Christmas Date ^

Salut à tous
Un nouveau chapitre ça vous tente?
Alors en voici un.
Mille pour vos commentaires, ça me fait trop plaisir
Et Johel pour ta correction si rapide
Bonne lecture

¤¤¤¤¤¤

Chapitre 3

La voiture roulait depuis environ trente minutes et ni l’un ni l’autre n’avait parlé. Lisbon était encore un peu sous le choc de ce qu’elle avait fait et dit, mais surtout de ce que Jane avait fait suite à ça. Il lui avait embrassé la joue et elle ne l’avait pas empêché. Au contraire, si elle avait put elle l’aurait plutôt empêché de s’éloigner. La chaleur et la douceur de ses lèvres contre sa peau, ça avait si rapide et si soudain.

Lorsqu’il avait quitté la route pour prendre l’autoroute, elle avait comprit qu’ils quittaient la ville. Elle se demandait vraiment où ils pouvaient bien aller. Elle lui lança un coup d’œil. Il regardait la route avec un air sérieux, faisant attention à ne pas dépasser les limitations de vitesse. Pour une fois qu’il l’écoutait. Ah non, ce n’était pas la seule fois et elle sentit ses joues chauffer à cette simple pensée. Instinctivement, elle porta la main à sa joue et sourit doucement. Jane l’avait embrassé et elle avait aimé.

Lisbon devait avouer que depuis qu’il l’avait invité à passer la journée avec lui, elle n’avait eut aucune raison de le regretter. Il avait été charmant, attentif et agréable. Il n’avait rien dit ou fait d’embarrassant et elle regrettait que la journée ne soit pas plus longue. Mais toutes les bonnes choses ont une fin et ce soir la plus merveilleuse journée qu’elle ait passé avec Jane se finirait. Alors elle comptait bien en profiter un maximum, elle ne savait pas quand elle aurait de nouveau la chance de savourer sa présence ainsi.

Ne supportant plus le silence dans l’habitacle, Lisbon se pencha vers la radio et l’alluma. Elle tomba tout de suite sur des chants de Noël et allait changer lorsque la main de Jane se posa sur la sienne pour l’en empêcher. Elle leva les yeux vers lui pour le voir sourire et décida donc de ne rien faire. Elle se réinstalla confortablement dans son siège et se laissa bercer par la musique qui avait tendance à lui rappeler les Noëls en famille. Mais elle se força à ne pas sombrer dans les souvenirs, elle voulait profiter de Jane, pas de son passé.

Elle écouta la musique, observa le paysage qui défilait grâce à la lumière des lampadaires au bord de la route. Peu à peu, elle vit de la neige sur le bord de la route et son visage s’illumina. La neige. Elle n’en avait pas vu depuis si longtemps, et soudain, c’était comme si elle était vraiment partit pour Chicago, comme si elle était de retour chez elle. Elle vit du coin de l’œil Jane sourire et elle sourit elle aussi. Elle adorait la neige, même si c’était froid. Elle aurait tant voulu pouvoir s’arrêter et la toucher, mais elle ne le pouvait pas. De toute façon, elle se doutait qu’il y en aurait aussi là où ils se rendaient.

Lisbon profita donc du paysage, de la musique et de Jane. Finalement, le fait de ne pas être en famille n’était pas si mal que ça, elle passait quand même du bon temps. Elle voulait quand même savoir où ils allaient, elle n’aimait pas trop les surprises. Elle se tourna donc un peu sur son siège, faisant face au profil de Jane qui ne lâchait pas la route des yeux.

-“ Où allons-nous Jane ?” Demanda-t-elle.
-“ Patrick” la corrigea-t-il.
-“ Où allons-nous Patrick ?” Reprit-elle avec un petit sourire.
-“ Je vous l’ai dis, c’est une surprise” répondit-il simplement.
-“ Mais je n’aime pas les surprises” souffla-t-elle. “ Et puis, je ne suis même pas sûre d’avoir la bonne tenue de toute façon.”
-“ Votre tenue est parfaite Teresa” lui dit-il.

Et une fois de plus, elle rougit. Elle le maudissait de la faire rougir autant, il savait parfaitement y faire et elle ne pouvait s’en empêcher. Et c’était pire depuis qu’il se montrait si gentil avec elle. Qu’importe, ce soir elle n’était plus l’agent Lisbon, elle était simplement Teresa. Et Teresa n’était pas insensible au charme de son consultant, de son ami. Pour être honnête, elle espérait que cela aiderait à faire évoluer leur relation, si toutefois c’était possible.

Lisbon savait que Jane n’était pas prêt à aller de l’avant, il ne le serait peut-être jamais. Elle resterait néanmoins son amie, elle serait toujours là pour lui. Bien que ses sentiments pour cet homme soient forts, elle se sentait parfaitement capable de les faire taire si cela lui permettait de continuer de l’avoir à ses côtés. Sa présence était pour elle bien plus importante que l’amour qu’elle lui portait. Et c’était ça aussi l’amour, se taire si cela pouvait permettre à l’autre d’être heureux.

Dans ce nouvel état d’esprit, Lisbon décida de ne plus poser de questions et d’attendre qu’ils arrivent. Et ça ne tarderait pas trop, l’espérait-elle. Rester assise de longues heures dans une voiture n’était pas ce qu’elle voulait pour finir sa soirée. Mais Jane lui avait dit qu’elle aimerait la surprise, alors elle n’en doutait pas. Il la connaissait mieux que quiconque, mieux qu’elle ne se connaissait elle-même.

Au bout d’un moment, malgré sa plus grande volonté, malgré son envie de rester dans le présent avec Jane, les souvenirs affluèrent à sa mémoire et elle fut emportée dans le passé.

--------

La neige était tombée toute la nuit et au petit matin, tout était blanc dehors. Teresa descendit l’escalier en se frottant les yeux, les cheveux en batailles et vint s’asseoir à la table de la cuisine où se trouvait déjà son père et sa mère. Ils vinrent l’embrasser puis Suzanne posa un bol devant elle. Teresa commença à manger ses céréales en silence tout en laissant ses yeux se déplacer dans la pièce pour finir sur la fenêtre. Là, son visage s’illumina et elle se leva d’un bond pour venir se placer devant la fenêtre, posant ses deux petites mains sur la vitre.

-“ De la neige” s’excita-t-elle.
-“ Oui ma chérie, il a neigé cette nuit” confirma son père dans un petit rire.
-“ Je peux sortir ?” Demanda-t-elle en tournant la tête.
-“ Plus tard Teresa, pour le moment fini ton petit déjeuner” lui dit sa mère.

Et pour une fois, Teresa ne protesta pas. Elle savait que plus tard, ils sortiraient tous pour s’amuser dans la neige pendant des heures. Ils le faisaient tous les ans, à chaque fois qu’il y avait assez de neige pour s’amuser. Et les batailles de boules de neige, les bonhommes de neige, les dessins dans la neige…. Voilà ce qu’ils faisaient tous ensemble une fois que tout le monde eut prit son petit déjeuner.

Teresa avala donc rapidement ses céréales et une fois fait, elle partit en courant dans l’escalier pour aller se préparer. Ses frères ne tarderaient pas à se lever, mais elle ne voulait pas les attendre. Elle voulait s’amuser un peu avant que sa mère ne sorte avec Daniel, il était si petit qu’elle savait qu’elle devrait faire très attention. Elle aimait son petit frère, mais elle aimait aussi s’amuser et elle ne pouvait pas le faire comme elle l’aimait avec un bébé dans les jambes.

Elle redescendit moins de dix minutes plus tard et avant même que ses parents ne puissent l’arrêter, elle avait ouvert la porte et était dehors. Suzanne et Peter ne se retinrent pas de rire ouvertement, leur fille était un sacré numéro et ils l’aimaient comme elle était. Bien entendu, tout comme sa femme, Peter aurait aimé que sa fille aime un peu plus les robes et les poupées, mais comme ce n’était pas le cas, il faisait avec. Et puis, Teresa était adorable avec ce petit sourire si semblable à celui de Suzanne, ses cheveux noirs qui volaient au vent alors qu’elle courait dans la neige.

Il ne la changerait pour rien au monde, sa fille était parfaite à ses yeux. Il avait l’impression parfois de n’avoir que des fils, tant sa fille était garçon manqué. Elle était celle à se battre à l’école pour défendre les plus petits ou ses frères. Sainte Teresa, voilà comment il aimait l’appeler. Elle pensait toujours aux autres avant elle-même, sauf quand la neige était dans l’équation. A ce moment la, il n’y avait qu’elle qui comptait.

