A l'aube d'une nouvelle vie ^

Merci pour vos commentaires !    ca me fait plaisir de voir qu'il y en a encore à suivre ma fic et ça me donne envie de la terminer le plus rapidement possible
Voici un petit chapitre qui, je l'espère vous plaira tout autant !   


POV de Jane

Le rire de Teresa était assurément le plus beau son qu’il m’avait été donné d’entendre depuis des années.

Cette inscription à la course avait été faite sur une impulsion, je me doutais que Sarah y verrait un tout autre enjeu. Cela me permettait également de lui faire comprendre qu’elle était importante pour moi. Nous formions d’ailleurs une bonne équipe elle et moi, à en juger par la petite statuette que je tenais. Deux êtres enchaînés au pied, bras dessus-dessous, avec pour toute inscription, la place obtenue pour ce concours père-fille et la date.

J’avais dû supplier la femme des inscriptions, lui expliquant que Sarah n’était pas ma fille biologique mais que son père ne s’était pas manifesté. Inutile de rentrer dans les détails morbides qui l’auraient fait fuir. Finalement, elle n’avait pu résister à mon charme et mon sourire légendaire et avait accepté.

J’avais vu Lisbon avec son appareil photo, je savais qu’elle avait immortalisé cet instant de réelle complicité… et notre chute spectaculaire ! Je butinai ses lèvres, lui arrachant quelques baisers, quand un raclement nous sépara. Sarah.

- Il y a des chambres pour ça ! Fit-elle faussement dégoûtée par ce qu’elle venait de voir.
- Mademoiselle a été choquée ? La taquinai-je.
- Oh oui ! Tu n’imagines pas à quel point ! Rétorqua-t-elle entrant dans mon jeu.
- Et si nous rentrions ? Proposa Lisbon, visiblement fatiguée de nos enfantillages.


A notre retour, nous eûmes la surprise de voir Eliot adossé près de l’entrée, une cigarette à la main. Dès qu’elle le vit, Sarah se raidit et se rapprocha instinctivement de Lisbon. Son changement de comportement m’interpela : qu’avait-il pu se passer pour qu’elle semblât vouloir retarder le moment de lui parler ? Naquit alors en moi un sentiment de colère, s’il avait fait du mal à Sarah, il ne s’en sortirait pas comme ça.


Teresa me lança un coup d’œil, la nouvelle attitude de sa fille ne lui avait pas échappée non plus.

- Bonsoir, dit-il une fois que nous fûmes proches de lui.

Teresa et moi le saluâmes du bout des lèvres, et, ouvrant la porte, je laissai galamment entrer Lisbon, et entendit Eliot demander à Sarah de venir avec lui pour avoir une discussion. Elle secoua la tête, son regard noir empli d’une fureur à l’encontre de cet homme. Alors qu’elle s’apprêtait à passer la porte, il la retint par le bras.

- Lâche-moi, tança-t-elle d’une voix froide.
- Je veux seulement te parler, insista-t-il.

Elle me regarda et je compris qu’il était temps que j’intervienne.

- Sarah, rentre s’il te plaît.

Elle se défit de l’emprise d’Eliot et, sans un regard, rejoignit Teresa.

- Je ne sais pas ce que tu as fait à ma fille, mais je te préviens, si tu oses encore t’approcher d’elle tu auras affaire à moi, l’avertis-je, glacial.
- Serait-ce une menace ? S’enquit-il, ne se démontant pas, un sourire narquois aux lèvres.
- Non, juste un conseil, déclarai-je en fermant la porte derrière moi.

Teresa m’attendait sur le pas de la porte, ses yeux émeraude foncés par l’énervement.

- Où est Sarah ?
- Dans sa chambre, elle refuse de parler. Tu crois qu’il …
- Non, elle n’aurait pas pu l’affronter si ça avait été le cas. Repose-toi, repris-je après un court silence, je m’occupe de charger la voiture.
- Jane ? J’ai entendu ce que tu as dit à Eliot.
- Qu’est-ce que j’ai dit ?

Elle secoua la tête devant ma fausse amnésie.

- Tu le sais très bien. Je suis contente que tu la considères ainsi. Elle le mérite et, aujourd’hui, elle est heureuse grâce à toi. Merci.

