains jours mais elle avait un travail qui ne pouvait pas attendre.

Les bras croisés sur sa poitrine, les épaules tendues, elle était prête pour une confrontation mais quand Jane posa sa main dans le bas de son dos et lui lança un regard pour qu'elle se calme, elle se détendit un peu. Jane savait, il savait qu'elle n'était pas réellement en colère. Elle était fatiguée, inquiète à l'idée d'être enceinte et la dernière chose dont elle avait besoin était d'être en colère.

-"Je suis désolée Tommy. Je suis juste... De mauvaise humeur."

-" Ça va, vous avez du boulot."
Ça lui fit mal au cœur de penser aux peu de fois où elle voyait ses frères. Le peu de contact qu‘ils avaient entre eux. Elle voulait changer ça mais ne savait pas comment. Elle était la grande sœur et pourtant elle n'était pas certaine de quoi faire pour réunir sa famille.

Une chose était certaine, elle allait commencer par les appeler plus souvent. Elle ferait n'importe quoi pour ses frères, elle pourrait mourir pour les protéger et elle avait l'impression qu'ils l'ignoraient. Elle ne voulait pas laisser Tommy s'en aller sans lui montrer un geste d'affection. Dès qu'il leur eut dit au revoir, elle l'attira à elle pour un câlin. Ce n'était pas important qu'il n'approuve son mariage avec Patrick Jane ou qu'il ait débarqué de nulle part juste pour la questionner. Ça n'avait pas d'importance que certaines choses de leur passé les hantent, c'était le passé et elle était prête à le laisser derrière eux.

Elle chuchota quelques chose à son oreille et lui promit de l'appeler tout en déposant un rapide baiser sur sa joue. Elle avait vraiment prévu de le contacter ce week-end. Elle n'allait pas garder son mariage indéfiniment secret, elle n'avait pas été prête à entendre sa désapprobation. Même si elle était l'aînée, elle accordait de l'importance à ce que pensait ses jeunes frères. Il était le premier à être déçu par son choix. Ça l'ennuyait, laissant une sensation inconfortable dans sa poitrine. Avant qu'il ne franchisse la porte, elle sut que les choses ne seraient pas évidentes avant un certain temps.

Super, juste ce qu'il fallait pour sa migraine. Dès que la porte fut fermée, elle laissa tomber sa tête dans ses mains et gémit.

-"Il ne m'aime pas."

-"Tu crois ?" Ce n'était pas les mots utilisés mais le ton employé qui était moqueur.

-"Et bien Jon m'apprécie, lui."

-"Peut-on tout simplement ne pas parler de mes frères ?"

-"Peut être que tu devrais téléphoner pour dire que tu es malade. Tu n'as pas l'air bien et même si ce n'est pas le cas, tu es de mauvaise humeur."
A dire vrai, elle ne se sentait pas très bien. C'était comme si sa tête tournait comme lorsqu'elle avait voulu monter les escaliers. Jane l'attrapa et la blotti entre ses bras mais elle le repoussa en murmurant qu'elle allait bien. C'était le cas, elle avait juste besoin d'une douche et de dormir encore un peu. Malheureusement elle ne pouvait pas se rendormir.

Peut être que rester éveillée pendant deux jours n'avaient pas été finalement une bonne idée. Elle n'avait pas voulu dormir, trop inquiète pour essayer mais c'était tout ce qu'elle voulait faire à ce stade. Avec sa carrière elle ne pouvait pas avoir le nombre d'heures de sommeil recommandées, de toute façon si elle avait été privée de sommeil et avait passé deux nuits blanches ce n'était pas la faute à son travail. Jane était une forte tête malgré tout, la forçant toujours à aller au lit et autre. Se plaignant lorsqu’elle refusait jusqu’à ce qu’il abandonne toute autre technique et la force à venir sur lui.

Elle n‘y pouvait rien si elle était fatiguée, c‘était sa façon de gérer les choses, mais il s'était inquiété et elle ne pouvait pas lui en vouloir. Elle s'inquiétait pour lui quand il avait des insomnies, elle supposait donc qu'il était en droit d'en faire de même. Quelque chose lui disait qu'elle s'écroulerait en début de nuit.

