The Madness of Love ^

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Chapitre 12

Une semaine s’était écoulée depuis la disparition de Lisbon et le coma de Jane. Ce dernier se trouvait toujours à l’hôpital, il ne s’était pas encore réveillé et je priais chaque jour pour qu’il le fasse. Son état s’était toutefois amélioré et nous gardions bon espoir que bientôt il ouvre les yeux. Même les médecins étaient confiants à ce sujet.

L’équipe tentait de surmonter cette épreuve, mais ce n’était pas facile. Je les voyais peu à peu sombrer et je ne pouvais rien faire pour les aider. Je savais que de toute façon, quoi que j’aurais pu faire, ça n’aurait rien changé. Je n’étais pas l’un des leurs, je n’étais qu’une pièce de plus dans la machine du CBI qu’on leur avait imposée.

Je ne pouvais pas leur en vouloir, j’avais parfois moi-même l’impression de ne pas être à ma place. J’aimais mon travail, j’aimais ce pour quoi je me battais chaque jour, la justice. Mais quand je voyais Patrick Jane sur ce lit d’hôpital, quand je voyais de bons éléments comme les agents Cho, Rigsby et Van Pelt sombrer ainsi, je me disais que parfois le prix était trop lourd.

Ils avaient fait leur travail de leur mieux, ils avaient été très professionnels, malgré le degré d’attachement qu’ils avaient dans cette affaire. Je les avais laissé agir, je ne pouvais pas le leur refuser. Ils avaient fait tout ce qui était en leur pouvoir, mais ça n’avait rien donné. L’agent Lisbon était toujours portée disparue et nous n’avions rien pour nous mener à elle.

Alors, ce matin encore, j’étais dans mon bureau, passant coups de fil sur coups de fil, interrogeant toutes mes sources, avec l’espoir d’obtenir quelque chose. Je ne perdais pas cet espoir précieux, la seule chose qu’il nous restait pour retrouver Lisbon.

Cette femme était un bon agent, excellent même. Bien que plusieurs fois je m’étais pris de bec avec elle, nous étions toujours restés polis l’un envers l’autre. Nos débuts n’avaient pas été faciles mais nous avions fini par trouver un moyen de nous entendre.

Je me souvenais encore de la dernière fois que je l’avais vu, ici même, dans mon bureau. Je me souviens à quel point elle avait été en colère que je lui retire cette affaire. Mais je n’y pouvais rien moi-même, ce n’était pas ma décision. Je savais qu’elle était parfaitement capable de mener cette enquête, j’avais toute confiance en elle, mais les ordres venaient de plus haut que moi. Je n’avais pas eu le choix.

Je raccrochais le téléphone. Toujours rien d’intéressant à apprendre. Mais pourtant il ne fallait pas baisser les bras. Je lui devais bien ça, après tout ce que nous avions vécu depuis mon arrivée. Je lui devais à elle, ainsi qu’à son équipe et à Jane.

D’ailleurs je me demandais encore pourquoi nous l’avions retrouvé chez Lisbon et non pas chez lui. S’il n’avait pas été là, alors il ne serait pas dans le coma en ce moment. Il serait ici à nous aider. Son aide nous aurait été bien précieuse, il aurait pu nous apporter un regard différent sur cette affaire, un regard bien à lui mais si précieux et utile.

Mon téléphone sonna et je décrochais sans enthousiasme.

-“ LaRoche,” répondis-je.
-“ Ici le Mercy hôpital de Sacramento,” entendis-je, “je vous appel au sujet de Mr Patrick Jane.”
-“ Que se passe-t-il?” M’inquiétais-je.
-“ Il vient de se réveiller.”

J’écoutais évasivement tout ce que l’on me dit par la suite, bien trop heureux d’entendre cette nouvelle que nous attendions depuis une semaine. C’était déjà une victoire et je pensais que cela risquait de remonter le moral de l’équipe. Ils en avaient vraiment.

Je fini par raccrocher et me lever pour rejoindre l’équipe qui était encore et toujours en plein travail. J’arrivais vers eux, le sourire aux lèvres et je les vis lever vers moi des regards quasi suppliants, attendant la bonne nouvelle.

-“ Jane vient de se réveiller,” me contentais-je de dire.

Je vis leurs sourires se faire plus grands encore et ils se levèrent tous pour rejoindre l’ascenseur. Ils ne firent attention à moi qu’une fois qu’ils furent dans la cabine et soudain ils eurent peur. Mais je les rassurais.

