Face à face (Jisbon/RJ) ^

Allongé dans le noir, je souriais comme un idiot. J’avais embrasser Lisbon à deux reprises, et elle ne m’avait pas repousser. Au contraire, elle m’avait rendu mes baisers avec une passion qui m’avait laisser pantelant. La fougue de sa réponse avait allumer un véritable brasier en moi, et je savais que la seule personne qui pourrait l’apaiser, se trouvait de l’autre côté du couloir. Si proche, et pourtant tellement inaccessible. Du moins pour le moment, mais j’avais senti ses barrières s’effondrées, et je comptais bien poursuivre l’offensive. Parce qu’à présent, je savais qu’elle ressentait la même chose pour moi, et peu m’importais qu’elle ait quelqu’un. De toutes façons, si ce type était à la hauteur, elle n’aurait pas répondu ainsi à mes baisers. Donc qui qu’il soit, il ne la méritait pas et pouvait aller au diable. Lisbon serait bientôt tout à moi. C’est sur cette pensée que je m’endormais, rêvant de la façon dont j’allais réussir à faire craquer ma chère patronne.

Un cri dans la nuit me réveilla en sursaut. D’un bond, je quittais mon lit et me précipitais dans le couloir alors qu’un autre cri déchirant résonnait dans la quiétude de la nuit. Je faillis percuter de plein fouet Lisbon qui venait de se précipiter hors de sa chambre, et c’est dans un bel ensemble que nous nous ruâmes dans celle d’Elora. Le spectacle qui s’offrait à nous nous glaça le sang. Elora se débattait dans son sommeil, ses petits bras et ses jambes donnant des coups dans le vide, comme si elle luttait contre un ennemi invisible. Son joli visage était crispé par la panique, et des larmes cascadaient le long de ses joues. Des sons inarticulés s’échappaient de sa gorge, et un nouveau hurlement lui échappa. Ce nouveau cri nous fit réagir, et nous nous précipitâmes au chevet de la fillette qui continuait de s’agiter dans tout les sens, son petit corps prit de convulsions.

J’ignorais de quoi elle rêvait, et malheureusement, les options étaient nombreuses. Je ne savais pas vraiment ce qu’il fallait faire, et instinctivement, je me tournais vers Lisbon, espérant qu’elle saurait quoi faire. Et je ne m étais pas tromper. Doucement, sans geste brusque, elle souleva Elora et se glissa derrière elle avant de la caler contre elle. L’encerclant délicatement mais fermement dans ses bras, elle l’immobilisa et se mit à lui chanter une chanson dont je ne parvins pas vraiment à saisir les paroles. Mais c’était une mélodie douce et apaisante, et progressivement, je vis Elora se calmer, sa respiration se fit régulière, et son petit corps se détendit. Avec soulagement, je constatais qu’elle replongeais dans un sommeil paisible. Pourtant, ni Lisbon ni moi ne nous décidâmes à la laisser seule. Puis finalement, rassurée sur le fait que ses mauvais rêves ne reviendraient pas la hanter cette nuit, Lisbon se dégagea précautionneusement, recouvrit Elora de sa couette qui avait atterrit au pied du lit, et après l’avoir tendrement embrasser sur le front, quitta la chambre.

Embrassant à mon tour ce petit ange, je rejoignis Lisbon sur le pas de la porte que je laissais entrebâillée pour le cas où Elora ferait un autre cauchemar. Du coin de l’œil, je vis Lisbon emprunter l’escalier au lieu de regagner sa chambre, et intrigué, je lui emboîtais le pas. Maintenant que mon inquiétude pour Elora était partiellement apaisée, je savourais le spectacle que m’offrait Lisbon. Elle avait les cheveux ébouriffé, et était uniquement vêtu d’un caraco et d’un shorty assortis. Elle était tellement belle que je devais me faire violence pour ne pas lui sauter dessus. Mais je devais me contrôler. La dernière chose que je voulais, c’était de l’effrayer. Je ne voulais pas qu’elle se renferme sur elle-même et perdre le terrain que j’avais si durement gagner.

Dans un silence paisible, je la regardais sortir deux mugs du placard et nous préparer des chocolats chauds. Parfait à cette heure de la nuit. Pendant que le lait chauffait, je vis son regard se poser sur moi, et elle se mordit la lèvre inférieure, un éclair de désir dans le regard. Surpris, je baissais les yeux et constatait que j’étais torse nu. Je réalisais alors que j’avais froid, mais la chaleur du regard de Teresa sur moi suffisait à me réchauffer. Fasciné, je la vis s’approcher de moi et poser les mains sur mon torse qu’elle se mit à caresser du bout des doigts. Mon souffle se coupa dans ma poitrine, et incapable du moindre mouvement, je la laissais faire ce qu’elle voulait. Soudain, elle approcha son visage du mien, et son souffle caressa ma joue.