L'appartement était trop lumineux, si bien que son mal de tête ne pouvait que s'aggraver. Elle pensait que peut être en fermant les yeux quelques secondes cela suffirait, mais à peine après avoir monter deux marches, elle les rouvrit et dû se rattraper au mur. Elle se demandait pourquoi son escalier semblait s'être dédoublé.

Le vertige passé, elle se força à de nouveau essayer mais Jane se précipita à ses côtés. Les hommes. Pourquoi voulaient-ils toujours aider alors qu'en réalité ils devaient juste passer leur chemin.

-"Tu n'iras pas travailler."

-" Je ne crois pas. Je vais bien, j'ai juste besoin d'une douche et de quelque chose pour ce fichu mal de tête."
Elle était de mauvaise humeur et il en rajoutait. Elle irait parce qu'il n'y avait rien qui clochait et qu'elle était la patronne. D'ailleurs, elle savait que si elle restait à la maison toute la journée, elle penserait à ce cauchemar qui l'avait
réveillé et elle ne voulait pas.

-"Teresa ..."

-"Pas de Teresa avec moi, je suis une femme adulte et si je dis que je vais travailler alors je vais travailler. Je ne suis ni malade, ni mourante."
Il la suivi comme un chiot perdu jusqu'à ce qu'elle arrive finalement dans la salle de bain. Elle espérait qu'il restait de l'eau chaude.

-"Tu es épuisée et stressée. C'était tout aussi mauvais que d'être malade, et ça peut y conduire."
Ce fut la goutte d'eau. Elle n'avait pas été en colère contre lui, ne l'était pas encore, mais elle était frustrée et confuse. Elle ne comprenait pas comment il pouvait rester si calme. Elle ne savait pas comment il ne pouvait pas réagir au fait qu'elle était peut être enceinte ou que son frère était déçu. Elle était tellement fatiguée d'être la seule personne qui semblait s'inquiéter.

-"Comment je ne pourrais pas l'être ? Comment peux-tu rester là, aussi calme, quand nos vies pourraient être chamboulées par la venue d'un enfant ?"

-"Tu crois que je ne suis pas inquiet ?"

-"Je ne sais pas. Je n'ai pas vraiment la tête assez clair pour essayer de comprendre."
Ses mains étaient douces et chaudes lorsqu'elles touchèrent la peau de son cou pour des caresses - Ses pouces glissaient le long de sa mâchoire. Elle était en colère contre elle-même de céder si rapidement à son regard, à ses yeux qui la rendaient incapable de faire le moindre mouvement. Elle ne voulait pas être aussi réceptive mais elle n'en était pas capable.

-"J'ai peur. Je sais que nous ne sommes pas prêts à quelque chose d'aussi important mais je sais aussi que si bébé il y a, alors nous y arriverons. Je suis tout aussi inquiet que toi à ce sujet et je pense avoir été clair."

-" Je ne sais, parfois je sais ce que tu ressens et parfois pas.

-"Eh bien je serais là pour toi."
Lisbon ferma les yeux, rassurée de na pas être la seule à être inquiète. Elle avait eu l'impression d'être la seule à penser les conséquences que leurs actes pouvaient avoir.

Prenant une profonde inspiration, elle ouvrit les yeux et le regarda rassembler leurs effets personnels pour la journée. Progression lente, elle laissa ses mains rester sur le tissu de sa veste alors qu'il continuait à chercher sur son visage la chose qu'elle allait dire.

-"Je ne veux pas que tu sois un "mari soutien" pour le moment Patrick. Je ne veux pas que tu sois là pour moi, mais ici avec moi. Tu comprends ?"

-" Oui, je comprends". Un petit sourire sur ses lèvres. C'était tout ce qu'elle voulait, elle voulait qu'il soit là, qu'elle n'est pas l'impression d'être seule si leur monde s'écroulait. Ce ne serait pas la fin du monde et elle savait qu'il avait raison, ils pourraient gérer. Elle ne voulait pas dire que ça n'arriverait jamais ou qu'elle détesterait leur enfant si il venait à naître.
-" Pourquoi n'irais-tu pas prendre une douche le temps que je prépare quelque chose à manger - Je vais me prendre un comprimé pour mes maux de tête."

Ses lèvres se pressèrent contre son front et elle approuva.

" Je vais quand même travailler."
Lisbon pouvait déjà dire que ça allait être juste un de ces mauvais jours.