Je saisis la main qu’elle me tendait et déposai un baiser dessus. Teresa devenait de plus en plus douée pour savoir quand je cachais quelque chose à moins que ce ne fût moi qui devenais faillible.

Merci Jane Doe, et oui, tu as raison, Jane serait prêt à tout pour protéger celles et ceux qu'il aime
Sans plus attendre, voici la suite. Je ne sais pas si je posterai demain ou lundi...

POV de Lisbon

Le retour avait été aussi calme que l’aller. Sarah s’était endormie, la tête appuyée contre l’ours en peluche. Je m’inquiétais pour elle, elle n’avait pas daigné ouvrir la bouche depuis l’incident avec Eliot, et je me sentais coupable de ne pas avoir insisté pour qu’elle restât avec nous cet après-midi. J’aurais dû me fier à mon instinct, lui interdire de fréquenter cet homme. Elle n’était encore qu’une enfant malgré son âge.

Dès notre arrivée à l’appartement, elle était montée se coucher, marmottant un « bonne nuit ». Ca non plus, ce n’était pas dans ses habitudes, elle venait toujours nous étreindre ou nous faire un baiser. Cela n’avait d’ailleurs pas été facile les premiers temps pour deux êtres peu habitués aux démonstrations d’affection comme Jane et moi. Mais ce soir, ce câlin me manquait, le rituel du soir venait de se fêler, et cela m’oppressait.


Le lendemain, rien n’avait changé. Sarah s’était préparé et avait pris le bus, alors que Jane et moi nous apprêtions à l’emmener. Patrick semblait un peu vexé également. Lui qui, d’habitude, réussissait à cerner les personnes, à lire en elles, n’avait pu voir ce qu’elle cachait, et aucune boutade n’avait tiré un sourire à Sarah.


- Tout va bien Lisbon, je suis sûre qu’elle vous en parlera, me fit Jane alors que je regardais pour la énième fois de la matinée mon portable, espérant un sms de ma fille.

- Un problème Patron ? S’enquit Grace.

Nous étions dans l’open-space, et, évidemment, cette phrase n’avait pas échappé aux autres membres de l’équipe. Je lançai un regard furieux à mon consultant qui sourit. Je ne voulais pas que l’équipe sache que j’avais du mal avec une ado.

- Juste un problème de communication avec Sarah, rien de grave, répondis-je faussement détachée.
- Oh ! Etape obligée de l’adolescence, déclara-t-elle d’un sourire encourageant. Si ça peut vous aider, ma mère laissait des messages sur le frigo avec des questions, on communiquait comme ça.

Je la remerciai, tout en me doutant qu’il faudrait plus que des mots pour cette histoire. Une discussion s’imposait.


Les heures passèrent et, bien que Jane n’appréciât pas, je rentrai tard, ou, du moins, plus tard que d’habitude. A l’heure-là, Sarah était dans sa chambre, à réviser, lire ou écouter de la musique. Jane s’amusait à dire qu’elle me ressemblait tant elle était prévisible. Au moins, cette évidence me permettait d’avoir une discussion en tête à tête avec elle.

- Sarah a déjà mangé, je t’attendais.
- C’est gentil, mais je n’ai pas très faim, déclarai-je tout en déposant ma veste.
- Teresa…
- Je me forcerai, mais avant il faut que je parle à Sarah.

Il acquiesça et je sentis son regard dans mon dos tandis que je montais les marches. Je me doutais qu’il aurait aimé m’accompagner mais il était assez perspicace pour comprendre qu’une conversation mère-fille serait peut-être plus productive.

Je frappai, appréhendant tout de même cet instant, et entrai. Sarah était assise sur son lit, des cahiers jonchant la couverture. Elle n’avait pas levé la tête, restant concentrée sur ce qu’elle faisait, pas besoin d’être psy, elle n’était pas encline au dialogue.

- Bonsoir.
- Bonsoir, répondit-elle, de nouveau sans un regard.
- La journée s’est bien passée ?
- Comme d’habitude. On a eu un examen de Français, je pense avoir réussi.
- Bien.

Le silence reprit ses droits quelques minutes. Autant il m’était facile d’être en salle d’interrogatoire face au pire des meurtriers, autant il m’était peu aisé de converser avec ma pupille.

