Le prix de la vengeance [Spoiler Saison 4] ^

Assise à son bureau, Grace Van Pelt s’activait autant qu’elle le pouvait, tapant sur le clavier, ouvrant et refermant des dossiers. Elle était à la tâche depuis plusieurs heures mais ne montrait aucun signe de fatigue. A côté d’elle, dans un angle du bureau, une tasse de café vide. De l’autre côté, un sandwich entamé et abandonné depuis bien longtemps. Elle n’avait pas le temps de manger, le temps était compté. Ils avaient besoin d’indices, ils avaient besoin d’une piste, n’importe quoi.

La jeune femme se demandait encore comment les choses avaient put se passer ainsi, comment ils avaient put se faire avoir ainsi. Tout avait pourtant été préparé avec soin, chaque possibilité. Jane avait fait attention à tout, il n’avait pas voulut prendre de risque, surtout avec Lisbon. Il savait que les choses pouvaient mal se passer, qu’elle risquait sa vie avec ce plan. Mais il savait aussi qu’elle n’avait pas le choix et à présent voilà où ils en étaient. L’agent Gemma Caldwell était à l’hôpital, entre la vie et la mort. Personne ne pouvait rien faire pour elle, et pourtant ils auraient voulut pouvoir l’aider.

Van Pelt ne la connaissait pas vraiment, mais elle avait du respect pour cette femme. Elle était un très bon agent, une femme forte et très compétente. Elle avait été intégrée au plan par Lisbon elle-même qui avait une totale confiance en elle. La chef d’équipe et l’agent Caldwell se connaissaient depuis l’école de police, elles avaient travaillé dur ensemble, s’étaient soutenues l’une l’autre. Grace avait apprit à connaître la jeune femme au fil des semaines, avait apprit à l’apprécier. Elles s’étaient liées d’amitié et maintenant elle allait devoir faire le deuil de son amie. Malheureusement, elle n’avait pas le temps de penser à ça, elle devait travailler. Ses collègues comptaient sur elle pour trouver une piste mais elle ne trouvait rien. Elle se sentait inutile.

Rigsby arriva et pris place à côté d’elle. Il était fatigué, cela se voyait aux cernes qu’il avait sous les yeux. Il n’avait pas beaucoup dormi ces deux dernières jours, tout comme elle. Personne ne parvenait à se reposer, pas même Jane. Le pauvre se sentait si coupable, ce plan était son idée. Mais il n’y était pour rien, personne n’aurait put prévoir ce qui s’était passé, pas même lui. Le consultant se trouvait encore à l’hôpital, il attendait des nouvelles de l’agent Caldwell. Personne n’avait réussi à le faire rentrer chez lui, mais personne ne voulait vraiment le forcer. Ils savaient tous qu’il resterait auprès d’elle, il voulait savoir ce qui s’était vraiment passé. Seule la jeune femme pouvait leur dire et pour le moment elle était dans l’incapacité de le faire.

L’agent se tourna vers son collègue, posa une main sur son bras et lui sourit. Il lui rendit son sourire, mais le cœur n’y était pas vraiment. Il se sentait lui aussi coupable de ce qui s’était passé, il était censé couvrir les arrières de sa patronne. Mais il n’avait pas été là, il s’était retrouvé coincé de l’autre côté du bâtiment alors que Lisbon se trouvait seule avec l’agent Caldwell. Il ne savait pas comment il avait put se faire avoir ainsi. Il avait entendu du bruit, mais trop tard. Il s’était retrouvé coincé dans cette pièce sans même savoir comment il s’y était retrouvé. Et le temps qu’il avait passé à tenter de se sortir de là avait suffit pour que les deux femmes se retrouvent dans une mauvaise situation. Puis il avait entendu les coups de feu, le hurlement de Lisbon suivit du cri de Jane. Comment le mentaliste était arrivé là ? Il ne le savait pas, il devait attendre dans la voiture, à couvert.

-“ On va la retrouver Wayne, je sais qu’on va la retrouver” tenta Grace, même si elle avait elle-même du mal à y croire.
-“ Je l’espère vraiment, pour nous, pour elle et pour Jane” souffla Rigsby. “ Il ne s’en remettra pas si jamais on ne la retrouvait pas.”
-“ Personne n’arrivera à s’en remettre” rajouta la rousse, “ Lisbon est plus qu’une patronne, c’est aussi notre amie et je ne sais pas ce que je ferais sans elle. Quand je suis arrivée ici, elle m’a donné ma chance, elle a eut confiance en moi.”

Grace ne parvint pas à retenir plus longtemps ses larmes qui se mirent à couler le long de ses joues. Elle n’était plus aussi sensible, du moins le pensait-elle. Lisbon avait disparu depuis seulement deux jours, mais déjà tout le monde s’imaginait le pire, personne n’arrivait à s’imaginer qu’elle puisse avoir survécu. Ils avaient trouvé beaucoup de sang sur place, une quantité si importante que personne ne pourrait avoir survécu à ça. Mais ils ne savaient pas encore qui avait put l’enlever, qui lui en voudrait assez pour faire une chose pareille. Les deux hommes qu’ils voulaient coincer avaient été arrêtés juste après la fusillade. Ils se trouvaient en ce moment en cellule et attendaient d’être transférer à la prison d’état.

Les deux hommes, Jason et Jack Parker, étaient des habitués des enlèvements et des demandes de rançons. Les victimes, après payement de la rançon par la famille, n’étaient jamais rendues vivantes. La dernière victime avait été la fille d’un procureur, raison pour laquelle l’équipe de Lisbon avait été demandée. Après enquête, qui n’avait pas apporté grand-chose, Jane avait eut comme idée de suivre les deux hommes qu’il trouvait suspects. L’un d’eux s’était fait engagé comme jardinier auprès de la famille et l’autre se contentait de suivre la victime durant la journée.

Jane avait eut l’idée de suivre le jardinier, ce qui avait conduit l’équipe dans ce vieil entrepôt. Lisbon avait dit avoir un mauvais pressentiment, mais avait quand même continué. Gemma Caldwell avait été rajoutée à l’équipe, ainsi que d’autres agents, pour l’assaut. Elle et Lisbon étaient entrées en premier, avec Rigsby. Cho avait prit une autre entrée, avec d’autres agents et Jane était resté dans la voiture. Mais alors que tout le monde était à l’intérieur, il avait vu une autre personne se faufiler dans le bâtiment et il avait suivit. C’est là que les choses avaient mal tourné. Des coups de feu avaient été tirés, les deux preneurs d’otage s’étaient affolés et avaient tenté de fuir. Ils avaient croisé les deux femmes et l’un d’eux avaient été blessé.

Lorsque Rigsby avait enfin réussit à se sortir de la pièce où il avait été retenu, il avait trouvé l’agent Caldwell au sol, dans une mare de sang. Lisbon n’était nulle part. Ils l’avaient cherché partout, dans toutes les pièces, à tous les étages du bâtiment, mais rien. Ils avaient dut se rendre à l’évidence, elle ne se trouvait plus là. Pour Jane, ça avait été un coup dur, il avait perdu son calme et Cho l’avait emmené à l’hôpital. Ils avaient attendu durant des heures avant d’avoir des nouvelles de Gemma et Jane avait fini par se calmer. Mais les nouvelles n’avaient pas été aussi bonnes qu’ils l'espéraient.