-“ Allez-y, il va avoir besoin de vous.”

Et avec ça, je les regardais partir, excités comme des puces. J’avais moi aussi besoin de voir Jane, j’avais des questions à lui poser, mais je ne voulais pas y aller maintenant. Il ne savait peut-être pas encore pour l’enlèvement de Lisbon. En réalité, nous ne savions même pas ce qui c’était passé dans cet appartement, nous ne savions pas comment Jane s’était retrouvé dans cet état. Nous attendions son réveil justement pour le savoir.

Alors, tandis que l’équipe se chargeait de tout lui dire, je m’occupais encore et encore d passer ces coups de fil. Peut-être que je parviendrais à découvrir quelque chose à la longue. J’aimais y croire.

En fin de journée, l’équipe revint pour se remettre au travail et je pu voir que leur entretien avec Jane ne devait pas s’être bien passé. Ils avaient les mines encore plus sombres qu’avant, mais une autre lueur brillait dans leurs yeux. Ils avaient tout de même apprit quelque chose qui allait nous aider, je n’en doutais pas. Et lorsque je vis la jeune Van Pelt se mettre derrière son ordinateur et commencer à taper frénétiquement sur son clavier, je sus que bientôt nous aurions quelque chose.

Nous attendions tous avec impatience le résultat des recherches de la jeune femme et, même Cho qui habituellement ne laissait jamais paraitre ses émotions, montrait quelques signes d’impatience.

Finalement, je la vis relever les yeux de son ordinateur, un sourire aux lèvres. Nous attendions tous ses explications.

-“ Jane et Lisbon sont allés déjeuner en ville la veille de la disparition de Lisbon,” commença-t-elle. “Jane nous a dit qu’ils avaient eu une légère dispute sur un malentendu et que Lisbon avait quitté le restaurant. Une fois dehors, elle a heurté un homme et c’est cet homme qui a attaqué Jane le lendemain matin chez Lisbon.”
-“ Nous savons tout ça Grace,” intervint Rigsby.
-“ Oui, je sais, mais ce que je voulais faire comprendre c’est que j’ai réussis à pirater le système de caméras de surveillance de cette rue, elle ne se trouve pas loin de nos locaux et par conséquent le coin est truffé de caméras. Et j’ai ainsi pu avoir une image de notre suspect.”

Elle tourna l’écran vers nous et je constatais une fois de plus à quel point cette jeune femme était extraordinaire, bien qu’elle vienne juste de transgresser plusieurs lois. Mais je ne lui en tenais pas rigueur, elle avait ses raisons et je ne pouvais qu’approuver alors nous n’en reparlerions pas.

Nous regardâmes donc la vidéo et ainsi nous pûmes voir le visage de notre suspect. Van Pelt fit un zoo sur son visage afin que nous puissions mieux le voir et là, ce fut presque un choc pour nous tous. Cet homme, celui qui avait attaqué Jane et qui avait enlevé Lisbon était déjà venu ici pas plus tard que quelques heures plus tôt. Il se faisait passer pour un livreur et venait déposer un colis adressé à l’agent Lisbon justement.

Cho fut le premier à réagir et je le vis se ruer dans le bureau de notre collègue et en revenir avec le paquet. Il avait eu le réflexe de mettre des gants mais j’étais certain que cela était inutile, nous ne trouverions aucunes empreintes sur cette boite.

Précautionneusement, il ouvrit le colis et nous regardâmes à l’intérieur. Il n’y avait que deux choses, une lettre et un disque. Cho ouvrit la lettre tandis et commença la lecture.

“ Chers collègues de ma douce Teresa,
Cette lettre que je vous laisse est juste un message que je tenais à vous faire passer.
Je sais que vous la cherchez toujours et que vous espérez la revoir. Je comprends votre inquiétude mais elle n’a pas lieu d’être.
Teresa est en sécurité avec moi, tant que la confrérie ne nous trouve pas.
Je ne lui ferais aucun mal, je ne veux que son bien.
Si vous parvenez à les retrouver eux et à les empêcher d’agir, peut-être que vous pourrez la revoir. Mais je ne veux prendre aucun risque.
Sachez que je suis celui que vous appelez le ‘Boucher’. J’ai fait du mal à beaucoup de femmes et je n’en suis pas fier, mais je ne veux pas lui en faire à elle. Teresa m’est trop précieuse.
Dans le disque, vous trouverez plusieurs informations sur ma communauté, j’espère que cela vous aidera à les retrouver à temps.
Dites à Mr Jane que je regrette de lui avoir fait ça, mais je n’avais pas le choix, je savais qu’il ne m’aurait jamais laissé l’emmener.
Retrouvez la confrérie, empêchez les de continuer et vous reverrez votre amie, vivante, je vous l’assure.”

