A l'aube d'une nouvelle vie ^

Hey! Merci Maë et JaneDoe pour vos commentaires et votre fidélité

Je vous poste ce chapitre et espère avoir le temps d'écrire la suite (je n'ai plus qu'un seul chapitre d'avance là, )! Mais je peux vous dire qu'on approche de la fin...

Bonne lecture !

POV de Lisbon

Un souffle sur mon visage me fit brusquement ouvrir les yeux.

- Rendors-toi, murmura Jane.

J’étais dans ses bras, la tête calée contre son épaule. Ca aussi, c’était nouveau. Habituellement mon sommeil était bien trop léger pour que je ne me réveille pas au moindre son ou au moindre mouvement. Sans doute avais-je accumulé bien plus de fatigue que je n’osais le prétendre.

- Pose-moi, je peux encore marcher toute seule, marmonnai-je.
- Ca ne servirait à rien, nous sommes déjà dans la chambre, fit-il souriant, me posant délicatement sur le lit. Je vais chercher tes affaires pour que tu sois plus à l’aise.
- Pas la peine, répliquai-je en ôtant mes chaussures et mon pantalon, toujours à moitié endormie et me glissant sous le drap.

Surpris, Jane sourit, ôta son t-shirt et son jean et me rejoignit.

- Quelle heure est-il ? m’enquis-je en me blottissant contre lui.
- Un peu plus de deux heures, chuchota-t-il à mon oreille. Dors Teresa.

Je me calai un peu plus contre son torse, laissai là mes questions et me rendormis.


Un rai de lumière me réveilla quelques heures plus tard. Tâtonnant à côté de moi espérant y trouver Jane, je ne sentis que le drap froid. Je m’assis, aux aguets. Quelqu’un montait les marches. Jane. Je souris en l’entendant et le voyant ouvrir la porte de façon à ne faire aucun bruit, sourire qui s’agrandit quand son regard tomba sur moi et que ses lèvres s’étirèrent.

- Bien dormi ? S’enquit-il en déposant un baiser sur mes lèvres.
- Oui, il y avait longtemps que je n’avais pas autant dormi. Et toi ?
- Très bien. J’ai pensé que nous pourrions prendre le petit-déjeuner dehors, si tu veux.
- Je prends ma douche et te rejoins, répondis-je en me levant. Au fait, déclarai-je, revenant sur mes pas, comment as-tu fait pour que nous ayons droit au même ranch que la dernière fois ? Il faut des mois pour l’obtenir !
- Tiens, tu t’étais renseignée ? Constata-t-il en riant. J’ai parlé avec Vick, et il a été ravi de me le louer. Je l’ai mis au courant pour Eliot, il semblerait que notre harceleur avait déjà agi ainsi avec une autre fille du coin.
- Ca ne m’étonne pas. Bon, descends, je te rejoins tout de suite. Oh, et est-ce que tu pourrais…
- Ta valise est à côté de l’armoire.
- Merci.

Je l’embrassai avant de me précipiter sous la douche. C’était si simple avec Jane. Beaucoup plus simple que je ne l’aurais cru… du moins en dehors des problèmes qui nous étaient tombés dessus. J’aurais pu trouver cela énervant qu’il sache ce que je m’apprête à dire 99 fois sur 100, mais c’était agréable d’un certain point de vue. Cela prouvait qu’il me connaissait comme personne.

Après le petit-déjeuner, nous avions décidé de nous rendre au ranch de Vick. Comme la première fois, l’homme fut tout aussi sympathique et s’excusa du comportement qu’avait pu avoir Eliot envers Sarah, bien qu’il n’eût jamais cru que le jeune homme pût en arriver à de telles horreurs. Tout en le rassurant au sujet de Sarah, il nous conduisit aux boxes et nous confia Wingheart et Springtide, ce qui nous fit sourire, Jane et moi.

- Où veux-tu aller, s’enquit Jane alors que nous sortions du village voisin.
- On pourrait retourner dans la clairière, qu’en penses-tu ?
- C’est une bonne idée, affirma-t-il. On fait la course ?
- Jane…
- Allez, dis oui ! Il n’y a aucun danger et puis tu n’es plus enceinte, tu n’as plus d’excuses.

Je lui lançai un regard noir, retenant un sourire face à son air d’enfant capricieux.

- S’il te plait !

Oula, il insistait avec « ce » regard auquel je ne pouvais résister et il le savait bien.

- Très bien, soupirai-je. Le premier arrivé a gagné, m’écriai-je en m’élançant avant même qu’il ne réagisse.

J’agissais comme une enfant, insouciante et rieuse profitant de l’instant présent. Jane était un bon cavalier et me rattrapa très vite, mais à coups d’accélération, Wingheart et moi arrivâmes les premiers.

- J’ai gagné ! Lançai-je fièrement.
- Tu as triché !
- Mauvais perdant !
- Mauvaise joueuse, rétorqua-t-il en descendant et m’aidant à faire de même alors que nos rires résonnaient dans la clairière.

Oui, la vie était simple avec Patrick Jane, et je n’aurais échangé ça pour rien au monde.

Merci JaneDoe Alors, normalement je ne devais poster que demain mais je ne suis pas sûre d'avoir le temps (nouveau boulot oblige...) donc je le poste maintenant, et espère avancer dans la rédaction !
Ce chapitre a été délicat à écrire, surtout un certain passage, mais je me suis dit qu'il fallait innover un peu donc... j'espère que ça reste quand même crédible et que vous aimerez!!

Bonne lecture


POV de Jane

Cela faisait longtemps que je n’avais pas entendu Teresa rire d’aussi bon cœur. Installée sur l’herbe, se fichant bien de tacher sa tenue, elle profitait des rayons du soleil dardant sur sa peau, les yeux fermés, les bras posés derrière elle, en position décontractée. Elle se pencha vers le sac empli de sandwiches et autres victuailles, en sortit les lunettes qu’elle venait d’acheter, et les posa sur son nez avant de se servir un morceau de pain dans lequel elle mordit avec plaisir avant de tourner son regard vers moi.

- Quoi ?
- Rien, c’est juste que tu as l’air affamé !

Je pris l’appareil photo et immortalisai ce moment alors qu’elle protestait.

- Jane, tu sais très bien que j’ai horreur d’être prise en photo !
- C’est juste un souvenir !
- Mais pas quand je mange, enfin.

Mon sourire s’agrandit en pensant qu’il y avait un an et quelques mois, au même endroit, il avait fallu que je la force à avaler quelque chose. Je m’assis à ses côtés et commençai à manger. Comme la première fois, nous avions des fraises pour le dessert, ce qui n’eut aucun mal à passer.

Alors qu’elle s’était allongée, ses yeux que je devinai fermés bien qu'ils fussent cachés par ses lunettes, j’eus envie de recommencer à la taquiner. Je pris une brindille, frôlai sa jambe, m’empêchai de rire quand elle bougea celle-ci, recommençai quelques secondes après, étouffai un rire une seconde fois quand elle tapa sur sa jambe. J’attendis quelques minutes cette fois-ci et vins chatouiller son nez… ce qui la fit se relever sans que je m’y attende.

- Jane !
- Oui ?
- Ne fais pas l’innocent, je sais que c’est toi ! Tu ne peux pas arrêter de m’embêter, juste cinq minutes ?
- Meh… je m’ennuie.

Soupir de sa part.

- Que veux-tu faire ?

Mon visage s’éclaira elle était prête à jouer.

- Le jeu des nuages.
- Oh non !
- Ah si !
- Jane…
- Lisbon…
- C’est un jeu de gamin !
- Peut-être mais tu y as déjà joué, ici-même d’ailleurs !