Il y avait quelque chose qui tracassait Jane. Lisbon pouvait dire que quelque chose n’allait pas mais il était têtu. Elle ne pouvait pas vraiment dire quoi que ce soit étant donné qu’elle n’était pas vraiment un livre ouvert quand à ses sentiments et maintenant elle savait ce qu’il pouvait ressentir lorsqu’elle niait délibérément qu’un problème existait. Soudain, elle se dit que s’ouvrir un peu plus pourrait être une bonne chose au lieu de chercher la bagarre au point de la mettre tant en colère qu’elle ne se souciait pas de comment il réagirait. Elle avait toujours peur de ce qu’il dirait si elle venait et lui disait ce qui la tracassait, ce qu’elle ressentait et maintenant elle se demandait si c’était ce qui l’ennuyait. Peut-être avait-il peur.

Elle ne pouvait pas lui faire face maintenant, ils étaient au travail et elle s’était promit de ne pas laisser sa vie personnelle empiéter sur sa vie professionnelle. C’est ainsi qu’elle parvenait à compartimenter les choses jusqu’à présent et elle n’allait pas laisser tomber. Elle l’avait déjà questionné sur son étrange comportement avant même qu’ils prennent leur douche tôt ce matin et il l’avait simplement embrassé tendrement en lui disant de ne pas se faire de souci. Ouais, parce que c’était possible. Il savait qu’elle était une femme à se faire du souci alors pourquoi il cherchait à la rassurer avec une telle phrase, c'était incompréhensible pour elle. Ça ne marchait jamais, elle ne s’arrêterait pas de stresser juste parce qu’il le lui disait. Elle était probablement plus stressée ces deux derniers mois que durant les deux années précédentes.

Deux mois et dix jours et elle avait toujours la bague à son doigt, bien que la plupart du temps elle la range dans sa poche lorsqu’elle travaillait et priait pour ne pas la perdre. Vraiment peu de gens savait pour son mariage, seulement l’équipe. Hightower savait qu’elle était mariée à présent mais Lisbon n’avait pas dit qui était l’homme, et n'en avait pas l'intention. Et pour tous les autres -incluant les grands pontes- personne ne savait. Elle n’avait pas nécessairement honte, c'était ses affaires et ça ne regardait personne d'autre. Bien entendu s’ils lisaient son dossier ils verraient que son statut avait changé mais à part cela elle avait gardé son nom, seulement trois personnes savaient qui était l’homme qu’elle avait épousé. Si les choses continuaient ainsi alors elle savait qu’il ne serait pas difficile de conserver le secret, sauf si Jane avait d’autres plans.

Peut-être que c’était ce qui le tracassait, le fait que -à moins d’être derrière les portes closes de son bureau- ils ne pouvaient pas se permettre de se laisser aller. Le stupide commentaire sur ses sous-vêtements qu’il avait fait quelques semaines plus tôt avait été dangereux et tout à fait irresponsable mais elle n’en attendait pas moins de cet homme. C’était quelque chose qu’il faudrait qu’ils travaillent. Elle ne lui avait pas dit alors que son patron savait qu’elle n’était plus célibataire, elle ne savait pas que ‘le chanceux’ était Jane. Quelque chose lui disait qu’il ne serait pas le plus heureux mais lorsqu’elle lui avait demandé si elle pouvait gérer le côté travail à sa façon, il avait dit oui et il devait certainement savoir que la raison pour laquelle elle voulait le faire seule était qu’ainsi elle n’aurait pas à mentionner son nom. Ou peut-être que non. Pourquoi tout à coup se sentait-elle coupable?

Elle était en train de laisser sa vie personnelle empiéter en se laissant aller à penser à tout ça au point qu’elle n’était même pas capable de se concentrer sur l’écran d’ordinateur qu’elle fixait. Les mots continuaient de se mélanger et tout ce à quoi elle pouvait penser était que Jane n’avait pas encore passé la tête dans son bureau. Ça et bien entendu le fait qu’elle devait absolument prendre un test de grossesse. Cela l’irritait qu’à chaque fois qu’elle se sentait à l’aise dans leur mariage, quelque chose venait tout mettre en l’air. Elle était bien plus irritable maintenant qu’elle savait qu’elle avait du retard, bien que cela puisse être dû au stress. Elle l’espérait vraiment.

