Broken heart and New Chance ^

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Première visite

Jane se trouvait devant le bureau du docteur Harrison, il attendait que Lisbon arrive avec impatience. Il n’aimait pas les psys, ne les avait jamais aimés et il savait qu’il en était de même pour la jeune femme. Cette première visite allait être une vraie torture, aussi bien pour l’un que pour l’autre, mais elle était nécessaire à leur implication dans ce séminaire s’ils ne voulaient pas se faire démasquer. Ils allaient devoir faire attention, allaient devoir jouer le couple à problèmes ce qui n’allait pas être le plus difficile pour eux. Ils passaient déjà tout leur temps à se disputer, tout le monde s’accordait à dire qu’ils agissaient comme un vieux couple.

Le mentaliste vit arriver la jeune femme, mais l’expression de son visage l’inquiéta un peu et il vint à sa rencontre, lui prenant la main dans la sienne par pur réflexe et fut surpris qu’elle ne le repousse pas. Il y avait définitivement quelque chose qui n’allait pas avec elle et il voulait savoir de quoi il s’agissait.

-“ Teresa, qu’y a-t-il ?” lui demanda-t-il.
-“ J’ai vu le programme de la semaine” répondit-elle en levant les yeux vers lui.
-“ Et ?” Insista-t-il.
-“ Et ? As-tu jeté un œil au programme ?” Commença-t-elle à s’emporter. “ Toutes les activités auxquelles nous allons devoir participer ? Je refuse de faire ça.”
-“ Attends, montre moi ça.”

Sans lâcher la main de Jane, Lisbon l’entraîna dans le couloir, ce dernier la suivant, de plus en plus intrigué par ce programme. Ça ne pouvait pas être si terrible que ça, peu de choses pouvaient faire peur à la grande agent Teresa Lisbon. Alors si elle avait vraiment peur, alors ça devait être plus important qu’il ne l’imaginait. Ils arrivèrent enfin devant le tableau que Jane parcouru et son visage changea pour devenir l’exacte reflet de celui de sa collègue. Il comprenait à présent ce qui la gênait et il ne savait pas s’il pourrait faire la moitié de ce qui y était inscrit.

-“ ‘Développement du lien et de l’intimité dans le couple" qu’est-ce qu’ils veulent dire par là ?” demanda Jane.
-“ Je crois que c’est assez explicite, nous devons réapprendre à nous aimer je pense, par… par l’acte…” mais elle ne put finir sa phrase.

Lisbon baissa la tête, le rouge lui montant aux joues. Elle n’osait plus regarder Jane en face, pas après la demie phrase qu’elle venait de dire. Rien que d’imaginer ce que cette thérapie de couple exigeait, l’idée de passer un moment intime avec Jane… Elle avait du mal à l’imaginer. Elle savait que si jamais elle faisait ça, elle ne résisterait pas longtemps à son charme, à son sourire, à ses gestes. Cet homme était exaspérant mais à la fois si charmant, et de se retrouver ici avec lui ne l'aidait pas. Comment pourrait-elle résister à la tentation de lui sauter dessus, de lui arracher ses vêtements et de lui faire l’amour comme une bête ? ‘Oh mon Dieu’ pensa-t-elle à l’instant où les mots traversèrent son esprit. Elle ne devait pas penser à ça, elle ne devait absolument pas laisser ses fantasmes empiéter sur son enquête, il fallait qu’elle les enferme dans son tiroir concernant son consultant, bien au fond de son esprit. Elle le faisait déjà depuis longtemps, elle pouvait encore le faire, il ne devait jamais savoir ce qu’elle imaginait faire avec lui.

La main de Jane se posa sur son épaule et elle sursauta, relevant la tête vers lui, les joues aussi rouges qu’une tomate, peut-être même bien plus. Mais comment faisait-il pour toujours la mettre dans des états pareils rien qu’en la touchant, en lui parlant ? Il était vraiment incroyable, il était vraiment doué dans tout ce qu’il faisait, même pour la séduire. Il avait beau dire qu’il ne tenterait jamais de faire ça, il le faisait quand même sans s’en rendre compte. Cet homme allait la rendre folle, que ce soit dans le travail comme dans la vie privée. Mais maintenant elle devait reprendre le dessus avant qu’il ne lise encore dans ses pensées, comme il savait si bien le faire.

Elle s’éloigna du mur et se dirigea vers le bureau du médecin qui devait certainement les attendre depuis un moment. Il serait bête qu’ils arrivent en retard lors de leur première visite, elle ne voulait pas se faire remarquer, surtout pas maintenant. Elle entendit Jane la rattraper dans le couloir et passer son bras autour de sa taille, encore une fois. Lisbon leva les yeux au ciel pour la forme, elle commençait à s’habituer à ses petites attentions et il fallait absolument qu’elle arrête. Alors, elle le repoussa un peu trop brusquement car Jane ne retenta pas de la toucher et garda même ses distances. Ils arrivèrent devant le bureau juste quand le docteur Harrison ouvrait la porte.

-“ Monsieur et madame Jane je suppose ? Je suis le docteur Mary Harrison” se présenta la femme en leur faisant signe d’entrer dans la pièce.

Jane posa sa main dans le bas du dos de Lisbon, par habitude, mais elle le repoussa encore une fois, ce qui ne passa pas inaperçu au médecin. Ils prirent place sur le canapé, chacun à un bout, le plus loin possible l’un d l’autre. Jane ne comprenait pas ce qui se passait avec Lisbon mais il finirait bien par le découvrir. Il reporta donc son attention sur le médecin, enfin la psychiatre. La femme était âgée d’environ cinquante ou cinquante cinq ans, les cheveux gris remontaient en chignon sur l’arrière de sa tête dont quelques boucles s’échappaient. Elle avait un visage accueillant, un sourire charmant et son attitude était vraiment attachante. Elle devait faire du bon travail si on en jugeait par les différentes décorations qui avaient été adressées à l’établissement. Des diplômes trônaient sur les murs derrière le bureau.

Le mentaliste se tourna de nouveau vers la psy et croisa le regard de la femme qui le fixait intensément. Il se sentit soudain légèrement mal à l’aise, il n’avait pas vraiment l’habitude d’être l’objet d’étude ainsi, c’était toujours lui qui le faisait en temps normal. Il tenta néanmoins de ne pas laisser paraître son mal aise et tenta de prendre de nouveau la main de Lisbon qui était sur le canapé et à sa grande surprise ne se dégagea pas. Il tourna la tête vers elle et put voir qu’elle était aussi tendue que lui. Ça n’allait pas être facile, mais il était un maître dans l’art de la manipulation, il parviendrait donc à en faire autant avec cette femme aussi douée soit-elle dans son domaine, il était meilleur dans le sien.

-“ Bien, si nous commencions ?” proposa le docteur Harrison. “ Ici, on ne m’appelle pas docteur Harrison mais Mary, donc vous pouvez en faire autant.”

Le couple garda le silence, écoutant attentivement les paroles du médecin. Mary ne s’en offusqua pas, elle avait l’habitude de ce genre de réaction, les couples n’étaient jamais vraiment à l’aise lors de leur première rencontre. Elle devait gagner leur confiance, mais en regardant bien ce couple, elle se doutait que ça n’allait pas être facile. Ils semblaient ne pas aimer les psys, comme la plupart de ses patients, mais elle arrivait toujours à faire son travail et elle y arriverait avec eux. Ils finiraient par se détendre en sa présence, ils finiraient par lui parler. Mary observa bien la façon dont le couple se tenait éloigné l’un de l’autre mais aussi comment ils se tenaient la main. Ils avaient certes des problèmes dans leur couple, mais ils tenaient l’un à l’autre, ils avaient un lien particulier entre l’un en l’autre, c’était indéniable, peut-être quelque chose de plus fort que l’amour, un lien que personne ne pourrait jamais détruire. Mais il y avait quelque chose qui les avait conduit ici et Mary le découvrirait.