Nouveau soupir.

- Très bien, obtempéra-t-elle en se rallongeant.

Tout heureux, je me couchai à ses côtés.

- Honneur aux dames…

Et le jeu débuta.


Très vite, Teresa se prit au jeu et, cette fois, il n’était plus question de café ou de tasse de thé.

- Je dirais… un éléphant à la trompe cassée.

Je la regardais sourire, devinant aisément l’éclat qui animait ses yeux.

- Jane ?
- Hmm ? fis-je, perdu dans ma contemplation.
- A toi !

Je reportai mon attention sur le ciel et, hésitant, lançai :

- Une bague.
- Une bague, où as-tu vu une… bague ? Termina-t-elle en se retournant, me découvrant à genoux, une bague à la main.
- Ici, répondis-je dans un petit rire nerveux. Teresa, s’il te plait, ne m’interromps pas. Tu sais que je ne suis pas doué pour les grands discours. Toi et moi n’avons pas vraiment fait les choses dans l’ordre, mais c’est peut-être pour ça que cela marche si bien entre nous. Nous sommes deux âmes blessées qui avons réussi à nous remettre en prenant soin l’une de l’autre, et, aujourd’hui, j’aimerais officialiser notre amour, pouvoir t’appeler Madame Jane ou Madame Jane Lisbon ou tout simplement Madame Lisbon si c’est ce que tu désires. Je sais qu’un bout de papier signé ne sera que superficiel, parce que ce que je ressens pour toi est inimaginable et bien plus fort que toutes les lois. Reese, je t’aime et… je ne peux imaginer ma vie sans toi. Alors… Teresa Eireen Lisbon, veux-tu m’épouser ?

Mes genoux flageolent, je n’arrive pas à croire que je l’ai dit, je la regarde, empêche ma main de trembler.

Elle ôte ses lunettes, laissant apparaître ses yeux émeraude gorgées de larmes. Elle regarde tour à tour la bague puis moi. Les secondes s’égrènent lentement dans un silence plus que pesant. Son visage est insondable, je ne peux lire en elle, et m’en inquiète. Son absence de réponse également. Je regrette, peut-être est-ce encore trop tôt ? Peut-être ai-je gâché ce moment si magique.

- Teresa, je suis peut-être idiot de te demander ça maintenant, mais s’il te plaît, dis quelque chose, même non, je…
- Oui.
- … comprendrais tu sais je… quoi ?
- Oui, répéta-t-elle tout simplement.
- Oui ? Comme oui, je suis d’accord ou oui tu es un idiot ?
- Oui, tu es un idiot et oui je suis d’accord, confirma-t-elle en souriant.

Fébrile, je glissai l’anneau à son doigt et l’embrassai amoureusement.

- Alors comme ça, je suis un idiot ? M’enquis-je une fois nos lèvres séparées.
- Oui, parce qu’en tant que mentaliste, tu aurais dû savoir la réponse.
- Je ne connais pas toute les réponses et tu aurais très bien pu refuser.
- Après avoir vécu tout ce qu’on a vécu ? Alors que nous avons un enfant ensemble ? Tu croyais vraiment que j’allais dire non ?
- Tu arrives toujours à me surprendre, tentai-je.
- Dis plutôt que tu avais peur quelle que soit ma réponse.
- Aussi.

Elle m’embrassa tendrement, et posa la tête sur mon torse alors que nous nous rallongions.

- Patrick ?
- Hmm ?
- Je t’aime.

Je détachai mes yeux de la voûte céleste, la regardai fixer le ciel bleu.

- Moi aussi je t’aime, répondis-je en lui caressant les cheveux, plus que tu ne peux l’imaginer.
- Ton retour au grenier, ce n’était pas pour les dossiers ou pour la photo de Grace.
- Non. Cela m’a permis de prendre l’écrin sans que tu ne t’en rendes compte, absorbée par la photo. Heureusement qu’elle était là d’ailleurs, sans quoi je n’aurais pas eu l’effet de surprise. Quelle idée d’être aussi curieuse, agent Lisbon ! Ajoutai-je faussement autoritaire, lui arrachant un rire.

Le reste de l’après-midi s’écoula au gré de nos discussions et de nos silences, de nos rires et de nos soupirs. La nuit tomba sans que nous bougions. Nous étions bien, laissant la nature emplir le silence.

Coucou :)
Merci beaucoup les filles pour vos commentaires qui me touchent!! j'avais vraiment peur de ne pas être à la hauteur avec cette demande mais finalement je pense avoir réussi vu vos réactions
Voici la suite de la fic ! Je peux vous dire que je n'ai pas encore fini de l'écrire et qu'elle sera peut-etre plus longue que je pensais^^' Et dire que cela fait 10 mois que je l'ai commencée *soupir* ça passe vite!!!


POV de Jane

Le reste de l’après-midi s’écoula au gré de nos discussions et de nos silences, de nos rires et de nos soupirs. La nuit tomba sans que nous bougions. Nous étions bien, laissant la nature emplir le silence.

Teresa s’était endormie quelques heures auparavant, quant à moi, je n’avais cessé de l’observer sans interrompre sa sieste, malgré les fourmis que je ressentis au bout d’un certain dans le bras.

Lorsque la nuit fut tout à fait tombée, Teresa frissonna et se réveilla.

- Hey.
- Hey Belle au bois dormant. Bien dormi ?
- Oui.

Elle baissa la tête vers sa main gauche.

- Non Reese, tu n’as pas rêvé.

Nous nous sourîmes puis elle se décala, fixant désormais les étoiles qui nous surplombaient.

- Qu’est-ce que tu fais ? me demanda-t-elle, devinant sûrement mes gestes de détente.
- J’allonge mon bras, je ne voulais pas bouger au risque de te réveiller.
- Tu es adorable.

Je déposai un baiser sur ses lèvres en remerciement, et l’invitai à se nicher contre moi.

- Tu veux qu’on rentre ? Tu dois avoir faim.
- Non, restons encore un peu si tu veux bien, à moins que…
- Ca me convient très bien.

Nous restâmes donc  l’un contre l’autre à observer les étoiles.

- Regarde, une étoile filante, fit-elle soudain. Fais un vœu.
- Je n’ai aucun vœu à faire, j’ai tout ce qu’il me faut, une femme exceptionnelle et des enfants adorables.

Elle rit et acquiesça.

- Bien que j’aie également mon futur mari près de moi et des enfants exceptionnels, et un travail que j’adore, il manque quelque chose.
- Quoi ?
- Si je te le dis, mon vœu ne se réalisera pas.
- Teresa…
- Tu es mentaliste, devine, rétorqua-t-elle, fière d’elle.
- Hum… bon, ce n’est pas un poney, je t’en ai offert un, ce n’est pas une bague de fiançailles puisque tu l’as déjà… c’est quelque chose de matériel ?
- Non.

Je laissai le silence reprendre ses droits quelques secondes quand j’eus une idée, et hésitai :

- Est-ce que… tu voudrais un autre enfant ?

Teresa abordait si rarement l’accident, et le fait que nous ayons eu la chance d’avoir Xander lui avait peut-être donné l’envie de revivre une maternité.

- Non. Enfin, je… tu sais ce qu’il en est. Nous … nous pourrons essayer si tu veux un autre enfant. Mais pas pour l’instant.
- C’est en rapport avec le travail, tes frères ?
- Non et non, laisse tomber je ne dirai rien de plus.

Le silence reprit ses droits et une légère brise se leva, la faisant frissonner.

- On rentre ? Demanda-t-elle en se relevant.