Elle ne pouvait se concentrer sur rien, son cerveau l’en empêchait. Elle était bien plus étourdie dernièrement qu’elle ne voulait bien l’admettre et ce n’était pas quelque chose qu’elle semblait être en mesure de faire toute seule. Ce serait peut-être une bonne idée d’en parler à Jane ou à quelqu’un. Vraiment, il était tout ce qu’elle avait.

Agacée envers elle-même, elle laissa échapper un grognement et commença à réciter les faits de l’affaires en cours afin de se clarifier l’esprit de tout sauf le travail. Victime: Jacob Coolidge, dix neuf ans, poignardé. L’affaire leur était revenue à cause de leurs compétences mais à part ça, il n’y avait rien de spécial. Elle savait que Jane n’était pas vraiment lui-même lorsqu’ils avaient quitté l’appartement mais lorsqu’elle constata son bon comportement face à la famille de la victime, elle en vint à la conclusion que quoi que soit ce qui le dérangeait, c’était sérieux. C’est là que son esprit dériva de nouveau. L’affaire, l’affaire, elle avait besoin de s’occuper de l’affaire. Ils avaient interrogé la famille, obtenu les noms de quelques personnes avec qui le garçon s’était accroché et elle avait Cho et Jane qui s’en occupaient. Elle avait besoin d’une petite pause loin de son mari.

“ J’abandonne.”
Il y avait bien trop de chose dans sa tête. Sans même réfléchir, elle quitta son bureau et se rendit dans l’open space. Une part d’elle s’était toujours demandé quelque chose et elle était sur le point d’avoir sa réponse.

Ignorant les regards de Rigsby et Van Pelt, elle se laissa tomber sur le canapé dans un soupir dramatique. Ses collègues se regardèrent et se tournèrent pour voir ce qu’elle faisait alors qu’elle s’étendait et posait sa tête contre le bras du divan. Elle s’était toujours demandé si ce canapé avait des capacités pour aider à réfléchir ou si les choses comme ça marchaient uniquement sur Jane. Elle ne s’occupa pas de ses agents, fixant juste le plafond et laissa ses pensées dériver. Peut-être qu’ils étaient censés dispersé dans des sujets indépendants. C’était peut-être le secret de Jane -pas qu’elle veuille être comme lui.

“ Hum, cette tache ressemble un peu à Elvis.” Lisbon ne réalisa même pas qu’elle avait dit les mots à voix haute jusqu’à ce qu’elle entende Rigsby ricaner. C’était peut-être un peu étrange -Okay très étrange- pour elle d’être allongée sur ce canapé dans l’open space mais elle avait juste envie de savoir si elle pourrait mieux réfléchir dans un autre décor et peut-être qu’une petite part d’elle espérait qu’en se couchant sur le canapé de Jane ça l’aiderait à comprendre ce qui le tracassait. Bien entendu ça n’avait pas de sens mais elle était prête à essayer.

“ Hum, patron ?” La voix de Van Pelt avait prit cette petite pointe effrayée qu’elle semblait avoir lorsqu’elle voulait demander quelque chose qu’elle ne pensait pas être approprié. Tournant la tête pour regarder vers la jeune agent, Lisbon ne prit pas la peine de bouger.

“ Hum ?”

“ Vous allez bien ?”

“ J’vais bien. Est-ce que Jane était… étrange aujourd’hui ?” Elle savait qu’elle n’était pas la seule à avoir noté son comportement et aussi bête que cela soit, elle voulait avoir quelques idées sur son attitude si bizarre.

“ Jane est toujours bizarre.” Avec un sourire, Lisbon ne put qu’être d’accord. L’homme l’était définitivement. “ Mais il se comporte mieux que d’habitude.”

“ C’est de ça que je parle. A-t-il dit quoi que ce soit à l’un d’entre vous, un truc ou n’importe quoi sur ce qui le tracasse ?”

“ Non, pas à moi.”
Mince, impasse. Elle avait espéré un petit indice. Se tournant pour fixer de nouveau le plafond, elle laissa échapper un soupir.

“ Rigsby ?”