Quelques minutes plus tard, ce fut Tommy qui descendit encore un peu endormi, suivit ensuite par James qui se tenait à la rampe. Il se leva de sa chaise pour venir attraper le petit bout sous les bras et le porter jusqu’à la table de la cuisine. Suzanne monta chercher le petit dernier qui dormait encore et revint peu après avec un Daniel dont le visage était caché dans le cou de sa mère. Il vint déposer un baiser sur les lèvres de sa femme et lorsqu’il se retourna, il vit sa petite Teresa, le visage collé à la vitre, sourire de toutes ses dents.

Teresa s’éloigna de la fenêtre pour retourner traîner dans la neige. Elle était toute mouillée, elle sentait le froid envahir son corps, mais elle s’en fichait. Elle s’amusait comme une petite folle et savait que dans pas longtemps, les autres arriveraient. Alors elle en profitait le plus possible.

--------

Lisbon sursauta lorsqu’elle sentit une main se poser sur elle et ouvrit les yeux pour voir Jane poser une couverture sur elle. Il sourit tendrement avant de reporter ses yeux sur la route. Elle ne dit rien et ferma de nouveau les yeux, se laissant sombrer dans le sommeil. Elle ne savait pas depuis combien de temps elle dormait et s’ils étaient bientôt arrivé, mais elle s’en fichait. Elle était bien, elle se sentait à sa place. Se trouver dans la voiture ainsi, dormir tandis que Jane conduisait lui rappela une autre fois, bien des années plus tôt. Elle se souvint aussi de ce qu’il lui avait demandé de faire pour prouver qu’elle avait confiance en lui.

Ce qu’elle ne lui avait pas dit ce jour la, c’est qu’elle lui faisait déjà confiance et que cette chute n’était pas utile. Mais elle ne se sentait pas de lui dire, pas encore. Maintenant c’était fait, il le savait, mais il l’avait toujours sut. Il savait toujours tout sur elle sans même qu’elle n’ait à lui dire quoi que ce soit. Parfois, elle s’en agaçait, mais la plupart du temps, elle aimait ça. Elle ne saurait l’expliquer, mais ça lui faisait plaisir de savoir qu’un homme s’intéressait suffisamment à elle pour la connaître aussi bien.

Quelques minutes plus tard, la jeune femme sentit la voiture ralentir, tourner puis s’arrêter complètement. Elle se redressa donc pour voir qu’ils se trouvaient sur le parking d’une église. Elle fit glisser la couverture au sol et s’apprêtait à sortir de la voiture lorsque la main de Jane se posa sur son bras. Elle comprit ce qu’il voulait, alors elle ne bougea pas. Elle le vit sortir, faire le tour de la voiture et venir lui ouvrir la porte. Il lui tendit une main qu’elle prit avec un sourire et se leva.

Le froid vint lui piquer les jambes et elle frissonna, resserrant les pans de sa veste autour d’elle. Jane leva un doigt, lui faisant comprendre d’attendre et il chercha quelque chose à l’arrière de la voiture. Il en sortit une veste un peu plus épaisse et plus longue qu’il déposa sur elle. Lisbon le remercia d’un sourire et, lorsqu’il posa sa main dans le bas de son dos pour lui indiquer qu’ils pouvaient y aller, elle entoura son bras autour du sien. Il la regarda surprit, mais un sourire lui répondit et il ne dit rien.

Le couple se dirigea vers l’entrée de l’église, en silence. Lisbon laissa ses yeux observer les alentours jusqu’à tomber sur le nom de l’église sur un large panneau devant elle. Elle s’arrêta brusquement, levant les yeux vers Jane qui lui sourit timidement. Sur le panneau s’inscrivait ‘Eglise Ste Teresa’. Elle sentit quelques larmes lui piquer les yeux.

-“ Eh Teresa” il posa ses doigts sous son menton pour lui relever le visage. “ Est-ce que ça va ?” S’inquiéta-t-il.
-“ Très bien” répondit-elle en essuyant ses yeux, puis les leva vers lui. “ Merci.”
-“ De rien.”

Lisbon se redressa sur la pointe des pieds et vint poser ses lèvres sur sa joue pour le remercier. Elle s’y attarda un peu, les yeux clos, avant de s’éloigner et de reprendre leur marche. Ils entrèrent dans l’église où il y avait déjà beaucoup de monde. Ils trouvèrent finalement une place dans le fond sur un banc mais durent se serrer un peu pour que tout le monde puisse s’installer. Jane passa un bras autour des épaules de Lisbon lorsque celle-ci se rapprocha si près de lui qu’elle se trouvait presque sur ses genoux.

-“ Désolée” s’excusa-t-elle.
-“ Pas de mal” la rassura-t-il.

Elle s’installa aussi confortablement que possible dans ces conditions et, une fois que toutes les personnes présentes furent installées, le prêtre prit sa place et commença.




Jane n’écoutait pas ce qu’il se disait, il ne pouvait pas se concentrer. Il y avait tellement de monde dans l’église qu’ils étaient presque tous les uns sur les autres. D’un côté, il y avait un homme de corpulence moyenne qui se serrait contre lui, ne prenant même pas la peine de s’excuser. De l’autre côté, il avait Lisbon. Elle était très attentive à ce que disait le prêtre et d’une main, elle tenait étroitement la croix de sa mère. Son autre main se trouvait sur ses genoux, mais d’un coup, elle la leva pour prendre celle de Jane. Il en fut surprit, mais ne dit rien. Il serra sa main dans la sienne et sentit Lisbon venir poser sa tête sur son épaule. Il la serra donc un peu plus contre lui, savourant la chaleur de son corps contre le sien. Tout ceci était si nouveau pour lui, aller à l’église alors qu’il ne croyait pas en Dieu. Mais plus que tout, apprécier le corps d’une femme contre le sien, une femme qui n’était pas la sienne, pas Angela. Et ce qui le surprit le plus, il ne ressentit pas de culpabilité à se sentir bien et à en vouloir plus. La seule chose qu’il ressentait était du bien être.

Il sentit Lisbon se lever et il fit de même, sans même savoir pourquoi. Il entendit alors tout le monde chanter mais ne tenta pas de le faire. Il se contenta d’écouter Lisbon dont la voix était plus douce qu’il ne le pensait. Il ne savait pas qu’elle pouvait chanter aussi bien et qu’il pourrait aimer autant. Elle n’avait pas lâché sa main lorsqu’ils s’étaient levés et de ce fait, il avait toujours son bras autour de son épaule. Et une fois encore, elle laissa sa tête retomber sur son épaule.

Jane baissa les yeux sur son visage, elle était souriante alors qu’elle chantait, elle avait les yeux brillants. Elle se sentait bien, à l’aise, il pouvait le dire. Lui aussi se sentait bien, apaisé. Il serait bien resté ainsi pendant des heures, mais ça se termina trop vite pour lui et bientôt, l’église commença à se vider. Ils suivirent le mouvement jusqu’à se retrouver à la porte où le prêtre saluait ses paroissiens. Arriva le tour de notre duo et Lisbon n’hésita pas à aller lui serrer la main.

-“ Bonsoir mon père” le salua-t-elle.
-“ Bonsoir mon enfant” salua-t-il ne retour. “ Vous êtes nouveaux ici ?”
-“ Nous ne sommes venus que pour la messe, nous devons repartir pour Sacramento” expliqua-t-elle.
-“ Sacramento ?” S’étonna l’homme. “ Ça n’est pas un peu dangereux avec toute cette neige ? Vous devriez peut-être rester en ville.”
-“ Inutile, et puis un bon repas nous attend chez moi” sourit Lisbon.

Lisbon avait levé les yeux vers Jane en disant ça et lui avait attrapé le bras. Il lui sourit en retour, plus heureux qu’il ne l’avait été depuis bien longtemps.

-“ Alors je vous souhaite un bon retour et un très joyeux Noël” leur dit le prêtre.

Il s’éloigna ensuite vers ses autres paroissiens, laissant Jane et Lisbon se diriger vers la voiture de la jeune femme. La neige recommençait à tomber, plus fort qu’avant et le froid était également plus intense. Ils montèrent dans la voiture et Jane monta le chauffage voyant à quel point Lisbon frissonnait, malgré la couverture qu’elle avait remise sur elle. Il attendit un peu avant de démarrer et de reprendre la route vers Sacramento. Malheureusement, la route était mauvaise, la neige tombait de plus en plus fort et la visibilité était de plus en plus mauvaise.

Jane se demanda un instant si son idée avait été si bonne que ça. Venir à South Lake Tahoe en cette période de l’année était vraiment stupide, il aurait dut regarder la météo avant de partir. Il jeta un coup d’œil à Lisbon pour voir qu’elle n’était plus si fatiguée qu’avant, elle fixait la route autant que lui. Il ne voyait plus grand-chose, et les phares n’étaient pas d’une grande aide. Les roues glissèrent un peu, mais il garda le contrôle.