« Vous avez froid Jane? » s’enquit-elle alors que ma peau se couvrait de chaire de poule.

Que pouvais-je répondre à ça? Oui j’avais froid, mais ma réaction épidermique n’avait rien à voir avec ça! Finalement, je décidais de lui dire la vérité.

« C’est de te sentir si près de moi qui me fait frissonner » chuchotais-je d’une voix rauque.

Je la sentis se figer contre moi, et je retins mon souffle. Je savais que je venais de prendre un double risque. En lui avouant la vérité, et en la tutoyant. C’était quitte ou double. En la sentant bouger, je me baffais, songeant que je l’avais trop pousser, et qu’elle allait se renfermer comme une huître. Fermant les yeux, je laissais mes bras pendre le long de mon corps, attendant de sentir la chaleur du sien d’éloigner, mais au lieu de ça, je sentis ses bras s’enrouler autour de ma taille, et son visage se nicher au creux de mon cou. De surprise, je rouvris les yeux et baissait la tête pour observer son visage. Elle avait fermer les yeux, et un léger sourire flottait sur ses lèvres. Comprenant qu’elle ne comptait aller nulle part, je m’empressais de l’encercler de mes bras, et la serrais contre moi comme pour me prouver qu’elle était bien là, dans mes bras au creux desquels elle trouvait si naturellement sa place.

La sonnerie du micro-ondes nous tira de notre bulle de douceur, et avant de s’écarter de moi, je sentis ses lèvres déposer un baiser mutin dans mon cou, me faisant tressaillir. Nous bûmes tranquillement nos chocolats chauds dans un silence serein. Seuls nos regards rivés l’un à l’autre communiquaient, se disant tout ce que nous ne nous sentions pas encore capable de dire avec nos bouches. Finalement, après que Teresa étouffe un énième bâillement, je me saisis de sa main et l’escorta jusqu’à sa chambre dans laquelle je pénétrais. Avec un tendre sourire, je la guidais sur le matelas, et comme je l’avais fait avec Elora, la bordais délicatement avant de l’embrasser sur le front.

« Bonne nuit Teresa, fait de beaux rêves » chuchotais-je en lui déposant un baiser papillon sur ses lèvres.

« Bonne nuit Patrick… » me sourit-elle d’un air endormis avant de se tourner sur le côté.

Le cœur débordant de tendresse, je l’observais rejoindre le royaume de Morphée, une expression apaisée sur son beau visage. En souriant, je quittais sa chambre, et avant de gagner la mienne, faisais un détour par celle d’Elora. Je retenais un gloussement amusé en découvrant que Teresa et elle dormaient dans la même position. Une main sous la joue, l’autre tenant fermement le drap sous leur menton, un sourire sur les lèvres. Elles étaient tellement belles, et à nouveau, je me fis la promesse de tout faire pour les garder à l’abri du danger, et surtout loin de RedJohn. Je ne le laisserais pas leur faire du mal. Moi vivant, il ne les approcherait pas. Baillant à mon tour, je regagnais ma chambre, et m’endormais la tête à peine poser sur l’oreiller.

Le lendemain, ce fut l’odeur alléchante de café et de bacon qui me tira de mon sommeil. En m’étirant, je m’empressais de descendre, pressé de voir si Teresa se comporterait différemment avec moi après les évènements de la veille ou bien si elle ferait comme si de rien était. A mon entrée dans la cuisine, je souris en découvrant la jeune femme et Elora attablée côte à côte, dévorant avec appétit une montagne de pancakes, accompagnée de bacon et d’un grand verre de lait. Dès qu’elle me vit, Teresa me sourit et se leva pour aller me préparer une assiette.

« Bonjour Patrick, bien dormi? » s’enquit-elle alors que je m’asseyais en face d’Elora à qui j’adressais un grand sourire.

« Merveilleusement, j’ai rêver d’une belle femme aux incroyables yeux verts » répondis-je en lui adressant un sourire charmeur avant de m’enquérir « Et toi? »

« Comme un bébé. » répliqua-t-elle malicieusement en déposant une assiette bien garnie devant moi, et en me caressant doucement le torse en une caresse aérienne qui me fit frissonner.

« Tu as fait de beau rêves? » demandais-je avec curiosité.

« En fait, maintenant que tu me le dis, j’ai rêvé d’un consultant… » me sourit-elle un peu plus.

« Et que faisait-il? » voulus-je savoir avec intérêt.

« En fait, c’est moi qui faisais quelque chose… » m’expliqua-t-elle en mordant dans son pancakes.