“ Moi non plus.”
Murmurant un ‘merci’, elle ferma les yeux et tenta de se souvenir si elle avait fait quelque chose de mal. Elle savait qu’elle avait tendance à dire des choses ou faire des choses qui les laissaient tendus l’un envers l’autre mais elle ne parvenait pas à se souvenir. Elle avait été un peu stressée dernièrement mais s’était toujours sentie mieux avec lui dans le coin et s’ouvrait même un peu plus donc elle ne pensait pas que ça pouvait être ça. Il lui avait même dit qu’il était un peu inquiet. Vraiment, elle ne parvenait pas à se souvenir de quoi que ce soit qui pouvait le tracasser. N’était-elle pas supposée être celle avec des doutes dans ce mariage ? Si c’était ce qu’il ressentait à chaque fois qu’elle gardait pour elle ses insécurités et s’en cachait, alors elle était désolée de lui avoir infligé ça.

Il y eut plusieurs longues minutes de silence, et elle s’endormit presque avant que la timide voix de Van Pelt se fasse entendre de nouveau avec une question qui serra le cœur de Lisbon.

“ Ne vous le dirait-il pas si quelque chose n’allait pas ? Je veux dire vous êtes mariés…”

“ C’est Jane, Grace.”
Personne ne dit plus rien après ça, probablement parce qu’elle avait parlé de façon plus douce et vulnérable qu’elle ne l’aurait voulu. C’était plus que ce qu’elle aurait voulu partager avec la rousse et elle avait même utilisé son prénom, chose qu’elle ne faisait pas souvent. Lisbon n’allait certainement pas dire quoi que ce soit de plus sur sa vie privée compliquée mais pour quelque raison que ce soit, elle se sentit mieux pour avoir dit ça tout haut à quelqu’un d’autre que son mari.

Elle devrait essayer plus souvent, après tout Van Pelt lui rappelait elle-même à ses débuts. Malgré tout, elle se sentit un peu bizarre de savoir que Rigsby avait aussi entendu. Elle avait techniquement brisé sa règle de ne pas parler de sa vie personnelle, elle le savait et elle savait aussi qu’elle avait prit le risque que quelqu’un passe et entende la conversation. Elle avait voulu étrangler Jane pour à peu près la même chose quelques semaines plus tôt et la voilà, brisant sa propre règle. Techniquement, elle pouvait blâmer Van Pelt pour l’avoir commencé.

Peut-être que son idée de tester le canapé n’avait pas été bonne. Elle avait techniquement un canapé dans son bureau mais elle avait pensé que peut-être elle se sentirait plus proche de Jane en se trouvant sur celui qu’il aimait tant. Un autre soupir s’échappa de ses lèvres juste au moment où l’homme en question et Cho arrivèrent. Elle ne se donna pas la peine de lever les yeux vers lui jusqu’à ce qu’il se penche sur elle, ses boucles un peu plus ébouriffées qu’avant qu’il parte et ses yeux semblaient plus fatigués. Aucun des deux n’avaient beaucoup dormi ces derniers temps avec tous leurs soucis.

“ Et bien bonjour. Tu kidnappes mon canapé ?”

“ Non.”
Lisbon ne perdit pas de temps, s’assit rapidement et planta les pieds au sol. Elle ne pouvait pas perdre sa journée ici et il était hors de question qu’elle partage le canapé avec lui. Elle avait fini par oublier où ils étaient, était tombé dans une routine confortable et n’importe qui les regardant pourrait se douter de leur relation. “ Je me demandais juste si le génie se trouvait dans les coussins.”

“ Douterais-tu de mes capacités? Et ne pense pas que je n’ai pas remarqué que tu viens juste de m’appeler un génie.”

“ Ça dépend, tu as quelque chose pour moi ?”

“ Euh, pas vraiment.”
Avec un hochement de tête elle se leva du confortable canapé et le regarda prendre sa place. Aussi longtemps qu’ils seraient au travail, elle ne lui demanderait pas pourquoi il n’était pas lui-même.
“ Cependant, ne t’inquiètes pas Lisbon, je suis certain que je vais trouver. J’ai juste besoin d’une petite sieste.”

“ Et bien viens me voir lorsque tu auras fini de ne rien faire et vous, Jane n’est pas un génie.” Laissant quelques petites choses à vérifier à son équipe, Lisbon se dirigea vers la cuisine. Une tasse de café lui ferait du bien et elle commençait à avoir un peu faim. Une part d’elle avait espérait que peut-être Jane lui aurait apporté quelque chose d’aussi banal qu’un repas.