Me levant pour toute réponse, elle tenta de capter mon regard que je gardais baissé tandis que je ramassais nos affaires et rejoignais les chevaux.

J’étais légèrement vexé qu’elle ne veuille pas se confier mais également frustré à l’idée de ne pas deviner ce vœu qui semblait lui tenir à cœur.

Le retour au ranch fut silencieux, et si Vick s’aperçut de la tension qui régnait, il eut la décence d’en faire fi.


Le matin arriva, morne et pluvieux. J’étais levé depuis quelques heures déjà, n’arrivant plus à dormir. Appuyé au chambranle de la porte, une tasse de thé à la main, j’observais la pluie s’abattre sur la terre sèche, emplissant l’air d’une odeur particulière que j’avais toujours aimée.

Deux bras encerclèrent mon torse et je sentis la tête de Lisbon se poser dans mon dos.

- Ne m’en veux pas, Patrick.
- Je ne t’en veux pas, déclarai-je sans pour autant me retourner.

C’était la pure vérité, je ne lui en voulais pas. Je ne pouvais jamais lui en vouloir plus de quelques minutes.

- Si, tu m’en veux de ne pas te dire ce souhait.
- Si tu tiens tant à ne rien dire, c’est qu’il doit être important pour toi, prononçai-je au bout de quelques temps.
- Oui, il l’est, avoua-t-elle en soupirant. Tu sais quoi ? Une fois que nous serons arrivés à Sacramento, je te le dirai.
- Promis ?
- Promis. Et maintenant, je peux avoir mon baiser du matin ou tu vas continuer à bouder ?

Je me tournai et l’embrassai.

- Je ne boudais pas.
- Menteur !
- Moi, mentir ? C’est mal me connaître, madame Jane !

La tête qu’elle fit soudain m’alarma.

- Quoi ?
- Ce n’est rien, juste l’idée que tu m’appelles madame Jane c’est… bizarre.
- Teresa, je te l’ai dit, si tu préfères garder ton nom ça ne me dérange aucunement.
- Je pense qu’il serait sage qu’au travail je reste Lisbon. Deux Jane dans un même service, c’est trop !
- Ah bon ? Je ne trouve pas, déclarai-je dans un rire. Mais tu as raison, cela te ferait de la mauvaise publicité.  
- N’importe quoi !
- Avoue que Lisbon est tout de même plus sérieux que Jane. Je suis assez réputé, notamment auprès des médias.
- C’est vrai.

Elle sourit et, après un dernier baiser, se rendit dans la cuisine.

Hey! Merci les filles pour vos commentaires ! La réponse à votre question se trouve dans ce chapitre! (oui je sais que je ne devais poster que demain mais bon c'est avec un jour d'avance! )

Bonne lecture

POV de Lisbon

Jane est un ange, pensai-je tout en me versant une tasse de café.  Un ange infernal, véritable oxymore qui le caractérisait bien. Il voulait à tout prix que je sois heureuse, mais ne semblait vouloir admettre  que je puisse tout simplement l’être en l’ayant près de moi. Il souhaitait être le meilleur des partenaires, mais il n’avait pas besoin d’efforts pour l’être. Il était lui, c’est tout ce qui comptait.

Je soupirai en portant la tasse à mes lèvres. Cette idée de vœu était stupide. Aucun de mes souhaits portés par des étoiles filantes ne s’était réalisé… du moins pas dans l’immédiat. Combien d’années avais-je dû attendre ? Combien d’épreuves avais-je dû traverser pour devenir celle que j’étais à présent ? Mais aujourd’hui, il faudrait bien plus que cela.

Instinctivement, je baissai le regard sur ma main, me surprenant à jouer avec la bague autour de mon doigt. J’allais épouser Jane. Le plus emmerdant des consultants, le plus énervant, le plus manipulateur et… le plus adorable des hommes que j’avais pu connaître. Je souris, ayant l’impression que cet anneau était à mon doigt depuis toujours, m’étant déjà habituée à sa présence.  

- Tout va bien ? S’enquit soudain l’objet de mes pensées en posant la tête dans mon cou.

J’acquiesçai, reposant ma tête contre la sienne.

- Je sais qu’il pleut encore mais nous pourrions peut-être faire un peu de cheval, le temps semble vouloir se découvrir.
- Bonne idée, laisse-moi un quart d’heure et je serai prête, fis-je en déposant ma tasse dans l’évier.
- Teresa, m’interpela-t-il alors que je sortais de la pièce. Si quelque chose n’allait pas, tu me le dirais ?
- Bien sûr, pourquoi cette question ?
- Eh bien je… je t’ai vu regarder ta bague alors je…
- Tu crois que je regrette ? Demandai-je tout en me rapprochant de lui.
- Je… oui, enfin, j’ai peur que tu réalises que je ne suis pas forcément l’homme que tu attendais, tu connais mes zones d’ombres et peut-être que le mariage n’est pas forcément une bonne idée. Une fois que tout le monde saura que nous sommes mariés, tu auras droit toi aussi à tous ces commérages. C’est la femme de Patrick Jane, celui qui a tout fait pour se venger de la mort de sa femme et de sa fille. C’est lourd à porter, Teresa.  J’y suis habituée, mais toi…
- Ca m’est égal, lâchai-je en passant mes bras autour de son cou. Ecoute-moi bien Patrick, je ne regrette rien, tu m’entends ? Rien du tout. Et encore moins de t’avoir dit oui. Qu’importe ce que les autres penseront, je t’aime et je suis heureuse, c’est tout ce qui compte.

Je ponctuai mes dires en déposant un baiser à la commissure de ses lèvres et commençai à m’éloigner.

- Teresa ! Tu ne t’en rends peut-être pas compte, mais tu fais de moi le plus heureux des hommes.
- Tant mieux, parce que tu fais de moi la plus heureuse des femmes, répliquai-je en sortant de la pièce.


- Jane, tu es sûr d’avoir pris la bonne direction ?

Nous étions partis à cheval depuis une demi-heure, Jane ayant choisi un nouvel itinéraire afin de nous rendre à un endroit indiqué par Vick.

- Oui, nous ne devrions pas tarder à arriver d’ailleurs.

Je soupirai. Cela faisait bien vingt minutes que nous nous enfoncions dans la forêt, et je n’étais pas adepte de ce genre de promenades sur un chemin non balisé. La pluie avait heureusement baissé en intensité mais nous devions faire attention à certains endroits un peu trop glissants. Wingheart suivait d’un pas tranquille Springtide, semblant connaître le chemin.

Alors que j’avais l’impression que la forêt se faisait de plus en plus noire, Jane passa à travers une haie de buissons et m’invita à en faire de même. Et ce que je vis me sidéra.

Il n’y avait plus la moindre trace d’arbres, une prairie verdoyante s’étendait à perte de vue et dans un coin, sur la gauche, se trouvait une cascade naturelle et, derrière celle-ci, apparaissait un arc-en-ciel causé par le soleil qui était dans notre dos et la pluie qui s’affaiblissait.

- Jane, c’est… wow !
- Romantique ?
- Magique même !
-  Je sais. Vick m’a montré des photos mais je ne pensais pas que ce serait si beau. Et l’arc-en-ciel n’était pas prévu.
- Ah bon ? Je pensais que tu avais usé de tes dons de magicien, le taquinai-je.

Il me tira la langue pour toute réponse.

Quoique je fasse, que nous soyons ou non mariés, Jane resterait toujours un grand gamin.

Après cette promenade romantique et une courte nuit de sommeil, nous avions décidé de rentrer. Le retour s’était fait dans le calme, ponctué parfois de bêtises de la part de Jane. J’essayais de taire l’appréhension grandissante à mesure que nous approchions de Sacramento, et il s’en doutait.