« Oh vraiment? » lançais-je en déglutissant, imaginant tout ce qu’elle pourrait me faire.

« Oui, j’ai rêvé que je trouvais enfin le moyen de me débarrasser de toi! » expliqua-t-elle avant d’exploser de rire devant ma mine outrée.

« Menteuse! » grognais-je en affichant une moue boudeuse qui fit redoubler ses rires.

Soudain, un petit son cristallin résonna dans la pièce, et surpris, nous nous tournâmes dans un bel ensemble vers Elora. Et en la voyant nous regarder en souriant, nous comprîmes qu’elle venait de rire. C’était la première fois qu’elle le faisait, du moins en notre présence, et Teresa me lança un regard ravi.

« Je crois que je vais devoir te punir pour ton mensonge ma chère Teresa » déclarais-je en me tapotant le menton de l’index, remarquant qu’Elora suivait notre échange avec intérêt, ses yeux pétillants d’amusement.

« Même pas peur! » répliqua Teresa en me tirant la langue.

A nouveau, le rire léger et discret d’Elora retentit, et nous échangeâmes un sourire ravi. Nous continuâmes donc sur ce ton durant tout le déjeuner, puis nous montâmes dans nos chambres afin de nous préparer pour la journée. Nous devions aller au CBI faire le point sur l’enquête, et nous avions décider d’emmener Elora avec nous pour la matinée. Hors de question de la laisser seule, ou de la confier à quiconque, de peur que RedJohn ne tente de s’en prendre à elle durant ce laps de temps. Une fois prêts, nous quittâmes la maison, et avec amusement, je songeais que nous devions avoir l’air d’une vraie petite famille aux yeux des voisins de Teresa qui nous observaient avec des yeux ronds.

« Tu fais sensation auprès de tes voisins » clamais-je d’un ton tonitruant qui eut le mérite de faire se disperser le troupeau de curieux.

« Au moins ils auront un sujet de discussion digne de ce nom à leur club de commérage! » soupira Teresa en roulant des yeux, faisant glousser Elora qui grimpa sur le siège arrière de la voiture.

Durant tout le trajet, je prenais un malin plaisir à taquiner Teresa qui me le rendait bien, pour le seul plaisir d’entendre les rires étouffés d’Elora dans notre dos. Arrivés au CBI, j’en remis une couche, mais cette fois, ce fut Cho qui fit les frais de mon sens de l’humour.

« Pas la peine de vous mettre à l’abri Cho, Elora n’est pas armer aujourd’hui! » clamais-je en avançant dans la grande pièce.

« Très drôle Jane! » grommela l’asiatique avant de se figer en entendant Elora rire.

Interloqués, les trois agents observèrent la fillette avec des yeux ronds, et Teresa et moi échangeâmes un sourire amusé.

« Allez Elora, viens, tu va t’installer dans mon bureau! » lança Teresa en s’emparant de la main de la fillette qui la suivit docilement.

« Oui, mais pas sur mon canapé hein! » protestais-je en leur emboîtant le pas.

« Allons Jane, vous pouvez bien prêter votre précieux canapé à Elora tout de même! » soupira Teresa en roulant des yeux.

« D’accord, mais seulement si elle promets de me le rendre! » acquiesçais-je avec une moue boudeuse.

Elora me fit un grand sourire, et s’asseyant sur le canapé, sortit l’ordinateur que nous lui avions acheter ainsi que quelques livres, et commença à jouer sans plus s’occuper de nous. Teresa sourit, amusée, déposa ses affaires sur son bureau, jeta un rapide regard à son courrier pendant que son ordinateur démarrait, puis vérifia sa boite mail comme tout les matins. Ensuite, elle classa les dossiers sur son bureau lorsqu’un sourire satisfait apparut sur son visage.

« Qu’est-ce qu’il y a? » demandais-je intrigué par ce sourire.

« Les rapports de la scientifique. Apparemment, ils ont trouvés une série d’empruntes qui n’appartenait à aucun des membres de la famille Jameson, ni à aucun des employés de la ville. » déclara-t-elle, son sourire s’élargissant.

« Espérons que ces empruntes appartiennent à un habitué de nos services… » grognais-je même si je n’y croyais pas trop.

A ce que je sache, RedJohn n’avait jamais été arrêter. A moins qu’il ne l’ait été avant d’être connu comme le tueur en série le plus rechercher de Californie. Je ne devais pas m’emballer. Teresa allait donner le jeu d’empruntes à Grâce, et nous verrons bien ce qu’elle trouverait. En attendant, nous devions continuer à explorer toutes les pistes, sans rien négliger.

« Allons faire le point avec les autres » déclara-t-elle en refermant d’un geste sec le dossier.