- Sarah, j’aimerais qu’on parle toutes les deux, tentai-je alors en m’asseyant près d’elle.
- Je vais bien, j’ai juste beaucoup de travail, rétorqua-t-elle fixant toujours son carnet.

Inspirant profondément afin de garder mon calme, je le lui retirai des mains, et, enfin elle leva la tête vers moi, surprise.

- Le travail attendra un peu. Et non, non tu ne vas pas bien Sarah. Il s’est passé quelque chose avec cet Eliot, et je veux savoir quoi.
- Il ne s’est rien passé ! Cracha-t-elle alors, la couleur de ses yeux virant au plus noir possible.
- Si c’était le cas, tu ne serais pas dans cet état. Tu as changé depuis que nous sommes revenus, et Jane et moi sommes persuadés qu’Eliot y est pour quelque chose, repris-je d’une voix calme, espérant apaiser la rage qui semblait poindre en elle.
- Tu es venue me voir pour jouer au flic ? Me balança-t-elle, un dégoût dans la voix.

Calme, reste calme Teresa, pensai-je. Elle me testait, me repoussait pour que je m’énerve, que nous disions des choses que ni l’une ni l’autre ne penserait, et qu’ainsi, je finisse par laisser la colère prendre le dessus et par partir.

- Non. Si je suis là c’est parce que toi et moi devons discuter. De tutrice à pupille ou de femme à femme, comme tu le souhaites.
- Tu ne partiras pas tant que je ne t’aurai rien dit, hein ?

Je secouai la tête, ne lâchant pas son visage des yeux.

Elle me jaugea, puis détourna le regard, fixant ses mains. Il lui fallait du courage, je le pressentais, et, pour lui montrer mon soutien, je posai ma main sur son épaule et la pressai. J’avais conscience qu’il lui fallait du temps, et je comptais bien lui en laisser. Elle aurait tout le temps dont elle aurait besoin.

Elle soupira finalement, et se lança.

Merci pour votre commentaire les filles   
@Jane Doe: oui, ils se vouvoient parce qu'ils sont au boulot, et que Bertram ignore que Lisbon est enceinte de Jane, tout comme il ignore qu'ils ont une relation ! Et puis, ils ne sont pas seuls au CBI, c'est une habitude qu'ils ont prise, ça ne se perd pas si vite

@Jisbonneuseforever: tu me connais, je suis une sadico-jisbonneuse^^

Voici la suite !


POV de Sarah

Elle ne me laisserait pas tranquille tant qu’elle ne saurait pas ce qui avait eu lieu avec Eliot, et cela me faisait mal. Mal parce que je voulais oublier ça, mal parce qu’en parler ne changerait rien, mal parce que cela montrerait à quel point j’étais faible.

Maman était forte, elle pouvait tout entendre, mais moi, aurais-je la force de tout dire ?

« Quand nous sommes arrivés au parc, j’ai vu Eliot, et je vous ai laissé pour le rejoindre, mais…

Flashback

Eliot était au milieu d’un groupe d’hommes de son âge, et je me sentais intimidée à l’idée de rencontrer ses amis. L’absence de femmes ne me frappa au premier abord, après tout elles étaient peut-être à l’un des stands. Les cadavres de bière à leurs pieds m’arrêtèrent quelques secondes, mais à cet instant le regard d’Eliot se posa sur moi, il n’était plus question de faire demi-tour, même si je n’étais pas très à l’aise.

D’un geste de la main, il m’invita à les rejoindre. Chacun d’eux avait une cigarette à la main, et aspirait de longues bouffées entre chaque phrase. Le regard d’Eliot avait quelque chose d’effrayant, et mon instinct me soufflait de me méfier. Sans être ivre, il avait visiblement une bonne dose d’alcool dans le sang, assez du moins pour rire des bêtises de ses amis. Bêtises qu’une jeune de mon âge ne sortait plus depuis quelques années !

Plus les minutes passaient, plus je me sentais vulnérable, comme si j’étais la proie et eux les chasseurs. Jusqu’à présent, ils se contentaient de parler, de rire de tout et de rien, jusqu’à ce que le sujet déviât sur les femmes, et là, je sus que je devais partir. Et vite !