Arrêtés face à la maison de Grace et Rigsby, j’observai la façade, repoussant le moment des confidences. Jane patientait, il me connaissait si bien. J’inspirai et expirai lentement, tentant de calmer mon cœur qui s’emballait.

- Je veux que nous soyons une famille, Patrick.

Je sentais son regard sur moi, laissant le temps à mes paroles et ce qu’elles engendraient d’atteindre son cerveau.

- N’est-ce pas ce que nous sommes déjà ?
- Officieusement, oui.
- Tu veux parler de Sarah ?

J’acquiesçai, le regard toujours porté sur la demeure de nos collègues et amis.

- Dans ce cas, tu n’as qu’à remplir… ceci.

Une feuille apparut soudain devant moi. Une feuille à moitié recouverte de l’écriture de Jane.

Je me tournai vers lui, interloquée.

- Tu…
- … y avais pensé, oui. Après la mort de Red John junior, j’ai compris que Sarah avait besoin que ce soit officiel et qu’il fallait le faire le plus rapidement possible. Après tout, on ne sait pas ce qui peut arriver. Je ne voulais pas te forcer, je ne t’ai donc rien dit.
- Tu crois qu’elle veut vraiment être adoptée ?
- J’en suis persuadé. Après, elle n’est pas obligée de prendre nos noms. Elle peut rester Sarah Johnson si elle le désire.
- Tu as pensé à tout, constatai-je en lisant les papiers.
- Oui. Une fois le document signé, il y aura, si j’ai bien compris, une visite chez le juge afin qu’il nous déclare apte et qu’il puisse entendre Sarah à ce sujet et nous serons officiellement ses parents.

A ces mots, mon enthousiasme s’évanouit, ce qui ne passa pas inaperçu aux yeux de mon fiancé.

- Quoi ?
- La plupart des juges ne t’ont pas à la bonne. Ils seraient capables de refuser.
- Allons Teresa ! Ils ne le feront pas parce qu’ils savent que nous sommes de bons parents, quel que soit mon passé.  
- Tu crois en la justice maintenant ? Le narguai-je.
- Non, mais ils sont censés voir et choisir dans l’intérêt de Sarah. Mais si vraiment je suis le problème, alors adopte-la seule.
- Patrick, il est hors de question que tu sois hors-jeu c’est clair ?

Il sourit, ému, et serra ma main.

- Nous avons eu de la chance, jusque là, il faut y croire. Crois aux miracles, Teresa.
- C’est drôle, cette phrase m’est étrangement familière.
- On se demande pourquoi ! Répondit-il en souriant de nouveau. Bon, quand veux-tu lui donner le papier ?
- Une fois que je l’aurai signé, peut-être ?
- Oh, Madame se permet de me prendre mon humour, je crois que je t’influence beaucoup plus que je ne le pensais.
- On pourrait attendre son anniversaire. 18 ans, ce n’est pas rien et ça pourrait être un bon cadeau je pense.
- Absolument. Bien, tu n’as qu’à compléter et signer, on le mettra dans une belle enveloppe, et on la lui donnera dans quelques semaines, ponctua-t-il d’un baiser, avant d’ajouter : maintenant, si tu veux bien, j’aimerais retrouver nos enfants.
- Jane laisserait-il parler le Papa gâteau qui est en lui ? Le taquinai-je.
- Ose me dire qu’il ne te tarde pas de les serrer dans tes bras !

J’ouvris la bouche m’apprêtant à répondre, croisai son regard et fermai la bouche, contrariée.

- C’est vrai, tu as raison. Ils me manquent, avouai-je en sortant, m’avançant vers la maison de nos amis.

J’avais tenu un week-end sans nos enfants, un week-end magique, je ne pouvais le nier, mais les revoir ne pouvait que compléter mon bonheur.

En proie au doute, je me retournai.

- Jane, qu’est-ce qu’on fait au sujet de… ça ?

Il haussa un sourcil puis sourit.

- Qu’entends-tu par « ça » ?
- Jane, tu sais bien… ça !
- Oh, ça ! Eh bien, à toi de voir si tu veux qu’on en parle maintenant ou plus tard.
- Mais toi, que veux-tu ?
- Je veux ce que toi tu veux. Du moment que tu n’attends pas des semaines avant de le leur annoncer.

Je souris, hochai la tête et repris ma marche, Patrick sur mes talons.

Merci JaneDoe pour ton commentaire!  contente que ca te plaise Voici la suite ! Bon, elle est courte mais je n'ai pas encore fini ma fic (oui oui, elle dure encore... je ne sais même pas comment elle se terminera )


POV de Lisbon

Alexander sur les genoux et Sarah entre Jane et moi, je savourais nos retrouvailles. Grace et Rigsby, assis sur le fauteuil face à nous, nous racontaient comment s’était déroulé le week-end avec nos enfants. Je n’écoutais que d’une oreille, cherchant la meilleure façon pour leur annoncer la nouvelle.

Jetant un regard à Sarah, qui riait en entendant l’une des anecdotes de Grace, je saisis sa main, la serrai brièvement. Je sentis ses doigts se resserrer sur les miens instinctivement, et elle tourna brusquement la tête, un regard interrogateur, je souris hochant imperceptiblement la tête et posai un doigt sur mes lèvres, lui intimant le silence. Elle regarda Jane qui avait suivi notre échange et lui sourit également. Je regardai nos amis qui ne semblaient rien avoir remarqué et, inspirant profondément, attendis que Grace eut fini sa phrase pour me lancer.

- Grace, Wayne, j’ai… enfin « on » a quelque chose à vous dire.

J’attendis d’être sûre d’avoir toute leur attention et repris :

- Jane et moi avons, comme vous le savez, passé un week-end tous les deux, seulement, ce n’était pas un simple week-end…

Sentant que je n’arriverais pas à le dire avec des mots, je détachai ma main de celle de ma fille et, timidement, la montrai à nos amis.

- Oh mon Dieu ! Félicitations Teresa ! Et à toi aussi Jane ! Je suis si heureuse pour vous ! S’écria Grace en venant nous serrer tour à tour dans ses bras.
- Félicitations à vous deux ! Renchérit Rigsby, réalisant enfin la nouvelle après avoir passé ces dernières secondes la bouche ouverte. Alors, à quand le mariage ?

Jane et moi nous regardâmes.

- Hum, à vrai dire, Teresa et moi n’en avons pas encore parlé.
- Tu la demandes en mariage et vous ne programmez pas la date ?
- Disons qu’on prend notre temps, répondit Jane face à l’étonnement de Rigsby.
- Et tu ne nous as rien dit, toi, reprocha faussement Grace à Sarah.
- Je ne l’ai su qu’il y a quelques minutes ! Fit l’intéressée en levant les mains en signe d’innocence.
- Le doigt sur la bouche, c’était ça ? S’enquit Grace malicieusement.
- Grace, il va falloir se méfier de toi, tu es de plus en plus observatrice, constatai-je. Rien ne t’échappe !
- J’ai eu de bons professeurs avec vous deux !

Nous éclatâmes tous de rire à cette phrase.


POV de Jane

J’observai Teresa rire, parler avec nos amis. Elle semblait plus détendue, plus sereine maintenant qu’ils étaient au courant. De temps à autre, elle posait les yeux sur Xander qui somnolait. Grace et Rigsby avaient tenu à appeler Cho afin qu’il passe la soirée avec nous, et que nous le mettions au courant. Celui-ci était à peine arrivé que, Teresa, entraînée par l’excitation de Grace, lui avait annoncé la nouvelle alors qu’il s’asseyait. Cho nous avait félicités à son tour, esquissant un léger sourire.  