-“ On devrait peut-être s’arrêtait Patrick” proposa Lisbon.
-“ Je croyais que vous vouliez rentrer parce qu’un repas chaud nous attendait.”
-“ Pas au point de nous faire avoir un accident” argua-t-elle. “ On devrait peut-être rester jusqu’à ce que la neige se calme.”
-“ C’est peut-être une bonne idée” approuva-t-il.

Mais alors qu’il cherchait un endroit pour faire demi-tour, il vit des phares arriver rapidement en face de lui, sur la même voie que lui. Il klaxonna, dans l’espoir de faire comprendre à l’autre qu’il n’était pas du bon côté, mais cela ne sembla pas fonctionner car la voiture continua d’avancer vers eux.

-“ Accrochez-vous” dit-il à Lisbon.

Il tourna brusquement le volant et la voiture partit dans le décor. Il y eut une collision, il se cogna la tête contre le volant et tout devint noir.


Lisbon ouvrit les yeux doucement, la tête lui faisant un peu mal. Elle se redressa doucement sur le siège alors que les souvenirs revenaient. La voiture arrivant en face, Jane klaxonnant pour le faire bouger, puis la voiture partant sur le côté de la route et enfin la collision. Elle tourna doucement la tête vers son compagnon de route pour le voir affalé sur le volant, inconscient. Elle sentit son cœur accélérer dans sa poitrine et la peur monter en elle.

La jeune femme défit sa ceinture et se pencha vers lui. Elle posa ses doigts dans son cou et souffla de soulagement lorsqu’elle sentit son cœur battre. Il était vivant, juste inconscient. Elle le tira en arrière doucement et son visage apparut. Il ne semblait pas blessé et elle s’en sentit soulagée une fois de plus. Elle passa une main sur sa joue, tentant de le réveiller et lorsqu’il ouvrit les yeux, elle se retint de le prendre dans ses bras.

-“ Ça va ?” Lui demanda-t-elle, inquiète.
-“ Oui, je crois que ça va” répondit-il. “ Et vous ?”
-“ Bien, rien de cassé” le rassura-t-elle.

Jane s’étira et grimaça un peu. Il avait un peu mal dans le bas du dos, mais pas assez pour l’empêcher de bouger. Il tenta de démarrer la voiture afin de repartir, mais rien ne se passa. Il essaya encore une fois, et toujours rien. Il se tourna vers Lisbon, plissant les yeux, craignant qu’elle ne lui crie dessus, lui reproche sa mauvaise idée. Mais au lieu de ça, elle posa une main sur sa joue en lui souriant.

-“ Je pense que nous devrions retourner en ville” proposa-t-elle.
-“ Teresa… Je suis vraiment désolé, je ne voulais pas…”
-“ Ça n’est pas de votre faute Patrick, mais je vous en voudrais vraiment si vous ne bougez pas de cette voiture tout de suite.”

Il ouvrit donc la porte de la voiture, en sortit et fit le tour pour aider Lisbon à sortir. Il attrapa la couverture qu’il déposa sur ses épaules pour la réchauffer et elle le remercia. Ils se mirent donc en marche, difficilement à cause de la neige. Lisbon se retenait de claquer des dents, mais elle avait du mal. Ses chaussures n’étaient pas étudiées pour marcher par ce temps, elle ne sentait presque plus ses pieds et ses doigts étaient gelés. Elle sentit Jane passer un bras autour de ses épaules et la rapprocher de lui. Elle le laissa faire, elle avait tellement froid. Et d’un autre côté, elle se sentait bien dans ses bras.

Jane quand à lui se sentait coupable. Il avait voulut offrir à Lisbon un merveilleux Noël, une soirée qui lui ferait oublier à quel point il était difficile pour elle de ne pas être avec sa famille. Tout c’était bien passé jusqu’à présent, ils avaient passé une superbe journée. Ils avaient décoré le sapin ensemble, comme s’ils étaient un couple. Ils avaient fait les courses ensembles, ils avaient oublié qu’ils étaient collègues pour n’être que de simples amis passant du temps ensemble en dehors du travail.

Il avait même prévu un cadeau qu’il savait lui plaire. Sauf qu’il ne pourrait pas lui offrir, il ne pourrait pas lui faire plaisir. Il regrettait en partie d’être venu aussi loin pour la messe de minuit. Il ne regretterait jamais l’expression sur son visage lorsqu’elle avait vu le nom de l’église, comme elle s’était installée contre lui, posé sa tête contre son épaule, lui avait attrapé la main. Pour ça, il ne regrettait qu’en partie être venu aussi loin.

Il fut sortit de ses réflexions lorsque Lisbon trébucha et se rattrapa à lui pour ne pas tomber. Il resserra son bras autour d’elle mais le fit glisser sur sa taille. Il la sentit trembler contre lui, mais elle ne dit rien. Elle passa aussi un bras autour de sa taille et se serra encore plus contre lui. Ils continuèrent de marcher en silence, frissonnant l’un contre l’autre.

Ils marchèrent pendant plusieurs minutes en silence jusqu’à ce qu’ils voient un bâtiment apparaître un peu plus loin, des chambres d‘hôtes. Ils accélérèrent donc, impatients de se mettre au chaud. Lisbon accéléra encore un peu et Jane sourit en accélérant lui aussi. Il ouvrit la porte et fit entrer Lisbon la première. Lorsqu’il passa la porte à son tour, il sentit la chaleur prendre possession de son corps. Mais malgré tout, Lisbon ne s’écarta pas de lui. Ils se présentèrent à l’accueil où une dame d’un certain âge leur sourit.

-“ Oh mes pauvres enfants, vous êtes complètement gelés” leur dit-elle en contournant le comptoir avec une couverture qu’elle posa sur les épaules de Jane.
-“ Merci madame” remercia-t-il en passant un peu de la couverture autour de Lisbon.
-“ Vous désirez une chambre je suppose” leur dit-elle.
-“ S’il vous plait, il nous en faudrait deux” répondit le blond.

La femme retourna derrière le comptoir et chercha dans un grand livre. Elle tourna plusieurs pages avant de relever les yeux vers eux.

-“ Je suis désolée les enfants, mais je n’ai qu’une seule chambre” s’excusa-t-elle.
-“ Mince, y a-t-il un hôtel dans le coin ?” Demanda Jane.
-“ Inutile Patrick, nous pouvons partager la chambre” lui dit Lisbon.
-“ Vous serez plus à l’aise sans moi pour vous casser les pieds toute la nuit.”
-“ Et moi je trouve que c’est stupide. Nous sommes adultes, nous pouvons partager une chambre ne serait-ce qu’une nuit” rétorqua-t-elle.

La femme les regardait se chamailler avec un petit sourire sur le visage. Ce n’était pas un couple, c’était évident, mais il y avait des sentiments, elle pourrait le parier. Au cour de sa vie elle avait vu beaucoup de gens s’aimer sans rien oser dire. C’était si triste, mais que pouvait-elle y faire. Ces deux la avaient des sentiments l’un pour l’autre, mais quelque chose en eux les empêchait d’aller plus loin, et elle voulait savoir quoi.

Au bout d’un moment, ils cessèrent de se chamailler et ils se souriaient. Apparemment, ils semblaient avoir trouvé une solution et, d’après le sourire sur le visage de la jeune femme, elle avait gagné. Le petit sourire sur le visage de l’homme montrait que, soit il était bon perdant, soit il était tout simplement gagnant. Elle penchait plus pour la deuxième possibilité.

-“ Nous prenons la chambre” assura Lisbon.
-“ Très bien, voici la clé” leur dit-elle en tendant une clé à la brunette. “ Je vais vous accompagner.”

Elle allait les entraîner avec elle dans les couloirs lorsqu’elle réalisa qu’ils n’avaient aucun bagage.

-“ Nous avons eut un accident de voiture” expliqua Jane.
-“ Avez-vous besoin d’un médecin ?” S’affola-t-elle.
-“ Non ça ira” la rassura Lisbon. “ Il n’y a rien de grave. Mais il faudrait remorquer ma voiture, demain.”
-“ Aucun problème, j’appellerais Josh, c’est mon neveu” expliqua-t-elle. “ Il tient le garage de la ville. Et je vous apporterai des vêtements” ajouta-t-elle en voyant leurs tenues de soirée.

Lisbon laissa ses yeux tomber sur sa robe, toute mouillé à cause de leur marche dans la neige, ses chaussures qu’elle pourrait jeter en rentrant. Elle se passa une main dans les cheveux qui avaient glissé dans son cou. Elle ne devait plus être aussi jolie qu’elle l’avait été un peu plus tôt dans la soirée. Jane ne devait plus la trouver aussi magnifique. En le regardant, elle retint un sourire. Lui non plus n’était plus aussi bien habillé et coiffé, mais il n’en était pas moins charmant. Au contraire, elle le trouvait vraiment… sexy, mais elle ne lui dirait pas.