Gemma ne s’était pas réveillée depuis deux jours qu’elle était à l’hôpital, elle se trouvait dans une sorte de coma. Ils n’avaient rien put apprendre de plus sur ce qui s’était passé, et Jane avait fini par quitter l’hôpital. Il se trouvait à présent dans son grenier, à réfléchir sur la situation. Les Parker n’étaient en rien responsable de l’enlèvement de Lisbon, mais alors qui ? Personne ne savait, raison pour laquelle ils continuaient de chercher parmi tout les gens qu’elle avait arrêté et qui avaient été libérés. Mais jusqu’à présent, rien ne les avait aidés. Le kidnappeur devait certainement être quelqu’un d’autre, mais qui ?




Cho tentait de se montrer professionnel, calme. Mais il était tout autant affecté que les autres par cette affaire. Lisbon, sa patronne, sa collègue, son amie et surtout sa famille avait disparu depuis deux jours et il ne savait même pas où chercher. Ils avaient déjà fouillé dans les dossiers des criminels qui pourraient lui en vouloir, et la liste était longue. Lisbon ne s’était pas fait que des amis durant ces dernières années, depuis qu’elle avait rejoint le CBI. Et encore moins avant, lorsqu’elle n’était pas encore à Sacramento. La liste de ceux qui en avaient après elle était longue.

Mais tout ça n’avait rien donné et il commençait à être à court d’idée. Même Jane ne savait pas et ça ce n’était pas une bonne nouvelle. Habituellement, Jane avait toujours une idée, mais dans cette affaire il était aussi perdu qu’eux. Le mentaliste avait passé du temps à l’hôpital, au chevet de l’agent Caldwell, ce qui intriguait Cho. Ils ne connaissaient la jeune femme que depuis cette affaire de prise d’otage et Jane semblait déjà très attaché à elle, raison pour laquelle l’asiatique se posait des questions. Est-ce que Jane la connaissait déjà avant ou bien s’inquiétait-il autant justement parce qu’elle était une amie de Lisbon ?

Cho savait que Jane avait fini par quitter l’hôpital et se trouvait actuellement dans son grenier. Personne n’avait osé le déranger, mais lui allait le faire. Jane n’était plus le même et pas seulement depuis l’enlèvement de Lisbon. Il avait commencé à changer avant, peu de temps après l’arrestation de la complice de Red John. Il avait besoin de savoir pourquoi afin de pouvoir le contrôler, il ne voulait pas d’un autre épisode comme deux jours plus tôt. Jane avait perdu son sang froid, il ne le perdait jamais. Il fallait qu’il sache ce qui se passait dans la vie du consultant.

L’agent monta les marches pour se retrouver rapidement devant la lourde porte de bois. Il tendit l’oreille et put entendre des sanglots dans le silence de l’étage. Jane pleurait, ce qui l’inquiéta un peu plus. Il poussa la porte pour voir son collègue assit sur son lit de fortune, les épaules secouées par de lourds sanglots. Cette vision lui fit mal au cœur et il s’approcha pour le consoler, autant qu’il en était capable. Il posa une main sur le bras du blond, attirant ainsi son attention.

-“ Que veux-tu Cho ?” Demanda Jane entre ses larmes.
-“ Tu ne devrais pas rester seul ici” répondit ce dernier.
-“ Je suis bien ici.”
-“ A culpabiliser, je sais. Mais Lisbon ne le voudrait pas, alors descends et viens nous aider.”

Le silence retomba entre les deux hommes. Jane ne savait pas par où commencer, il ne savait pas comment retrouver Lisbon et Cho commençait tout juste à le comprendre. Son collègue, habituellement si fort dans ce domaine, ne savait pas.

-“ Que se passe-t-il Jane ?” Demanda soudainement Cho, la voix sérieuse, mais plus celle de l’agent, celle de l’ami.
-“ Je…” mais il ne put finir, il ne trouvait pas ses mots.
-“ Il se passe quelque chose dans ta vie, tu as changé depuis l’arrestation de Lorelei et j’ai besoin de savoir pourquoi. Je ne veux pas encore avoir à te contrôler comme il y a deux jours.”

Jane garda encore une fois le silence. Il ne pouvait pas lui dire, même s’il était un ami, même s’il lui faisait confiance. Il y a certaines choses qu’il vaut mieux garder pour soit, pour plus de sécurité.

-“ Y a-t-il un truc entre toi et Lisbon ?”

Il n’abandonnait jamais, mais il n’aurait pas de réponse, du moins pas maintenant. Cho resta encore un peu avant de finalement se lever et partir. Il ne pouvait pas forcer Jane à venir, si Lisbon n’y arrivait pas, alors lui n’avait aucune chance. Le mentaliste viendrait lorsqu’il le voudrait. Et puis il avait des choses bien plus importantes à faire pour le moment que de veiller sur son collègue.

Jane attendait d’être seul dans le grenier pour sortir une photo qu’il contempla un moment, de nouvelles larmes aux yeux. Puis il sortit une autre photo. Il plaça les deux sur ses genoux, les regarda tour à tour et la solution vint d’elle-même. Il savait qui avait enlevé Lisbon. Cette compréhension le mit en colère, contre le kidnappeur et contre lui-même pour ne pas y avoir pensé plus tôt. Il prit sa veste qui traînait sur une chaise et courut dans l’escalier pour rejoindre ses collègues. Il arriva à bout de souffle devant trois paires d’yeux curieux.

-“ Je sais qui a enlevé Lisbon.”



La pièce était sombre, humide, froide. Lisbon était allongée sur un vieux matelas sentant le moisi. Elle était là depuis deux jours, d’après sa montre. Elle ne savait toujours pas qui l’avait enlevée, elle ne savait pas où elle était retenue prisonnière, ni comment allait son équipe. La seule chose qu’elle savait c’est qu’elle ne sortirait pas de là vivante, ça elle aurait put le jurer. Son kidnappeur ne s’était pas une seule fois montré, il lui glissait ses repas par une trappe dans le bas de la porte. Des choses simples, de quoi la garder en vie, ne serait-ce que pour quelques temps. Elle avait aussi de quoi boire, même si l’eau avait un mauvais goût. Elle ne devait pas se laisser aller, elle devait rester forte si elle voulait pouvoir se sortir d’ici, si elle voulait revoir ses collègues, ses amis, Jane.

Jane. La seule pensée de son consultant apporta quelques larmes à ses yeux. Elle n’était pas du genre à pleurer, mais elle ne pouvait s’en empêcher. Qu’allait-il devenir si jamais elle ne se sortait pas de là, si jamais elle mourrait ici ? Il ne s’en remettrait pas, pas cette fois. Il avait déjà eut du mal à se remettre de la mort de sa famille, même si parfois la jeune femme doutait qu’il se soit vraiment remis. Mais si elle devait mourir à son tour, elle savait que rien ne pourrait l’aider. Rien ni personne. Et c’était de sa faute, elle le savait et elle s’en voulait.

Elle n’avait rien vu venir, elle ne s’était pas douté de ce qui allait se passer avant qu’il ne soit trop tard. Les coups de feu avaient fusé, elle avait tenté de répliquer, mais quelqu’un était arrivé derrière elle et l’avait assommée. Elle s’était réveillée ici, sans savoir comment elle était arrivée, ni qui l’avait enlevée. Elle avait quelques doutes, mais rien ne pouvait les confirmer, pour le moment. La seule chose qu’elle pouvait faire était de rester en vie assez longtemps pour que son équipe la retrouve, pour que Jane la retrouve.