Après la lecture, nous nous regardâmes tous intrigués. Mais qui était cet homme ? Pourquoi nous dire son nom, enfin plutôt le nom que lui avait donné la presse ? Qu’avait-il à gagner dans cette histoire ? Pourquoi voulait-il que nous arrêtions cette confrérie ? Et qui étaient ces gens au juste?

Finalement, nous n’avions pas plus de réponses, nous savions juste que Lisbon était en vie, du moins d’après cet homme. Mais pouvait-on avoir confiance en lui ? S’il était vraiment le ‘Boucher’ alors peut-être que Lisbon était déjà morte.

Van Pelt inséra le disque dans son ordinateur et aussitôt tout un tas d’informations apparurent sur l’écran. Il allait nous falloir du temps pour tout lire, tout décortiquer et tout comprendre. Mais ce temps nous ne l’avions pas. Si cet homme disait vrai, et je priais pour que ce soit le cas, alors il fallait faire vite avant que ces gens ne les retrouvent. Il fallait les mettre hors d’état de nuire avant qu’il ne soit trop tard.

Je donnais donc mes ordres à l’équipe et je me rendis compte que ce n’était pas utile, ils étaient déjà tous à l’œuvre. Une bonne équipe que ces trois là. Je les laissais donc et partais voir mon patron pour lui faire part de nos découvertes récentes. Nous allions avoir besoin d’aide pour tout comprendre et le temps nous était compté.

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Chapitre 13

Une semaine. Cela faisait une semaine que j’étais à l’hôpital et que Teresa avait disparu. Personne ne savait où elle était, personne n’avait la moindre piste pour la retrouver. Et moi j’étais là, dans un lit d’hôpital, incapable de rien faire pour elle. Je lui avais promis de toujours la protéger, que je serais toujours là pour elle, et j’avais été incapable de tenir cette promesse.

Elle me manquait, un peu plus à chaque seconde écoulée. Je ne pouvais pas vivre sans elle, je ne pouvais pas continuer sans elle. J’avais besoin de cette femme plus que je ne l’avais imagine. Elle était toute ma vie, tout mon univers. Elle était le soleil autour duquel je tournais, elle était l’étoile du berger qui me guidais dans la nuit jusqu’à elle.

L’équipe était venue me voir, ils avaient eu peur pour moi toute la semaine et j’avais pu voir dans leurs regards à quel point ils étaient soulagés de me voir enfin éveillé. Rigsby semblait encore plus heureux que les autres, pas que Cho et Van Pelt ne soient pas heureux, mais c’était différent pour Rigsby.

Les autres nous avaient laissé un moment, voyant que Wayne avait besoin de me dire quelque chose. J’avais eu vent de ce qu’il avait fait pour moi par les infirmières qui n’avaient eu de cesse de me dire à quel point j’avais de la chance d’avoir un ami comme lui. Je savais donc que je lui devais la vie, mais je voulais l’entendre de sa bouche, j’en avais autant besoin que lui. C’était même étrange comme sensation mais je sentais que cela nous ferait du bien à tout les deux de parler.

Il prit place sur le fauteuil à coté du lit et je le regardais, tentant de trouver une position agréable, tentant de redevenir l’agent fort qu’il était. Mais à cet instant il ne l’était pas, il était juste cet ami qui avait faillit perdre une personne importante pour lui. Je savais ce qu’il ressentait car je le ressentais moi aussi. Sauf que pour moi il n’y aurait rien pour me soulager, même pas d’en parler.

Il se redressa, relevant la tête et planta son regard dans le mien.

-“ Je suis désolé Jane,” me dit-il.
-“ Désolé de quoi Rigsby ? Tu m’as sauvé la vie, alors pourquoi t’excuser ?” Lui demandais-je alors que je savais parfaitement ce qu’il se reprochait.

Mais il n’était pas celui à blâmer, je l’étais. Il n’avait rien fait de mal et en y réfléchissant bien, moi non plus. Mais je n’avais rien fait du tout et c’était pire. Il avait au moins la possibilité de se dire qu’il avait été un héros alors que je n’avais été qu’un zéro. Je n’avais pas été capable de la sauver.