Ils suivirent la femme qui monta un escalier, traversa un couloir et ouvrit une porte. Elle s’écarta pour les laisser entrer et Lisbon fit un pas dans la chambre. Elle était simple, ni trop grande ni trop petite. Il y avait un grand lit dans le centre de la pièce, une table de chevet de chaque côté, une commode à côté d’une porte donnant sur la salle de bain. Pour la plus grande joie de Lisbon, il y avait un petit sapin dans un coin de la pièce ainsi que ses bougies sur une petite étagère se trouvant sous un grand miroir.

Jane entra derrière elle, lui aussi sous le charme de la pièce. Il remarqua aussi un canapé dans un coin de la pièce et il sourit. Il laissa tomber la couverture qu’il avait sur les épaules sur le lit et fit le tour de la chambre. Elle était bien jolie, il aurait put tomber sur pire et il semblait satisfait. Il se tourna vers la vieille femme mais celle-ci l’arrêta d’une main, comme si elle savait ce qu’il allait dire.

-“ Ne me remerciez pas” dit-elle. “ Je reviens dans un moment, je vais vous chercher quelques vêtements.” Et alors qu’elle s’éloignait, elle se retourna, “ je m’appelle Veronica.”

Puis elle partit, laissant les deux amis seuls. Lisbon s’assit sur le bord du lit et commença à retirer ses chaussures. Elle avait encore les mains tremblantes et elle sentit les mains de Jane sur les siennes, les éloignant pour s’en charger lui-même. Elle le laissa faire, rougissant un peu par la même occasion, mais elle s’y était habituée. Il retira une chaussure, puis l’autre et il commença ensuite à lui masser les pieds pour la réchauffer. Il remonta le long de sa cheville mais s’arrêta avant d’aller trop loin.

Il se releva et retira ses propres chaussures. Il s’assit ensuite au bord du lit à côté d’elle. Ils ne dirent pas un mot pendant un moment, ne sachant pas quoi se dire. Lisbon s’apprêtait à ouvrir la bouche, mais un coup à la porte l’en empêcha. Elle se leva pour aller ouvrir et tomba sur Veronica, les bras chargés de vêtements, de linge de salle de bain et des chaussures.

-“ J’ai trouvé ça dans le placard de ma fille” dit-elle en prenant des vêtements de femme. “ Ça risque d’être un peu grand, vous êtes plus mince que ma Lydia, mais je pense que ça ira le temps pour vous de faire réparer votre voiture et de rentrer chez vous.” Puis, se tournant vers Jane, elle ajouta: “ et ceci vient de mon Edouard, mon fils. J’espère que ça vous ira.”
-“ Merci Veronica, je pense que ce sera parfait” la remercia Lisbon.
-“ Bien, et je voulais vous dire que le repas sera servit dans un peu plus d’une heure si vous avez faim.”
-“ Oh non, nous ne voudrions pas nous imposer” objecta la jeune femme.
-“ C’est Noël, vous n’allez pas le passer seuls dans cette chambre” sourit-elle. “ Nous ne sommes pas nombreux, juste quelques amis venus nous voir mon mari et moi. Vous ne serez pas une gêne, bien au contraire. Vous êtes nos invités de Noël.”
-“ Dans ce cas” accepta Jane.
-“ Je vous laisse maintenant vous changer.”

Elle repartit en refermant la porte derrière elle et Lisbon se tourna vers Jane.

-“ Je vous laisse la salle de bain” dit-il avant qu’elle ne lui propose la même chose. “ Vous en avez vraiment besoin.”
-“ Insinuez vous que je suis sale et que je sens mauvais ?” Demanda Lisbon avec un petit sourire.
-“ Pas du tout, mais vous avez froid et êtes moins couverte que moi. Allez donc vous réchauffer.”

Lisbon prit quelques vêtements, des serviettes, savon et shampoing et se rendit dans la salle de bain. Elle posa le tout sur une petite table et commença à retirer ses vêtements. Elle se sentit un peu mal à l’aise à l’idée de se mettre nue alors que de l’autre côté de la porte se trouvait Jane. Elle savait qu’il ne tenterait rien, pas ce soir, mais elle était quand même un peu incertaine.

Elle entra dans la cabine de douche et laissa l’eau chaude couler sur son corps, la réchauffant doucement. Elle se lava tout de même assez vite, Jane attendait lui aussi de se réchauffer. Il portait encore des vêtements mouillés et elle ne voulait pas qu’il tombe malade. En sortant de la douche, elle prit les vêtements et s’emmitoufla dedans. Elle se sentit aussitôt bien, ils n’étaient pas si grands que ça et plutôt confortable. Elle se passa un coup de brosse dans les cheveux mais décida de ne pas les sécher.

Lorsqu’elle sortit de la salle de bain, elle trouva Jane devant la fenêtre, le regard perdu dehors. Elle s’approcha doucement et elle hésita à passer son bras autour de sa taille. Elle se retint toutefois, elle ne pouvait pas faire ça, pas encore. Au lieu de ça, elle posa la main sur son bras pour attirer son attention. Il lui fit face et lui sourit tendrement.

-“ La salle de bain est libre si vous voulez” lui dit-elle.
-“ Merci, j’y vais tout de suite.”

Il prit des vêtements et s’enferma dans la salle de bain.




Jane et Lisbon venaient d’arriver dans le salon et Veronica vint les accueillir avec un grand sourire. Elle prit la jeune femme dans ses bras, puis Jane. Elle leur indiqua ensuite le canapé où ils prirent place. Il y avait peu de monde, comme l’avait dit Veronica, seulement deux couples d’amis ainsi que le mari de la vieille femme.

-“ Alors, d’où venez-vous ?” Demanda une des femmes.
-“ Laura, tu pourrais au moins te présenter” la réprimanda Veronica.
-“ Oh oui, je m’appelle Laura et voici mon mari Duncan” se présenta-t-elle. “ Alors, d’où venez-vous ?”
-“ Nous sommes de Sacramento” répondit Lisbon.
-“ Et pourquoi être venus aussi loin ?” S’enquit-elle.
-“ Je voulais emmener Teresa dans une église bien précise” expliqua-t-il. “ L’église Ste Teresa à South Lake Tahoe.”
-“ Comme c’est mignon” sourit Laura. “ Et pourquoi passer la nuit ici ?”
-“ Nous avons eut un accident sur le chemin du retour” répondit Lisbon cette fois.
-“ Ce n’est pas trop grave au moins ?” S’enquit Duncan.
-“ Non, rien de grave.”

Ils discutèrent encore un peu avant que Veronica invite tout le monde à passer à table. Le repas était simple, mais appétissant et le duo se régala en écoutant les amis de Veronica parler de tout et de rien. Lisbon se sentait si bien dans cette atmosphère de joie et de bonne humeur. Elle regarda Jane qui parlait avec Edouard, mais elle ne chercha pas à entrer dans la conversation.

Ils passèrent tous une excellente soirée et Lisbon ne regretta pas un instant d’avoir eut cet accident, sauf peut-être les réparations qu’elle allait devoir payer. Mais elle chassa cette ombre de son esprit, elle voulait profiter du moment. Elle avait comme l’impression de se retrouver en famille.

Quand arriva le moment du dessert, la brunette se proposa d’aider à débarrasser la table et Veronica accepta. Ce ne fut qu’une fois dans la cuisine que la seconde amie, Céleste, s’approcha d’elle. Elle l’aida à nettoyer les assiettes pour les mettre dans l’évier et Lisbon pouvait voir qu’elle voulait lui demander quelque chose mais qu’elle n’osait pas. Finalement, elle se lança.

-“ Depuis quand êtes vous ensemble ?” Demanda-t-elle.
-“ Nous… nous ne sommes pas ensemble” répondit Lisbon.
-“ Mais vous avez des sentiments pour lui, inutile de nier” sourit Veronica.

Lisbon ne savait pas quoi répondre. Pourquoi ces femmes qu’elle ne connaissait pas lui posaient de telles questions ? Et comment pouvaient-elles savoir qu’elle avait des sentiments pour Jane ? Était-elle si facile à lire ? Alors dans ce cas, pourquoi Jane n’avait-il jamais rien vu ? Ou alors il le savait mais ne voulait pas le lui dire, parce qu’il n’avait pas de sentiments pour elle et qu’il ne voulait pas lui faire de la peine.