Elle affronterait Jane plus tard à la maison lorsqu’il n’y aurait qu’eux mais pour le moment, elle serait silencieuse sur ses inquiétudes à son sujet et sur le fait qu’elle pourrait porter son enfant. Personne n’avait besoin de le savoir et elle n’allait certainement pas en parler. Le vide de la cuisine la rassura pour penser. Ça n’avait pas vraiment de sens mais elle imagina que ses pensées ne pourraient pas être devinées s’il n’y avait personne. Bien entendu elle n’avait pas ressentit ça lorsqu’elle était allée s’installer sur le canapé, mais elle avait le droit de changer d’avis de temps en temps.

Bricolant un moment, elle mit un peu plus de vingt minutes à se faire une tasse de café et à trouver quelque chose à grignoter. Malheureusement, ses recherches furent infructueuses et elle abandonna. Réalisant qu’elle ne pouvait pas passer toute la journée à déambuler, elle attrapa sa boisson et retourna dans son antre. Elle pouvait se sentir surveillée et se mit immédiatement en alerte.

Elle remarqua que les regards venaient de son équipe et se demanda pourquoi ils la fixaient. Jane ne le faisait pas mais elle se douta qu’il avait quelque chose à voir avec ça. Son cœur s’accéléra à l’idée qu’ils puissent avoir découvert le secret qu’elle avait eut tant de mal à leur cacher -comme le fait qu’elle n’était jamais sortie avec l’homme qu’elle avait épousé. Peut-être qu’elle était juste parano.

“ Oh, Lisbon!”
Elle était presque à l’abri dans son bureau, elle pouvait toujours faire confiance à Jane pour tout faire rater même avec les yeux clos. Parfois, elle avait vraiment envie de brûler son canapé.

“ Quoi ?”

“ Nous n’avons plus de lait. J’ai pensé que nous pourrions aller au magasin ce soir ?” Secouant la tête, elle se retourna de son lieu de tranquillité. Elle devrait apprendre à juste continuer de marcher. Et dire qu’elle pensait qu’il avait quelque chose d’important à lui dire sur l’affaire.

Ce ne fut que lorsqu’elle ferma la porte derrière elle qu’elle se souvint qu’il y avait un litre plein au frigo. Elle l’utilisait avec ses céréales. Génial, cela s’ajoutait à la liste des raisons pour elle de s’inquiéter. Jane. Bébé. Jane. Pourquoi le monde la détestait-il autant ? Qu’avait-elle fait pour que son Karma joue avec elle comme ça ? Jane, nourriture, lait - elle était tourmentée par le lait. S’il voulait aller au magasin il n’avait pas besoin de mentir sur sa raison pour y aller. Il agissait bizarrement et elle n’aimait pas du tout ça.

Prenant une gorgée de café, elle s’installa à son bureau et fronça un peu plus les sourcils. Ils avaient besoin de résoudre cette affaire, elle avait besoin de savoir ce qu’il se passait avec son mari et elle avait besoin de savoir si elle était enceinte ou non. Ça faisait beaucoup, mais ça devait être fait et vite. Surtout le dernier point, elle ne supportait pas de ne pas savoir. Ça la rendait folle.

Jane continua d’agir étrangement pour le reste de la journée, choisissant de rester sur son canapé. Il ne l’embêta pas ou n’alla pas la voir pour une de leurs petites discussions dans l’après-midi comme ils en avaient l’habitude. Pas de dispute, rien. Le plus proche d’une boutade fut seulement lorsqu’il l’avait trouvé sur son canapé. Après ça, il fut silencieux et presque inexistant. C’était comme s’il n’était pas vraiment là - comme si son esprit était occupé ailleurs. Toute la journée, il fut comme ça. Tout le monde le remarqua.

Avec du mal pour trouver des pistes, c’était un peu difficile de ne pas voir que Jane n’était pas lui-même. A la fin de la journée, Lisbon en avait assez. Elle voulait savoir ce qui n’allait pas, il avait l’air -elle ne voulait pas dire triste- mais tourmenté par quelque chose. Elle commencerait certainement à être plus ouverte avec lui après ça. Sachant comment c’était d’être dans le flou et de ne pas savoir ce qu’il ressentait ne faisait qu’augmenter ses insécurités.