-“ J’aurais du venir plus tôt,” me répondit-il. “J’aurais du venir avant et Lisbon serait ici, avec nous.
-“ Tu ne pouvais pas savoir, personne ne le pouvait,” tentais-je de le rassurer, en même temps que moi.
-“ Mais avec cette histoire de ’Boucher’, j’aurais du savoir qu’elle était en danger, j’aurais du faire le lien entre elle et les victimes, leur ressemblance.”
-“ Je l’ai fais, mais je n’ai pas pu pour autant lui venir en aide,” soupirais-je.

Nous gardâmes le silence un moment. Il n’y avait rien de plus à dire, tout avait été dit. J’étais fautif et il était celui à féliciter, à remercier. Mais je voyais dans son regard qu’il y avait autre chose qu’il ne me disait pas.

-“ Que me caches-tu ?” Lui demandais-je alors, mon ton ne laissant aucune échappatoire.
-“ Il, il est venu au CBI,” souffla-t-il. “ Le ‘Boucher’ est venu au CBI et il a laissé une lettre.”

A l’entente de cette phrase, je sautais presque de mon lit vers lui pour en savoir plus. Le tueur était venu les voir, et apparemment ils ne s’en étaient pas rendu compte. Mais le plus important, ils avaient reçu une lettre et je voulais savoir de quoi elle parlait. Je voulais savoir si Lisbon était en vie, ou s’il se vantait dans sa lettre de l’avoir torturée et tuée comme les autres. J’avais autant peur que j’étais excité par la réponse à venir.

-“ Il nous a expliqué qu’il ne voulait pas te faire de mal, qu’il voulait juste protéger Lisbon et que pour ça il était obligé de se débarrasser de toi, tu ne l’aurais jamais laisse te prendre Lisbon.”
-“ Mais je n’ai rien fait, je n’ai même pas vu que c’était lui. Il l’a emmené et je n’ai rien fait.”
-“ Jane, tu n’y es pour rien, cesse de te torturer avec ça. Il nous a aussi demandé quelque chose, il a promis qu’en échange nous retrouverions Lisbon, vivante.”

Je restais un moment sans réaction, sans savoir quoi dire ou faire. Je n’arrivais pas à croire ce que venait de me dire Rigsby, ce n’était pas possible. J’avais encore une chance de la sauver, j’avais encore une chance de la revoir. Le tueur nous laissait une possibilité et je comptais bien en profiter. Il suffisait de faire ce qu’il demandait.
Mais comment savoir qu’il disait vrai, comment savoir si nous reverrions vraiment Teresa ou si ce n’était qu’un moyen de plus de nous faire souffrir et nous torturer l’esprit. Ça nous ne le savions pas.

-“ Il a laissé un disque avec la lettre, il veut qu’on retrouve et qu’on arrête une confrérie, la sienne. Il dit qu’une fois que ce sera fait, Lisbon sera en sécurité et il pourra nous la rendre.”
-“ Montre-moi ce disque, je veux savoir de quoi il retourne,” lui ordonnais-je presque.

Je le vis se contorsionner sur son fauteuil. Il avait encore quelque chose à me demander avant le retour des autres et je savais ce que c’était. Alors je l’encourageais du regard.

-“ Toi et Lisbon, vous…” commença-t-il.
-“ On peut dire ça,” répondis-je, un léger sourire sur le visage.
-“ Je suis heureux pour vous vieux et je te promets qu’on va la retrouver.”
-“ Merci Rigsby.”

Nous nous serrâmes la main. Tout était dit, il avait vidé son sac et je voyais que ça lui avait fait du bien. Maintenant, je voulais voir ce que cet homme avait laissé, je voulais savoir si j’avais une chance de retrouver Teresa. Je me redressais donc pour demander à Rigsby d’appeler les autres.
A ce moment-là, la porte de ma chambre s’ouvrit et Cho et Van Pelt entrèrent, cette dernière tenant dans les mains son ordinateur. Ils me connaissaient vraiment bien, ils savaient à l’avance ce que j’allais faire et dire. J’étais fier d’avoir des amis comme eux.

