United (traduction) ^

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Chapitre 15

La télévision clignota, la chaine changea pour une sorte de dessin animé, puis un autre programme dans lequel le gars ressemblait à un bulldog dans l’esprit de Jane et puis il changea encore pour autre chose. Les chaines continuaient de changer et il fallut à Jane quelques instants pour réaliser pourquoi. Il était avachi sur le canapé, depuis plusieurs heures mais Lisbon ne l’avait pas rejoint. Elle avait été un peu grincheuse envers lui pour une raison quelconque et avait opté pour sa chaise. Il n’avait rien dit, lui avait simplement donné l’espace dont elle avait besoin mais le changement constant des chaines devenait vraiment agaçant et lorsqu’il se tourna pour savoir pourquoi, un sourire étira ses lèvres.

Elle s’était endormie et la télécommande était coincée entre son poignet et sa cuisse. Aussi adorable qu’elle pouvait être, plongée dans le sommeil, il commençait vraiment à être irrité envers elle. Se levant du canapé, il avança pour éteindre la télévision et puis s’arrêta en face d’elle. Il voulait qu’elle lui explique ce qu’il avait fait de mal, elle agissait comme s’il avait raté quelque chose et la seule chose à laquelle il pouvait penser était le matin qu’ils avaient partagé à peine deux jours plus tôt. Il pensait qu’elle avait apprécié mais peut-être qu’il avait été trop égoïste, il avait vraiment tenté d’éviter ça et il pensait avoir fait ce qu'il fallait.

Ça le dérangeait qu’elle ne se soit pas plus ouverte. Il s’était attendu à ce qu’elle soit plus à l’aise, ce qu’elle était mais il avait espéré que ce soit plus facile. Il se sentait comme s’il entrait un peu trop dans son jeu. Avec un soupir, il se mit à genoux devant elle et se demanda s’il était la raison des mouvements incessants de ses yeux derrière ses paupières lourdes. Se rapprochant, il hésita un peu de peur de la réveiller et réalisa alors qu’il finirait par le faire. Il ne pouvait pas la laisser sur la chaise et il savait qu’à la seconde où il la soulèverait elle ouvrirait les yeux.

Il laissa ses doigts glisser le long de la pointe de son nez - adorant la façon dont son front se plissa à ce geste - avant de laisser sa main se poser sur son estomac. Quelque chose la dérangeait, la rongeait et cela l’irritait au point qu’elle ne veuille pas le lui dire. De façon certaine, ils devaient avoir franchi le point de se cacher des choses. Ils avaient tout fait sauf l’amour, avaient même satisfait l’autre lorsque cela était devenu trop fort. Il pensait qu’elle aurait la décence de partager ses problèmes avec lui après une telle étape pour eux. Apparemment non, enfin il ne s’en souciait pas. Il allait la réveiller, lui faire dire.

-“ Teresa.”
Un doux murmure passa ses lèvres entrouvertes alors qu’il faisait des cercles de sa main sur son ventre couvert. Son irritation prit le dessus lorsqu’elle sembla s’installer un peu mieux sur la chaise, le faisant la secouer. Ses yeux s’ouvrirent après ça, confus et fatigués.
-“ Nous devons parler.”

-“ Quoi - ça peu attendre le matin, je suis fatiguée.”

-“ Non ça ne peut pas. Je veux savoir ce qui te dérange. Quelque chose est vraiment en train de te ronger, depuis notre anniversaire.”
Il sut qu’elle n’était pas heureuse qu’il la confronte à ça à la seconde où elle cessa sa tentative pour se lever. Avec un profond soupir quittant ses poumons, elle se rassit et se tourna pour lui faire complètement face.

-“ Je veux dormir, c’est-ce qui me dérange.”

-“ Allez Teresa, ce n’est pas un jeu.”

-“ Oh donc je suis celle qui joue maintenant?”
En roulant des yeux elle se détourna de lui et s’étira en arrière. Il sut que ses yeux s’étaient de nouveau fermés, un soupir quittant ses poumons à ces mots. Mais de quoi diable parlait-elle ? Il avait été honnête avec elle dernièrement, il n’avait pas joué de jeu. Peut-être au travail mais pas au sujet de leur mariage.

-“ Quoi, tu vas dormir en bas ce soir ?”
Elle ne parla pas, ne se tourna pas pour le regarder- elle hocha simplement la tête.
-“ Pourquoi ?”

Il n’y eut pas de réponse, juste un haussement d’épaule. Sa patience devenait faible et sans y penser il la perdit. Il ne prit pas la peine de lui cacher ce qu’il ressentait par son comportement. Elle était trop douée à cacher les choses et il voulait juste qu’elle s’ouvre un peu.

-“ Très bien, ne me dis rien. Tu sais j’essaie vraiment là, je veux que ça marche mais tu ne me dis jamais rien. Tu pourrais faire un peu d’efforts.”
Il lui fallut quelques secondes pour comprendre pourquoi elle ne disait rien mais une fois fait, il baissa la tête et posa une main dans son dos, venant immédiatement à la conclusion qu’il avait été trop sévère et quelque soit ce qui la dérangeait elle avait peur de le lui dire. Elle s’écarta avec un petit reniflement suivit de près pas un autre, et un autre alors que ses épaules se secouaient. Elle était en train de pleurer et il n’avait aucune idée de ce qui se passait.
-“ Teresa, s’il te plait…”

-“ Tu ne me vois pas comme ta femme. Content ?” Ses mots larmoyants le laissèrent abasourdi. Sur toutes les choses qu’il soupçonnait avoir tort, ça n’avait jamais traversé son esprit.
-“ Laisses-moi juste seule cette nuit.”