Mon regard dévia vers Sarah. Celle-ci souriait mais ses yeux trahissaient une certaine tristesse et une certaine peur.
Lisbon accrocha on regard au mien, et je compris qu’elle aussi avait remarqué les sentiments ressentis par notre fille.

Je saisis donc la main de Sarah en en caressant du pouce le dos afin de la rassurer. Elle tourna la tête vers moi, cherchant le soutien dont elle avait besoin. J’eus soudain l’impression de retrouver la jeune fille terrorisée que nous avions sauvée, une enfant effrayée à l’idée d’être abandonnée. Elle laissait le doute et la crainte reprendre le dessus, tout en les dissimulant sous un sourire qui sonnait faux pour quelqu’un comme moi. Nos amis ne s’en apercevaient pas, ils ne la connaissaient pas assez bien pour cela. J’eus mal pour elle, et refusai qu’elle laissât ses démons revivre.

J’étreignis sa main un peu plus fort, tentant de la convaincre silencieusement de sa véritable place dans nos vies. Aucun mot ne suffirait à l’apaiser, et ce n’était ni le lieu ni le moment pour parler de cela. Etre là était la seule chose que je pouvais lui offrir dans l’immédiat.

Teresa qui n’avait rien perdu de notre échange, recouvrit la main de Sarah et la serra à son tour. Elle releva la tête, me fixa, et commença alors une discussion silencieuse entre nous, prenant une décision.

Sarah ne pourrait pas attendre plusieurs semaines.

Coucou ! D'abord merci pour vos messages :) Mae, je te comprends ne t'en fais pas !
Alors j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne c'est que je vous poste un assez long chapitre aujourd'hui! La mauvaise, c'est que je n'en ai plus d'avance enfn, si, sur papier et je dois retaper tout ça mais ne suis pas sûre d'avoir le temps de taper le prochain chapitre qui sera long lui aussi avant la semaine prochaine mais je ferai mon possible!

Bonne lecture !


POV de Jane

Assis sur une chaise bancale, je tentai de taire la nervosité qui m’habitait. Nous étions Teresa et moi dans le couloir depuis près de trois quarts d’heure. En temps normal, je n’aurais pas pris cela à cœur, mais aujourd’hui se jouait l’avenir de notre famille. Teresa et Sarah seraient effondrées si le juge ne nous accordait pas la garde de l’adolescente. Quant à moi… je me sentirais une fois de plus coupable. Soupirant, je repris mon balancement au grand désespoir d’une Lisbon exaspérée.

Je me remémorai notre arrivée et ne pus m’empêcher d’avoir un pressentiment. Le juge qui nous avait reçus était l’un des pires auxquels nous avions déjà eu à faire. Lors d’une enquête, j’en étais venu à le soupçonner du meurtre d’un accusé, ce qui avait valu une plainte à mon sujet, plainte que Lisbon avait dû régler, comme toujours.

Au regard qu’il m’avait lancé en entrant dans la pièce, j’avais compris que cet affront n’était pas oublié malgré les années passées. Mauvais signe.

L’entretien avait été laborieux. Il avait écouté Teresa lui relater notre première rencontre avec Sarah, Lisbon avait insisté sur le fait qu’elle s’était presque précipitée dans mes bras, il s’était alors tourné vers moi, ne cachant pas son étonnement. Au fil de son récit, il avait semblé sceptique quant à mon comportement responsable. Une fois que ma fiancée eût terminé, il s’était enquis de possibles incidents et avait inévitablement tourné la tête vers moi.

Lisbon et moi nous étions regardés et lui avions raconté sa fugue, Teresa omettant volontairement l’échange que Sarah et moi avions eu avant qu’elle ne parte.  

- J’ai entendu dire que mademoiselle Johnson a été la cible d’un sociopathe il y a quelques semaines. Un rapport  avec Red John, il me semble. Monsieur Jane ?

J’avais soudain réalisé que Teresa avait raison quand elle disait que je pouvais mettre notre avenir en péril par mon passé.

- C’est exact, Monsieur le Juge, cependant…
- Madame Lisbon, laissez Monsieur Jane parler s’il vous plait. Alors, Monsieur Jane ?

Teresa m’avait lancé un regard désolé et, soupirant, je lui avais expliqué qui était cet homme.

Le juge avait tenté de me cerner tout au long de mon récit et, pour une fois, je n’avais pu sonder cet homme.

Après un moment de silence des plus embarrassants, il avait demandé :

- Monsieur Jane, que pouvez-vous me dire afin de me prouver que vous êtes digne d’être le père adoptif de mademoiselle Johnson ?

Lisbon s’était apprêtée à prendre la parole, mais je l’avais arrêtée en posant ma main sur son avant-bras.

- Monsieur le Juge, je sais que mon passé joue contre moi et je l’assume. Néanmoins, Sarah, Teresa et Alexander sont devenus ma vie. Ils sont tout pour moi et je ferai tout pour eux. Sarah m’a ouvert les yeux. Elle a besoin d’une figure paternelle et même si je ne suis pas le plus à-même, même si j’ai fait des erreurs par le passé, même si elle mérite un père modèle dont rêve chaque adolescent, je l’aime et ne peux imaginer ma vie sans elle. Elle illumine notre quotidien et, bien que l’adolescence soit une période difficile, je resterai à ses côtés quoi qu’il arrive. Je suis un homme imparfait, je le reconnais et je sais qu’à vos yeux je ne mérite pas une nouvelle chance, vous pensez sûrement que je méritais ce qui m’est arrivé mais ce que je sais, c’est que Sarah se fiche bien d’être la fille d’un ancien charlatan, d’un homme qui a voulu tuer l’assassin de sa famille, d’un homme brisé qui a du mal à montrer son affection. Le plus important pour Sarah, c’est d’être aimée. Et si elle est heureuse avec moi, avec nous, alors c’est tout ce qui compte pour moi.

Je n’avais pas réfléchi à ce que j’avais dit, tout était venu naturellement, comme si ce que j’avas sur le cœur n’avait attendu que cette question pour sortir. L’homme n’avait rien laissé paraître, ne s’autorisant aucun geste. Puis, au bout d’interminables minutes, il s’était enfoncé dans son fauteuil, prenant un recul physique sur tout ce qui avait été dit.

Il nous avait toisé, tour à tour, et avait croisé ses mains, nous demandant de sortir et de faire entrer Sarah.

Sarah était assise sur la même chaise que Lisbon actuellement. Elle avait eu l’air bien plus angoissé qu’elle n’avait voulu le faire croire. Elle n’avait pas dormi de la nuit, ou très peu. Je le savais pour ne pas avoir fermé l’œil moi-même, ayant aperçu le rai de lumière sous sa porte lorsque j’étais descendu afin de ne pas réveiller Teresa.

Pour la première fois depuis des mois, je m’étais retrouvé allongé sur un divan, à tenter de trouver le sommeil. Et, bien évidemment, les pensées m’avaient assailli. Les pensées mais les souvenirs aussi. Ma vie d’avant, Angela et Charlotte, mon arrivée au CBI, Teresa qui n’était encore à l’époque que Lisbon, ma quête de vengeance, Red John, Sarah, mon premier Noël avec ma nouvelle « famille », notre fils, ma demande en mariage… j’étais devenu un autre homme, bien que la culpabilité pointât de temps à autre. Culpabilité qui disparaissait instantanément face aux sourires de Xander, de Sarah ou de Teresa.