Je lançai une excuse bidon, et commençais à m’éloigner quand Eliot me retint par le bras, arguant que je ne pouvais pas m’en aller comme ça, qu’il voulait profiter de ma présence. Ses amis semblaient plus atteints par l’alcool que lui, et l’un d’eux avait ce regard… dégoûtant. J’avais peur. Peur de ne pas pouvoir m’en sortir, peur de ce qui allait arriver. Je commençai à m’agiter, tentant de me soustraire à sa poigne, il devint alors plus entreprenant, me bloquant contre son torse. « Allez Sarah, on veut juste s’amuser un peu, c’est rien du tout, tu verras ! » sous-entendu plus qu’explicite, et je ne voulais pas ! Mes mains bloquées dans le dos, il essaya de m’embrasser de force, et, sans réfléchir, je lui donnai un coup de genou bien placé, il me lâcha, se pencha, et, alors que ses amis étaient sous le coup de la surprise, je courus, m’efforçant d’enfouir ce qui venait de se passer pour ne plus jamais repenser à cette sensation de soumission, de faiblesse. Je ne souhaitais qu’une chose, rejoindre ma famille. Maman. Et Jane.

Fin du flashback

Maman avait posé sa main sur la mienne au fil de mon récit, je sentais par sa pression à quel point la situation la révoltait.

Peu à peu, les mots se tarirent, et je baissai la tête, honteuse.

Maintenant, elle savait, et elle n’allait sûrement plus me laisser sortir au risque de faire une mauvaise rencontre.

- Pourquoi ne pas nous en avoir avertis quand tu nous as rejoints ? S’enquit-elle finalement d’une voix nouée.
- Parce que vous aviez l’air heureux, je ne voulais pas gâcher ce moment, et puis… il n’est rien arrivé.
- Non, mais ça aurait pu. Imagine si ses amis t’avaient retenue, tu n’aurais rien pu faire contre eux.

Elle avait dit cela d’une voix douce, maternelle, inquiète aussi. Elle s’en voulait, je le devinais.

- Tu n’as pas à t’en vouloir Maman. Je vais bien.
- Je sais, mais j’aurais dû écouter mon instinct et l’empêcher de t’approcher, c’est mon rôle.
- Tu ne pouvais pas savoir, et je ne t’aurais pas laissé faire, tu le sais. Tu es là, c’est ce qui compte, ajoutai-je dans un sourire.

Une larme coula sur sa joue, et mon sourire s’accentua.

- Laisse-moi deviner, les hormones ?
- Tout à fait, répondit-elle en me serrant contre elle.

Une étreinte, une simple étreinte qui voulait dire tellement plus pour nous deux. Une promesse.

Je me détachai d’elle, soulagée.

- Tu sais, Maman, Jane est rentré dans le rôle de père protecteur, et je ne m’attendais pas à ça de sa part.
- Oui, j’ai entendu. Ca ne te dérange pas qu’il ait dit ça ?
- Ca devrait ? Je ne suis peut-être pas prête à l’appeler « Papa » mais il agit comme un père, il m’aime comme un père aime sa fille, même si niveau démonstration, il a encore des progrès à faire. Alors non, ça ne me dérange pas. Au contraire, ça me plaît…enfin, il ne faudrait pas qu’il agisse comme ça avec tous les garçons qui tenteront de m’approcher.
- Je l’en empêcherai, et je pense que tu devrais davantage te méfier de moi et de mon arme ! Lança-t-elle moqueuse, en caressant mes cheveux.
- Même pas peur !

Jusqu’à présent je n’avais vu ce genre de moments mère-fille que dans les films, et, ce soir, j’avais moi aussi le droit à ce moment, avec une mère qui n’était pas biologiquement la mienne, mais avec qui un lien aussi fort s’était tissé.

C'est vrai qu'Eliot n'est pas recommandable, et tu verras que Jane et Lisbon s'impliqueront un peu plus dans la vie amoureuse de Sarah... enfin... ils vont essayer!


POV de Lisbon

Son récit avait réveillé en moi peur et colère. Comment un homme tel que lui avait-il osé poser la main sur elle ? Et surtout, pourquoi, pourquoi n’avais-je rien pu déceler de cette situation avant ce soir. Son malaise était plus important que je ne l’aurais pensé, et je m’en voulais, contrairement à elle qui ne semblait m’en tenir rigueur.