-“ Alors, si vous me disiez pourquoi vous êtes ici ?” interrogea Mary.
-“ C’est tout bête” commença Jane, “ je pense qu’il doit y avoir un petit problème de confiance entre nous.”
-“ Un problème de confiance vous dites ?” répéta le docteur. “ Qu’est-ce qui vous fait dire ça Patrick.”
-“ Et bien lorsque je ne suis pas à la maison, ou au bureau avec elle, nous travaillons ensemble” expliqua-t-il, “ elle ne cesse de m’appeler et elle ne me croit pas lorsque je lui dis où je me trouve.”
-“ C’est normal,” intervint Lisbon “ tu fais toujours n’importe quoi, je suis obligée de te surveiller de près.”
-“ Pourquoi dites vous ça Teresa ?” La questionna Mary.
-“ Il a une tendance à faire et dire n’importe quoi, ce qui énerve pas mal de monde. Il faut bien que quelqu’un le surveille.”
-“ Mais je suis adulte Teresa, je peux me surveiller moi-même, je peux prendre soin de moi.”
-“ Et si jamais quelqu’un décide de s’en prendre à toi, tu ne sais pas te défendre” affirma Lisbon en se tournant vers son consultant.

Il savait vraiment comment la mettre hors d’elle, il avait encore une fois trouvé le moyen de la mettre en colère, et ça seulement après deux minutes dans la pièce. Lorsqu’il avait dit qu’il improviserait, elle ne se doutait pas qu’il sortirait quelque chose comme ça, qu’il lui mettrait leurs problèmes sur le dos, comme si c’était sa faute à elle s’il faisait n’importe quoi. Il était insupportable, il n’en faisait qu’à sa tête et c’était toujours à elle de réparer les pots cassés.

-“ Je suis adulte Teresa, je te le répète, je suis parfaitement capable de prendre soin de moi et tu le sais, tu veux juste montrer à quel point tu es forte.”
-“ Et ton nez cassé ? Tu t’en rappelle ? Si j’avais été là ce ne serait pas arrivé.”
-“ Ça aurait pu arriver n’importe quand, que tu sois là ou pas.”
-“ Si j’avais été là, il ne te serait rien arrivé, car j’aurais fait en sorte que tu ne fasse pas n’importe quoi. Je ne peux pas avoir confiance en toi si tu ne me dis pas la vérité et que tu vas dire et faire n’importe quoi. Un jour tu pourrais te faire tuer” la dernière phrase avait été soufflée et Lisbon baissa la tête.

Le silence retomba dans la pièce, Lisbon retira sa main de celle de Jane et se croisa les bras sur la poitrine, comme pour se protéger du monde extérieur. Elle en avait trop dit, elle s’était laissé emporter une fois de plus et tout ça à cause de Jane. Si ça commençait comme ça, alors le reste de leur séjour allait être un enfer pour elle. Elle ne leva même pas la tête lorsque Jane lui posa une main sur l’épaule, elle l’ignora, tout comme elle ignora le regard que le docteur Harrison posait sur elle. Lisbon savait qu’elle venait de se ridiculiser, qu’elle avait laisse ses sentiments prendre le dessus sur son rôle de flic, mais elle n’y pouvait rien, Jane avait cet effet sur elle. Comment pouvait-elle toujours se laisser avoir par lui ainsi ?

-“ Teresa, vous allez bien ?” S’inquiéta Mary.
-“ Quoi ?” Lisbon fit Lisbon en relevant brusquement la tête.
-“ Je vous demandais si vous alliez bien” répéta le médecin.
-“ Ça va oui, je crois que le voyage m’a un peu fatiguée, je vais aller me reposer dans ma chambre.”

Elle se leva et sortit de la pièce, sans un regard pour Jane, ni pour le docteur Harrison. Avant de refermer la porte, elle posa les yeux sur Jane et vit son inquiétude pour elle, ce qui la toucha et la calma un peu. Elle lut un ‘on se voit dans la chambre’ sur ses lèvres puis elle tira et ferma la porte, laissant son consultant avec le docteur. Il allait lui en vouloir de l’avoir laissé seul avec cette femme, il était comme elle, il n’aimait pas les psys, mais elle ne pouvait pas rester, par après son débordement.

Lorsqu’elle arriva dans la chambre, elle se laissa tomber sur le lit et ferma les yeux. Elle se traita de tous les noms pour s’être laissée emporter ainsi, pour ne pas avoir sut voir la comédie de Jane et d’avoir agit de façon impulsive. Elle savait maintenant que c’était ça qu’il voulait dire par ‘on improvisera’, mais elle avait laissé parler ses sentiments au lieu de jouer le jeu pour le bien de l’enquête. Comment pourrait-elle regarder Jane dans les yeux de nouveau, comment pourrait-elle se faire respecter de lui maintenant qu’il savait ce qu’elle pensait ? Elle était vraiment une idiote.




Dans le bureau, Jane regardait toujours la porte par laquelle Teresa était partie quelques minutes plus tôt. Il avait improvisé leurs problèmes de couples, mais il commençait à croire que ce n’était pas le cas pour elle, qu’elle pensait vraiment ce qu’elle avait dit, qu’elle avait agit d’instinct, ou alors elle était vraiment une bonne comédienne. Il allait devoir lui parler afin de comprendre pourquoi elle s’était emportée ainsi au lieu de jouer le jeu avec lui. Mais pour le moment, il devait surtout sortir d’ici, il avait besoin d’aller la voir.

-“ Je crois que Teresa à vraiment peur pour vous Patrick” lui dit Mary, “ elle s’inquiète de ce qui pourrait vous arriver si elle ne se trouve pas avec vous.”
-“ Je dois bien admettre que parfois je suis un peu trop… insouciant” admit Jane, “ mais je ne me doutais pas qu’elle ressentait ça.”

Il ne jouait plus la comédie, il était honnête dans ses propos. Lisbon était inquiète qu’un jour il puisse lui arriver plus qu’un coup de poings dans le nez, elle avait peur que quelqu’un s’en prenne physiquement à lui et qu’elle ne soit pas là pour le protéger. Il ne s’était jamais douté qu’elle puisse avoir cette peur en elle, mais il fallait qu’il la rassure et vite. Soudain, il réalisa que cette idée était peut-être mauvaise, que se faire passer pour un couple à problèmes n’apporterait pas que du bien, même pour les besoins de l’enquête.

-“ Je pense que vous devriez aller la voir Patrick, elle a besoin de vous. Vous avez besoin de communiquer dans votre couple, de vous dire les choses et de faire en sorte que Teresa n‘ait plus peur pour vous.”
-“ Je sais et je vais tout faire pour que ça aille mieux. Je crois que je vais y aller.”
-“ On se revoit ce soir au diner.”

Le mentaliste se leva, salua le docteur Harrison et partit vers sa chambre et celle de Lisbon. Il ne perdit pas de temps et, lorsqu’il entra dans la chambre, il trouva la jeune femme allongée sur le lit en position fœtal, tremblante. Elle pleurait, il l’avait fait pleurer et il s’en voulut. Il se précipita vers le lit pour la prendre dans ses bras, et encore une fois elle se laissa faire. Il la serra contre lui, passa sa main dans son dos de bas en haut pour la calmer, ce qui ne tarda pas. Il la sentit attraper sa chemise et la serrer entre ses doigts, se cachant le visage contre son torse. Comment avait-il put lui faire ça, comment avait-il put la faire souffrir autant ? Il devait faire quelque chose pour elle.