Sarah était donc assise là, attendant nerveusement son tour, elle était pâle et les cernes sous ses yeux montraient l’inquiétude qui la rongeait.

Elle avait tenté un sourire en nous voyant, sourire forcé qui, contrairement à son habitude, n’avait pas atteint son regard. Elle ne nous avait rien demandé, avait simplement hoché la tête quand je lui avais dit que c’était à son tour, s’était levée, avait serré Lisbon dans ses bras brièvement, avait inspiré profondément et était entrée dans le bureau, refermant la porte doucement derrière elle.


Et nous étions toujours là, à attendre.

Délaissant mon balancement, je laissai mon genou trembler. Il fallait que nous obtenions ce papier. Il le fallait. Teresa ne détachait pas la porte des yeux,  je pouvais ressentir son angoisse et, timidement, pris sa main. Surprise, elle sursauta, me fixa, tentant un sourire.

- Ca ira, ne t’inquiète pas.
- Et c’est toi qui me dis ça ? Tu es aussi stressé que moi, railla-t-elle.
- Oui, mais il faut bien que je prenne soin de ma future femme, fis-je en déposant un baiser sur son front.

Elle laissa sa tête se poser contre son torse.

- Il ne peut pas nous séparer, hein ?
- Non, il ne peut pas, murmurai-je en posant ma tête sur la sienne.
- Et si…
- Ca n’arrivera pas.
- Tu ne peux pas le promettre.
- Non mais si jamais cela arrivait, nous ferions tout ce qui est en notre pouvoir pour obtenir sa garde. Quelles que soient les démarches à entreprendre, nous les entreprendrons, affirmai-je avec force, la serrant un peu plus.
- Je déteste me sentir impuissante, Patrick.
- Je sais, je sais. Ca ira Reese. Il faut y croire.

Elle passa son bras autour de mon torse, puisant la force dont elle avait besoin.

Un raclement de gorge nous sépara. Le juge se tenait là, la main sur la poignée de la porte ouverte.

- Monsieur Jane, Madame Lisbon, veuillez rentrer s’il vous plaît.

L’heure de vérité avait sonné. Nous nous levâmes et, main dans la main, entrâmes dans la salle où notre avenir allait être bouleversé, quelle qu’en soit l’issue.

POV de Sarah

Inspirer, expirer. Pfff, celui qui a inventé ça ne connaissait visiblement pas mon état de stress. J’avais l’impression d’être sur cette chaise depuis des heures ! Maman m’avait dit d’emmener un livre, j’avais répondu que je n’en aurais pas besoin et Jane en riant, avait répliqué que j’allais le regretter. Et— comme c’était bizarre ! — il avait eu raison. Comme souvent.

J’aurais aimé savoir ce qu’il demandait à Maman et à Jane. J’aurais aimé être avec eux, pouvoir défendre Jane parce que je me doutais que Maman ne serait pas suffisante pour influer sur la décision du juge. Fermant les yeux, je repensai à la nuit passée. Je n’avais pas dormi plus de deux ou trois heures, les idées se bousculant dans ma tête.

Flashback

Allongée dans le noir, les yeux ouverts, je réfléchissais. Si maman ne pouvait pas me garder, je ne le supporterais pas. J’irais sûrement en foyer, ou dans une autre famille d’accueil. Soupirant, j’allumai la lumière et me tournai  vers les cadres posés sur ma table de nuit. Il y avait celle que Maman m’avait offerte après notre week-end au ranch, Jane et moi souriant après avoir gagné la course. La deuxième photo  nous représentait, Maman et moi, toutes les deux assises dans le canapé. Nous regardions la télévision moi contre Maman, la tête posée sur son épaule, et Jane avait pris une photo sans que nous ne le voyions. Et enfin, un pêle-mêle, un peu plus grand que les autres cadres, où Alexander était dans mes bras, dans le cliché suivant, il s’agissait de l’équipe et de nous quatre à la maternité, un autre représentait Xander avec Maman et Jane et sur le dernier figurait Xander seul en train d’éclater de rire.

Une famille. Ca sautait aux yeux que nous en formions une. Chacun de nous avait une place, sa place. Il fallait être aveugle pour ne pas s’en rendre compte ! J’ouvris le tiroir du meuble et en sortis le carnet « secret » que m’avait offert ma mère quelques temps avant de mourir.

Nous nous étions baladées dans la rue ce jour-là, et, alors qu’elle achetait un livre dans la librairie du coin, j’étais tombée sur ce carnet aux pages blanches, je l’avais feuilleté, me demandant si j’avais réellement besoin d’un carnet, d’un journal intime comme quelques filles du lycée. Maman était arrivée derrière moi et s’était penchée en souriant. « Il te plaît ? » avait-elle lancé. « Pas mal » avais-je admis. Elle me l’avait alors pris des mains et s’était rendue à la caisse. Je me souvenais de son sourire quand elle me l’avait tendu, une fois sorties du magasin. Je l’avais serré contre moi— c’est toujours agréable quand votre mère vous fait un cadeau. Depuis, j’avais écrit des moments simples et banals d’une fille de mon âge, jusqu’aux événements qui avaient bouleversé ma vie. Jane, Lisbon, Alexander, Andrew, toutes ces personnes qui avaient traversé ma vie  jusqu’à aujourd’hui étaient inscrites dans ce carnet. L’ouvrant, je réalisai que je n’avais pas écrit depuis le baptême de Xander. Jour que j’avais représenté par une photo de lui et moi,  un sourire aux lèvres.  Je ne savais pas trop quoi mettre, mais écrire m’apporterait peut-être un certain réconfort. Je remontai mon oreiller, m’adossai et posai mon stylo sur la feuille.

Cher Journal,

Demain est un jour décisif pour moi. J’imagine qu’un condamné à mort est bien plus angoissé que moi quand il attend que le juge statue sur son sort. C’est vrai, je ne suis pas dans le couloir de la mort, ma vie continuera même si je ne suis plus ici. Enfin quand je dis que ma vie continuera… je ne suis pas sûre que cela soit une vie que de se retrouver séparée de ceux qu’on aime. Je n’ai malheureusement pas le choix. Demain, je jouerai quand même ma vie. Soit le juge accepte et je serai à jamais heureuse, avec des gens qui m’aiment réellement, soit il refuse et je me retrouverai Dieu sait où, à tenter en vain de trouver ma place. J’appréhende cette « confrontation » avec le juge. Je trouve ça débile d’ailleurs qu’il veuille me voir « à part ». De quoi a-t-il peur ? Que Jane m’hypnotise pour que je dise que je suis heureuse chez eux ? Il ne doit pas savoir que même sous hypnose on dit ce que l’on pense et, la vérité, c’est que je suis chez moi ici !

J’ai peur. Peur de devoir quitter cette maison, peur de devoir de nouveau appeler Maman « Agent Lisbon », peur de ne plus voir Xander, de ne plus pouvoir le considérer comme mon frère, peur de ne plus plaisanter avec Jane, de ne plus avoir le droit d’imaginer être un membre de la famille officiellement, peur de les perdre, peur qu’ils m’oublient tout simplement.

Oui, peur qu’ils m’oublient, parce que c’est ce qui arrivera forcément si je pars. Peut-être pas au départ, ni dans six mois ou un an, mais au fil du temps, ils oublieront. Il n’y aura de moi que des photos, comme Angela et Charlotte, et Xander ne se souviendra même pas de moi.