Veronica s’approcha lentement et posa une main sur son bras. Lisbon releva la tête vers elle et la vit lui sourire. Cette femme était si maternelle avec elle alors qu’elles ne se connaissaient que depuis quelques heures. Mais Veronica ne dit rien et ce contenta de lui tendre un plateau de couverts pour qu’elle aille les mettre sur la table. Elle lui en fut reconnaissante.

Le reste du repas se passa comme le début, entre discussion et fou rire. C’était un des plus beaux Noëls qu’elle ait passé depuis bien longtemps et si l’expression heureuse de Jane voulait dire quelque chose, pour lui c’était la même chose. Il parlait ouvertement avec tout le monde, il riait et amusait la galerie. Lisbon se détendit encore un peu et se prit à discuter avec les autres.

Lorsqu’ils eurent fini le dessert et but le café, ou le thé dans le cas de Jane, deux des couples s’excusèrent pour rejoindre leur chambre et ne resta plus que Veronica, Edouard, Jane et Lisbon. Ils étaient assit dans le salon, devant un bon feu de cheminée. Jane parlait avec Edouard et Lisbon se leva pour aller à la cuisine faire un peu de rangement. Veronica la suivit et la brunette sut que cette fois elle n’échapperait pas à la discussion qui allait suivre.

-“ De quoi avez-vous peur Teresa ?” S’enquit la vieille femme.
-“ De quoi parlez-vous ?” Tenta-t-elle pour esquiver la question.
-“ Je parle de vous. Je vois bien les sentiments que vous avez pour cet homme, alors pourquoi ne lui dites vous rien ?”
-“ Je… je ne peux pas” avoua-t-elle.
-“ Pourquoi ?”
-“ C’est compliqué. Patrick est… C’est mon collègue et ami depuis presque dix ans, je dirais même que c’est mon meilleur ami.”
-“ En quoi est-ce compliqué ? L’amour est si simple au contraire.”

Lisbon se renferma aussitôt, s’éloignant de Veronica. La femme n’insista pas, comme si elle sentait que c’était un sujet sensible. Elle choisit donc de changer de sujet et les deux femmes discutèrent de Noël et des différents souvenirs qu’elles avaient de leurs Noëls respectifs. Lisbon raconta comment son frère Tommy et elle avaient prit l’habitude de se lever au milieu de la nuit afin de surprendre le père Noël et à quel point elle avait été déçue d’apprendre qu’il n’existait pas. Veronica éclata de rire, Lisbon la suivit et elles se calmèrent lorsque Jane entra dans la cuisine.

-“ Il se fait tard Teresa, on devrait aller se coucher” proposa-t-il.
-“ Bonne idée, nous avons de la route à faire demain” approuva-t-elle.
-“ Je vous rejoins, j’ai quelque chose à demander à Veronica.”
-“ Très bien.”

Jane s’assura que Lisbon soit assez loin avant de se tourner vers la femme qui lança un regard vers son mari qui hocha la tête.

-“ Je voulais savoir si vous accepteriez de me laisser utiliser votre connexion internet dans la journée” commença-t-il.
-“ Une raison particulière ?” S’enquit-elle.
-“ Veronica” la réprimanda son mari.
-“ Je devais faire une surprise à Teresa en organisant une conférence vidéo avec ses frères, comme ils n’ont pas put passer Noël ensemble.”
-“ C’est vraiment gentil de votre part” dit la femme.
-“ Normalement, je devais passer la voir dans la journée pour ça, ils n’ont pas beaucoup de temps libre. Mais comme nous allons être coincés ici jusqu’à ce que la voiture soit réparée, j’ai peur de manquer ça.”
-“ Pas de problème” le rassura-t-elle. “ Mais en échange je voudrais que vous fassiez quelque chose pour moi.”
-“ Et qu’est-ce donc ?”
-“ J’aimerais que vous m’expliquiez pourquoi vous ne pouvez pas lui parler de vos sentiments.”

Inutile de dire de qui il s’agissait, Jane avait comprit. Il avait comprit que Veronica savait qu’il avait des sentiments pour Lisbon, même s’il venait juste de s’en rendre compte lui-même. Mais de la à lui parler, c’était peut-être un peu trop rapide. Il ne se sentait pas encore capable de faire ce pas en avant, il tenait bien trop à Lisbon pour ça. Et s’il lui parlait maintenant, et s’ils se mettaient ensemble et que les choses tournaient mal parce qu’il n’était pas vraiment prêt ? Non, il ne pouvait pas prendre ce risque.

-“ La vie est courte jeune homme” reprit Veronica. “ Ne la gâchez pas.”

Puis elle le laissa quitter la cuisine et rejoindre Lisbon dans la chambre.




Jane se trouvait dans le couloir à côté de la porte de la chambre dans laquelle se trouvait Lisbon. Il hésitait à entrer, il n’osait pas faire face à son amie. Il avait comme l’impression que Veronica avait certainement parlé à Lisbon. Mais il ne pouvait passer la nuit dans le couloir, il devrait bien l’affronter un jour. Il tapa à la porte, attendit un peu puis entra, il laissait ainsi le temps à Lisbon de se coucher avant de pénétrer dans la chambre.

Il la trouva assise dans le lit, un livre à la main. Elle lisait, ou du moins c’est-ce qu’elle voulait faire croire. Il savait qu’elle attendait qu’il revienne avant de se coucher. Il prit un pyjama dans le tas de vêtements et alla se changer dans la salle de bain. En revenant, il prit une couverture et se dirigea vers le canapé sur lequel il s’installa. Lisbon le regarda faire avant de poser son livre devant elle.

-“ Patrick, vous pouvez venir dormir dans le lit” lui dit-elle.
-“ Ça ira Teresa, j’ai l’habitude de dormir ainsi” sourit-il en s’installant confortablement.
-“ Ne faites pas l’enfant, le lit est assez grand pour nous deux” reprit-elle.

Il hésita avant de se lever du canapé et venir près du lit. Il hésita et, lorsqu’elle souleva la couverture, il se glissa à l’intérieur. Il se coucha sur le dos, gardant le silence. Lisbon fini par s’allonger aussi, sur le dos comme lui. Ils fixèrent tous les deux le plafond, n’osant pas faire un mouvement. Finalement, Lisbon se tourna sur le côté et fixa Jane.

Elle sentit une nouvelle fois cette envie de le toucher, mais elle se retint. Elle ne pensait pas qu’un jour elle partagerait le même lit que lui, qu’elle passerait la nuit avec lui, seulement dans ses rêves. Mais dans ses rêves, ce n’est pas ainsi qu’elle se voyait passer la nuit avec lui. Comment pourrait-elle trouver le sommeil? Elle doutait qu’elle y arrive.

Jane se tourna pour lui faire face et lui sourit. Il pensait se sentir gêné de se trouver dans un lit avec Lisbon, mais ce n’était pas le cas. Il se sentait bien, très bien même. Il n’avait pas partagé le lit d’une femme depuis longtemps, s’il oubliait son expérience à Las Vegas. Il repensa à ce que lui avait dit Veronica. Devait-il lui parler, lui avouer qu’il ressentait quelque chose pour elle ? Non, pas maintenant. Il devait avant comprendre ce qu’il ressentait vraiment pour cette femme qui était tout pour lui, il ne prendrait pas le risque de détruire leur amitié.

Lisbon fixa Jane, se demandant à quoi il pensait. Elle pouvait voir qu’il se posait des questions, qu’il voulait faire quelque chose qui lui faisait peur. Elle n’aimait pas le voir ainsi, tiraillé et ne rien pouvoir faire pour l’aider. Après tout ce qu’il avait fait pour elle aujourd’hui, elle voulait lui venir en aide. Alors elle fit la seule chose dont elle se sentait capable. Elle se rapprocha de lui doucement et vint poser ses lèvres sur sa joue dans un tendre baiser.

Puis, elle s’éloigna. Mais alors qu’elle allait se coucher de son côté, elle sentit Jane la retenir par le bras et l’attirer à lui. Elle ne résista pas, posa sa tête sur son torse et lui entoura la taille de son bras. Elle ferma les yeux, savourant de se retrouver ainsi dans les bras de cet homme sans qu’il ne la repousse. C’était la première, et elle s’en doutait, la dernière fois que cela arrivait. Alors elle allait en profiter.

Au bout de plusieurs minutes, sentant la fatigue prendre possession d’elle, Lisbon ouvrit les yeux pour les poser sur Jane. Il ne dormait pas, il la fixait avec un air attendrit. Il pencha la tête vers elle, l’embrassa sur le font et s’installa mieux dans le lit, sans jamais la lâcher.

-“ Joyeux Noël Teresa” murmura-t-il.
-“ Joyeux Noël Patrick” répondit-elle.