-“ Je suis désolé Teresa” lui souffla-t-il, “ je ne voulais pas te faire autant de mal.”
-“ Non c’est moi, je n’aurais pas du m’emporter comme ça” renifla Lisbon en s’écartant du torse de Jane. “ Je suis désolée d’avoir ruiné notre couverture.”
-“ Oh non loin de là” lui assura-t-il, “ le docteur pense que nous avons un gros problème de communication c’est tout.”
-“ Sérieusement ?”
-“ Elle m’a dit de te parler plus, de faire en sorte que tu n’ais plus peur pour moi.”
-“ Ça risque d’être difficile” murmura la jeune femme.
-“ Je sais que je fais souvent n’importe quoi, mais je ne pensais pas que ça te touchait à ce point.”
-“ Tu es un membre de mon équipe Patrick, il est normal que je m’inquiète de ce qui pourrait t’arriver quand je ne suis pas là. Tu n’es pas flic, tu n’es qu’un consultant.”

Le couple se regarda un instant, avant que Lisbon ne réalise qu’elle se trouvait toujours dans les bras de Jane, les bras du mentaliste autour de sa taille, ses mains lui touchant la peau mise à nue par sa chemise. Elle tenta de combattre la rougeur qui voulait prendre place sur ses joues, mais échoua royalement. Elle baissa donc la tête mais Jane lui releva le visage d’un doigt doux sous le menton.

-“ Tu sais que tu es belle quand tu rougis ?” Sourit-il.

Elle lui donna un coup dans l’épaule avant d’esquisser un sourire et de se lever du lit. Elle ne voulait pas rester plus longtemps dans cette position, elle ne voulait pas prendre de risque car elle sentait sa volonté céder peu à peu par cette proximité. Elle se dirigea donc vers la salle de bain pour se rafraîchir le visage, laissant Jane sur le lit. D’ailleurs, ce dernier n’en menait pas large. D’avoir vu Lisbon pleurer, de l’avoir prise dans ses bras, serrer contre lui, de l’avoir sentie lui rendre son étreinte et surtout, de savoir ce qui l’avait mise dans cet état, il ne savait plus quoi penser.

Il repensa à la façon dont elle c’était emportée dans le bureau du docteur Harrison, la façon dont elle lui avait répondu. Ce n’était pas de la comédie, il savait qu’elle ressentait bien tout ça, qu’elle avait vraiment peur pour lui lorsqu’elle ne se trouvait pas avec lui. Et la façon dont il agissait, il ne prenait pas garde à ses agissement, il faisait ce qu’il pensait être le mieux pour mener les enquêtes, pour résoudre les affaires et trouver les coupables. Mais il allait devoir revoir ses approches avec les gens, si c’était le seul moyen de soulager les craintes de sa collègue.

Il s’assit sur le bord du lit, écoutant l’eau couler dans la salle de bain. Il n’avait vu Lisbon perdre son sang froid ainsi qu’une fois et c’était lorsqu’elle avait été accusée de meurtre. Elle gardait toujours tout pour elle, ne laissait jamais voir ce qu’elle ressentait et aujourd’hui ça avait été l’inverse. Toute cette comédie allait être difficile autant pour elle que pour lui. Il avait l’habitude de jouer les charmeurs, de flirter avec les femmes, mais ça n’allait jamais plus loin. Son idée de se faire passer pour un couple avec Lisbon n’était par une première, mais jamais ils n’avaient été aussi loin. Peut-être qu’ils devraient tout abandonner maintenant, il ne voulait pas prendre le risque de heurter les sentiments de Lisbon, elle était trop importante pour lui.

Il entendit la porte s’ouvrir et Lisbon vint le rejoindre au pied du lit. Ils gardèrent le silence un moment, la tension était encore trop présente dans la chambre. La jeune femme posa une main sur le bras du mentaliste et il leva les yeux vers elle.

-“ Il est hors de question d’abandonner Patrick” lui dit-elle. “ Si le médecin croit vraiment que nous avons des problèmes de couple, alors nous devons continuer.”
-“ Mais je ne veux pas…”
-“ Je sais que j’ai agis un peu trop vite, je ferais plus attention à présent.”
-“ Teresa…”
-“ Non Patrick, tu dois savoir que j’ai toujours peur pour mes collègues et plus pour toi parce que tu n’es pas flic, tu ne peux pas te défendre comme Cho ou Rigsby. Quand tu fais n’importe quoi j’ai peur que ça finisse mal. Il faut juste que tu fasses plus attention à l’avenir.”
-“ Je le ferais, ne t’inquiète pas. Mais promets moi de me le dire quand tu ressens quelque chose comme ça.”
-“ Je le ferais. Mais maintenant il faut que nous allions rejoindre les autres.”

Ils se sourirent avant de se lever et de sortir de la chambre. Ils venaient de se parler honnêtement, de se dire tout ce qu’ils avaient sur le cœur, enfin presque tout. Ils ne pouvaient pas se dire la totale vérité, c’était trop tôt pour ça. Mais d’ici la fin du séminaire, non seulement ils auraient apprit à mieux se connaître mais en plus ils auraient apprit à tout se dire. Jane voulait absolument que Lisbon ait confiance en lui, qu’elle cesse de s’inquiéter pour lui même s’il n’était pas avec elle. Il allait tout faire pour ça.

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Franchir les étapes une à une

Le repas s’était bien passé, autant que cela était possible avec Patrick Jane. A la plus grande surprise de Lisbon, il n’avait pas fait de vagues, il s’était bien conduit, n’avait fait de remarque à personne. Il avait même réussi à se faire des amis auprès de certains couples, alors que d’autres s’étaient contentés de l’ignorer. Il ne s’en était pas offusqué et avait discuté avec ceux qui acceptaient de lui parler. Il avait tellement été pris par ce qu’il faisait qu’il en avait presque oublié Lisbon. Cette dernière était donc restée en retrait, comme la gentille femme qu’elle était, offrant ainsi une image de la femme soumise, accentuant le fait qu’ils étaient un couple à problèmes. Et cela sembla bien fonctionner, car une autre femme lui avait tenu compagnie pendant que son mari parlait avec Jane. Ils étaient ensuite repartis vers leur chambre, après avoir salué leurs nouveaux ‘amis’.

De retour dans la chambre, Lisbon se rendit directement dans la salle de bain pour prendre une douche. Elle ne pensa même pas à Jane, l’oubliant dans la chambre pendant qu’elle pensait un peu à elle. La jeune femme avait besoin de se changer les idées, d’oublier dans quoi Jane les avaient poussés. Elle n’arrivait toujours pas à se faire à l’idée de passer une semaine entière avec Jane alors qu’elle avait déjà du mal à le supporter une simple journée. Bien sûr il avait ses bons côtés, il savait être gentil, il pouvait être si calme que parfois elle se demandait s’il était vraiment présent. Elle appréciait de travailler avec lui, il était très utile pour résoudre des enquêtes. Et lorsqu’elle n’allait pas bien, qu’elle avait besoin de parler, il savait être à l’écoute sans lui poser de questions. Il était rare qu’elle se confie à lui, mais cela arrivait de temps en temps.