Elle avait besoin de lui en ce moment, plus que de n’importe qui. Ce que personne ne savait, du moins l’espérait-elle, était que le mentaliste et elle étaient ensemble. Même elle parfois avait du mal à y croire. Après le retour de Jane de Las Vegas, après la mort de Wainwright, ils s’étaient rapprochés. Elle avait été là pour lui, elle l’avait soutenu. Il s’en était voulu de la mort de leur patron, il se sentait responsable de tout ce qui s’était passé. Au début, il se contentait de passer de temps en temps le soir à son appartement, pour un peu de compagnie. Il passait parfois la nuit sur son canapé et partait avant qu’elle ne se lève.

Puis, avec le temps, les choses avaient changé. Il restait de temps en temps le matin, lui préparait le petit déjeuner. Ils le partageaient ensemble, discutaient et partaient au travail dans des voitures séparées. Jane continuait de se rendre à la prison pour interroger Lorelei, et elle continuait son travail au CBI, comme avant. Mais rien n’était comme avant, Jane n’était pas comme avant et elle non plus. L’arrestation de la complice de Red John les avaient tous changés. Lisbon s’inquiétait de plus en plus pour Jane, elle trouvait malsain qu’il continue de se rendre à la prison, mais elle savait qu’il en avait besoin. Alors elle avait fait ce qu’elle pouvait pour lui en étant présente lorsqu’il en avait besoin. Elle était restée auprès de lui jour et nuit, l’avait écouté parlé, l’avait consolé lorsqu’il se laissait aller à pleurer, bien que rarement.

Peu à peu, ils s’étaient rapprochés et Jane avait fini par rejoindre Lisbon à l’étage. Elle n’avait rien dit, l’avait juste accepté. Ils s’étaient contenté de dormir l’un avec l’autre, serrés l’un contre l’autre. Ils n’étaient jamais allé plus loin, ils n’étaient prêts ni l’un ni l’autre à franchir cette étape. Ils avaient juste besoin de la présence de l’autre après tout ce qu’ils avaient vécu. Ils avaient besoin du réconfort de l’autre et se l’étaient donné avec joie.

Puis un soir, alors qu’elle préparait le repas, Jane était rentré et était venu directement vers elle, ne lui laissant le temps de faire quoi que ce soit. Il lui avait prit le visage et l’avait embrassé. Elle avait d’abord était confuse, ils ne s’étaient jamais embrassé avant, c’était un grand pas en avant. Mais elle avait fini par y répondre, lui communiquant tout l’amour qu’elle avait pour lui. Le baiser n’avait pas duré longtemps, à peine quelques secondes. Mais ces quelques secondes leur avaient suffit pour comprendre que leur relation avait changé. Ni l’un ni l’autre ne voulait attendre plus longtemps, ils n’avaient plus le temps pour ça. La vie leur avait bien fait comprendre que le temps leur était comptait.

Lisbon, depuis, avait tout fait pour que Jane ne regrette pas son choix, qu’il accepte ce qu’ils avaient. Et elle avait réussis, il ne regrettait rien, il profitait autant qu’elle. Ils ne s’étaient encore jamais dit ces mots si important, mais ils savaient que c’était trop tôt pour ça. Ils devaient d’abord apprendre à mieux se connaître, dans l’intimité de leur nouvelle relation. La jeune femme avait été d’accord avec lui lorsqu’il avait voulu la garder secrète. Red John était encore quelque part dans la nature et elle ne voulait pas prendre de risque. Elle ne voulait pas qu’il souffre encore, qu’il perde encore un être cher. Elle savait prendre soin d’elle, se défendre. Mais elle savait aussi que face au tueur au smiley, qu’importe sa formation, qu’importe qu’elle soit un bon flic ou non, elle ne pourrait lui échapper. Bosco en avait été la preuve, et pourtant il avait été un très bon flic.

Alors maintenant, seule dans cette pièce sombre et humide, toutes ses pensées étaient tournées vers lui, Jane. Elle savait qu’il devait culpabiliser en ce moment, qu’il devait se sentir responsable de sa situation. Ce plan, c’était son idée. Mais il n’avait pas put prévoir non plus ce qui lui était arrivé, personne n’avait put. Elle aurait tant voulu pouvoir lui dire, lui faire comprendre. Mais comment ? Elle ne savait même pas si elle parviendrait un jour à le revoir. Elle ne voulait pas perdre espoir, mais elle devait être réaliste, elle avait très peu de chance de se sortir de là vivante.

La trappe s’ouvrit et un nouveau plateau apparut. Lisbon rampa et l’approcha d’elle pour voir ce qui s’y trouvait. Pas à manger cette fois, seulement un journal dont la première page lui fit mal. Une photo prenait la place centrale, une photo d’elle, souriante. Jane avait dut choisir lui-même la photo, voulant donner une image heureuse d’elle. Et elle lui en était reconnaissante, elle n’aimait pas toutes ces photos de flics sérieux dans les journaux, elle ne voulait pas qu’on se souvienne d’elle que pour ça. Si elle devait mourir, elle voulait que les gens se souviennent d’elle comme une femme heureuse de faire son travail.

Elle prit le journal qu’elle posa à côté d’elle pour trouver un petit carnet et un stylo en dessous. Mais qu’est-ce que ça voulait dire ? Que voulait vraiment son kidnappeur, pourquoi agir ainsi ? Elle ne parvenait pas à bien comprendre, mais elle finirait par y arriver. Il lui suffirait d’attendre. Il finirait par faire un faux pas, du moins l’espérait-elle. C’est à ce moment là qu’elle aurait peut-être une chance de se sortir d’ici. Le plus tôt serait le mieux, elle ne savait pas combien de temps elle tiendrait dans ces conditions. Elle n’était pas blessée, mais elle ne se sentait pas non plus au top de sa forme. Elle ne savait pas au juste ce qu’elle avait, mais ce n’était pas bon.

Elle se sentait fatiguée, n’était pas capable de tenir sur ses jambes. Sa tête lui tournait à chaque fois qu’elle voulait se lever, raison pour laquelle elle restait assise, ou allongée. Elle commençait à comprendre la raison de ses symptômes et ce n’était pas bon. Il fallait absolument qu’elle sorte d’ici, le plus vite possible. Mais en attendant, elle décida d’utiliser le carnet que lui avait glissé son kidnappeur pour dire tout ce qu’elle ressentait, toutes ses pensées. Ce serait une sorte de journal. Elle le prit entre les mains, fit glisser toutes les pages entre ses doigts et se figea en arrivant à la dernière page.

-“ Non….” souffla-t-elle.

Ça ne pouvait pas être ça, ce n’était pas possible. Son sang se glaça dans ses veines, son souffle se coupa l’espace d’un instant. Elle se sentit trembler de la tête aux pieds. C’était exactement ce que craignait Jane depuis des mois, ce qu’il avait prédit qui arriverait s’ils ne faisaient pas attention. Elle lui avait toujours dit que ça n’arriverait pas, qu’elle saurait se défendre le moment venu. Et le moment était venu et elle n’avait pas sut. A présent, elle était sa prisonnière et rien de tout ce qu’elle pourrait faire ne l’aiderait à se sortit d’ici. Mais elle devait rester forte, elle devait garder le contrôle. Elle savait ce que son kidnappeur chercherait à faire et elle ne le laisserait pas gagner. Pour Jane.