Puis elle referma les yeux et se laissa bercer par sa respiration lente. Elle fini par s’endormir. Jane ne trouva pas aussi facilement le sommeil, il ne cessait de penser aux dernières années passées avec elle, aux disputes et à discussions animées. Il devait bien admettre qu’elle lui avait été d’une grande aide, toujours là pour lui, risquant sa carrière et parfois même sa vie pour lui. De quelle autre preuve avait-il besoin pour savoir qu’elle tenait vraiment à lui ? Elle avait même accepté de passer Noël avec lui, c’était pour dire.

S’il devait refaire sa vie un jour, ce serait avec elle et personne d’autre. Elle était la personne la plus proche de lui, celle qui comptait le plus dans sa vie. Et comme preuve qu’elle était la plus proche de lui, son pire ennemi avait demandé sa tête. Il la mettait en danger, il ne devait pas rester avec elle, si près d’elle. Mais il ne pouvait pas non plus s’éloigner d’elle, il ne le supporterait pas. Il devait trouver une solution, mais laquelle.

Lisbon bougea dans son sommeil et se serra un peu plus contre lui, enfouissant son visage contre son torse. Il resserra donc ses bras autour d’elle, déposa un baiser sur son front et ferma les yeux. Il ne parviendrait pas à trouver la solution tout de suite, alors autant dormir un peu. Et à sa plus grande surprise, il n’eut aucun mal à s’endormir.

Lisbon bougea dans son sommeil et se serra un peu plus contre lui, enfouissant son visage contre son torse. Il resserra donc ses bras autour d’elle, déposa un baiser sur son front et ferma les yeux. Il ne parviendrait pas à trouver la solution tout de suite, alors autant dormir un peu. Et à sa plus grande surprise, il n’eut aucun mal à s’endormir.


La nuit avait été calme, aucun incident particulier. Jane n’avait eut aucun mal à s’endormir et il avait passé une merveilleuse nuit avec Lisbon dans ses bras. Lorsqu’il avait ouvert les yeux tôt le matin, le soleil était encore couché. Il avait sentit un poids sur lui et, lorsqu’il avait baissé les yeux, il avait vu une masse de cheveux bruns entourant le visage angélique de Teresa Lisbon. Il avait eut une soudaine envie de la toucher, lui retirer une mèche de cheveux se trouvant devant ses yeux. Mais il n’avait rien fait et avait simplement refermé les yeux, sombrant une fois de plus dans le sommeil, un large sourire sur le visage.

Un peu plus tard, ce fut à Lisbon d’ouvrir les yeux et de se retrouver sur le torse de son ami. Elle n’osa pas bouger, pétrifiée à l’idée qu’il la découvre ainsi. Elle se sentait bien, à sa place, comme si elle avait enfin trouvé ce qui manquait dans sa vie. Un peu de bonheur. Doucement, avec toute la délicatesse du monde, la jeune femme releva la tête vers Jane, mais à sa grande surprise, elle le trouva endormi. Lui qui ne dormait jamais. Elle en profita pour détailler son visage qu’elle voyait pour la première fois complètement détendu.

Doucement, elle remonta une main vers son visage et, du bout du doigt, elle glissa sur sa joue, puis son nez et enfin ses lèvres. Il avait la peau douce, lisse et chaude. Elle laissa sa tête reposer sur son torse, mais garda sa main sur sa joue, se rendormant par la même occasion. Dans son sommeil, elle se colla un peu plus à son compagnon de lit, enfouissant son visage dans le tissu de son pyjama.

La porte de la chambre s’ouvrit silencieusement et une tête passa par l’entrebâillement. Veronica sourit en voyant ses deux locataires dormir ainsi, l’un contre l’autre, la main de la jeune femme sur la joue de l’homme, et le bras de l’homme entourant la taille de la jeune femme. La veille ils avaient dit ne pas être un couple, que les choses étaient compliquées et qu’ils ne pouvaient être ensemble. Elle était venue les réveiller pour prendre le petit déjeuner, mais changea d’avis. Ils méritaient bien un peu de repos supplémentaire.

Elle referma la porte, laissant le couple dormir encore un peu. Elle reviendrait plus tard, il était encore tôt de toute façon. En attendant, elle avait de quoi s’occuper, ses amis devaient bientôt repartir, d’ici une heure ou deux il n’y aurait plus que ces deux personnes de Sacramento.




Jane rouvrit les yeux, mais cette fois il y avait quelque chose de différent. Non seulement il avait encore ce poids sur le torse, qui ne lui déplaisait pas, mais aussi quelque chose sur la joue, quelque chose de chaud. Il baissa les yeux sans bouger la tête pour voir la main de Lisbon sur son visage. Il resserra son étreinte autour de sa taille, soupirant de satisfaction. Il eut des souvenirs d’une autre époque, avec une autre femme. Et bien qu’il chérisse ces souvenirs, il ne voulait pas qu’ils viennent ternir le moment présent. Lisbon ne méritait pas d’être comparée à Angela. Les deux femmes étaient différentes et pourtant si semblables. Angela était grande, blonde et gracieuse. Teresa était petite, brune et, même si elle n’était pas la plus féminine des femmes, elle n’en restait pas moins séduisante.

Elles avaient toutes les deux un fort caractère, ne mâchaient pas leurs mots et savaient se faire obéir au doigt et à l’œil. Angela avait vécu avec lui dans le monde du cirque, avait travaillé dur chaque jour de l’année. Teresa avait grandit dans une famille aimante jusqu’à la mort de sa mère et avait ensuite dut remplacer sa mère en élevant ses frères. Elle n’avait pas eut la vie la plus facile, mais elle s’en était sortie.

Il revint à la réalité lorsqu’il sentit la jeune femme bouger. Il voulut se décaler, ne voulant pas la mettre mal à l’aise en se réveillant contre lui, mais opta pour ne rien faire. Elle bougea ses doigts contre sa joue, le chatouillant un peu, mais il ne fit pas un mouvement. Il baissa les yeux et croisa le regard de Lisbon qui lui souriait. La faible lumière passant à travers les rideaux faisait comme une auréole autour de son visage, la rendant encore plus belle à ses yeux.

-“ Bonjour” le salua-t-elle en lui caressant la joue.
-“ Bonjour” répondit-il en laissant ses doigts glisser dans son dos.

Il craint un instant d’aller trop loin, d’outre passer ses droits, mais Lisbon le laissa faire, fermant les yeux. Il se sentait si bien en ce moment, comme s’il vivait normalement. Se réveiller avec Lisbon dans ses bras, c’était comme dans les rêves qu’il lui arrivait de faire. Il aurait voulut que ce ne soient pas que des rêves, mais hélas sa vie était ainsi. Lisbon bougea ses doigts contre son visage, aplatissant sa main et lui caressant la joue. Cela l’obligea à sortir de ses pensées et il lui attrapa la main de la sienne.

Il la porta à ses lèvres et y déposa un baiser. Un léger son s’échappa des lèvres de Lisbon, une sorte de murmure de satisfaction. Il en profita donc et sa seconde main descendit dans le dos de la jeune femme tout en la rapprochant de lui. Elle le laissa encore faire et s’installa confortablement. Elle se sentait si bien, elle ne voulait pas se lever, pas rentrer chez elle. Tout ce qu’elle voulait était resté ici, dans ses bras et profiter de ces quelques instants de pure magie.

-“ Il va falloir se lever” dit la voix de Jane, brisant le silence.
-“ Je sais” murmura Lisbon d’une voix où sonnait une note de déception.
-“ Moi aussi j’aimerais rester ici” avoua-t-il.
-“ C’est vrai ?” S’étonna-t-elle en se redressant pour lui faire face.

Dans son mouvement, elle fit glisser la main de Jane un peu plus bas et leur peau entrèrent en contact. Jane fut surprit et s’apprêtait à la retirer, mais Lisbon ne lui en laissa pas le temps. Elle bougea d’elle-même, se laissant tomber sur le dos, bloquant ainsi la main de Jane sous elle. Il ferma les yeux, il était coincé, mais cela ne le gênait pas tant que ça. Il attendit la culpabilité qu’il savait venir, mais il ne ressentit rien. Seulement de la satisfaction. Lisbon avait le don de le faire se sentir bien, à chaque fois qu’il se trouvait en sa présence. Elle avait le don de l’apaiser et au début cela lui faisait peur, mais plus maintenant.

-“ Vous vous rendez compte que tout ceci ne durera pas toujours” souffla-t-elle.
-“ Je sais, mais autant en profiter le temps que ça dure.”
-“ Et… cela ne vous gêne-t-il pas ?” S’étonna-t-elle. “ Je veux dire, dormir avec… une femme.”