-“ Non, je ne te laisserais pas seule. Tu es ma femme et je ne sais pas où tu as trouvé une idée aussi folle que je ne te vois pas…”

-“ La femme que tu aimais, la famille que tu as perdue. Jane, je ne suis pas celle à qui tu pense lorsque tu dis le mot ‘femme’ et ça ne devrait même pas avoir d’importance mais…”
Une pointe douloureuse traversa sa poitrine à la façon dont elle évoqua son passé. Il savait qu’il devrait être habitué, il devrait s’ouvrir un peu plus aussi mais c’était la façon dont elle l’évoquait - pas le sujet lui-même - qui serra son cœur. Le murmure rempli de peur qu’elle dise quelque chose d’interdit le toucha le plus.
-“ Ce sera toujours elle et je ne peux pas t’en vouloir pour ça. Je ne veux pas.”

-“ Elle est ma fem…”
Il la sentit se tendre, les muscles de son dos se serrant d’anticipation. A cette seconde, il s’étouffa avec le mot et réalisa exactement pourquoi il y avait des larmes sur ses joues.
-“ Je- je ne sais pas comment l’appeler autrement… Ça fait trop longtemps et j'ai toujours parlé d'elle ainsi…ça va me prendre un certain temps pour m’ajuster, mais ça ne veut pas dire que je ne te vois pas comme ma femme dans tous les sens du terme.”

-“ Je ne sais même pas pourquoi je suis contrariée, c’est stupide mais je veux juste me rendormir.”

-“ Je pense que nous devrions en parler.”
Elle ne voulait pas se rendormir, elle voulait juste éviter de se confronter à ses sentiments. N’importe qui serait en mesure de dire qu’elle voulait juste une confirmation, qu’elle était un peu incertaine lorsqu’il était question de son passé. Il détestait qu’elle laisse passer ça sans en parler, qu’elle le laisse pourrir la situation jusqu’à ce que ça la travaille au point de lui donner des larmes aux yeux et des tremblements dans la voix.
-“ Je ne voulais pas te vexer, je vais essayer de travailler sur ça. Pas de promesses mais je pourrais être d’accord d’ajouter un ‘ancienne’ ou ‘première’ devant le mot.”

Un soupir tremblant emplit l’air alors qu’elle se tournait pour lui faire face, roulant son corps sous sa main de telle sorte que ses doigts ne caressaient plus son dos mais son ventre. Comme au début de leur discussion. Il regarda ses yeux rougis, les sillons humides sur ses joues et la ligne entre ses sourcils. Elle n’était pas au point de devenir une femme hyper sensible qu’il ne pouvait pas comprendre et elle était en train de se calmer- il pouvait le dire - il avait de toute évidence réussi à la rassurer un peu.

-“ Patrick ce n’est même pas à cause de ça. Oui, ça me gênait mais ça ne me dérangeait pas à ce point. Je connais ton histoire. Je ne veux pas que tu crois que tu dois oublier tout ça à cause de moi. Je ne veux pas que tu sois en colère parce que je suis égoïste - je n’essaies pas de manquer de respect…”

-“ Je ne pense pas que tu te montres irrespectueuse. Tu es ma femme maintenant - ce n’est pas juste pour toi mais ça risque aussi de prendre du temps pour moi.”
Ça le dérangeait vraiment, l’inconfortable crispation dans sa poitrine, mais il n’allait pas le lui dire, pas alors qu’il réalisait qu’elle avait raison. Il ne pouvait pas continuer à vivre dans le passé alors qu’il avait déjà avancé dans le futur. Ce n’était pas juste, pour aucun d’eux et ça finirait probablement par tout détruire entre eux.
-“ Maintenant, veux-tu s’il te plait dormir en haut cette nuit ?”

Il détestait l’idée d’elle dormant sur une chaise toute la nuit et s’il pouvait dire quoi que ce soit, elle serait dans leur lit. Même s’il devait la porter, elle serait à côté de lui où il insisterait pour dormir sur le canapé juste pour garder un œil sur elle. Il ne fut pas surprit lorsqu’elle mordit sa lèvres inférieure entre ses dents de façon inquiète et regarda autour de la pièce.

Après plusieurs minutes de silence, elle hocha finalement la tête et il se sentit un peu triomphant qu’ils aient franchi une nouvelle barrière les empêchant de profiter pleinement l’un de l’autre. Bientôt il allait la faire sienne, dans tout les sens. Il allait lui montrer l’amour qu’il ressentait pour elle mais il n’allait pas ruiner la surprise et le lui dire. Il ne mentionna pas que dans seulement un jour il allait l'aimer dans leur lit et avec chance étouffer tout ses soucis. Le travail passait malheureusement en premier.