Toujours allongée sur son lit de fortune, Lisbon repensait à Jane. Décidément, il occupait toutes ses pensées, elle ne pouvait l’en chasser et elle ne le voulait pas. C’est tout ce qui lui restait pour le moment, les pensées et souvenirs qu’elle avait avec lui. Elle se demandait encore comment elle avait put se laisser aller à tomber amoureuse de lui, comment il était passé de son insupportable consultant à l’homme qui partageait ses nuits. Tout avait commencé quelques semaines plus tôt, alors qu’ils tentaient de faire parler Lorelei. Jane n’était plus lui-même, obnubilé par la perspective de trouver son Némésis. Elle avait fait de son mieux pour l’aider et il avait fini par le comprendre et c’était tourné vers elle.

Lisbon savait que ce n’était pour lui qu’un moyen de lui montrer qu’elle comptait pour lui et qu’il cherchait son pardon pour ce qu’il lui avait fait subir les six derniers mois qu’il avait passé à Las Vegas. Ce qu’il ne savait pas c’est qu’elle lui avait pardonné depuis longtemps, depuis l’église en réalité. Lorsqu’il était revenu, elle avait été si soulagée, en colère mais soulagée qu’il aille bien. Mais elle ne lui avait rien dit. C’était peut-être un peu égoïste de sa part, mais elle avait aimé le temps qu’ils passaient ensemble, qu’il vienne la voir le soir après le travail.

Lorsque leur relation avait évolué, elle s’était sentie plus heureuse que jamais dans sa vie. Mais ça n’était rien en comparaison à ce jour où il était rentré et où il l’avait embrassée. Ça n’était jamais arrivé avant et elle ne s’était jamais imaginé que ça puisse arriver. Pour elle, ils étaient juste deux très bons amis qui avaient besoin de la présence de l’autre en ces moments difficiles. Et elle mentirait si elle disait ne jamais avoir voulut plus avec lui, mais elle savait qu’il n’était pas prêt pour une vraie relation. C’est pourquoi son baiser l’avait surprise. Mais elle lui avait répondu, elle lui avait rendu ce baiser avec une telle passion qu’il n’avait put douter de ses vrais sentiments pour lui.

Et voilà que maintenant elle se trouvait là, dans cette cave sordide, seule. Elle savait qu’il culpabilisait, c’était toujours le cas lorsqu’il arrivait quelque chose à une personne qui comptait pour lui. Mais elle ne voulait pas qu’il culpabilise pour son enlèvement, elle voulait qu’il cesse de s’en vouloir pour tout. Le connaissant, ça ne lui passerait pas comme ça, encore moins avec elle ici et lui au CBI, seul. Oh il n’était pas vraiment seul, les autres étaient avec lui, mais elle n’était pas là et c’est ça qui la gênait le plus. Elle aurait tant voulu pouvoir être avec lui en ce moment, pouvoir le rassurer. Mais elle n’y était pas et elle devrait se faire à cette idée.

La porte de la cave s’ouvrit et elle tourna la tête pour voir entrer un homme portant un masque. Elle retint son souffle jusqu’à ce qu’il s’installe sur la chaise en face du lit. Elle attendit qu’il parle, qu’il lui dise ce qu’il voulait, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Elle ne serait pas la première à parler, elle ne lui ferait pas ce plaisir. Le silence dura encore un moment avant que finalement, l’homme se décide enfin.

-“ Comment vous sentez-vous agent Lisbon ?” Demanda-t-il d’une voix qui lui envoya des frissons dans tout le corps.

Mais elle ne répondit pas. Elle se contenta de le fixer, ou du moins son masque. Elle savait qui il était, elle savait ce qui l’attendait et elle ne voulait pas se trahir en laissant la peur s’entendre dans sa voix.

-“ Je vois que vous m’en voulez et je peux parfaitement le comprendre, mais je voulais vous rencontrer, seul à seul” reprit-il sans lui en vouloir de son silence. “ Je sais qu’à cet instant vous vous demandez pourquoi je ne vous ai pas encore tuée, mais ça n’est pas dans mes intentions.”

De nouveau le silence, même si effectivement elle se demandait pourquoi elle était encore en vie. Red John avait pour habitude de tuer ses victimes, pas de les enlever. Pourquoi cette fois était-elle différente, en quoi était-elle différente des autres victimes ? Elle le découvrirait bien assez tôt.

-“ Vous êtes une femme étonnante agent Lisbon, vraiment étonnante. Je dois bien avouer que je suis en admiration devant votre travail et votre carrière, qui est exemplaire jusqu’à présent.”

Elle se demandait vraiment où il voulait en venir avec toute cette parlotte. Elle voulait juste savoir pourquoi elle était en vie et quand il comptait la tuer. Elle savait que ça arriverait tôt ou tard. D’un côté, elle aurait voulut que ça arrive le plus vite possible, même si cela voulait dire que ce serait la fin. Plus elle restait la prisonnière de cet homme et plus Jane allait souffrir.

L’homme se leva de sa chaise, fit le tour de la pièce et revint vers elle, lui envoyant une nouvelle série de frissons le long de la colonne vertébrale. Il se pencha vers elle, lui attrapa les mains et à sa plus grande surprise, elle ne se défendit même pas. Elle se sentait trop faible, incapable de vraiment bouger. Il lui attacha les mains et la fit se lever. Elle le suivit bien malgré elle, incapable de se rebeller. Pourquoi était-elle si passive, pourquoi n’était-elle pas capable d’agir comme elle le faisait toujours ? Elle devait être droguée, il n’y avait pas d’autre possibilité.

Le tueur la fit monter un escalier. Ils arrivèrent dans un hall bien éclairé, avant de monter un autre escalier. Elle en profita pour observer les lieux au cas où elle trouverait un moyen d’échapper à sa vigilance, mais elle en doutait. Jamais elle n’aurait cette occasion, il ne la laisserait jamais sortir d’ici. Ils arrivèrent ensuite à un autre escalier qu’ils gravirent en silence. Elle se demandait où il pouvait bien l’emmener et elle le découvrit bien vite lorsqu’il la fit entrer dans une chambre.

La pièce était sobrement décorée mais néanmoins chaleureuse. Un grand lit trônait au centre, recouvert d’une large couverture rouge et d’oreillers mauves. Il n’y avait rien d’autre qu’une table dans un autre coin de la pièce. Pas une seule fenêtre qui lui permettrait de se situer dans la journée, enfin si une mais elle était obstruée. L’homme la fit avancer jusqu’au lit où il la fit asseoir avant de lui retirer ses liens. Il la laissa ensuite, quittant la chambre et verrouillant la porte derrière lui.

Lisbon se posait beaucoup de questions. Que voulait-il ? Pourquoi la kidnapper et la droguer ? Pourquoi l’installer dans une chambre et non pas la laisser dans la cave ? Trop de questions et aucunes réponses. Le tueur avait toujours été une énigme pour eux et il en rajoutait avec sa nouvelle façon d’agir. S’il cherchait à l’amadouer en se montrant sympathique, c’était peine perdue. Elle ne se laisserait pas faire ainsi, elle n’était pas une bleue, elle était un agent confirmé. Elle ne tomberait pas dans un piège aussi gros.

Elle se montrerait forte jusqu’au bout, elle ne se laisserait pas manipuler. Il avait beau être le tueur le plus craint de tout l’état, elle ne le laisserait pas gagner. Pour Jane, elle se montrerait forte. Il avait besoin d’elle, autant qu’elle avait besoin de lui. Et aujourd’hui c’était plus vrai encore. Elle donnerait tout pour être avec lui en ce moment, pour le tenir dans ses bras. Au fond d’elle, elle avait peur, vraiment peur. Elle craignait ce qui allait suivre et elle craignait ne pas être capable d’être aussi forte qu’elle le voulait. Les drogues obscurcissaient déjà ses mouvements, alors s’il décidait d’en utiliser d’autres pour faire d’elle ce qu’il voulait ? C’est ça qui lui faisait le plus peur. Elle avait peur de ne pas pouvoir résister. Alors la seule chose qui pourrait l’aider était Jane. Plus elle penserait à lui, plus elle parviendrait à garder le contrôle de son esprit.