La jeune femme quitta ses vêtements rapidement et entra dans la douche, faisant couler l’eau chaude le long de son corps. Le temps n’était pas très chaud en ce moment, on pouvait même dire qu’il faisait assez froid. Et la région était encore plus froide que Sacramento, de ce fait elle avait besoin de se réchauffer. Elle laissa ses pensées partir loin d’ici, aussi loin que possible de cet endroit qu’elle détestait déjà. Mais pourquoi avait-elle dit oui à Jane ? Pourquoi ne pas avoir tout simplement dit la vérité ? L’enquête aurait été plus longue, c’est certain, mais au moins elle n’aurait pas été obligée de rester avec son consultant durant si longtemps. Elle savait déjà que cette semaine serait une véritable torture, oh ça oui. Comment pourrait-elle se montrer insensible alors que Jane se montrait si affectueux avec elle, qu’il n’avait de cesse de la toucher, de l’embrasser, sur la joue d’accord, mais quand même. Elle devait absolument trouver un moyen de l’oublier, ne serait-ce que pour la nuit, car là elle ne pourrait plus rien cacher du tout.

Une fois, savonnée, rincée, Lisbon tendit la main pour attraper une serviette afin de s’essuyer, mais la bouteille de shampoing tomba à ses pieds et malheureusement, elle le posa dessus et s’écroula dans la douche comme un sac de pommes de terre.

-“ AAAAAhhh!!”

Elle tenta de se relever d’elle-même, mais une vilaine douleur dans la cheville l’en empêcha et elle retomba aussitôt.

-“ Teresa tout va bien ?” entendit-elle provenir de la chambre.
-“ Ou… oui très bien” mentit-elle, espérant que Jane ne viendrait pas vérifier de lui-même.

Mais alors qu’elle se redressait à l’aide du mur et qu’elle ouvrait en grand le rideau de douche, la porte de la salle de bain s’ouvrit sur un Jane au regard inquiet, qui passa aussitôt à un regard surpris. La jeune femme tenta de se cacher, mais la seule chose qu’elle avait était le rideau de douche. Elle tira très fort dessus, peut-être même un peu trop fort car il lui tomba dessus et elle se retrouva de nouveau au sol, enroulée dans ce foutu rideau et elle sentit les mains de Jane se poser sur elle pour lui venir en aide.

-“ Ne me touche” cria-t-elle en le repoussant et en s’enveloppant du mieux possible dans le rideau.
-“ Je veux juste te venir en aide Teresa” se défendit-il en levant les mains devant lui.
-“ Je peux le faire toute seule, mais s’il te plait sort d’ici” supplia-t-elle.

Sentant le malaise de sa collègue, Jane se redressa, s’éloigna d’elle mais ne sortit pas comme le pensait Lisbon. Il attrapa une serviette qu’il lui tendit, puis seulement il quitta la pièce, la laissant enfin seule. Lisbon souffla enfin, se sentant soulagée qu’il ne soit plus là. Elle s’enroula dans la serviette, repoussant le rideau, mais alors qu’elle voulait se lever de nouveau, elle retomba, encore. Elle ne pouvait pas y arriver seule, elle le savait, mais cela voulait dire faire appel à la seule personne qu’elle ne voulait absolument pas en ce moment. Elle pouvait toujours continuer de se démener ainsi, de se lever pour retomber ensuite, ou elle pouvait l’appeler et lui demander de l’aide. Elle réfléchit un moment avant de se décider.

-“ Patrick” appela-t-elle.
-“ Un problème Teresa ?” S’enquit-il, un sourire dans la voix.
-“ Tu… tu pourrais venir m’aider s’il te plait ?” demanda-t-elle, mal à l’aise.
-“ Tout ce que tu veux” répondit-il en ouvrant la porte, le sourire aux lèvres.
-“ Tu étais là depuis tout ce temps” ce n’était pas une question.
-“ Je savais que tu allais avoir besoin de moi, alors je suis resté” expliqua-t-il en se penchant vers elle.

Le mentaliste passa ses bras autour de la taille de la jeune femme, faisant attention à ne pas faire glisser la serviette et Lisbon passa ses bras autour de sa nuque. Elle se laissa soulever, se collant un peu plus contre le mentaliste, créant ainsi un peu plus de gêne. Mais elle ne pouvait pas faire autrement, si elle s’éloignait trop de lui, alors elle ne garderait pas l’équilibre bien longtemps. Une fois debout, elle se retrouva si près de lui que son nez s’enfonça dans sa chemise. Elle fut envahie par l’odeur de cet homme qui la rendait complètement folle, dans tous les sens du terme. Il l’aida à s’installer sur le bord du lavabo et commença à observer sa cheville.

-“ C’est un peu gonflé mais je pense que ce n’est rien” annonça-t-il.
-“ Et tu es docteur pour me dire ça ?” Sourit-elle.
-“ Pas docteur mais ton mari attentionné qui ne veut que ton bien” un petit clin d’œil et le rouge monta aux joues de Lisbon. “ Non, je plaisante. C’est juste que ma fille avait l’habitude de tomber et de se tordre les chevilles” expliqua-t-il.
-“ Oh” elle ne sut pas quoi dire d’autre.
-“ Je vais faire un petit bandage et demain tout devrait aller mieux.”
-“ D’accord, merci beaucoup.”
-“ Reste là, je vais voir s’ils ont une infirmerie dans le coin.”

Puis il sortit de la salle de bain, laissant Lisbon sur le bord du lavabo, toujours en serviette et encore rouge suite aux manipulations de son pied par Jane. Mince alors, il lui avait juste touché la cheville, simplement vérifié que tout allait bien. Pourquoi avait-elle rougi pour si peu ? Elle avait vraiment l’impression d’être redevenue une adolescente face à son premier petit ami, incapable de parler, incapable de réfléchir convenablement. Elle n’aimait pas du tout ça, elle ne se reconnaissait pas. Mais elle n’eut pas le temps de penser un peu plus à ça car Jane était de retour dans la salle de bain avec de la pommade et un bandage. Il s’appliqua à étaler la crème sur sa cheville avant de l’envelopper avec le bandage. Ensuite, il la laissa seule pour qu’elle puisse s’habiller, respectant ainsi son intimité. Elle le fit rapidement avant d’appeler de nouveau son ’mari’ pour qu’il l’aide à aller au lit.

Il l’installa confortablement dans le grand lit, remontant la couverture bien haut sur elle pour ne pas qu’elle prenne froid. Il se pencha ensuite au dessus d’elle pour lui déposer un tendre baiser sur le front. Puis, il se redressa, pris une couverture qui traînait au pied du lit et s’éloigna vers le canapé.

-“ Bonne nuit Teresa” lui dit-il en éteignant la lumière.
-“ Bonne nuit Patrick” répondit-elle avec un sourire.

Puis la pièce devint noire et le couple tenta de s’endormir, ce qui ne fut pas difficile pour Jane, contrairement à ce qu’on pourrait penser. Il s’endormit presque aussitôt, sa respiration devenant lente et régulière.




Lisbon tournait et retournait dans son lit, incapable de trouver le sommeil. Elle n’avait plus mal à la cheville, Jane s’était bien occupé d’elle, mais il y avait quelque chose qui la dérangeait. Ce quelque chose était une personne et il s’agissait de Jane. Il dormait sur le petit canapé, comme ils l’avaient prévu, enveloppé dans une fine couverture et elle pouvait le voir trembler. Il faisait vraiment froid dans cette chambre, comme dans toutes les pièces, à croire qu’ils ne chauffaient pas dans cet établissement. Lisbon pour sa part était bien au chaud, elle n’avait pas à se plaindre, mais elle n’aimait pas voir Jane ainsi. Il avait froid et n’avait vraiment pas beaucoup de place sur ce canapé, ses pieds dépassaient de l’autre côté, bien qu’il ait les jambes repliées. Elle se sentit mal de dormir dans ce grand lit, bien au chaud sous cette grosse couverture, alors que lui souffrait d’inconfort et de froid. Elle devait faire quelque chose, elle ne pouvait pas le laisser comme ça pour le reste de la nuit.