- Tu vas me cloîtrer ? demanda-t-elle, brisant le silence qui nous englobait.
- Pour quoi faire ? T’empêcher de sortir ne changera rien à tout cela. Tu ne dois pas devenir paranoïaque, tu dois vivre. Rester à la maison, ce serait montrer qu’il a gagné.
- Donc je peux sortir demain soir avec Kate ?

J’esquissai un sourire, décidément, elle ne perdait pas de temps !

- Si tu m’appelles pour que je vienne te chercher et que tu restes joignable à tout moment.

Elle se pelotonna contre moi en guise d’acceptation.

« J’ai quelque chose pour toi », déclarai-je soudain, en prenant le paquet que j’avais posé près de moi, et en le lui tendant.

Du paquet, elle retira un cadre contenant une photo, et pas n’importe laquelle. J’avais hésité sur deux clichés, mais celui-ci attirait l’œil de quiconque posait les yeux dessus. Il représentait Jane et Sarah, bras dessus-dessous, posant face au journaliste, tous deux irradiant de bonheur. Le cadre était en bois et les lettres S et J étaient gravées de chaque côté de la photo.

Je guettai sa réaction. Elle toucha le cadre, son visage de papier glacé, et posa son regard embué sur moi.

- Merci. C’est… c’est vraiment… merci.
- De rien ma chérie.

« Ma chérie ». Je me mordis les lèvres à ce surnom qui m’avait échappé. Elle m’avait demandé dernièrement de ne plus l’utiliser, et j’avais fait en sorte de respecter son choix. Il m’avait échappé, et, loin de s’en offenser, son sourire s’agrandit, et elle posa un baiser sur ma joue.

- Je pense qu’il serait bien là, non ? S’enquit-elle en le posant sur sa table de chevet, près de la coupe qu’ils avaient gagnée.
- Il n’y a pas de meilleure place, acquiesçai-je, avant de la laisser et de rejoindre Jane.


Les semaines passèrent, l’incident avec Eliot était désormais bien loin pour Sarah comme pour nous. Elle s’intéressait aux garçons du lycée, venant parfois me demander des conseils, ce qui amenait évidemment Jane à se moquer de nos messes basses. Sarah avait inclus Jane dans nos conversations lorsqu’il lui avait donné pour argument qu’il pouvait savoir d’un regard si cet homme était quelqu’un de bien ou non. Plus d’une fois, alors que nous l’amenions sur le campus, nous avions stationné, observant tel ou tel jeune homme. Jane faisait une description précise du garçon intéressant Sarah, et, la plupart du temps, celle-ci était déçue qu’il ne soit pas celui qu’elle pensait qu’il fût.

Quant à moi, je me focalisais sur moi-même, et sur lui, cet enfant qui grandissait en moi. J’avais la sensation d’être dans une bulle, une sorte de monde attenant à celui dans lequel j’évoluais quelques mois auparavant. Mon ventre s’arrondissait de jour en jour, et je passais de plus en plus de temps devant la glace chaque matin, ce qui faisait rire Jane. J’avais eu quelques craintes à l’idée qu’il ne prenne pas entièrement part à la vie du bébé en m’accompagnant aux échographies par exemple. Craintes qui s’étaient avérées inutiles, il n’avait émis aucune réserve à ce sujet, bien au contraire ! Il s’investissait dans notre vie et j’aurais pu croire que Red John n’avait jamais existé s’il n’y avait pas eu ces regards dans le vide quand nous croisions une mère et sa fille qui ressemblaient légèrement à l’épouse et l’enfant qu’il avait perdues, ou quand une enquête laissait un veuf éploré. Le Jane de la période Red John réapparaissait alors et ni Sarah, ni moi ne pouvions faire quoi que ce soit pour le dérider. Le temps était la seule solution. Le temps et le bébé.


Je me souvenais de ce jour si particulier où, alors que Rigsby, Cho et lui étaient sur le terrain, Van Pelt et moi discutions, elle assise à son bureau, et moi assise sur le canapé de mon cher consultant.