Assit sur son canapé, Patrick Jane ne cessait de penser à Lisbon. Il revoyait dans sa mémoire la dernière soirée qu’ils avaient passé ensemble, chez elle. Lisbon s’était sentit fatiguée et n’avait aucune envie de cuisiner ce soir là, alors c’est lui qui l’avait fait. Il savait que cette affaire d’enlèvement et de demande de rançon commençait à lui peser et que son plan lui faisait peur. Elle craignait que quelque chose se passe mal et n’était pas parvenue à le lui cacher. Il avait voulut l’aider à se détendre et y était parvenu. Ils avaient mangé en silence et avait ensuite regardé la télévision jusqu’à ce que la jeune femme tombe de sommeil. Il l’avait ensuite conduite à la chambre, l’avait aidé à se changer pour la nuit et ils s’étaient couchés dans les bras l’un de l’autre.

Il ne se doutait pas à ce moment que ce serait leur dernière nuit ensemble, qu’elle disparaîtrait le lendemain et qu’elle se retrouverait aux mains de son pire ennemi. C’était là son pire cauchemar, que Red John s’en prenne à elle. Lisbon était la seule qui comptait vraiment pour lui, la seule à avoir une importance capitale dans sa vie. Elle était son pilier, son seul point d’ancrage. Sans elle, il n’était plus rien et Red John le savait. C’est la raison pour laquelle il s’en était prit à elle et aussi la raison pour laquelle il avait hésité à écouter son cœur.

Maintenant, il était là sur son canapé, à se poser des questions. Comment Red John avait-il réussit à s’en prendre à elle alors que l’endroit grouillait d’agents du CBI ? Où l’avait-il emmenée ? Comment allait-elle ? Il savait qu’elle n’était pas morte, du moins pas encore. Cela ne tarderait pas à arriver, il le savait et il avait peur que ce moment arrive. Mais il avait encore du temps avant ça, car Red John attendrait qu’il soit là. Il voudrait qu’il puisse la voir mourir sous ses yeux, pour qu’il souffre encore plus. Mais alors pourquoi ne pas lui avoir laissé de message, pourquoi ne pas lui faire savoir où le retrouver ?

Il n’avait rien, pas une idée d’où la retrouver. Deux jours qu’elle avait disparu et il n’avait rien. Jamais de sa vie il n’avait eut autant peur pour quelqu’un, même s’il savait qu’elle était agent du CBI et qu’elle savait parfaitement se défendre. Mais ce n’était pas la même chose cette fois, le tueur ne prendrait pas de risque et c’est-ce que Jane craignait. Qu’avait-il bien put lui faire pour éviter qu’elle se rebelle ? Car connaissant Lisbon comme il la connaissait, elle avait déjà dut tenter quelque chose.

Le mentaliste releva la tête lorsqu’il vit Cho avancer vers lui. L’asiatique ne lui avait pas beaucoup parlé depuis l’enlèvement de Lisbon et il se demandait quand il se déciderait à le faire. Il savait que son collègue lui en voulait, qui pourrait ne pas lui en vouloir ? Lui-même s’en voulait. Mais le regard de Cho ne montrait pas de colère, pas de ressentiment, juste une profonde crainte de ce qui allait se passer. Habituellement, l’agent ne laissait jamais voir ses émotions, et Jane n’avait jamais vraiment put savoir ce qu’il pensait. Mais cette fois était différente, il pouvait voir dans son regard à quel point la disparition de Lisbon l’affectait.

-“ On va la retrouver Jane” dit alors Cho, confiant, du moins tentait-il de l’être.
-“ J’en doute Cho. Je sais qu’elle est encore en vie, je sais qu’elle se trouve quelque part avec lui. Mais je ne sais pas où et je ne sais pas quand on la retrouvera.”

Jane ne se laissait pas souvent aller ainsi, mais tout comme Cho, il avait du mal à tout garder pour lui cette fois.

-“ Il va te contacter, il voudra que tu sois là pour la voir mourir et nous serons là aussi. On ne te laissera pas seul sur ce coup.”
-“ Il ne vous laissera jamais approcher. Même si vous faites attention, il le saura et cela pourrait coûter cher à Lisbon. Je ne permettrais pas qu’il lui arrive quoi que ce soit.”
-“ Et si tu y vas seul, tu risques d’y laisser la vie.”
-“ Qu’importe si ça peut la sauver.”

Cho avala les paroles de son collègue avec difficulté. Il savait que Jane avait toujours voulut régler tout cela seul avec Red John, mais cette fois, avec Lisbon dans l’équation, c’était bien trop dangereux. Alors il s’emporta, comme jamais il ne l’avait fait.

-“ Tu te rends compte que ton obstination pourrait bien lui coûter la vie ?” Cria-t-il sur le blond. “ Si tu y vas seul, tu vas encore n’en faire qu’a ta tête, tu vas vouloir le tuer et cela risque d’être aussi le cas de Lisbon. Es-tu prêt à mettre sa vie en danger pour assouvir ta vengeance ? Tu n’es qu’un égoïste Jane.”

Puis il se leva et partit, sous les regards encore étonnés de Rigsby et Van Pelt. Personne n’osa dire quoi que ce soit et Jane savait que les deux autres agents pensaient la même chose. Comment pourrait-il leur en vouloir ? Personne ne savait pour lui et Lisbon et personne ne le saurait avant qu’elle ne soit de retour parmi eux. Il ne vendrait pas la mèche si elle ne le voulait pas et pour le moment elle ne le voulait pas. Lorsqu’elle reviendrait, ils verraient, mais pour le moment il garderait le secret.

Quand il avait dit vouloir garder leur relation secrète, elle avait été d’accord. Il lui avait quand même laissé la possibilité de le dire à l’équipe si elle y tenait vraiment, mais elle avait refusé. Elle disait que cela avait un côté romantique et mystérieux d’avoir une relation secrète, même si ladite relation était dangereuse. Alors au travail, rien n’avait changé entre eux, mais une fois chez elle, ils étaient plus démonstratifs, plus affectueux. Jusqu’à présent, elle ne l’avait poussé à rien. Il savait qu’elle mourrait d’envie de franchir cette étape qui les rendrait plus intimes l’un envers l’autre, mais qu’elle ne le forcerait pas tant qu’il ne serait pas prêt. Et maintenant qu’elle était loin de lui et qu’il risquait de la perdre, il regrettait de n’avoir pas franchit cette étape avec elle. Lui aussi mourrait d’envie de la connaître plus, de découvrir son corps. Il était prêt à aller plus loin, à peut-être fonder une famille.

Mais avant tout, il devait la retrouver, la sortir de cette situation dont il était le responsable et se débarrasser de son ennemi. Il ne pourrait jamais avancer dans la vie tant qu’il serait en liberté. Il ne prendrait pas le risque de perdre une autre famille à cause de lui. Il voulait de nouveau être heureux, avec Teresa.