Avant de quitter son bureau, elle alla s’agenouiller devant Elora, et je l’imitais.

« Eh ma puce, nous allons dans la salle de briefing. Si tu a besoin de quoi que ce soit, n’hésite pas à venir nous voir, Ok? » déclara-t-elle d’une voix douce en repoussant une mèche rebelle qui s’était échapper de la queue de cheval de la fillette.

Elora acquiesça puis se pencha pour nous faire un câlin que nous lui rendîmes avec tendresse. Puis, sur un dernier sourire, nous rejoignîmes les autres qui nous attendait en discutant joyeusement.

« La petite a l’air d’aller mieux » lança Cho en nous voyant entrer dans la pièce.

« Elle a pourtant fait un cauchemar assez violent cette nuit » déclara Teresa en fronçant les sourcils au souvenir de la nuit dernière.

« Oui, mais il est vrai qu’elle paraît plus détendue aujourd’hui » acquiesçais-je avec un sourire attendri en pensant aux éclats de rire de la fillette.

« En tout cas ça fait plaisir de l’entendre rire » s’exclama Grâce avec enthousiasme.

« Allez, revenons-en à l’enquête » déclara Lisbon en ramenant la discussion sur la raison de notre présence au CBI « Du nouveau? »

« Nous avons enquêter sur la plaque de la voiture et avons découvert qu’elle avait été déclarer voler la veille du meurtre des Jackson. Nous avons lancer un avis de recherche, et nous n’avons plus qu’à attendre. » déclara Rigsby avec un soupire d’agacement.

« Après le témoignage de Madame Peterson, j’ai refais le tour des voisins, et l’un d’eux s’est souvenu de l’homme en question. Il l’aurait vu traîner dans le voisinage la semaine précédent le meurtre, mais comme il était habiller en costume, il a cru qu’il s’agissait d’un commercial qui faisait du porte à porte, et il ne s’est pas inquiéter. Il a confirmer la description de Madame Peterson, mais n’a pu nous fournir de description plus précise. » déclara à son tour Cho, visiblement tout aussi frustré.

« J’attends encore les rapports de la scientifique pour faire mes recherches » expliqua Grâce avant d’ajouter, « mais j’ai eu le temps de terminer le service que vous m’aviez confiée »

« Voici le rapport de la scientifique. Voyez ce que vous pouvez en tirer. » déclara Teresa en tendant le dossier à la jeune femme qui s’en saisit rapidement.

« Que fait-on en attendant? » demandais-je, songeant que je rentrerais bien à la maison.

« Cho, Rigsby, continuez de fouiller dans le passé des Jackson, voyez si vous trouver quelque chose d’inhabituel. Van Pelt, bossez sur ces empruntes, mais avant, dans mon bureau avec les photos » décida Teresa en se levant.

Aussitôt, tout le monde se dispersa, et je m’empressais de rejoindre Elora qui était toujours sagement assise sur le canapé, lisant tranquillement. Penchant la tête, je lisais le titre du livre qui semblait tellement l’intéresser, et sourit en découvrant qu’il s’agissait de Polyanna. Ma fille aussi avait dévorer ce livre. Et une fois encore, je fus surpris de ne pas sentir la vague de douleur habituelle me terrassée. Décidément, le contact de Teresa et de cette adorable fillette faisait le plus grand bien à mon cœur meurtrit.

« Elora? » appela Teresa en entrant dans le bureau avec Grâce qui tenait la boîte dans ses mains.

Elora leva le nez de son livre, et posa un regard interrogateur sur Teresa.

« Nous avons une surprise pour toi » déclara-t-elle en s’effaçant pour qu’Elora puisse voir Grâce. A la vue de sa boite, Elora poussa un petit cri et se précipita près de Grâce qui s’agenouilla pour être à sa hauteur.

« Jane et Lisbon m’ont demander de faire quelque chose pour toi, j’espère que ça te plaira » dit-elle en lui tendant la boite.

Elora s’en empara avec empressement, et retournant s’asseoir sur le canapé, ouvrit la boîte. Immédiatement, des larmes se mirent à couler sur ses joues, et repoussant la boîte à côté d’elle, elle courut faire un câlin à Grâce qui le lui retourna avec un grand sourire. Ensuite, Elora se tourna vers Teresa et moi qui nous tenions l’un à côté de l’autre, observant la scène avec un sourire. Un immense sourire fit écho aux nôtres sur son visage, et elle vint se jeter dans nos bras. Ce câlin groupé arracha un rire amusé à Grâce, mais comme Teresa n’y prêta pas attention, je décidais de l’ignorer et de simplement savourer le moment. Après de longues minutes, Elora se détacha de nous et nous prenant par la main, nous tira jusqu’au canapé sur lequel elle nous fit asseoir avant de récupérer sa boite et de s’installer entre nous deux. Nous passâmes l’heure suivante à admirer le travail remarquable de Grâce. Ce n’est que lorsque je voulus la féliciter pour la qualité de son travail que je remarquais qu’elle était retourner à son bureau.