-“ Patrick ?” L’appela-t-elle doucement.
-“ Un problème Teresa ?” S’enquit-il aussitôt.
-“ Viens dans le lit avec moi, il fait froid et en plus tu es mal à l’aise sur le canapé” expliqua la jeune femme.
-“ Je vais bien, ce n’est pas nécessaire” contesta-t-il. “ Je suis bien là.”
-“ Explique-moi pourquoi tu tremble alors” elle savait qu’il ne trouverait rien à dire.
-“ Bon, d’accord” céda-t-il.

Jane se leva, plia la couverture sur le canapé puis se dirigea vers le grand lit, sans allumer la lumière. Il remarqua tout de même, à la lueur de la lune passant par la fenêtre, que Lisbon lui avait ouvert le lit afin qu’il puisse la rejoindre, ce qu’il fit, non pas sans hésitation. Jouer au couple marié, se faire des caresses et des baisers était une chose, mais dormir dans le même lit qu’une femme, même Lisbon, en était une autre. Il n’avait pas dormit avec une femme depuis Angela et il ne se sentait pas vraiment à l’aise dans cette situation. Mais il décida de ne pas le montrer, il ne voulait pas que Lisbon sache à quel point son idée le gênait plus qu’il n’avait voulu le laisser entendre. Il remonta la couverture sur lui, tenta de retrouver le sommeil, mais il ne vint pas aussi facilement que sur le canapé. Et soudain, il se passa quelque chose qu’il n’avait pas prévu, quelque chose qu’il n’aurait jamais imaginé, Lisbon se rapprocha de lui, doucement, comme si elle doutait de ce qu’elle faisait et s’installa contre lui. Il se tendit immédiatement et Lisbon dut le sentir car elle s’écarta aussitôt.

-“ Désolée” souffla-t-elle en se recouchant de son côté.

Jane remarqua de la peine dans sa voix, quelque chose qu’il n’aimait pas du tout entendre. Il réfléchit rapidement et agit par instinct, oubliant sa gêne pour faire quelque chose que lui aussi voulait depuis déjà quelques temps sans jamais vraiment y avoir pensé. Il se déplaça dans le lit, entoura la taille de Lisbon d’un bras et attendit qu’elle fasse le reste. D’abord hésitante, la jeune femme fini par en faire autant et elle vint poser sa tête sur son torse, l’entourant d’un bras elle aussi. Ils n’avaient jamais imaginé, ni l’un ni l’autre, qu’ils pourraient un jour se retrouver dans le même lit, dans les bras l’un de l’autre. A cet instant, ils se sentaient bien, comme dans un autre monde où ils étaient seuls. Ils venaient de franchir une grande étape ce soir, une étape qu’ils ne pensaient pas être capables de franchir. Et contrairement à ce qu’ils pensaient, le sommeil arriva à eux rapidement, ils finirent par s’endormir l’un contre l’autre.

*****

Mise au point

Jane sentit une douce chaleur sur sa peau et une légère brise lui chatouiller le visage. Il se rendit compte que le matin était déjà là et qu’il avait dormit toute la nuit, d’un sommeil lourd, reposant, merveilleux. Il se rappela qu’il avait dormit avec Lisbon dans ses bras, pour la première fois depuis des années il avait tenu une femme contre lui pour dormir. Il ouvrit les yeux dans l’optique de profiter d’une Lisbon endormie lorsqu’il réalisa qu’elle ne se trouvait plus dans le lit. Il se redressa vivement, inquiet de son absence et fit le tour de la pièce de ses yeux à la recherche de la jeune femme. Elle ne s’y trouvait pas, pas plus que ses vêtements. Mais où pouvait-elle bien être ? Et surtout, quand était-elle partie ? Il ne l’avait pas sentie se lever, ni même entendu sortir de la chambre.

Le mentaliste se leva du lit, se dirigea vers la salle de bain pour faire une toilette rapide avant de s’habiller et de partir à la recherche de ‘sa femme’. Mais au moment de quitter la chambre, il trouva un mot sur la petite table basse qu’il n’avait pas vu avant. Il fit demi-tour, prit le bout de papier et le parcouru, un sourire naissant sur son visage.

‘ Cher Patrick,
Je suis partie courir un peu, ne te fais pas de souci.
Je n’en ai pas pour plus d’une heure et je te rejoindrais dans la salle pour le petit déjeuner.
Affectueusement,
Teresa.’

Il reposa le petit mot sur la table et s’installa sur le canapé. Il n’avait plus besoin de quitter la chambre, Lisbon allait bientôt revenir de sa petite balade matinale. Il sourit en pensant que, même en mission sous couverture, elle restait elle-même et ne perdait pas ses habitudes. Il n’eut pas à attendre longtemps car il entendit la porte s’ouvrir et Teresa apparaître, les cheveux attachés en queue de cheval, portant un pantalon de sport moulant noir et un sweat rouge. Qu’est-ce qu’il aimait la voir porter du rouge, ça lui allait parfaitement bien et faisait ressortir la pâleur de sa peau ainsi que le noir de ses cheveux. Elle était tout simplement magnifique, même toute transpirante. Pris d’une impulsion soudaine, il se leva, contourna la table basse, attrapa la jeune femme au visage et lui planta un baiser sur les lèvres.

D’abord surprise du comportement de son collègue, Lisbon fini par se laisser aller contre lui, passant ses bras derrière sa nuque. Elle lui rendit son baiser, passa sa langue sur ses lèvres pour lui demander l’accès à sa bouche qu’il lui donna avec plaisir. Ils s’embrassèrent amoureusement, comme si c’était naturel, comme s’ils le faisaient depuis longtemps. Ils étaient dans un autre monde, plus rien n’existait pour eux si ce n’est l’autre. Ce fut un coup à la porte qui les fit se séparer brusquement et ils n’osèrent pas se regarder. Lisbon alla ouvrir la porte, évitant ainsi de poser les yeux sur Jane qui n’en menait pas plus large. Le visage souriant de Nadine apparut.

-“ Bonjour à vous deux” dit-elle enjouée, “ je suis désolée de vous déranger mais si vous voulez prendre le petit déjeuner, il faudrait venir avant qu’il ne soit trop tard.”
-“ Oui, euh… nous arrivons” répondit Lisbon.
-“ Bien, je vais vous laisser vous préparer.”

Puis, la jeune femme disparut et Lisbon referma la porte. Elle prit une grande inspiration avant de se tourner pour faire face à Jane qui n’avait toujours pas bougé. Elle se sentit soudain mal à l’aise, ne sachant pas quoi faire, ni dire. Elle ne savait même pas pourquoi elle l’avait laissé faire ça, c’était Jane après tout. Mais au souvenir de ses lèvres sur les siennes, de ses mains sur son corps et de la nuit qu’ils avaient passé dans les bras l’un de l’autre elle sentit une gène la gagner. Elle ne se reconnaissait plus, elle ne savait plus vraiment ce qu’elle faisait et ça ne datait pas d’hier. Elle le laissait faire un peu ce qu’il voulait, elle ne s’imposait plus assez et c’était plutôt elle qui faisait ce qu’il disait. Elle était la chef de cette équipe, mais elle ne se sentait plus comme telle, elle ne se sentait plus celle qu’elle avait été par le passé, elle ne se sentait plus elle-même. Jane pouvait faire d’elle ce qu’il voulait et elle était incapable d lui refuser quoi que ce soit.