Red John était fier de lui. Il avait en sa possession la chose qui comptait le plus pour Patrick Jane en la personne de Teresa Lisbon. Il avait vu à quel point ces deux là étaient, depuis le début. Mais il avait aussi vu comme ils s’étaient rapprochés au fil des années. De collègues ils étaient devenus amis, puis plus encore. Il s’était réjouit de les voir se rapprocher, de les voir devenir important l’un pour l’autre. Si Patrick pensait pouvoir mener de nouveau une vie normale, il se trompait lourdement. Et lui, Red John, serait là pour lui faire comprendre.

L’agent Lisbon était une femme remarquable, une femme comme il en existait peu. Elle était forte, indépendante, déterminée. Elle savait ce qu’elle voulait et faisait tout pour l’obtenir, raison pour laquelle elle se trouvait à présent à la tête d’une équipe. Elle avait travaillé dur toute sa vie, avait fait passer son travail avant son confort personnel. Il avait de l’admiration pour elle et il était dommage qu’elle doive payer le prix pour que Jane comprenne ses erreurs. Mais le monde était ainsi et personne ne pourrait le changer.

Lorsqu’il avait proposé à Jane de devenir son ami et de lui offrir Teresa Lisbon en gage de sa bonne foi, il savait que l’homme ne pourrait le faire. Il savait depuis le début que sa dépression, que son départ de Sacramento et sa nouvelle vie à Las Vegas n’était qu’une ruse. Mais il l’avait laissé faire, il voulait voir jusqu’où il était prêt à aller dans sa quête de vengeance. Il lui avait envoyé Lorelei en sachant parfaitement comment les choses allaient finir. Il avait déjà prévu d’enlever l’agent Lisbon avant même que sa complice ne soit arrêtée. Il voulait laisser à Jane l’idée qu’il pourrait récupérer Lisbon en échange de Lorelei. Mais ce que Jane ne savait pas, c’est que la jeune femme n’était rien pour lui, qu’un pion de plus dans son plan pour détruire le mentaliste.

L’homme regarda une dernière fois la jeune femme dans la chambre. Elle était belle, bien trop belle pour Patrick. Il n’avait pas l’intention de la tuer, jamais il pourrait faire une chose pareille. Sans qu’il ne puisse s’expliquer pourquoi, la jeune femme avait trouvé à ses yeux de l’importance et un plan s’était formé dans son esprit. Il ne tuerait ni l’un ni l’autre, mais il ferait pire, pour l’un et pour l’autre. Il sourit, satisfait de lui-même avant de se détourner de l’écran. Pour que son plan fonctionne, il devait agir et non pas rêver. Il lui faudrait du temps avant que tout fonctionne à la perfection, mais il savait être patient. Il obtiendrait ce qu’il voudrait et il détruirait Patrick Jane à tout jamais sans même avoir à le toucher.

Au troisième jour de la disparition de Lisbon, Jane n’en pouvait plus. Il avait l’impression de devenir fou, sans la jeune femme il ne savait plus quoi faire, comment vivre. Il regrettait tant de ne pas avoir agit envers elle plus tôt, de ne pas avoir laissé son cœur dicter ses actions plus tôt. Mais la peur l’avait retenu, il n’avait pas voulut mettre Lisbon dans une situation plus dangereuse qu’elle ne s’y trouvait déjà. En tant que chef de l’équipe s’occupant de l’affaire John LeRouge, elle était déjà suffisamment en danger. Il avait donc voulu lui en éviter plus, mais son cœur en avait décidé autrement.

Maintenant, assis dans ce fauteuil au chevet de l’agent Caldwell, il se demandait s’il avait bien fait. Il n’avait pas seulement mit en danger l’équipe et Lisbon, mais aussi tout les autres agents qui s’étaient impliqués dans cette affaire et dans leurs vies. C’est également pour ça que l’agent Caldwell se retrouvait là aujourd’hui, à cause de lui. Elle n’était pas du tout impliquée dans l’affaire John LeRouge, mais elle l’était dans la vie de Lisbon et c’est-ce qui l’avait conduite dans ce lit d’hôpital. Elle risquait de mourir à tout instant et il serait encore coupable d’une autre mort.

Il détailla son visage serein, sa respiration lente. Elle ne semblait pas souffrir, mais il savait que ce n’était uniquement grâce à la morphine qu’on lui donnait. Elle était jeune, elle avait encore des choses à faire, mais tout ceci allait s’arrêter prématurément à cause de son obsession. Il fallait toujours qu’il cause du mal et de la souffrance autour de lui.

-“ Jane” entendit-il.

Le mentaliste releva la tête pour voir la jeune femme qui le fixait avec insistance. Elle avait les traits tirés, mais elle semblait en assez bonne forme. Elle lui souriait, comme si elle savait qu’il avait besoin d’être réconforté.

-“ Comment vous sentez-vous ?” Lui demanda-t-il en se rapprochant du lit.
-“ Un peu mal, mais ça va” répondit-elle en tentant de se redresser un peu.

Jane l’aida de son mieux à s’asseoir et elle le remercia d’un sourire. Puis, elle redevint sérieuse.

-“ Des nouvelles de Teresa ?” S’enquit-elle.
-“ Toujours pas” il baissa la tête.
-“ Il ne vous a pas contacté ?”
-“ Pas encore et je ne pense pas qu’il va le faire. Je crois qu’il attend, qu’il a prévu quelque chose, mais je ne sais pas encore quoi.”
-“ Vous êtes allé voir sa complice ? C’est quoi son nom déjà ….”
-“ Lorelei, mais non, je n’y suis pas encore allé.”

Elle le regarda, surprise. Elle savait qu’il allait toujours la voir, tous les jours. Teresa lui avait parlé de son obsession envers celui qui avait brisé sa famille, celui qui l’avait détruit presque dix ans plus tôt. Gemma savait qu’il était capable de tout pour retrouver le tueur. Mais elle savait aussi qu’il ferait encore plus pour assurer la sécurité de Teresa. Les deux femmes se parlaient souvent depuis qu’elles s’étaient retrouvées et Lisbon lui avait avoué les sentiments qu’elle avait pour son consultant et leur rapprochement. Elle avait sourit à la simple idée de Lisbon voyant son rêve se réaliser.

Une nouvelle douleur se fit sentir et Gemma serra les dents. Elle savait qu’il ne lui restait pas beaucoup de temps, le médecin l’avait informée de sa situation. Il lui avait dit pour la balle, pour son peu de chance, si ce n’est impossible chance, de s’en sortir. Elle avait pleuré, beaucoup, mais elle devait se faire une raison. C’était le risque du métier, elle en avait prit conscience le jour où elle avait intégré la police. Mais elle n’avait jamais pensé que ce serait aussi tôt, elle avait toujours pensé qu’elle mourrait vieille. Elle devrait se faire à cette idée, mais elle voulait tenir assez longtemps pour revoir Teresa une dernière fois.

Elle reporta son attention sur Jane, remarquant pour la première fois à quel point il était fatigué, à quel point il était inquiet. Il avait des cernes sous les yeux, ses cheveux étaient mal coiffés et son costume était froissé. Il ne prenait plus soin de lui, il ne ressemblait plus à celui qu’il était le jour de leur rencontre. Elle l’avait trouvé un peu spécial au début, avec ce costume trois pièces et sa vieille voiture bleue. Mais il était celui que Teresa avait choisi et avec le temps, elle l’avait trouvé amusant. Et lorsqu’elle l’avait vu avec Teresa, la façon dont il agissait avec elle, son attention, son regard brillant, elle avait comprit qu’il tenait vraiment à elle.