Ce fut des heures après -l’horloge montrait que c’était définitivement le soir- que Lisbon quitta son bureau. Il était temps de partir. L’affaire était au point mort jusqu’à ce qu’il arrive quelque chose et il n’y avait rien qu’ils puissent faire de plus aujourd’hui. Elle était trop fatiguée pour essayer et rester plus longtemps -bien trop fatiguée. C’était au point de presque trébucher lorsqu’elle verrouilla son bureau pour la nuit. Bien que cela pouvait être parce qu’elle était distraite. Elle trouva l’homme qu’elle cherchait sur son canapé. Il lui fit un petit signe de la main et avec un sourire, elle s’arrêta devant lui.

“ Prêt à y aller ?” La question en elle-même était inutile, elle savait qu’il l’était et là encore il sembla que ce fut les seuls mots qu’elle trouva à dire. Avec un hochement de tête, il se leva et plaça une main dans le bas de son dos pour la diriger vers l’ascenseur. Leur marche fut silencieuse, l’attente aussi et le trajet vers le parking encore.

“ Teresa…”
Ce fut le murmure qui la fit frissonner aussitôt qu’ils furent dans sa mustang. Il était hors de question qu’elle le laisse conduire son bébé donc elle se trouvait derrière le volant et lui était le passager partant à la recherche de sa main avant qu’elle ne puisse démarrer. “ Je, euh… Je sais que tu…”

“ Que je quoi ?”

“ Que tu as du retard.” Ses joues virèrent au rose à sa phrase soigneusement dite. Elle avait été assez inquiète à ce sujet mais elle savait qu’il l’avait noté.

“ Je sais.”

“ Ne penses-tu pas qu’il est temps de faire le test ?” Pour dire la vérité, elle y avait pensé mais l’avait repoussé. Terrifiée par les résultats. Bien entendu, elle pensait que ça venait mais elle était non seulement en retard, mais de dix jours.

“ C’est-ce que tu voulais dire par s’arrêter pour acheter du lait ?” A son hochement de tête, elle baissa les yeux sur ses genoux et laissa ses doigts s’emmêler aux siens. “ Okay. C’est-ce qui t’inquiétait toute la journée ?”

“ Pas vraiment mais ne t’inquiètes pas, j’irais bien demain matin.”

“ Patrick, je sais que je ne peux pas dire grand chose parce que je ne te dis rien sauf lorsque tu me forces mais j’aimerais vraiment que tu me dises ce qui n’allait pas aujourd’hui.” Elle n’avait pas voulu avoir ce genre de conversation dans sa voiture sur le parking du CBI mais elle le fit quand même. “ S’il te plait ?”

“ Je vais bien. Je te le promets, juste un peu débordé.” Avec un léger froncement de sourcils, elle ouvrit la bouche pour demander encore mais il capta son regard et lui offrit un petit sourire. “ Honnêtement, ça ne m’avait pas vraiment frappé jusqu’à maintenant que tu pourrais…”

Le mot ‘enceinte’ ne passa pas ses lèvres, il se contenta d’indiquer son ventre ce qui la fit retenir un sourire. Toujours, les gens indiquaient toujours le ventre et encore ce n’était même pas proche de là où se trouvait le bébé aussi tôt. Le sérieux du moment s’attarda un peu en dépit de ses pensées et elle n’arrivait pas à savoir si elle voulait ou non en parler ou si elle voulait juste aller acheter le test pour qu’il se taise.

Le sentiment d’être laissée pour compte, ce qu’elle ressentait lorsqu’il refusait de s’ouvrir à elle revint avec une force qu’elle ne pensait pas exister. Cela lui apporta presque des larmes et elle savait qu’elle devait y faire face. Il ne servait à rien de se cacher lorsqu’ils étaient tous les deux effrayés par la même chose. Il lui avait dit que ça lui faisait aussi peur qu’à elle mais elle ne l’avait pas vraiment crut. Il était Jane -elle utilisait cette excuse pour beaucoup de choses. Lorsqu’elle le vit baisser la tête, elle réalisa qu’il avait vraiment les mêmes peurs. Enfin, presque toutes, sa plus grande peur n’avait pas encore été dite et elle savait qu’il ne l’avait pas celle la.

“ Je pense que nous pouvons nous arrêter à la pharmacie.” C’était le mieux qu’elle pouvait offrir. Elle ne savait pas de quelle autre façon le consoler, il était généralement celui qui la rassurait dans ce genre de situation.

“ Tout va bien se passer, Teresa.” Un rire fatigué passa ses lèvres, malgré ses sentiments il essayait encore de la faire se sentir mieux. Un étrange, étrange, et adorable homme.