Jane comprenait ce qu’elle voulait dire, mais s’il était honnête, il ne voyait aucune gêne dans le fait de se réveiller avec une femme dans ses bras, surtout s’il s’agissait de Lisbon. Comme toujours, elle faisait passer son bien être avant le sien, cette femme était exceptionnelle, elle méritait tellement plus que ce qu’il pouvait lui offrir. Elle méritait tout le bonheur du monde, un homme pour prendre soin d’elle, même si elle était parfaitement capable de le faire elle-même. Mais elle avait besoin d’avoir une vie, d’avoir tout ce dont elle rêvait.

Si seulement il pouvait lui offrir tout ça, si seulement il pouvait être cet homme. Mais il ne l’était pas, il était juste son collègue, son ami. Il s’en contentait bien jusqu’à présent, alors il s’en contenterait encore. Il continuerait d’être son ami tant qu’elle le voudrait et même s’il y avait encore John LeRouge à trouver, il trouverait toujours du temps pour elle.

-“ Je… je crois que je ais allé me changer” dit-elle, interprétant mal son silence.

Alors qu’elle se levait, il lui attrapa le poignet et la força à se recoucher. Elle refusa de croiser son regard, de plus en plus mal à l’aise. Il la força néanmoins en lui attrapant le menton. Il laissa son pouce lui caresser la joue tendrement, savourant la douceur de sa peau et la chaleur de son visage.

-“ Teresa, me réveiller à vos côtés ne me gêne absolument pas, bien au contraire” avoua-t-il. “ J’aime me réveiller dans les bras d’une femme, mais plus que tout, j’ai aimé me réveiller avec vous dans mes bras.”
-“ C’est… c’est vrai ?” Voulut-elle savoir, encore incertaine.
-“ Oh que oui” assura-t-il. “ Et j’aimerais tellement que nos vies soient différentes, mais nous n’y pouvons rien.”
-“ Je sais et je vous promets que nous le retrouverons” lui dit-elle. “ Ainsi vous pourrez avoir la vie que vous voulez.”
-“ Le pensez-vous vraiment Teresa ? Je veux dire, vous espérez vraiment que je refasse ma vie ?”
-“ Oui, je ne veux que votre bonheur Patrick.”

Jane le savait ça, Lisbon voulait toujours son bonheur. Mais elle ne se doutait pas que son bonheur ne tenait qu’a elle. Sans elle dans sa vie, il ne savait pas ce qu’il deviendrait. Il vivait ainsi depuis si longtemps, elle était dans sa vie depuis si longtemps qu’il ne savait pas s’il pourrait s’habituer à ne plus l’avoir.

Le mentaliste se décala sur le côté, laissant ses yeux se perdre sur le visage de Lisbon. Il ne savait pas comment lui faire comprendre qu’il voulait avancer dans la vie, mais avec elle. Comment lui dire qu’il le voulait tellement, mais qu’il ne pouvait pas. Lisbon le regardait avec curiosité, comprenant qu’il était perdu dans ses pensées et qu’il tentait de prendre une décision difficile.

Finalement, elle se tourna aussi sur le côté et posa une main sur sa joue. Il posa la sienne par-dessus et la serra doucement. Elle ferma les yeux, encore peu habituée à ce genre de geste d’affection venant de lui. Elle pourrait s’y habituer, de ça elle n’en doutait pas. Mais le pourrait-il lui ? Elle aurait tellement voulut lui rendre la vie plus facile, plus simple.

Jane lâcha finalement la main de Lisbon et se leva, brisant ainsi l’intimité qui s’était installée entre eux. Il ne voulait pas la blesser, mais il ne voulait pas lui laisser croire qu’ils pourraient vivre quelque chose. Il ne devait pas la laisser trop s’attacher à lui, pas plus qu’elle ne l’était déjà. Il la ferait souffrir tôt ou tard, chose qu’il ne voulait pas. Elle avait déjà bien assez souffert à cause de lui durant les années à travailler ensemble, il ne pouvait pas lui en imposer plus.

Sans la regarder, il prit ses vêtements et alla s’enfermer dans la salle de bain. Il laissa les vêtements tomber au sol dans un soupir et croisa son regard dans le miroir en face de lui. Les cheveux en bataille, les yeux encore un peu endormis, mais un léger, très léger, sourire sur le visage. Et tout ça grâce à Lisbon. Il avait aimé dormir avec elle dans ses bras et s’éveiller encore avec elle dans ses bras. La sentir contre lui avait été si… parfait. Il aurait put s’y habituer, mais il ne le devait pas.

Lorsqu’il lui avait proposé de célébrer Noël avec lui, il n’avait jamais envisagé qu’il passerait la nuit dans le même lit qu’elle, la tenant dans ses bras. Il voulait juste lui offrir un peu de bonheur en ce soir de fête et il avait réussit, un peu trop même. Et maintenant ? Il ne savait plus quoi faire, il était perdu.

Il finit par se reprendre et retira son pyjama pour se laver. Il espérait que la voiture soit en état de fonctionnement et qu’ils pourraient ainsi rentrer à Sacramento. Il ne devait pas s’imposer encore plus longtemps la présence de Lisbon, elle parviendrait certainement à le faire changer d’avis et il ne pouvait pas le faire, pas maintenant. Il avait fait une promesse à sa femme, il ne devait pas faillir.




Lisbon ne bougea pas du lit, même lorsque Jane sortit de la salle de bain et l’informa qu’il allait en bas. Elle resta ainsi un moment, réfléchissant à tout ce qu’il venait de se passer. Elle avait passé la nuit dans les bras de Jane, elle avait dormir mieux qu’elle ne l’avait fait depuis bien longtemps. Elle avait enfin eut ce qu’elle voulait depuis si longtemps, du temps seule avec lui. Mais plus encore. Jane lui avait offert un Noël merveilleux, il avait fait en sorte qu’elle ne soit pas triste et il avait réussit.

Elle pensait que les choses commençaient à s’arranger, mais ce n’était qu’un pâle espoir. Jane ne changerait jamais, il ne serait jamais capable de refaire sa vie en oubliant John LeRouge. Le tueur avait eut une place importante dans sa vie depuis les dix dernières années, le mentaliste n’avait vécu que dans l’idée de le retrouver et de le tuer. Il n’avait jamais envisagé de refaire sa vie, même s’il lui avait dit qu’il avait aimé dormir avec elle et se réveiller avec elle dans ses bras. Il n’oublierait jamais Angela, bien qu’elle ne lui demanderait jamais de le faire.

Et puis elle réalisa qu’elle n’était peut-être elle-même pas prête à aller de l’avant. Elle avait un travail qui lui plaisait, une carrière satisfaisante. Que pouvait-elle vouloir de plus ? Un homme avec qui partager sa vie, vers qui rentrer le soir, retrouver pour la nuit. Toutes les femmes voulaient trouver un homme à aimer et elle l’avait trouvé. Malheureusement pour elle, il n’était pas du même avis et elle devrait s’y faire.

Elle consentit enfin à se lever et se préparer. Elle ne pouvait pas faire patienter Veronica et Duncan plus longtemps. Le couple avait été si gentil avec eux en les invitant à partager leur repas de Noël sans même les connaître, en leur prêtant des vêtements et en leur proposant une chambre. Ils étaient si gentils qu’elle ne pouvait se montrer impolie en arrivant trop tard.

Elle attrapa des vêtements au hasard et se rendit dans la salle de bain pour se laver. Une douche bien chaude, voilà ce qu’il lui fallait. Et rentrer chez elle, se retrouver seule, ça aussi elle en avait besoin. Elle ne voulait pas rester trop longtemps avec Jane, ça devenait trop difficile. La journée de la veille avait été merveilleuse et elle voulait garder ce souvenir. Elle ne voulait pas conserver le souvenir d’une journée de tension avec Jane.




Veronica était dans la cuisine à préparer du café pour Teresa, Patrick lui avait dit qu’elle était de mauvaise humeur tant qu’elle n’avait pas eut son café. Mais il avait dit ça en souriant. Malgré tout, elle avait put voir que quelque chose n’allait pas, qu’il n’était pas aussi souriant que la veille, que ce matin lorsqu’elle était passée et l’avait trouvé endormi avec la jeune femme dans ses bras. Elle ne savait pas ce qui avait changé, mais elle trouverait.

Le pauvre homme semblait perturbé par quelque chose, mais elle n’arrivait pas à savoir quoi. Elle entendit Teresa entrer dans la cuisine et elle se tourna vers elle avec un sourire, qu’elle perdit aussitôt qu’elle vit son air tourmenté. Elle non plus n’allait pas bien. Qu’avait-il bien put se passer entre eux ce matin ? Ils semblaient pourtant bien s’entendre la veille, être complices. Qu’est-ce qui avait changé ?