Gemma se laissa retomber sur les coussins et Jane se dirigea vers elle immédiatement. Il lui prit la main, s’assura qu’elle aille bien et se rassit une fois qu’il fut rassuré. Elle était fatiguée, elle avait besoin de dormir. Il prit ses affaires et s’apprêtait à partir lorsque Gemma le rappela.

-“ Retrouvez Teresa s’il vous plait, le plus vite possible” lui dit-elle.
-“ Je fais tout ce que je peux pour” la rassura-t-il. “ Reposez-vous maintenant.”

La jeune femme se laissa aller au sommeil et il sourit une dernière fois avant de quitter la chambre. Il savait ce qu’il lui restait à faire, il l’avait toujours sut. S’il voulait revoir Teresa un jour, alors il devait tout faire pour, même si cela voulait dire retourner voir Lorelei, chose qu’il n’avait plus fait depuis presque une semaine. Juste avant cette intervention, au moment où Lisbon se sentait si incertaine, il avait cessé d’aller voir la prisonnière. Et après son enlèvement, il n’y avait simplement plus pensé. Tout ce qu’il avait en tête était Lisbon et rien d’autre.

Mais si John LeRouge avait enlevé Lisbon, alors seule la jeune femme pourrait l’aider. Mais là encore ce n’était pas une certitude. Depuis qu’elle avait été arrêtée, elle ne leur avait rien apporté qui puisse les aider, pas un nom, pas une adresse. Il savait qu’il n’obtiendrait rien de plus, mais il devait essayer. Il ne voyait pas ce qui pourrait l’aider sinon, c’était sa seul chance. Il ferait tout pour la faire parler, et si cela voulait dire recommencer son petit jeu de séduction avec elle, alors il le ferait. Tout pour ramener Teresa Lisbon, en vie.




La jeune femme était assise face au consultant. Elle avait un petit sourire sur le visage, un sourire satisfait. Elle savait parfaitement pourquoi il était là, ce qu’il se passait et ce qu’il voulait. Elle avait attendu ce moment depuis longtemps et était satisfaite de la tournure des choses. John LeRouge avait encore frappé et pas qu’un peu. L’enlèvement de l’agent Teresa Lisbon faisait partie du plan depuis longtemps, elle le savait. Mais elle ne savait pas plus que ça.

Jane la fixait attentivement. Il n’avait pas dit un mot depuis qu’il était arrivé, environ dix minutes plus tôt. Il n’avait pas eut de mal à obtenir l’autorisation d’interroger la prisonnière, l’agent Darcy n’avait pas objecté. Elle savait que seule Lorelei Martins pourrait les aider à retrouver l’agent Lisbon, du moins l’espérait-elle. Si elle ne le pouvait pas, alors personne ne le pourrait.

-“ Ça me fait vraiment plaisir de te revoir mon amour” chantonna presque la brune.
-“ Où est-il ?” Demanda Jane sans prendre en compte les paroles de la jeune femme.
-“ Je ne sais pas, mais je suis vraiment contente que tu sois venu me voir” répondit-elle. “ Et je vois que l’agent Lisbon n’est pas avec toi, quel dommage, j’aurais bien voulus la voir, lui parler.”
-“ Où puis-je le trouver ?” Reprit Jane.
-“ Je te l’ai dis, je ne sais pas et ça n’a pas d’importance.”
-“ Pas d’importance ?” S’emporta le mentaliste. “ Il a Lisbon et tu trouves que ça n’a pas d’importance ? Je veux savoir ce qu’il veut.”
-“ Mais c’est simple mon amour, te faire comprendre que tu ne peux pas lui échapper, qu’il est capable de tout, même si tu fais attention.”

Jane détailla la jeune femme. Elle ne semblait pas du tout inquiète, plutôt détendue. Il n’apprendrait rien d’elle, il le savait, mais il devait insister. Il n’avait pas d’autre lien avec le tueur, elle était la seule de ses complices à être prisonnière et toujours en vie. Il devait y avoir une raison à ça et il devait découvrir laquelle.

-“ Pourquoi enlever Lisbon ?” Reprit-il.
-“ Pourquoi pas, il le pouvait, le voulait et l’a fait.”

Il regarda la jeune femme une dernière fois avant de se lever et de quitter la salle d’interrogatoire. Il n’apprendrait rien d’elle, il perdait son temps, du temps précieux.

-“ Tu pars déjà mon amour ?” Sourit-elle.
-“ Je n’ai plus rien à faire ici.”

Puis il tourna les talons. De l’autre côté se tenait Cho, impassible. Il avait accompagné Jane, sachant que son collègue aurait besoin de soutien. Depuis leur petite dispute, il s’en voulait. Il savait que Jane n’y était pour rien, qu’il n’avait rien put faire pour aider Lisbon et qu’il s’en voulait plus que n’importe lequel d’entre eux. Il avait regretté ses mots après les avoir prononcés, mais il ne pouvait pas les reprendre. La seule chose qu’il pouvait faire était de l’aider, de le soutenir et de ne surtout pas le laisser tomber.

Les deux hommes se regardèrent et, sans un mot, quittèrent la prison. Ils n’avaient rien de plus à faire ici alors autant retourner au CBI. Ils avaient encore des pistes à explorer, du moins une ou deux. Ils avaient décidé de chercher du côté des endroits où John LeRouge avait des liens qu’ils pensaient particuliers. La maison où Kristina Frye avait été retrouvée quelques années plus tôt, ainsi que la maison de Rosalind. La jeune aveugle était la seule à qui pouvait vraiment tenir le tueur, la seule à qui il n’avait jamais fait de mal. Peut-être pourrait-elle les aider, ou peut-être pas, mais ils devaient essayer.




L’homme marchait dans le couloir, un plateau dans les mains. Cela faisait maintenant deux semaines qu’il avait avec lui l’agent Teresa Lisbon et les choses n’avançaient pas beaucoup. Elle était forte, très forte. Il n’en avait jamais douté, mais il commençait à perdre patience. Elle ne cessait de répéter qu’elle sortirait d’ici et qu’elle lui ferait payer pour ce qu’il avait fait. Il faisait pourtant tout pour se montrer bienveillant avec elle, lui apportant des repas consistants, lui permettant de d’utiliser la salle de bain autant qu’elle le désirait. Mais elle s’obstinait. Il avait bien pensé à l’hypnose, mais il voulait qu’elle change de son plein gré. Ce ne serait pas la même chose s’il implantait une idée dans son esprit, elle devait le vouloir pour que l’effet soit plus fort.

Mais Teresa Lisbon refusait. Elle ne mangeait que peu, ne voulant pas lui donner satisfaction. Elle s’affaiblissait, elle le savait mais elle avait peur des drogues. Elle se réveillait toutes les nuits en appelant Jane et cela le rendait fou de rage. Il ne lui avait pas encore fait de mal, mais il envisageait la possibilité de lui en faire si elle résistait encore plus longtemps. Il était patient, mais il avait des limites et il ne tarderait pas à les atteindre.

Il entra dans la chambre pour trouver la jeune femme recroquevillée sur elle-même, les genoux contre la poitrine, les mains sous son visage. Elle semblait dormir, mais elle était bel et bien éveillée. Ses épaules étaient secouées de sanglots. Il ne l’avait encore jamais vu pleurer depuis qu’elle était ici et il prit ça pour un bon signe. Ses défenses commençaient à tomber et bientôt elle serait parfaite pour sa transformation. Si elle se laissait aller maintenant aux larmes, alors il lui suffirait d’être présent pour l’aider, pour la soutenir. C’est ainsi qu’il parviendrait à ses fins.