En parlant de Jane, elle le vit s’avancer vers elle, la même expression perdue toujours sur le visage et elle mit les mains en avant afin de le faire s’arrêter. Il ne devait pas venir plus près, elle ne voulait pas qu’il vienne plus près, sinon elle ne pourrait pas se retenir de le prendre dans ses bras et de l’embrasser encore. Elle avait envie de ses lèvres, elle avait envie de sa douceur, mais elle ne le devait pas. La seule chose qu’elle devait faire était de mener à bien cette enquête et de retourner à sa vie d’avant.

-“ Ne fais pas un pas de plus Jane” le prévint-elle.
-“ Pourquoi ? Qu’est devenu le Patrick ?” S’inquiéta-t-il.
-“ Je… je ne peux pas continuer, je ne peux pas faire semblant d’être ta femme, même pour une enquête, c’est trop.”
-“ Dis-moi ce qui te tracasse ?”
-“ Ce qui s’est passé hier soir, et ce matin, ça n’aurait jamais dut arriver, nous ne pouvons pas, nous ne devons pas.”
-“ Mais pourquoi ?”
-“ Je ne peux pas, j’ai… Je tiens à toi Patrick, bien trop à toi et toi… tu… tu aimes toujours ta femme, il n’y a pas de place pour moi dans ton cœur.”

Alors c’était ça, Jane venait enfin de comprendre pourquoi Lisbon se montrait plus distante depuis quelques minutes, mais surtout pourquoi elle avait mal pris le fait de cette mise en scène. Il savait qu’elle n’aimait pas être prise de cours, qu’elle voulait toujours avoir le contrôle. Mais aujourd’hui elle ne l’avait plus, elle était perdue, aux prises avec ses sentiments, sentiments qu’il partageait mais qui le terrifiaient en même temps. Elle avait raison, ils ne pouvaient pas faire ça, mais pas à cause du travail, ni à cause du fait qu’il aimait encore sa femme, car il l’aimerait toujours. Il avait assez de place pour deux femmes dans son cœur, le problème ne venait pas de là. Le problème était qu’il n’était pas l’homme qui lui fallait, il n’était pas celui qui saurait la rendre heureuse et faire de sa vie un bonheur constant. Il ne voulait pas la perdre et il savait que s’il continuait sur cette voie, il allait la perdre. Il ne pouvait pas se le permettre.

Jane retourna s’asseoir sur le canapé, obéissant ainsi à la demande de Lisbon. S’il ne voulait pas la perdre, il devait faire ce qu’elle lui demandait, sans jamais remettre ses ordres en question. Mais pour l’enquête, il refusait d’y mettre un terme, même si cela voulait dire continuer de prétendre être marié à la jeune femme. Il le devait, pour cet homme, trouver l’assassin de sa femme pour qu’il puisse trouver la paix. Il aurait voulu pouvoir le faire lui-même, trouver la paix, mais il n’avait pas eut cette chance. Il releva les yeux vers Lisbon qui se trouvait toujours devant la porte.

-“ Nous devons continuer cette enquête à ma façon” dit-il alors, “ c’est le seul moyen de trouver qui a tué Amelia.”

Lisbon parut réfléchir un moment, peu certaine que ce soit le bon choix. Bien sûr elle voulait trouver qui avait tué Amelia, mais ce qu’elle ne voulait pas c’était de rester avec Jane aussi longtemps, de devoir se faire passer pour sa femme et souffrir chaque jour un peu plus car ce ne serait que ça, de la comédie. Elle savait qu’elle n’aurait jamais dut laisser ses sentiments évoluer à ce point, elle n’aurait même jamais dut se laisser séduire par cette homme au départ. Mais à présent que le mal était fait, elle devait vivre avec et s’efforcer de ne plus y penser. Ce serait le seul moyen de ne pas trop souffrir et peut-être qu’avec de la chance, elle pourrait les oublier et repartir de zéro. Elle allait devoir y travailler dur, mais elle avait passé sa vie à penser aux autres, elle pouvait continuer. Un jour peut-être, elle aurait la chance de rencontrer l’homme qui saurait la rendre heureuse, celui qui saurait l’aimer entièrement.

La jeune femme avança dans la chambre et vint s’installer à côté de Jane. Elle n’osa au début pas rencontrer son regard, encore un peu troublée par ses révélations, par le fait qu’ils s’étaient embrassés, qu’ils avaient dormit ensemble. Mais aussi, et le pire de tout, elle se souvint que la veille au soir, Jane l’avait vu nue dans la douche. Elle avait encore du mal à se faire à cette simple pensée et pourtant il le faudrait bien. Par chance, ce matin en se réveillant, sa cheville allait mieux et elle avait put sortir pour courir un peu, mais surtout pour éviter de devoir affronter son collègue au réveil. Elle ne savait pas comment il aurait prit le fait de se réveiller avec une femme dans ses bras après avoir passé tant d’années seul.

Elle sentit la main de Jane se poser sur son bras et là seulement elle releva les yeux et plongea dans l’océan de ceux de son consultant. Il y avait toujours cette lueur inquiète dans son regard, mais aussi quelque chose de plus, une chose à laquelle elle ne voulait pas penser. Elle croyait y voir ce qu’elle pouvait trouver dans ses propres yeux lorsqu’elle le regardait, cette admiration, cet attachement, cet amour. Mais ça ne pouvait pas être là, il ne pouvait pas l’aimer comme elle l’aimait. Son cœur était déjà prit, même si elle espérait qu’il lui laisse une chance. Mais d’après de ce qu’il lui avait dit, il ne faisait ça que pour le bien de l’enquête, il n’y avait rien de plus.

Jane de son côté ne savait plus quoi faire avec Lisbon. Il avait comprit qu’elle était d’accord avec lui, l’enquête passait en premier et leurs sentiments après. Ils avaient donc convenu qu’après la fin de cette affaire, ils ne reparleraient plus jamais de la confession de la jeune femme. Pas besoin de mots pour se comprendre, ils se parlaient avec les yeux. Mais au fond de son cœur, il aurait tant voulu pouvoir lui donner ce qu’elle voulait le plus, lui rendre cet amour qu’il sentait se développer pour elle. Pourquoi ne pouvait-il pas faire ce pas vers elle, qu’est-ce qui le retenait ainsi ? Son amour pour sa femme décédée ? Non, il le savait déjà, il pouvait faire de la place pour un autre amour. Mais alors quoi ? Sa peur ? C’était certainement ça. Il avait peur de la blesser plus que de l’aimer, pas qu’il n’allait pas l’aimer, mais sa vie était un tel chaos qu’il ne pouvait pas être certain qu’elle ne souffrirait pas.

Le mentaliste remonta sa main le long du bras de la jeune femme pour finir sa course sur sa joue qu’il caressa tendrement. Il savait qu’il ne devait pas, mais c’était plus fort que lui et à voir la réaction de Lisbon, elle appréciait autant que lui. Elle ferma les yeux, savourant la douceur de sa main sur sa joue. Il se rapprocha d’elle, son visage s’arrêtant à seulement quelques millimètres du sien et elle rouvrit les yeux. Il put y voir ce dilemme, celui de savoir si elle devait continuer ou pas. Elle semblait lui demander de continuer et d’arrêter en même temps.