Grace prit place sur l’autre fauteuil tandis que Cho restait debout derrière les deux autres. Je la vis insérer un disque dans l’ordinateur et aussitôt, une page s’ouvrit. Elle me tendit ensuite l’ordinateur et je tentais de comprendre de quoi il s’agissait. On aurait dit une prophétie, une histoire mythique sur la fin du monde et le début d’un nouveau. On aurait dit que Teresa était décrite dans cette prophétie. C’était étrange mais, plus je lisais ce qu’il y était inscrit et plus j’avais l’impression de la voir. La femme décrite était forte, indépendante, belle, elle était brune aux yeux verts.

Mais ce qui me faisait le plus peur c’était la façon dont la secte devait l’amener à rejoindre leurs rangs. Je ne voulais pas continuer ma lecture, je ne voulais pas savoir ce qu’ils allaient lui faire, mais je le devais, je le savais.

La main de Cho se posa sur mon épaule et je relevais les yeux pour voir qu’il s’était rapproché de moi. Il me regardait avec des yeux rassurant et je compris quelque chose.

-“ L’homme qui a enlevé Te… Lisbon, il ne veut pas lui faire tout ça. Il… je crois qu’il a été manipulé par cette secte mais qu’en la voyant, il a eu comme un flash et qu’il ne veut plus continuer. C’est pour ça qu’il nous a donné toutes ces informations, c’est pour ça qu’il veut qu’on les retrouve. C’est le seul moyen pour lui sauver la vie. Il sait qu’il n’y arrivera pas seul, qu’il a besoin de nous. Mais en attendant, il préfère la garder avec lui, histoire de ne prendre aucun risque.”
-“ Alors tu penses qu’il ne lui fera pas de mal ?” me demanda Grace, une supplique dans la voix.

Je savais qu’elle avait besoin d’être rassurée, que ce que je lui répondrais serait ce qu’elle avait besoin d’entendre. Nous en avions tous besoin, il fallait que nous restions forts et concentrés et je savais que tout ce que je dirais serait prit avec le plus grand intérêt. Je ne savais pas si j’avais vraiment raison, je ne savais pas si cet homme allait vraiment ne rien faire à Teresa, comme il nous le disait. Mais je voulais y croire, c’était le seul moyen pour que je ne devienne pas fou.

Je prenais la main de Grace dans la mienne et plongeais mon regard dans le sien.

-“ Il ne lui fera rien. Je pense qu’en réalité, lorsqu’il l’a vue, il a su que c’était la femme qu’il cherchait. Mais d’un autre côté, en la voyant, quelque chose a changé en lui, quelque chose qui l’empêche désormais d’accomplir sa mission. Mais je ne sais pas si ça va durer. J’ai peur que le conditionnement dont il a été victime ne le fasse de nouveau changer. Nous devons les retrouver avant que cela n’arrive. Même s’il ne veut pas lui faire du mal, il finira quand même par lui en faire.”
-“ Tu crois vraiment qu’il lui fera du mal ?” me demanda de nouveau Grace. “ Je veux dire, je sais que c’est le ‘Boucher’, mais je ne sais pas pourquoi, quelque chose me dit que ce n’est pas lui qui fait ça, que ce n’est pas lui qui torturé ces femmes.”
-“ Pourquoi dis-tu ça ?” la questionnais-je, curieux de savoir ce qui lui faisait penser une chose pareil.
Elle devait avoir une raison.
-“ La façon dont il a écrit la lettre, la façon dont il nous parle. J’ai l’impression que cet homme ne ferait pas de mal à qui que ce soit.”
-“ Tu oublies ce qu’il a fait à Jane,” intervint Rigsby.
-“ Non je n’oublies pas, mais il a fait ça pour protéger Lisbon. Il pensait que c’était le seul moyen,” répliqua-t-elle, pour défendre sa théorie. “ Jane a dit que cet homme s’était excusé de lui avoir fait ça, et dans sa lettre il s’excuse encore. Je pense qu’il ne supporte pas ce qu’il a fait, qu’il s’en veut terriblement. Pour moi, ce n’est pas lui le tueur.”

Nous restâmes un moment sans rien dire, envahis par le silence. Les mots de Grace tournaient dans ma tête et j’essayais de comprendre. Il y avait quelque chose chez cet homme, quelque chose qui m’avait troublé la première fois que je l’avais vu, devant le restaurant. Je ne savais pas ce que c’était, mais j’avais vu quelque chose dans ses yeux, comme une double personnalité. Une part de lui m’en voulait, j’avais pu le voir, mais une autre part… Je ne savais pas trop. Tout était trop confus dans ma tête, je n’arrivais plus à penser correctement. Je ne voulais qu’une chose, revoir Teresa, pouvoir la serrer dans mes bras, l’embrasser, lui dire à quel point je l’aime. Et si pour ça je devais faire confiance à ce type, celui-là même qui me l’avait enlevée, alors je le ferais.