« Que faisons-nous à présent? » demandais-je à Teresa après qu’Elora ait ranger ses photos et ait recommencer sa lecture.

« Rentrons. Les gars nous tiendrons au courant s’il y a du nouveau, et Elora sera mieux à jouer dans sa chambre qu’ici » déclara-t-elle en observant avec douceur la petite fille.

« Et Heightower? » m’enquis-je avec un grand sourire satisfait.

« Je vais aller lui faire un compte-rendu. En attendant, soyez sages tout les deux! » me taquina-t-elle avec un grand sourire malicieux.

Avec amusement, je la regardais sortir de son bureau, et m’assis sagement aux côtés d’Elora, mais au bout de cinq minutes, je m’ennuyais déjà. Me relevant, je fis le tour du bureau de Teresa, touchant à tout, puis je m’assis devant son ordinateur, voulant jouer à un jeu en ligne, mais un regard posé sur moi me fit relever la tête.

« Quoi? » m’enquis-je avec un grand sourire innocent.

Elora se contenta de m’observer avec un froncement de sourcils, et j’eus l’impression de voir une Lisbon miniature, ce qui me fit pouffer de rire.

« Je n’ai rien fait! » me défendis-je en voyant son froncement de sourcils s’accentuer.

Silencieusement, elle me regardait avec un mélange de désapprobation et d’amusement, et vaincu, je me levais sans toucher à l’ordinateur de Teresa et revint m’asseoir aux côtés de la fillette. J’explosais de rire lorsqu’elle me tendis son ordinateur avec une petite moue moqueuse. Décidément cette fillette était tout le portrait de Lisbon, pas étonnant qu’elles s’entendent si bien.

L’entrevue avec Heightower avait été plutôt brève, surtout lorsqu’elle avait appris que Jane était seul dans mon bureau avec Elora. Elle m’avait ordonner de retourner chez moi avant, je cite « que mon consultant et cette fillette ne déclenchent une catastrophe ». J’avais retenu un éclat de rire devant son expression horrifiée, et m’étais empresser d’obéir aux ordres, ravie de pouvoir rentrer à la maison. A la maison. C’était bien la première fois que j’étais heureuse de rentrer chez moi, mais en moins de deux jours, les choses avaient énormément changées. Je n’avais plus à craindre la solitude puisque Patrick était là ainsi que Elora. Tout deux me donnaient l’impression d’avoir une famille à moi, et même si je savais que le fait de trop m’attacher à eux pourrait me causer une profonde douleur au moment où je les perdrais, je ne pouvais m’empêcher de vouloir profiter de cette situation aussi longtemps que possible.

Perdue dans mes pensées, je regagnais mon bureau, et un sourire étira mes lèvres devant le spectacle qui s’offrait à moi. Elora était assise dans un coin du canapé et lisait tranquillement tout en jetant des regards en coin à Jane qui s’amusait avec son ordinateur, comme si elle avait peur qu’il le lui casse, et le connaissant, c’était tout à fait possible. En riant doucement, je m’avançais, et ils m’adressèrent tout deux le même sourire éclatant en découvrant ma présence.

« Qu’a dit Heightower? » me demanda Patrick en éteignant l’ordinateur.

« Que nous pouvions partir » déclarais-je simplement.

Aussitôt, Elora et Patrick sautèrent sur leurs pieds et s’élancèrent vers la porte avec une rapidité foudroyante qui m’arracha un nouvel éclat de rire. Plus lentement, je les rejoignais, non sans avoir éteint mon ordinateur et verrouiller la porte de mon bureau. Ensuite, j’informais mon équipe des ordres d’Heightower, et sortais enfin sur le parking où Patrick et Elora m’attendaient en trépignant. Riant doucement, je faisais exprès de prendre tout mon temps pour les rejoindre, tant et si bien qu’Elora accourut vers moi et me tira par la main pour me faire avancer plus vite. J’étais ravie de la voir se conduire ainsi en notre présence. Cela signifiait qu’elle se sentait en sécurité et en confiance avec nous, suffisamment pour se comporter de manière spontanée, même si elle ne parlait toujours pas. Ce qui d’ailleurs ne l’empêchait absolument pas de se faire comprendre!

« Allez Teresa, on t’attends nous! » rigola Patrick en m’ouvrant la portière en faisant une petite courbette, ce qui nous fit toutes les deux rire aux éclats.