-“ Patrick” souffla-t-elle contre ses lèvres.
-“ Je sais que tu en as envie autant que moi” répondit-il.
-“ On ne peut pas faire ça” reprit-elle, plus pour se convaincre elle-même que lui.
-“ Je sais que tu as peur, moi aussi j’ai peur, mais…”
-“ Alors ne fait pas ça.”

Mais avant qu’il ne puisse lui répondre quoi que ce soit, quelqu’un frappa à la porte, comme quelques minutes plus tôt. Une fois encore, ce fut Lisbon qui alla ouvrir pour tomber une fois de plus sur Nadine, mais sans son sourire.

-“ Désolée de vous déranger encore une fois mais…”
-“ Oui, nous sommes en retard pour le petit déjeuner” la coupa Lisbon.
-“ Oh non ce n’est pas ça, même si vous êtes bien en retard. Non, en fait, il y a des agents du CBI ici qui veulent voir tous les couples, vous aussi.”
-“ Il se passe quelque chose ?” Fit semblant de s’inquiéter Jane en se levant du canapé pour venir se placer derrière Lisbon, passant un bras autour de sa taille.
-“ Et bien, il y a quelques jours, une de nos patiente est morte” expliqua Nadine, “ elle s’est suicidée et maintenant la police mène une enquête.”
-“ Mais c’est horrible” s’exclama Lisbon, une main devant la bouche.
-“ Oui, c’est horrible et je ne comprends pas pourquoi la police enquête là dessus. Enfin, quoi qu’il en soit, ils demandent à voir tous le monde.”
-“ Nous nous préparons et vous rejoignions dans la grande salle.”




Cho et Rigsby se trouvait dans la grande salle qui servait de restaurant à l’institut. Ils étaient arrivés depuis environ dix minutes mais n’avaient eut l’occasion de voir personne, la plupart des couples ayant des activités hors du bâtiment. Le seul couple à pouvoir rencontrer était celui que formait Jane et Lisbon et les deux agents avaient hâte de voir ce que cela donnait. Imaginer Patrick Jane et Teresa Lisbon en couple, les voir s’embrasser, se tenir par la main, c’était bien quelque chose que ni l’un ni l’autre des agents n’auraient crut un jour. Mais pourtant les faits étaient là, ils se faisaient passer pour tel et de pouvoir profiter de cette vision n’avait pas de prix. Malheureusement, les nouvelles qu’ils avaient à leur annoncer n’étaient pas bonnes du tout, surtout pour les femmes de cet institut.

La porte du réfectoire s’ouvrit et Jane et Lisbon arrivèrent, le mentaliste ayant une main dans le bas du dos de la jeune femme, la guidant. Le couple s’installa à une table en face des deux agents, attendirent que Nadine, qui les avaient escorté, les laisse et Lisbon se tourna directement vers Cho.

-“ Vous avez du nouveau ?” demanda-t-elle.
-“ Oui, beaucoup de choses” affirma l’asiatique. “ Et Amelia Sanford n’est pas la première à mourir suite à un suicide dans cet institut.”
-“ Que voulez-vous dire ?” Voulut savoir Lisbon.
-“ Au court des dix dernières années il y a eut cinq victimes, et toutes les morts ont été classées en suicide.”
-“ Et ça n’a inquiété personne ?” S’étonna Jane. “ Cinq morts dans le même institut ça peut faire peur non.”
-“ Comme il a été dit, toutes ces femmes étaient suicidaires” continua Rigsby, “ il n’y a jamais eu d’enquêtes pour aucune d’entres elles.”
-“ Des liens entre toutes ces femmes ?”
-“ A vrai dire pas vraiment boss” répondit Rigsby.
-“ Peut-être qu’il y a quelque chose” reprit Cho, “ toutes ces femmes avaient des points communs. Soit elles étaient brunes, soit elles avaient les yeux verts.”
-“ On aurait donc à faire à un tueur en série qui s’en prend aux femmes brunes ou aux yeux verts. Plus d’infos sur les victimes ?”
-“ Rien de plus pour les relier.”
-“ Vous avez fait des recherches sur les employés ? Aucun qui puisse paraître suspect ?”
-“ Pour le moment nous n’avons personne mais nous continuons de chercher.”
-“ Bien, je crois que nous allons devoir nous arrêter là, mais tenez moi au courant,” annonça la brunette.
-“ Pas de problèmes” confirma Rigsby.
-“ Nous allons continuer avec d’autres couples pendant que vous continuez de votre côté.”

Le couple se leva, laissant les deux agents, pour retourner dans leur chambre avant leur prochaine activité. Au moment où ils sortaient, le couple que Jane et Lisbon avaient rencontré la veille au repas entra dans le réfectoire. La jeune femme salua Lisbon qui lui répondit d’un sourire avant de se diriger vers les agents qui les attendaient. L’homme se plaça face à Cho tandis que sa femme s’installait face à Rigsby, mais un peu en retrait par rapport à son mari. Encor une fois, elle s’effaçait pour laisser la place à l’homme, ce qui n’échappa pas aux deux agents.

-“ Bonjour monsieur et madame Grant, je suis l’agent Cho et mon collègue, l’agent Rigsby” commença l’asiatique. “ Si nous vous avons demandé de venir, c’est au sujet de la mort d’Amelia Sanford.”
-“ Oui, la pauvre femme” souffla Susan Grant, se recalant immédiatement dans sa chaise lorsqu’elle se prit un regard noir de la part de son mari.
-“ Oui, pauvre Amelia” reprit Alexandre Grant. “ Mais en quoi sommes nous concernés ?”
-“ En rien, mais nous voulons savoir si vous les connaissiez.” Continua Rigsby.
-“ Pas tant que ça, je parlais de temps en temps avec Josh, mais ça n’allait jamais plus loin que des ‘bonjour’ et des ‘comment ça va’.”
-“ Et vous madame Grant ?”
-“ Je… je ne la connaissait pas beaucoup, mais elle était gentille et ne me paraissait pas suicidaire. Au contraire, elle prévoyait d’avoir des enfants avec Josh.”
-“ Vous avez remarqué quelque chose dans son comportement avant sa mort ?” Questionna le brun.
-“ Elle me semblait un peu tendue, comme si elle avait peur de quelque chose et, avant d’aller me coucher, elle m’a demandé de passer la voir.”
-“ Y êtes vous allée ?”

Susan tourna la tête vers son mari, peu certaine de pouvoir dire quoi que ce soit de plus. En même temps, que répondre à la question ? ‘Non je n’ai pas put car mon mari à eut une crise de colère et m’a utilisée pour passer sa frustration ?’. Non, elle ne pouvait pas dire ça et son mari le savait aussi bien qu’elle. Le regard noir qu’il lui lança lui fit comprendre qu’elle devait tenir sa langue et trouver une bonne excuse, sinon elle risquait d’avoir encore des problèmes. Susan prit une profonde inspiration avant de répondre à la question de l’agent du CBI, tentant de paraître le plus détendue possible.

-“ A vrai dire, j’étais fatiguée et je me suis endormie dans ma chambre. Je n’ai appris sa mort qu’au matin, comme les autres.”
-“ Donc vous ne savez rien de plus ?”

Et la jeune femme confirma d’un signe de tête, la baissant par la suite, honteuse. Si elle était allée voir Amelia, si elle s’était défendue face à son mari, alors son amie serait toujours en vie. Mais elle ne pouvait pas revenir sur le passé, elle ne pouvait qu’aller de l’avant et c’est-ce qu’elle allait faire. Susan garda donc le silence jusqu’à ce que son mari ait fini de discuter avec les agents du CBI. Lorsqu’il se leva, elle en fit de même et le suivit dans le couloir. Elle ne voulait pas le mettre plus en colère qu’il ne l’était déjà contre elle, la jeune femme voulait se protéger des crises de rage de son mari. Avant de fermer la porte, elle lança un regard suppliant aux deux agents, un regard voulant dire qu’elle avait besoin d’aide et elle espéra qu’ils comprennent.