Les larmes coulent finalement, mon cher Journal, lors que je m’étais promis d’être forte. C’est dur de se dire que peut-être demain cette chambre ne sera plus la mienne, que seuls me resteront ces cadres et cette coupe qui ornent ma table de nuit.  J’aurai peut-être dû commencer mes cartons, mais Jane croit que je vais rester, Maman, elle, est comme moi, elle doute, a peur de la justice. C’est drôle d’ailleurs, elle représente cette justice mais elle a peur. Y croit-elle si peu ? Ou peut-être a-t-elle peur d’une erreur judiciaire. En tout cas, elle sera triste si je pars, je le sais. Ce soir, quand elle est venue me dire bonsoir, elle s’est attardée, puis m’a serré dans ses bras, murmurant un « je t’aime ». Je sais qu’elle aura du mal à se remettre de mon départ, mais Jane et Xander l’aideront.

Moi, personne ne sera là pour me consoler. Je serai seule. Seule. Comme avant. J’aimerais m’enfuir avec eux, partir loin d’ici, avoir une nouvelle vie… on serait des hors-la-loi, certes, mais on serait ensemble. Je rêve. Je sais que je rêve, jamais ça n’arrivera. Je voudrais tellement rester avec eux. Maman prie sûrement pour ça. Jane, lui, ne croit pas en Dieu et moi… je ne sais pas.

Tiens, en parlant de Jane… je parie que c’est lui qui vient de passer devant ma porte. Il s’est à peine arrêté et a descendu l’escalier. Sûrement pour boire. J’aimerais lui parler de tout ça, mais je ne crois pas qu’il soit enclin à cela, surtout en plein milieu de la nuit.

Lui aussi a besoin de moi. Il ne le dit pas souvent mais je sais qu’il me voit vraiment comme sa fille.

Peut-être que je vois les choses dans leurs extrêmes, peut-être que rien de tout cela n'arrivera, mais j'ai peur, peur que tout ce bonheur que j'ai touché du doigt ne s'envole.

Oublie tout ce que j’ai dit, cher Journal. Je n’ai pas à angoisser ainsi, Maman est ma tutrice si je n’étais pas adoptée officiellement, cela changerait-il quelque chose ? Tout est si confus ! La panique me laisse imaginer des scénarii qui n’existent pas. Comment le juge pourrait-il annuler l’autorisation de Maman à m’avoir avec elle ? Je voudrais juste… juste faire réellement partie de leur famille. Ne plus être seulement Sarah Johnson, la fille d’une mère assassinée par son propre père, mais être Sarah— Sarah Jane-Lisbon ?— ou tout du moins être avec eux. Etre légalement leur fille à tous les deux.

Je ne t’ai pas raconté en fin de compte, pourquoi ou plutôt comment nous en sommes arrivés jusqu’ici. Tout cela grâce (ou à cause ? Réponse demain !) d’un papier. Il y a environ un mois, Maman a préparé un grand petit-déjeuner. C’était un dimanche, aucune affaire au CBI, aucune tension, bref le rêve quoi ! A peine réveillée, j’ai senti l’odeur des gaufres et ai souri, c’est de loin mon petit-déjeuner préféré ! Jane et Maman étaient déjà à table, Xander dans sa chaise haute.

- Alors la marmotte daigne enfin se joindre à nous, a lancé Jane.

Peu encline à lui répondre, je lui ai tiré la langue tout en me frottant les yeux. Il m’a alors fait une grimace spéciale Jane. En m’asseyant, j’ai remarqué une enveloppe vierge devant ma place. Suspicieuse, j’ai jeté un regard à maman puis à Jane. Tous deux avaient un sourire aux lèvres, il était donc évident qu’ils y étaient pour quelque chose, ce qui me rassura. Pendant quelques secondes, j’avais eu peur, croyant que cela pouvait être… non, il était mort, bien mort !

- Ouvre-la ! a déclaré Maman.
- C’est une avance sur mon anniversaire ?

Jane et Maman ont échangé un regard souriant.

- Plus ou moins, a répondu Jane.

Je l’ai ouvert et là… c’était comme un coup au cœur, j’étais tellement surprise, j’avais du mal à reprendre mon souffle, les larmes coulaient sans que je puisse les retenir. Ne sachant que dire, je me levai et étreignis Maman. Jane, mal à l’aise, s’était levé également, se reculant légèrement. Avant même qu’il ne réagisse, je m’étais jetée dans ses bras. A ce moment-là, ej me fichais bien de mon âge, j’avais juste besoin qu’il me prouve que c’était vraiment ce qu’il voulait. Il me serra contre lui avec force et j’eus la confirmation qu’ils voulaient vraiment tous les deux de moi comme fille. Voilà comment nous en sommes arrivés là.

Je me demande si je ne devrais pas leur écrire une lettre que je déposerais dans leur chambre. Comme ça, si le juge refuse notre demande, Maman et Jane sauront ce que je ressens pour eux. Je n’ai jamais réussi à le leur dire vraiment. Je ne suis pas très douée pour l’écriture, et que pourrais-je dire qu’ils ne savent déjà ? Je leur ai déjà tout dit.

Quoiqu’il en soit, mon cher Journal, quelle que soit la décision du juge, pour moi, ils resteront toujours ma famille.

                                                                                                                   



Reposant mon journal, je guettai le pas de Jane. En vain. J’attendis quelques minutes encore avant de me diriger vers l’escalier dont je descendis quelques marches. J’aperçus Jane couché sur le canapé, et eus l’impression de revenir en arrière, quand Maman et lui n’étaient pas encore ensemble. Il n’arrivait sûrement pas à dormir et avait certainement voulu laisser Maman dormir. Toujours aussi attentionné, pensai-je en souriant. Finalement, je remontai, éteignis la lumière et me recouchai, attendant désespérément l’heure fatidique.

Fin flashback.

Coucou ! Merci beaucoup Jane Doe pour ton commentaire :)
Finalement, j'ai été plus rapide que prévu et il ne me reste plus qu'un chapitre et demi à taper (les deux plus longs sur les 4 qui me restaient^^) du coup, je poste un chapitre ce soir ! Il est court mais j'espère que vous aimerez!


POV de Sarah

Alors que je me posais encore la question sur la lettre que j’aurais peut-être dû écrire, la porte s’ouvrit enfin sur Maman et Jane, le visage crispé. Je serrai mon sac contre moi, répondis à leur sourire et sur une parole de Jane, entrai dans la salle qui scellerait mon destin.

Timide, je restai au pas de la porte, observant la pièce. L’homme assis derrière son grand bureau semblait attendre patiemment que je daigne faire un geste.

- Avancez Mademoiselle Johnson et asseyez-vous, déclara-t-il finalement, jugeant sans doute que j’avais eu assez de temps pour examiner les lieux.

J’obéis donc et m’installai dans l’un des sièges.

- Bien. Je viens de m’entretenir avec madame Lisbon et monsieur Jane à votre sujet et, à présent, j’aimerais avoir votre opinion.
- Que voulez-vous savoir exactement ? M’enquis-je, sentant que, malgré moi, une certaine colère s’emparait de moi. Si Jane et Maman me battent, s’ils me délaissent ? Eh bien non ! C’est tout le contraire !
- Mademoiselle Johnson, je vous demanderais de vous calmer et de taire votre colère, s’il vous plaît ! Gronda-t-il, se redressant sur son fauteuil.
- Pardon Monsieur le Juge, je suis désolée. C’est juste que… oubliez.
- Au contraire. Dites-moi ce que vous pensez de leur demande d’adoption, racontez-moi votre quotidien.

Et commença alors mon récit…

- … et malgré tout ce qui est arrivé à cause de moi, ils m’aiment et me considèrent comme leur fille. Nous sommes une famille !  