Fier de lui, il alla s’asseoir sur le siège passager en sifflotant, et je me demandais si je l’avais déjà vu aussi heureux et insouciant. Il paraissait libérer, comme s’il ne portait plus le poids du monde sur les épaules. Et je me demandais si ça durerais, ou bien si cet état de grâce n’était que provisoire. Si ça l’était, je n’avais qu’une chose à faire. En profiter tant que ça durait, et tant pis pour le reste. Le trajet du retour se passa dans la bonne humeur, Patrick s’amusant à se moquer de tous les pauvres conducteurs que nous croisions, pour le plus grand plaisir d’Elora qui sautillait d’excitation sur son siège chaque fois qu’une nouvelle voiture arrivait à notre hauteur. Je savais que je ne devrais pas rire de ces moqueries, mais de voir Patrick et Elora prendre tant de plaisir et rire ensemble me faisait oublier mes bonnes manières, et puis il fait dire qu’il avait vraiment le don de vous mettre des images hilarantes dans la tête.

Dès que je me garais devant la maison, Elora sauta de la voiture et se précipita devant la porte, attendant en faisant des bonds que nous la rejoignons. Riant de son impatience, Patrick et moi la rejoignîmes et j’ouvris rapidement la porte. Elora se précipita, et nous la vîmes courir vers les toilettes, ce qui fit redoubler les rires de Jane qui comprenait mieux son attitude.

« Moi qui croyait que c’était parce qu’elle s’amusait qu’elle faisait des bonds dans la voiture! » remarqua-t-il en affichant une petite moue boudeuse.

« Disons que tes plaisanteries incessantes n’ont pas du arranger son envie pressante! » riais-je en me dirigeant vers la cuisine pour préparer le repas.

« Qu’est-ce qu’on fait cet après-midi? » s’enquit-il en s’appuyant au chambranle de la porte en posant un regard intense sur moi.

« Il fait beau, on pourrait allez se promener à la plage, je pense que ça devrait plaire à Elora » proposais-je en confectionnant une salade de riz.

Pendant que le riz cuisait, je confectionnais de la mousse au chocolat pour le dessert. Du coin de l’œil, je vis Elora entrer dans la cuisine, et elle sourit en me voyant faire. Lorsque la mousse fut prête, le plaçais le saladier au frigo, et prenant soin qu’il y en ait sur la cuillère, le la tendis à Elora qui s’en empara les yeux étincelant de gourmandise.

« Et moi alors? » protesta Patrick en faisant une moue boudeuse.

« C’est comme les petits écoliers, ce n’est que pour les enfants! » rétorquais-je en roulant des yeux.

Boudeur, il croisa les bras sur sa poitrine, et je vis Elora descendre de son tabouret et s’approcher pour lui tendre la cuillère. Cette gamine était un amour, et je ne comprenais pas comment sa mère avait pu ne pas le voir. Cette enfant méritait d’être aimer et choyer, et je me fis la promesse de tout faire pour que ce soit le cas. L’idée que Patrick et moi pourrions la garder avec nous me traversa l’esprit, mais je la chassais rapidement. Pourtant, je savais que c’était trop tard. Maintenant que j’y avais penser, l’idée se frayait doucement un chemin dans mon esprit, et je sus que plus Elora resterait avec nous, et plus il me serait difficile de la laisser partir une fois l’enquête bouclée. Une boule se forma dans ma gorge, et feignant de m’occuper de la salade de riz, je me détournais et évitais soigneusement le regard de Patrick qui me vrillait le dos.

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La sortie à la page avait été assez épique. Dès l’instant où Elora avait aperçut la mer, elle s’était précipiter et s’était amuser à courir après les vagues, riant et s’amusant comme n’importe quelle fillette de son âge. Patrick, qui avait retrousser le bas de son pantalon l’avait rejoint, et il s’était rapidement mis à s’asperger jusqu’à être tremper de la tête aux pieds. Patrick avait fait semblant de vouloir m’asperger également, mais je lui avait rappeler que j’avais toujours mon arme, et il s’était sagement abstenu, ce dont je l’avais remercier d’un baiser. Celui-ci s’était éternisé, et lorsque je m’étais enfin éloignée, me rappelant qu’Elora nous observait, j’avais découvert Patrick, les yeux fermés et un sourire idiot sur le visage. Il mit quelques secondes à comprendre que c’était terminer, et l’étincelle qui illuminait son regard me fit frissonner de plaisir. Jamais encore un homme ne m’avait regarder comme ça, et pour la première fois, je me sentais libre d’être moi-même, sachant que Patrick ne ferais rien d’intentionnel pour me blesser.