Une fois le couple sortit, Rigsby se tourna vers Cho.

-“ J’ai comme l’impression que ce Grant bat sa femme.”
-“ Je le crois aussi” répondit Cho de son ton habituel.
-“ On devrait faire quelque chose pour elle.”
-“ On ne peut rien faire tant qu’elle ne porte pas plainte.”
-“ Mais on ne peut pas la laisser seule avec lui, il pourrait recommencer” plaida le brun.
-“ Et tu veux faire quoi ?”
-“ Je ne sais pas.”

Les deux hommes attendirent le prochain couple qu’ils devaient interroger, puis tout recommença. Ils interrogèrent comme ça tout les participants au séminaire avant de prendre leurs affaires et de quitter le bâtiment et de retourner au CBI. Mais alors qu’ils allaient monter en voiture, Cho aperçu Lisbon un peu plus loin qui avançait vers eux. Il attendit qu’elle soit à leur hauteur pour savoir ce qu’elle voulait.

-“ Un problème ?” demanda Rigsby.

La jeune femme regarda autour d’elle afin de s’assurer que personne ne pouvait les entendre et se tourna de nouveau vers les deux hommes.

-“ Je crois qu’il y a un problème avec les Grant” répondit-elle, “ je pense qu’Alexandre bat Susan.”
-“ C’est-ce que nous pensons aussi, mais nous ne pouvons pas faire grand-chose.”
-“ Faites des recherches sur lui afin d’en savoir plus, voyez s’il n’aurait pas été là à chaque mort. J’ai un mauvais pressentiment.”
-“ J’ai remarqué que Susan était brune aux yeux verts” fit remarquer Rigsby.
-“ Je ne sais pas s’il y a un rapport, mais je veux m’assurer qu’elle ne craint rien” continua la chef d’équipe. “ Surtout n’en parlez pas à Jane, je ne veux pas qu’il fasse une bêtise.”
-“ On ne dira rien,” promit Cho.

Finalement, les deux hommes remontèrent en voiture et quittèrent la propriété, laissant derrière eux Lisbon qui les regarda partir avant de retourner à ses occupations.



Jane marchait dans le parc entourant la propriété de l’institut, savourant la douceur de la journée, la légère brise qui lui ébouriffait les cheveux. Il avait opté pour une tenue décontractée, ne portant pas son habituel costume trois pièces mais plutôt un jean et un T-shirt. Il portait des lunettes de soleil sur le nez, chose qu’il ne faisait jamais. Il avait décidé de sortir prendre l’air, mais surtout, réfléchir à sa situation avec Lisbon. Il savait qu’eux deux c’était impossible, qu’ils ne pourraient jamais rien vivre l’un avec l’autre. Mais malgré tout, ils pouvaient toujours être amis, ils pouvaient continuer de vivre l’un près de l’autre.

Puis, le mentaliste en revint à la discussion qu’ils avaient eut avec Cho et Rigsby. L’homme, ou la femme, qui s’en prenait à toutes ces femmes en avait après des femmes brunes ou alors avec les yeux verts. Cela ne le rassura pas car Lisbon était justement brune aux yeux verts, peut-être qu’elle risquait elle aussi de devenir une des victimes de ce tueur et il ne pouvait pas laisser une chose pareille arriver. Lisbon était tout pour lui, elle était sa meilleure amie et bien plus encore. Même s’il n’y avait un meurtre que tout les deux ans, le tueur pouvait très bien recommencer. Personne ne savait qui était ce tueur, personne ne savait rien, ni pourquoi il s’en prenait à ces femmes, ni pourquoi il n’agissait qu’une fois tout les deux ans. Peut-être était-ce un participant à ce séminaire, peut-être était-ce un membre du personnel. Jane se posait beaucoup de questions et ne trouvait aucune réponse, ce qui n’était pas dans ses habitudes.

Il s’arrêta au bord du petit étang, un peu plus loin du chemin de terre et prit place sur un banc, admirant la beauté du soleil reflétant dans l’eau. Cet endroit était merveilleusement calme, silencieux, un endroit parfait pour réfléchir. Il laissa ses yeux se perdre dans l’eau et son esprit loin de tous ses tourments. Mais au bout de quelques minutes, il entendit du bruit non loin de lui et se redressa, à la recherche de ce qui le provoquait. Il remarqua alors deux personnes de l’autre côté de l’étang en train de se disputer. Il tenta de comprendre ce qu’ils se disaient, mais aussi de voir de qui il s’agissait. Il reconnu alors Nadine, la réceptionniste, ainsi que Harvey, le gardien de l’institut.

-“ Les flics sont venus je te rappelle” cria Nadine en poussant Harvey avec force.
-“ Mais ils ne savent rien sinon on ne serait plus là” cria à son tour l’homme.
-“ Qu’est-ce que tu en sais ? Qui te dit qu’ils ne vont pas revenir plus tard ?”
-“ Mais pourquoi tu t’inquiète autant ? Ils sont venus, ils sont partis, point final.”

Jane se leva, s’approcha de l’étang pour en entendre plus, de sa position il n’entendait pas assez et il avait besoin de savoir de quoi Nadine avait peur. Mais alors qu’il était concentré sur la discussion, une personne arriva derrière lui et lui assena un violent coup derrière le crane. Le blond tomba au sol, face contre terre, inconscient. Nadine tourna la tête au même moment et se mit à courir pour les rejoindre, suivit par Harvey. Une fois à côté du mentaliste, elle s’agenouilla pour voir s’il était encore en vie et souffla de soulagement.

-“ Mais pourquoi as-tu fait ça ?” demanda-t-elle en levant la tête vers l’agresseur.
-“ Il a entendu toute la conversation, je ne pouvais pas le laisser partir.”
-“ Et comment on va justifier son absence maintenant, tu peux me le dire ?”
-“ Il suffira de dire qu’il en a eu assez et qu’il est partit” proposa Harvey.
-“ Et vous pensez vraiment que ça femme va y croire ?”
-“ Il suffit de s’occuper d’elle aussi et tout ira bien.”

Nadine se releva, s’épousseta un peu et réfléchit à la proposition de ses associés. D’un côté ils n’avaient pas vraiment tort, si on regardait bien, monsieur Jane et sa femme Teresa ne semblaient pas être si proche que ça. Ils passaient leur temps à se disputer, pour des raisons futiles la plupart du temps et ils n’étaient arrivés que la veille. Si jamais Patrick disparaissait, personne ne viendrait le pleurer.

-“ Ok, dans ce cas, je vous laisse vous occuper de tout” approuva Nadine, “ je dois y retourner avant qu’on s’inquiète de mon absence.”

La jeune femme s’éloigna de ses amis, laissant Jane avec eux. Elle savait qu’ils s’occuperaient de tout, qu’elle ne risquait rien du tout et qu’elle pouvait leur faire confiance. Elle trouverait bien une excuse valable à fournir à Teresa Jane si elle s’inquiétait de l’absence de son mari, ce n’était pas la premier fois qu’elle aurait à faire ça, elle avait passé sa vie à mentir aux gens alors qu’était-ce qu’un mensonge de plus. Elle sourit lorsqu’elle croisa l’un des couples du séminaire, les Sanchez et continua sa route vers le bâtiment principal.