L’homme posa le plateau sur la table et se rapprocha du lit. Il se pencha sur la jeune femme, posa une main sur son épaule et elle sursauta avant de se reculer de son mieux. Il ne s’en offensa pas, il savait que ce ne serait pas facile, mais elle était sur la bonne voie. Il s’assit à coté d’elle, gardant toutefois ses distances.

-“ Il vous manque n’est-ce pas ?” Murmura-t-il.

Elle hocha la tête, ne faisant pas confiance à sa voix.

-“ Il ne tient pas tant que ça à vous, sinon il serait venu vous chercher” ajouta-t-il.

Lisbon laissa une nouvelle larme couler sur sa joue et hocha une nouvelle fois la tête.

-“ Mais je suis là, avec vous et je ne vous laisserais pas” finit-il. “ Je serai là aussi longtemps que vous aurez besoin de moi.”

Il lui lança un dernier regard à travers son masque et partit, la laissant seule dans la chambre. Lisbon se redressa, s’adossa au lit et sécha ses larmes de son mieux. Cet homme était gentil par moment, il se montrait affectueux et, même si elle avait du mal à se l’avouer, c’était pourtant le cas. Elle savait qu’elle ne devait pas se laisser faire, qu’elle devait se montrer forte. Mais elle avait de plus en plus de mal, elle ne savait pas combien de temps encore elle pourrait résister. Jane lui manquait plus que tout, elle aurait tant voulu qu’il soit là avec elle. Mais il était quelque part, loin d’elle et elle ne savait pas si elle le reverrait un jour.

La jeune femme se leva pour voir ce qu’elle avait à manger aujourd’hui. Sur le plateau se trouvait un journal et le gros titre lui arracha des larmes. Son amie, Gemma Caldwell était morte. A cause d’elle, une jeune femme avait perdue la vie et elle n’avait même pas été là. Elle savait qu’elle avait été blessée le jour de son enlèvement, c’était donc à cause de John LeRouge. Jane devait encore plus culpabiliser maintenant et elle n’était même pas là pour le rassurer. Mais il n’était pas seul, elle devait se rassurer en pensant que l’équipe était là avec et pour lui.

Lisbon attrapa un bout de pain qu’elle mangea doucement. Elle avait des crampes à l’estomac à force de s’être privée de nourriture et elle ne pouvait pas continuer ainsi. Elle avait besoin de forces et elle n’en aurait qu’en mangeant. Elle savait que John LeRouge avait certainement encore drogué son repas, mais elle s’en fichait. Elle avait trop faim. Elle s’assit à la table et mangea doucement, par petit bout. A chaque bouchée, elle avait du mal à avaler. La boule dans sa gorge était de plus en plus difficile à oublier, elle n’avait jamais autant pleuré de sa vie et cela devenait insupportable. Elle n’aimait pas être faible, mais que pouvait-elle y faire ? Elle était prisonnière depuis si longtemps que peu à peu les souvenirs heureux de sa vie commençaient à déserter sa mémoire.

La jeune femme retourna sur le lit et s’y laissa tomber. Pour une prisonnière, elle était plutôt bien installée. Mais ça ne changeait rien au fait qu’elle était tout de même prisonnière. Elle aurait voulu pouvoir s’échapper, mais elle avait déjà essayé et était toujours là. Elle ne pourrait sortir d’ici que lorsque John LeRouge le voudrait et ce n’était pas pour tout de suite. Il ne la laisserait partir que lorsqu’il serait certain qu’il avait réussit et ce qu’il voulait faire était la changer. Il voulait faire d’elle une de ses disciples, la faire s’éloigner de Jane. Elle le savait depuis le début et elle avait un plan. Mais serait-elle assez forte pour ça ? Parviendrait-elle à le berner ainsi ? Peu de chance, mais elle devait quand même essayer.

Les minutes s’écoulèrent et Lisbon fini par s’endormir. Mais son sommeil n’avait rien de reposant, il était empli de cauchemars, d’images sanglantes dans lesquelles elle voyait Jane mourir à cause d’elle. A chaque fois elle s’éveillait en larmes, incapable de se rendormir. Comment pourrait-elle faire croire que l’homme avait de l’emprise sur elle si elle se réveillait à chaque fois en hurlant le nom de Jane ? Il devait certainement y avoir des cameras dans la pièce et il pouvait la surveiller. Ce ne serait pas facile. Elle s’enveloppa dans la couverture et tenta de s’imaginer chez elle, dans son lit, dans les bras de Jane. Elle fini tout de même pas se rendormir.




Jane s’éveilla au milieu de la nuit en hurlant le nom de Lisbon. Il avait de nouveau fait un cauchemar. Il l’avait vu morte, sous le smiley ensanglanté. Avant, tous ses rêves étaient peuplés des corps de Charlotte et Angela, mais maintenant il ne voyait que Teresa. Il savait qu’il ne cesserait que lorsqu’elle serait de nouveau avec lui et il espérait que ce jour arrive vite. Il avait de plus en plus de mal à se faire à son absence. Il rentrait tout les soirs chez la jeune femme, s’installait dans son lit et respirait son odeur, son parfum. Il se laissait parfois aller à pleurer.

Décident qu’il ne pourrait plus dormir, il se leva et descendit à la cuisine se faire un thé. Il reprenait ses bonnes vieilles habitudes d’insomniaque, passé la nuit debout. Grace à Lisbon, il avait apprit à dormir la nuit, dans ses bras. Mais depuis qu’elle n’était plus là, il avait l’impression de redevenir celui qu’il était avant. Elle avait été la seule à vraiment le comprendre, à le prendre tel qu’il était sans vouloir le changer. Mais il avait changé, petit à petit, sans même s’en rendre compte.

Le mentaliste se prépara sa boisson en silence, toutes ses pensées tournées vers la jeune femme qui lui manquait tant. Il se souvenait encore de tous ces matins où il se réveillait avec elle dans ses bras, les baisers tendres qu’elle lui donnait pour lui dire bonjour. Il se souvenait des matins à préparer le petit déjeuner ensemble, comme un couple, ce qu’ils étaient. Il ne pensait pas qu’il pourrait de nouveau ressentir ça avec une autre femme qu’Angela, mais c’était le cas avec Teresa. Il voulait absolument la retrouver pour revivre ça de nouveau.

Alors qu’il allait s’installer sur le canapé, son téléphone émit un bip annonçant un message texte. Il se leva pour le prendre et l’ouvrit. Il n’y avait pas de nom d’expéditeur, juste une adresse. C’était ça, le signe dont il avait besoin, ce qu’il attendait depuis si longtemps. Depuis presque un mois qu’il attendait, il l’avait enfin, cette piste qui le conduirait à Lisbon. Il savait que c’était ça. Mais il ne pouvait pas y aller seul, il ne pouvait pas prendre ce risque, alors il contacta Cho pour qu’il l’accompagne. Il attendit que son collègue arrive et ils se rendirent ensemble à l’adresse indiquée.

Les deux hommes se mirent d’accord en silence. Cho entrerait en premier, Jane le suivrait. C’était peut-être un piège, ils ne savaient pas ce qui les attendaient à l’intérieur de la maison. Ils devraient être prudents, plus que d’habitudes.

-“ Tu restes derrière moi, tu ne fais aucun bruit” précisa Cho.
-“ Je ferais ce que tu veux” accepta-t-il. “ C’est de la vie de Lisbon dont on parle.”
-“ Bien, alors allons-y.”