Il avait joint ses mains, ses coudes posés sur le bureau, ses index tapotant ses lèvres.

- Et avec monsieur Jane, comment cela se passe-t-il ?

Enfin nous y étions ! Pas une fois il ne m’avait interrompue pour m’interroger à son sujet.

Je lui parlai de nos moments de complicité, nos sorties tous les deux mais il ne semblait pas convaincu. Un silence accueillit ma dernière phrase. Il soupira, les yeux dans le vague. Tout allait se jouait maintenant…

Je sortis un objet et le lui tendis.

- Qu’est-ce que c’est ?
- Une photo. Celle de notre course « père-fille » dont je vous ai parlé.

Je fis une pause, le laissant observer le cliché.

- Je sais que vous n’aimez pas Jane mais croyez-moi, et cette photo le prouve, il est génial ! Il sait être aimant, gentil, protecteur et joueur mais sait aussi m’imposer des limites. Avec lui, je me sens en sécurité. Je… je n’avais jamais réellement fait confiance à un homme avant et Jane le mérite. Aujourd’hui je considère Jane comme mon père parce qu’il tient ce rôle. C’est vrai qu’il est parfois ch… enfin énervant, qu’il a presque toujours raison que ses plans sont loin d’être intelligents, qu’il passe son temps à faire le pitre ou l’intéressant mais c’est une façade. Il a vraiment souffert et s’en veut encore. C’est quelqu’un de bien, vraiment. Et je ne voudrais pas d’un autre père que lui.

Mon regard n’avait pas lâché le sien, espérant faire passer tout ce que je ressentais pour l’homme que j’avais choisi comme père.

Le juge fixa tour à tour la photo et moi à la fin de mon discours, puis la reposa sur son bureau en soupirant de nouveau.

Le silence qui s’était établi était intimidant et je me doutais qu’il réfléchissait à la situation. J’attendis patiemment, regardant les tableaux qui ornaient  les murs de la pièce. Un mouvement de sa part me fit tourner la tête vers lui. Il se levait et se dirigea vers la porte. Il l’ouvrit, s’arrêta sur le seuil, attendit quelques minutes et demanda enfin à Maman et à Jane d’entrer.

L’heure de vérité avait sonné, et l’angoisse atteignit des sommets.

Patience Jane Doe, patience
Voici la suite et encore merci de ta fidélité!


POV de Lisbon

Assise près de Sarah, j’essayais de taire l’angoisse qui me submergeait. Jane s’était assis à la gauche de Sarah qui avait pris sa main et la mienne, s’y attachant comme à une bouée de sauvetage. Elle serra ma main, attirant mon attention, esquissant un sourire auquel je répondis. J’étais inquiète à l’idée qu’il puisse nous refuser cette demande d’adoption. Notre famille, c’était Jane, Xander et elle. Il ne pouvait pas dire non. Enfin, il pouvait mais il prendrait le risque de détruire nos vies, surtout celle de Sarah. Jetant un œil à Jane, je notai son froncement de sourcils et suivis son regard, tombai sur le cadre et souris, une lueur d’espoir existait.  Sarah n’était pas douée avec les mots pour exprimer ce qu’elle ressentait, mais amener ce cliché était sans doute pour elle le seul moyen de montrer son attachement envers Jane et réciproquement. Jane ancra son regard au mien, légèrement inquiet, je tentai un sourire rassurant et il sembla comprendre que tout était encore possible.

« Bien, Monsieur Jane, Madame Lisbon, après avoir discuté avec Mademoiselle Johnson, j’ai dû prendre une décision. »

Voyant qu’il avait toute notre attention et que nous n’allions pas l’interrompre, il continua.

« Ce genre de choix est extrêmement difficile. Il faut bien évidemment tenir compte des antécédents des parents potentiels mais aussi de leurs vies actuelles. Monsieur Jane, habituellement, je n’aurais même pas examiné une demande comme la vôtre en connaissant votre vie passée. Néanmoins, et connaissant un minimum Madame Lisbon, je vous ai accordé une seconde chance. Je dois bien avouer que, malgré vos méthodes peu orthodoxes pour traiter et résoudre des affaires, votre comportement est louable. Quant à vous Madame Lisbon, il n’y a rien à dire, bien que votre métier vous mène sur le terrain et à prendre des risques qui pourraient vous coûter la vie. Vous comprenez que la balance a du poids de chaque côté. Pourtant, il m’a fallu déterminer de quel côté je souhaitais qu’elle penche, ce qui n’est pas sans conséquences, vous vous en doutez. Mademoiselle Johnson a vanté vos qualités, surtout les vôtres Monsieur Jane, tout comme vous aviez rapporté les siennes. Pour moi, cela n’était que des mots, jusqu’à ce que Mademoiselle Johnson me montre ceci », fit-il en nous tendant le cadre que j’avais offert à Sarah que je saisis.

« Je n’ai, continua-t-il, que rarement eu l’occasion de voir une affaire être défendue avec autant de sincérité et de cœur. Je dois dire que votre comportement en tant que couple a également influé ma décision finale. »

Il fit une pause, me laissant le temps d’échanger un regard avec Jane. Avait-il entendu notre discussion dans la salle d’attente ? J’en doutais. Nous avait-il surpris l’un contre l’autre ? Sûrement. Mal à l’aise, je m’enfonçai dans le siège, évitant les yeux du juge.

« Loin de moi l’idée de jouer les voyeurs. Toujours est-il que je vous dois à présent une réponse. »

De nouveau le silence se fit, empli d’impatience.

« Madame Lisbon, Monsieur Jane, je vous déclare officiellement parents de Sarah. »

Les mots sont sortis. Ai-je bien entendu ? Je me tourne vers Sarah qui m’étreint de toutes ses forces en pleurant. Alors, c’est vrai, Sarah est ma fille. Non, notre fille. Répondant à son accolade, je ferme les yeux pour profiter de ce moment, une larme glisse mais je n’en ai cure. Une main caresse ma joue, stoppant  dans sa descente la goutte d’eau salée. J’ouvre les yeux, Jane me sourit, ému, son pouce caressant ma peau.

Sarah s’écarta de moi et se blottit contre Jane. Le juge souriait légèrement devant nos effusions. Il nous fit signer à tous les trois les papiers qui prouvaient e lien qui nous unissait désormais.

A la sortie du bâtiment, nos amis et Andrew nous attendaient, Grace tenant Xander.

- Alors ? Nous interrogèrent-ils d’une seule voix.

Jane et moi nous lançâmes un regard complice et fixâmes Sarah.

- Je peux dire ?
- Vas-y, lançai-je.
- Il a dit oui ! Cria-t-elle en se jetant dans les bras d’Andrew.

Chacun l’enlaça. Alors que j’avais récupéré Alexander, Sarah s’approcha et déposa un baiser sur son front.

- Ca y est Xander, cette fois je peux vraiment t’appeler p’tit frère.

Elle me demanda du regard si elle pouvait le prendre et je le lui tendis en réponse. Elle le serra contre elle, quelques larmes coulant sur ses joues.

Jane avait proposé à nos amis de fêter ça à la maison et, alors que nous commencions à rejoindre les véhicules, Sarah, qui m’avait reconfié Xander, saisit soudain le bras de Jane et le fixa sans mot.

- Vous venez ? M’enquis-je.
- Partez devant, on vous rejoindra, réondit Jane.
- OK, je monte avec Cho, tu pourras prendre le SUV, cédai-je en lui donnant les clés.

Je ne comptais pas lui dire que je me sentais bien trop fébrile pour conduire, et je me doutais qu’ils voulaient avoir une petite discussion entre père et fille.