Veronica versa le café dans une tasse et la tendit à la jeune femme qui la prit en la remerciant. Elle s’installa sur une chaise, silencieuse, le regard dans le vague. La vieille femme eut mal au cœur de la voir ainsi et, n’y tenant plus, se décida à lui parler. Elle s’installa à côté d’elle, posa une main sur son bras pour attirer son attention, mais Teresa ne leva pas les yeux vers elle.

-“ Que se passe-t-il Teresa ?” Interrogea Veronica.
-“ Rien, tout va bien” répondit Teresa un peu trop vite.
-“ Je vous trouve bien silencieuse ce matin” continua la femme.

Mais Teresa garda le silence, confirmant ainsi qu’elle n’allait vraiment pas bien.

-“ Teresa, que se passe-t-il avec Patrick ?” Demanda-t-elle alors.

Et Lisbon releva brusquement la tête. Alors c’était bien ça, il y avait un problème avec Patrick. Veronica sentit que la jeune femme ne parlerait pas, pas plus que Patrick et qu’elle n’obtiendrait rien. Elle décida donc de la laisser tranquille, elle n’obtiendrait rien en la forçant à parler, elle s’en doutait.

Elle se leva donc et rejoignit les autres dans le salon. Patrick était toujours devant la fenêtre à regarder à l’extérieur, ne prêtant pas attention aux autres occupants de la pièce. Il était complètement absorbé dans ses pensées et rien ne l’en sortirait. Sauf que, lorsque Lisbon entra dans la pièce, il sembla tout à coup reprendre vie et s’excusa avant de sortir. Lisbon sembla blessée, mais n’en dit rien. Elle salua Duncan et entama la conversation.

-“ Chere Teresa, j’ai appelé Josh au sujet de votre voiture” annonça Veronica.
-“ Oh oui, j’avais presque oublié. Quand pourra-t-on partir ?” S’enquit-elle alors.
-“ Je crains que cela ne soit pas dans l’immédiat” lui répondit Duncan. “ La météo annonce une tempête de neige et il serait bien trop dangereux de faire de la route.”
-“ Mais, je ne voudrais pas m’impose,” s’excusa Lisbon.
-“ Vous ne vous imposez pas” la rassura Duncan. “ Et puis ça fait du bien d’avoir des jeunes dans cette maison.”
-“ Je ne suis plus si jeune vous savez.”
-“ Bien plus que moi” sourit l’homme.

Ils parlèrent encore un peu de tout et de rien avant que Jane réapparaisse. Il s’installa dans un fauteuil, un livre à la main et commença à lire. Veronica donna un coup de coude à son mari et celui-ci comprit. Il se leva, prétextant quelque chose à faire et sortit du salon, suivit de sa femme, laissant ainsi Jane et Lisbon seuls pour discuter.

Les minutes s’écoulèrent dans un silence pesant avant que Lisbon n’en puisse plus. Elle se tourna vers Jane, mais ce dernier ne leva pas les yeux vers elle. C’en était trop, elle ne pouvait plus supporter son silence. Il devait lui dire ce qui n’allait pas.

-“ Ça suffit Jane” soupira-t-elle en se levant. “ Dites moi ce qui ne va pas.”

Le mentaliste releva enfin les yeux en l’entendant l’appeler par son nom et non plus par son prénom. Elle devait vraiment lui en vouloir si elle reprenait ainsi de la distance en oubliant leur accord de s’appeler Patrick et Teresa tant qu’ils n’étaient pas au travail. Et elle avait raison de lui en vouloir, il le savait et ne l’en blâmait pas. Il posa donc son livre devant lui et la regarda faire les cent pas dans la pièce.

Il se leva à son tour et posa une main sur son épaule pour qu’elle s’arrête, mais cela sembla l’énerver un peu plus car elle le repoussa brusquement. Elle alla se placer devant la fenêtre, comme lui un peu plus tôt. Il pouvait voir qu’elle n’était pas vraiment énervée, mais seulement blessée et il ne pouvait s’en prendre qu’à lui. Tout allait si bien ce matin et maintenant… Il devait faire quelque chose, il n’aimait pas la voir ainsi.

-“ Teresa” il la vit se tendre à l’entente de son prénom, “ je suis désolé. Je ne voulais pas vous faire de peine.”
-“ Et bien c’est le cas” lui dit-elle sèchement.
-“ Je suis vraiment désolé” reprit-il. “ C’est juste que…”
-“ Que quoi ?” Demanda-t-elle en se retournant brusquement vers lui.

Elle avait les yeux rougis par les larmes qu’elle retenait vaillamment, refusant de montrer sa faiblesse. Il sentit son cœur se serrer de la voir ainsi et il s’en voulut encore plus. Il lui attrapa le bras et l’attira dans ses bras, refusant de la lâcher bien qu’elle se débatte. Il passa ses bras autour de sa taille et la serra contre lui, posant son menton sur sa tête. Il la sentit se détendre un peu et, finalement, elle passa aussi ses bras autour de lui, enfouissant son visage dans sa chemise.

Elle savait que les choses n’étaient pas réglées, qu’ils avaient encore beaucoup à se dire, mais pour le moment, elle se sentait bien. Elle aurait tant voulut que leurs vies soient différentes, qu’ils puissent être libre. Mais rien n’avait jamais été facile pour eux et il en serait toujours ainsi.

-“ Teresa, je sais que mon comportement vous a blessé, mais je ne le voulais pas.”
-“ Je sais” souffla-t-elle contre lui.
-“ C’est juste que… je ne peux pas vous offrir ce que vous méritez, je ne peux pas être l’homme qui vous rendra heureuse.”
-“ Je sais Patrick. Mais je n’aime pas quand vous vous éloignez de moi ainsi. Je n’aime pas avoir l’impression de vous gêner.”
-“ Vous ne me gênez pas” la rassura-t-il. “ Mais je fais du mal aux gens qui me tienne à cœur et je ne veux pas vous en faire aussi.”

Lisbon se décala de Jane pour le regarder dans les yeux. Elle pouvait voir à quel point il s’en voulait et à quel point il pensait ce qu’il disait. Elle porta donc une main à son visage et lui caressa tendrement la joue.

-“ Vous ne me ferez pas de mal, je vous connais.”
-“ Mais il pourrait s’en prendre à vous, ce que je ne veux pas.”
-“ Je pourrais me défendre” argua-t-elle.
-“ Pas contre lui.”

Sentant qu’elle ne gagnerait pas cette fois encore, Lisbon décida de changer de sujet. Elle ne voulait pas qu’ils se disputent, pas aujourd’hui, pas alors qu’elle commençait juste à lui pardonner son comportement.

-“ Parlons d’autre chose s’il vous plait” demanda-t-elle. “ C’est Noël, nous ne devons pas nous disputer.”
-“ Pardonnez-moi. De quoi voulez-vous parler ?” S’enquit-il.
-“ Je ne sais pas. Peut-être de ce que nous allons faire les jours à venir, puisque nous ne pouvons pas rentrer.”
-“ Et bien, je pense que nous pourrions aller faire une balade avant qu’il ne fasse trop froid et que la neige ne commence à trop tomber” proposa-t-il.
-“ En voilà une bonne idée” s’enthousiasma Lisbon.

Ils se séparèrent l’un de l’autre et se dirigèrent vers le couloir pour monter à la chambre prendre leur veste et, en passant, Jane vit une branche de gui au dessus de la porte. Il baissa les yeux vers Lisbon qui le regarda avec surprise et il se pencha vers elle, doucement, très doucement. Ils n’étaient plus qu’à quelques millimètres l’un d l’autre, ils pouvaient sentir le souffle chaud de l’autre sur leurs lèvres. Lisbon ferma les yeux d’anticipation, prête à recevoir ce baiser dont elle rêvait tant. Jane détailla son visage et était sur le point de l’embrasser lorsque Veronica arriva.

-“ Oh !” S’exclama-t-elle lorsqu’elle les vit se séparer rapidement. “ Je suis désolée.”
-“ Non, tout va bien” lui répondit Lisbon en passant à côté de Jane.
-“ Nous allions faire une petite balade avant qu’il y ait trop de neige” précisa Jane.
-“ Bonne idée” approuva Veronica. “ Mais ne vous éloignez pas trop.”

Puis, ils s’éclipsèrent dans le couloir, laissant la vieille femme souriante de toutes ses dents. Les choses s’arrangeaient un peu finalement et avec un peu de chance, le temps qu’ils passeraient ici serait suffisant pour qu’ils se rapprochent encore. Elle s’en voulait d’avoir interrompu quelque chose qu’ils semblaient attendre tous les deux depuis longtemps. C'est toute joyeuse qu’elle se rendit dans la cuisine pour préparer quelque chose de chaud pour le retour des tourtereaux.