Je ne savais pas si c’était une bonne idée, à vrai dire je ne savais plus grand-chose depuis que je m’étais réveillé. La seule chose que je savais c’était que je devais tout faire pour retrouver Teresa saine et sauve.

-“ Je crois que Grace à raison,” dis-je alors, brisant le silence. “Cet homme ne ferait pas de mal, je l’ai vu dans ses yeux lorsqu’il a planté le couteau dans mon ventre. Il ne le voulait pas, ça lui en a couté de le faire,” expliquais-je. “Mais la secte à une grande influence sur lui, il ferait tout et n’importe quoi pour eux.”
-“ Mais tu viens de dire que…” je voyais bien que Grace ne comprenais plus rien.
-“ Ce que je veux dire c’est que, l’homme qui a emmené Lisbon ne ferait de mal à personne. Mais celui qui a tué ces femmes n’hésiterait pas à en faire. Ces deux hommes ne sont qu’une seule et même personne, mais avec deux personnalités. Nous devons le retrouver avant que l’autre reprenne le dessus sur lui.”
-“ Alors il faudrait commencer par en apprendre plus sur cette secte,” entendis-je derrière mes collègues.

Je levais les yeux pour savoir qui avait parlé et restais sans voix face à ce nouveau visiteur.

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Chapitre 14

Cela faisait déjà plusieurs jours que je venais régulièrement à l’hôpital prendre des nouvelles de Jane. Je savais qu’il avait été agressé chez Lisbon et que cette dernière avait disparu. Cela m’avait fait mal de l’apprendre, je l’aimais beaucoup, elle était comme une fille pour moi, elle avait été la meilleure que j’avais eu le plaisir d’avoir sous mes ordres. Je n’osais imaginer ce qu’elle devait vivre en ce moment.

La veille, alors que je venais une fois de plus m’informer sur l’état de Jane, me faisant passer pour son père perdu de vue il y a longtemps mais ne voulant pas encore faire savoir sa présence, j’avais eu la joie d’apprendre qu’il venait de se réveiller. Je n’étais donc pas resté. Pourquoi? Je ne le savais pas moi-même, je n’osais pas, tout simplement.

J’avais vu l’équipe venir le voir le jour même. Cela m’avait fait plaisir de les voir tous réunis autour d’un ami qui avait vraiment besoin de compagnie, surtout en ce moment. Je savais que lui et Lisbon étaient ensemble, cela ne m’avait pas étonné. Je les avais vus se tourner autour pendant des années, se cherchant mais s’évitant en même temps.

Je les avais surveillés durant des années, enfin surtout Jane. Bien qu’il soit capable du pire lors des enquêtes, il avait toujours été protecteur envers Lisbon. Il aimait l’embêter, la faire tourner en bourrique et je m’étonnais encore qu’elle ne lui ait pas tiré dessus à force. Elle était la seule à pouvoir le supporter, la seule à savoir comment le gérer. J’étais vraiment admiratif de Teresa Lisbon.

Maintenant que Jane était enfin de retour parmi nous, j’attendais avec impatience de savoir ce qu’il s’était passé chez Lisbon, comment il avait pu la laisser disparaître comme ça alors que je savais qu’il n’aurait pas hésité à donner sa vie pour elle. Et l’explication était venue. Il avait été surprit, mais il avait malgré tout tenté de la retenir, de la garder auprès de lui, sans résultat.

Je pouvais comprendre à quel point il s’en voulait, je pouvais comprendre cette culpabilité, ne pas pouvoir sauver les gens que l’on aime. J’avais perdu des agents dans ma carrière, bien que ce ne soit pas la même chose. De savoir qu’ils étaient morts sous mon commandement, de savoir qu’ils étaient morts dans le bâtiment même du CBI alors que je m’y trouvais, je culpabilisais chaque jour.