Puis, lorsque le soleil avait commencer à baisser, nous avions tranquillement regagner la voiture, mais au lieu de rentrer à la maison, nous étions aller dans un fast-food, pour la plus grande joie d’Elora. Et même si elle n’osa pas au départ trop s’éloigner de nous, elle ne résista pas longtemps au plaisir de plonger dans la piscine à balle, et finis par aller s’amuser avec les autres enfants. Et attendris, nous la regardâmes se lier d’amitié avec une autre petite fille qui se mit à lui parler en langage des signes. Et à notre plus grande surprise, Elora lui répondit.

« Nous aurions du y penser. Si elle ne parle plus depuis la mort de son père, elle a du apprendre à communiquer d’une autre manière » sourit Patrick en observant l’échange.

Alors que nous ne quittions pas les deux fillettes qui riaient et plaisantaient ensemble comme si elles se connaissaient depuis des années, nous ne remarquâmes pas l’arrivée à nos côtés d’une jeune femme qui se racla la gorge pour attirer notre attention.

« Bonsoir. Désolée de vous déranger, mais je suis la maman de Cameron » expliqua-t-elle en désignant la nouvelle amie de Elora.

« Bonsoir. » sourit Patrick en posant son bras sur le dos de ma chaise.

« Vous ne nous dérangez pas » la rassurais-je en l’invitant d’un geste de la main à s’asseoir sur la chaise qu’Elora avait laisser vacante.

« Votre fille est muette? » s’enquit-elle en souriant devant les éclats de rire des deux petites.

« Elle ne parle plus depuis la mort de son père » expliqua tranquillement Patrick sans quitter Elora des yeux.

« Son père? Mais… » s’étonna la jeune femme, une expression confuse sur le visage.

« Les parents d’Elora sont morts. Nous sommes ses tuteurs » expliquais-je simplement en évitant soigneusement les détails embarrassant.

« Oh! Pauvre petite! » s’exclama la jeune maman, une expression attristée sur le visage.

« Le mutisme a été le moyen qu’elle a trouver pour exprimer son chagrin » soupira Patrick.

« En tout cas jamais encore je n’avais vu Cameron se lier aussi vite d’amitié avec quelqu’un. D’habitude, elle évite les autres enfants, sûrement parce qu’ils se moquent de son handicap » remarqua la jeune femme avec tristesse.

« Elora aussi est très méfiante avec des étrangers. Elle ne fait pas facilement confiance, mais votre fille semble avoir réussis à l’apprivoiser » remarquais-je en souriant en voyant leurs petites mains s’agiter dans tout les sens.

« En fait, j’aurais aimer savoir s’il était possible d’échanger nos numéros pour qu’elles se revoient. Ma fille n’a pas beaucoup d’amies, donc si vous êtes d’accord… » expliqua la jeune femme en se mordillant nerveusement la lèvre.

J’échangeais un regard avec Patrick, hésitant à accepter, mais ce fut le rire d’Elora qui nous décida. Si nous voulions qu’elle reprenne le dessus et oublie au plus vite ce qui s’était passer, autant commencer par ne pas la couper du reste du monde sous prétexte que RedJohn était quelque part dehors.

« Avec plaisir. Vous pourriez venir à la maison demain pour que les filles jouent ensemble » proposais-je en sortant une de mes cartes de visite que je lui tendis après y avoir inscrit mon numéro de téléphone personnel.

« Vous travaillez pour la police? » s’étonna-t-elle après avoir lu la carte.

« Oui, je suis l’agent Teresa Lisbon du CBI, et Patrick y est consultant » expliquais-je, amuser par son étonnement.

« Et moi je suis avocate » sourit-elle en rangeant la carte dans la poche de sa veste avant d’ajouter « Nous viendrons pour 14 heures, est-ce que cela vous convient? »

« Ce sera parfait » approuva Patrick en lui souriant.

Nous discutâmes encore quelques minutes, puis constatant qu’il se faisait déjà tard, Patrick alla chercher Elora qui nous rejoignit de mauvaise grâce, mais en apprenant que sa nouvelle amie viendrait s’amuser avec elle le lendemain, elle retrouva aussitôt le sourire. Je roulais depuis à peine cinq minutes que je constatais que Elora s’était endormie sur la banquette arrière.

« Elle est épuisée » soufflais-je en souriant d’attendrissement.

« La journée a été longue pour elle. » acquiesça Patrick en se tournant vers elle avec un sourire tendre sur les lèvres.

« Oui, mais elle s’est amusée, et j’ai l’impression qu’elle s’ouvre vraiment aux autres » remarquais-je en me garant devant la maison.

« Espérons que ça durera » se contenta-t-il de dire avant de sortir et de prendre Elora dans ses bras.