Flashback :
Depuis l’annonce de ma grossesse, Grace et moi nous étions rapprochées, et j’avais appris à mieux la connaître. Elle était d’une douceur et d’une gentillesse qui contrastaient avec son rôle de flic, et je l’admirais. Elle était douée et étaient un des meilleurs éléments que j’eusse pu rencontrer.

Nous parlions donc, en attendant le retour des trois hommes, quand ceux-ci pénétrèrent dans l’open-space.

Comme à son habitude, Jane nous salua et son sourire disparut alors qu’il me fixait. Les deux mains sur chaque côté du ventre, le regard dans le vide, je n’arrivais pas à réaliser.

- Lisbon ? Teresa, tout va bien, c’est le bébé ? S’inquiéta-t-il en s’agenouillant.
- Il a bougé, murmurai-je, il a bougé quand tu nous as dit bonjour.

Etrange sensation. Etrange mais ô combien agréable !

Je vis alors naître sur son visage un sourire exceptionnel qu’il ne m’avait jamais adressé jusqu’alors, sourire auquel je ne pus que répondre.

- Tu es sûre ?

Je hochai la tête, et pris sa main, la posant là où se trouvait le bébé, guettant une réaction qui ne se fit pas attendre quand un nouveau coup se fit sentir. Son regard s’accrocha au mien, véritable connexion que rien ne pouvait interrompre. Par ce coup donné, Jane venait de pénétrer dans cette bulle qui nous abritait, notre enfant et moi. Il posa la tête contre mon ventre, caressant du pouce le renflement, et, sans tenir compte du lieu où nous nous trouvions, je glissai ma main dans ses cheveux.

Nous partagions un moment privilégié sous les yeux attendris de notre équipe. Notre famille.

Merci Jane Doe et oui, bébé bouge, chacun prend ses marques, même si ce n'est pas toujours très facile...
Voici la suite !

POV de Jane

Les mois s’écoulaient et Teresa ne cessait de rayonner. Elle venait d’atteindre le huitième mois, et avait quitté le bureau depuis un peu plus d’un mois, malgré ses protestations. Bertram avait dû intervenir pour qu’elle cède. Depuis, elle passait ses journées à vérifier la chambre et les affaires du bébé ou à trainer « son gros ventre » comme elle aimait l’appeler, dans la maison. Ne plus pouvoir être en activité pour une femme de terrain telle que Teresa était une torture, mais elle s’était faite une raison.

Je me souvenais d’un jour particulier, Teresa entrait juste dans son cinquième mois.

Flashback

J’étais rentré plus tôt un après-midi, sachant que Sarah n’avait pas cours, afin que nous puissions nous balader un peu tous les trois. Je n’avais pas signalé ma présence et, après avoir remarqué leur absence au rez-de-chaussée, je rejoignis l’étage sans bruit. Suivant les voix qui me parvenaient, je ne pus m’empêcher de sourire : Teresa passait tellement de temps dans ce bureau transformé en chambre pour le bébé. Je m’arrêtai au seuil de la porte, celle-ci entrebâillée, et écoutai. Sarah et elle discutaient énormément avant sa grossesse, mais depuis, je devais souvent pousser Teresa à lui parler. Je ne doutais pas de l’amour qu’elle portait à Sarah, mais elle était bien trop focalisée sur le bien-être du bébé. Je ne pouvais le lui reprocher, cet enfant était un miracle, et elle tenait à ce que tout se passe bien.

- Décide-toi, je ne vais pas porter ce machin toute la soirée ! C’est lourd en plus ! Râle Sarah.
- J’hésite… près du lit ou près de la fenêtre ?
- Près de la fenêtre, c’est ce qu’il y a de mieux, comme ça tu pourras regarder dehors quand tu l’allaiteras.

Silence. J’eus du mal à ne pas me trahir en riant. Teresa et moi n’avions pas encore parlé de ça. L’allaitement était contraignant et je savais qu’elle tenait assez à son boulot pour pouvoir le reprendre dès que possible, chose que l’allaitement entravait.

- Je suis de l’avis de Sarah, dis-je en pénétrant dans la pièce.
- Pourquoi ça ne m’étonne pas ? Soupira Lisbon. Tu ne devais pas être sur une enquête ?