Mais je savais que c’était pire pour Jane. Il avait déjà perdu sa femme et sa fille. Il avait mis du temps pour enfin s’en remettre et décider d’aller de l’avant. Il avait fait ce pas vers Lisbon, ce pas que je désespérais de le voir faire. Il avait enfin eu ce courage et à présent il la perdait elle aussi. Mais elle n’était pas morte, pas encore et elle comptait sur ses collègues pour la retrouver. Je ne pouvais pas rester là à les observer, je devais faire quelque chose pour les aider, même si je n’étais plus leur patron.

Alors je m’étais décidé à faire connaître ma présence. Je savais qu’ils seraient surpris de ma présence ici, qu’ils ne s’y attendaient pas. Mais il leur fallait de l’aide, plus nous serions nombreux et plus faciles seraient les recherches.

J’avais écouté tout ce qu’ils savaient sur cet homme qui avait enlevé Lisbon et il m’avait l’air de quelqu’un de dangereux. Si Jane avait raison, et il se trompait rarement, et que cet homme avait bien une double personnalité, alors Lisbon était vraiment en danger.

-“ Virgil, quel surprise,” me dit Jane une fois qu’il eu retrouvé sa voix.
-“ Bonjour Patrick, comment allez-vous?” Lui demandais-je, bien que je connaisse la réponse.
-“ Moi ça va mais Teresa…” il ne put en dire plus.
-“ Je sais mon ami et je suis là pour vous aider.”

J’avançais dans la chambre sous les regards encore surpris des trois agents. Cette équipe, ils étaient un peu comme mes enfants, je les admirais pour leur soutien, pour les liens qu’ils avaient tissé entre eux. Ils étaient une famille et ils feraient tout pour ramener le membre manquant. J’étais fier d’eux.

-“ Alors, dites-moi tout,” leur demandais-je.
-“ Monsieur ça fait plaisir de vous voir,” me dit la jeune Van Pelt.
-“ Moi aussi Van Pelt, mais nous parlerons de ça plus tard, pour le moment il faut retrouver Lisbon.”

Elle hocha la tête et je vis Rigsby se lever de son fauteuil qu’il me proposa. J’acceptais et m’y installais. Je jetais un œil sur l’écran de l’ordinateur afin de moi aussi voir ce qu’ils savaient, ce que cet homme leur avait donné comme information.

Cette prophétie était vraiment quelque chose de bizarre, ces gens étaient vraiment dérangés. Mais tout comme Jane, je reconnaissais Lisbon dans ce texte. La femme qui y était décrite correspondait parfaitement à mon ancien agent, que ce soit physiquement ou dans son caractère. C’était vraiment étrange. Mais ce qui me fit froid dans le dos fut la partie du texte qui expliquait comment la rendre docile, la rallier à leur cause. Je ne voulais tout simplement pas la savoir subir ça, elle ne le supporterait pas, aussi forte soit-elle.

Je relevais les yeux et croisais le regard de Jane. Je pus y voir à quel point il avait peur pour elle, à quel point il s’en voulait, se reprochait tout ce qui s’était passé. Bien entendu nous savions tous qu’il n’y était pour rien, personne ne le blâmait, mais lui si. Je savais qu’il avait peur de la perdre elle aussi, de revivre ce qu’il avait vécu avec sa femme et sa fille. Je ne pouvais même pas imaginer ce qu’il adviendrait de lui si jamais nous ne sauvions pas Teresa.

Je connaissais Jane, je savais qu’il était emmerdant, blagueur, qu’il n’en faisait qu’à sa tête, ne suivait jamais aucune règle. Mais c’était également un homme bien, il n’avait jamais rien fait sans en avoir une bonne raison. Et au final, il résolvait toujours les enquêtes. C’était ce qui lui avait permis de tenir depuis la perte d sa famille, son travail, et Lisbon. Mais je savais que le travail ne suffirait pas si Lisbon ne lui revenait pas. Il sombrerait une fois de plus dans la dépression, comme des années plus tôt. Et même avec toute notre bonne volonté, notre soutien et notre aide, il ne s’en sortirait pas.

Je ne voulais pas le voir affronter ça de nouveau, je ne voulais pas qu’il se renferme et redevienne cet homme triste qu’il était encore il y a peu. J’aimais voir ce sourire sur son visage, ces étincelles dans les yeux. J’aimais le voir heureux, même si je ne lui dirais jamais. Je le considérais un peu comme le fils que je n’avais pas eu, bien que je n’avais jamais imaginé ce fils être aussi casse-pieds que l’était Jane. Mais c’était bien pour ça que nous l’aimions, il n’était définitivement pas comme tout le monde, c’est ce qui faisait son charme.