Je savais qu’il avait raison. Elora était encore fragile, et même si elle paraissait se remettre progressivement de son traumatisme, c’était encore trop tôt pour crier victoire. La moindre contrariété pouvait la faire se renfermer sur elle. En la couchant dans son lit et en lui enfilant son pyjama en prenant soin de ne pas la réveillée, je me demandais si cette nuit aussi elle ferais des cauchemars. L’embrassant sur le front, je la bordais avant de quitter sa chambre pour rejoindre Patrick qui m’attendais dans le couloir. Sans un mots, il glissa sa main dans la mienne, entrelaça nos doigts et me guida au rez-de-chaussée où il me fit asseoir devant la cheminée dans laquelle dansait un joli feu de joie. Avec un soupir, je me blottissais contre lui et laissait mon regard se perdre dans le mouvement hypnotique des flammes.

Ce fut un hurlement strident qui me réveilla en sursaut. Désorientée, je me redressais et laissais mon regard se promener dans la pièce. Je mis quelques secondes avant de me rappeler pourquoi j’étais dans le salon. Mon regard chercha Patrick, et je souris en le découvrant profondément endormi près de moi. Et en une fraction de secondes, je prenais conscience que je m’étais endormie dans ses bras, et que j’étais allongée tout contre lui, mon dos reposant contre son torse, et ses bras encerclant fermement ma taille. Délicatement, et avec des gestes d’une infinie lenteur, je me dégageais de son étreinte et finis par me lever. Un sourire étira mes lèvres lorsque je vis Patrick grommeler de mécontentement dans sn sommeil et attraper le coussin sur lequel reposait ma tête et enfouir son visage dedans avec un soupir de satisfaction. Je me mordillais la lèvre, luttant contre mon désir de venir me rallonger contre la chaleur de son corps, mais le souvenir de ce qui m’avait réveiller me rappela à l’ordre.

Me détournant du spectacle attrayant que m’offrait mon beau consultant, je me dirigeais hâtivement vers les escaliers et gagnais rapidement la chambre d’Elora. Et le même spectacle que la nuit dernière s’offrit à mon regard. Elle s’agitait dans tout les sens, luttant contre un ennemi invisible et des gémissements désespérés s’échappaient de sa gorge. Tout comme la nuit dernière, je l’attirais contre moi et lui fredonnais la même mélodie en lui caressant les cheveux, et elle finit par s’apaiser lentement. Elle geignit encore de longues minutes, puis enfin son petit visage se détendit, et son sommeil redevint paisible. Pourtant, je ne la lâchais pas avant plusieurs minutes, attendant de voir si ses cauchemars avaient bel et bien disparus pour la nuit. Enfin rassurée, je me dégageais, la rebordais soigneusement, et après avoir déposer un baiser sur son front encore légèrement perlé de sueur, quittais de nouveau sa chambre.

Dans le couloir, j’hésitais sur la marche à suivre avant de reprendre le chemin du salon. Mais alors que j’arrivais en vue du canapé, mon cœur fit une embardée, et mon sang se figea dans mes veines. Le canapé était vide, la couverture qui recouvrait Patrick était à terre, et le coussin qu’il serrait dans ses bras avait atterrit près de la cheminée. Inquiète, je fis rapidement le tour du rez-de-chaussée, mais pas de traces de Patrick. L’inquiétude se faisant de plus en plus pressante, je courais vers le placard dans lequel je rangeais mon arme, puis recommençais le tour de chaque pièce, cherchant le moindre indices capable de m’aiguiller dans la bonne direction. Et si RedJohn était entrer dans la maison? Et s’il avait réussi à tuer Patrick sans que j’entendre quoi que ce soit? Et s’il était toujours là? A cette idée, je m’empressais de grimper à l’étage, avant de me figée.

Du sang. Il y avait du sang sur le sol. De toutes petites tâches qui se dirigeaient droit vers la chambre d’Elora. Un peu comme si quelque un avait tenu un objet qui se serait égoutter sur le sol au fur et à mesure de sa progression. Luttant contre la panique, je retirais le cran de sécurité de mon arme et aussi silencieusement que possible, je gagnais la chambre d’Elora dont la porte était plus largement ouverte que lorsque j’en étais sortis quelques minutes plus tôt. Soudain, je vis une ombre se déplacer dans la chambre, et mon cœur bondit dans ma poitrine. D’après le mouvement, la personne se trouvait près de la fenêtre mais s’approchait du lit d’Elora. Je devais intervenir avant qu’il ne l’atteigne. Alors prenant une profonde inspiration, j’ouvris la porte en grand et l’arme pointée en direction de l’intrus, entrais dans la chambre.