Je me redressais et lui pausais une main sur l’avant bras.

-“ Nous la retrouverons Jane,” lui promis-je.
-“ Je voudrais tellement pouvoir y croire Virgil, mais j’ai peur de ne pas survivre si jamais elle…”

Les larmes coulèrent sur ses joues et immédiatement, je vis Van Pelte se lever et le prendre dans ses bras, le serrant fort contre elle. Je l’entendis lui dire des mots réconfortant, lui passant une main dans le dos. Rigsby fit le tour et s’installa derrière lui sur le lit, serrant son épaule en retenant ses propres larmes. Je ne l’avais jamais imaginé être aussi sensible. Mais il ne fallait pas se fier aux apparences. Il pouvait bien avoir l’air d’un grand benêt il n’en avait pas moins un cœur plein de tendresse. Cet homme était plein de surprise.

Derrière moi, Cho ne disait toujours rien et je cru un instant qu’il était partit. Je me retournais pour le voir essuyer discrètement une larme qui avait coulé sur sa joue. Je fis comme si je n’avais rien vu et me retournais de nouveau vers les autres. Jane s’était calmé et je pouvais voir qu’il commençait à fatiguer. Je me levais donc et fis signe aux autres de me suivre. Ils acquiescèrent et chacun leur tour je les vis dire au revoir à Jane qui les salua à peine alors qu’il commençait à tomber de sommeil.

Nous sortîmes de la chambre en silence et je refermais la porte derrière nous. Les trois agents se postèrent devant moi, comme s’ils attendaient mes ordres, bien que je sache qu’ils n’en avaient pas besoin. Ils savaient déjà ce qu’ils devaient faire. C’était une équipe formidable, tous très bien formés et surtout, le plus important, ils avaient l’esprit de l’unité, ils étaient une famille qui soutenait les siens qu’importe la situation.

Je réfléchis vite et leur donnais donc les ordres qu’ils attendaient.

-“ Van Pelt, je veux que vous recherchiez tout ce que vous pouvez trouver sur cet homme, son nom, son adresse, ce qu’il fait dans la vie,” commençais-je en me tournant vers la jeune femme.
-“ Rigsby, allez chez Jane lui prendre quelques affaires, quelque chose me dit qu’il ne restera pas longtemps à l’hôpital,” dis-je à mon collègue
-“Cho, je veux que vous fassiez des recherches sur cette prophétie, voyez ce que vous pouvez trouver, s’il y a une secte en particulier qui s’y intéresse. Je veux tout savoir sur ces gens,” finis-je en me tournant vers l’asiatique.
-“ Et vous, qu’allez-vous faire ?” me demanda Rigsby alors que je commençais à m’éloigner dans le couloir.
-“ Je vais voir LaRoche, j’ai deux trois petites choses à voir avec lui. Je vous tiendrais au courant.”

Ils acquiescèrent une fois de plus et chacun partit de son coté s’occuper de ce que j’avais ordonné.

Alors que je sortais du bâtiment, je ne cessais de revoir le visage de cet homme dans ma tête. Je savais que je le connaissais, je l’avais déjà vu quelque part, je le savais. Maintenant, il ne restait plus qu’à savoir où. Il me faisait penser à quelqu’un, mais qui exactement ? Je n’arrivais pas à m’en souvenir. Il fallait absolument que je vois LaRoche. Je voulais savoir pourquoi il avait retiré l’affaire à l’équipe de Lisbon. Je ne croyais pas du tout que cela venait du FBI, je sentais qu’il y avait autre chose. Il devait savoir quelque chose que j’ignorais.

Lisbon et son équipe étaient parfaitement capables de mener cette enquête, alors il fallait que je sache ses motivations. Et il me le dirait, qu’il le veuille ou non. Il était question de Lisbon, de cette femme que j’avais formée, que j’avais vu devenir un excellent agent. Je ne voulais pas la perdre, je ne voulais pas retrouver son corps sans vie quelque part sur le bord d’une route. Je ne voulais pas qu’elle devienne un simple numéro sur un dossier contenant les photos d’une scène de crime et un rapport d’autopsie. Elle avait déjà bien trop souffert dans sa vie.

Mais aussi, je ne voulais pas imposer à Jane un autre deuil. Il ne le méritait pas, il avait lui aussi droit au bonheur et je me ferais un devoir de l’y aider. Ils étaient tous ma famille et je voulais réunir cette famille.