Bien qu’elle ne fût plus sur place, elle me tarabustait pour connaître les cas que nous rencontrions.

- Résolue. Comment vas-tu ? M’enquis-je, l’embrassant et posant la main sur son ventre.
- Très bien ! J’ai réussi à marcher jusqu’au supermarché et à revenir sans faire de pause.
- Tu veux une médaille ? Lança Sarah, le regard baissé sur son portable.

Surpris par cette remarque insolente, Lisbon l’interrogea.

- Ca veut dire quoi ça ?

Aucune trace de colère, aucune remarque quant à son comportement. Ca aussi c’était nouveau chez elle.

Sarah nous regarda tour à tour et confirma de ce fait ce que je pensais.

- Tu m’as aimée pour mieux m’abandonner, lâcha-t-elle d’une voix cassée.
- Bien sûr que non, voyons ! Qu’est-ce qui te fait penser ça ? Je sais que je ne peux pas faire de sorties ou d’après-midi shopping avec toi en ce moment mais je…
- C’est tout le temps, Maman, tout le temps ! Fulmina-t-elle. Il n’y a plus que lui qui compte, ajouta-t-elle en pointant du doigt l’abdomen de Lisbon. Tu ne me poses plus de questions sur mes journées, tu ne t’intéresses qu’à la déco de la chambre de bébé Jisbon ! Tu ne parles que de lui ! Lui, lui et toujours lui ! Termina-t-elle avant de s’enfuir de la pièce sous nos yeux stupéfaits, et de claquer la porte de sa chambre.

- Qu’est-ce qui vient de se passer, là ? Je ne suis pas sûre de comprendre.
- Elle est amoureuse, répliquai-je naturellement.
- Sarah ? Amoureuse ? Depuis quand ?
- Environ trois semaines, et à mon avis le sms de tout de suite ne lui a pas plu.
- Elle ne m’a rien dit.
- Elle a essayé. Souviens-toi de l’après-midi cinéma et glace qu’elle voulait faire avec toi, ou encore de l’après-midi piscine, ou…
- C’est bon j’ai compris. Pourquoi ne t’en a-t-elle pas parlé ?
- Teresa, tu te doutes bien qu’il y a des choses qu’une jeune fille ne peut confier qu’à sa mère ou à une amie. Sarah n’est pas encore assez proche de ses copines pour leur en parler.
- Je suis pourtant la dernière personne à qui on vient demander conseil quand il s’agit de sentiments.
- Peut-être mais tu es la seule femme « expérimentée » qu’elle connaisse, fis-je en mimant des guillemets. Elle t’admire, tu sais, même si elle ne le dit pas, et elle a raison.
- Tu parles ! Je n’ai plus rien de la femme que j’étais, je ne suis même plus capable de courir quelques mètres sans être essoufflée !
- Tu verras, dans quelques mois, tu auras retrouvé ta taille normale, et, en prime nous aurons un bébé Jisbon, fis-je en posant mes bras autour de sa taille.
- Pourquoi Jisbon d’ailleurs ?
- Jisbon, comme Jane et Lisbon, elle a contracté nos deux noms pour que ça n’en forme qu’un seul.

Elle resta silencieuse un moment, sa tête contre mon torse, alors que je lui caressais les cheveux.

- Jisbon, ça sonne bien, déclara-t-elle finalement en relevant le visage, cherchant mon approbation.
- Voilà son surnom jusqu’à sa naissance : bébé Jisbon, ajoutai-je, sentant des coups sous ma main.
- Je te laisse quelques instants, il faut que j’aille me faire pardonner et parler de trucs de… femmes ! dit-elle en esquissant une grimace. J’ai horreur de ça !

Je souris, en la regardant s’éloigner, et observai la pièce. Nous n’avions pas encore peint la chambre, et, à part ce détail, tout était en ordre. La layette― aux couleurs neutres évidemment bien qu’il y ait du bleu― était rangée dans l’armoire, quelques peluches se trouvaient dans le berceau, le chat gagné à la fête au niveau de la tête. Sarah avait finalement déposé le fauteuil près de la fenêtre, à quelques mètres du lit. Et dire que l’enfant, notre enfant, occuperait bientôt ce petit nid actuellement vide.

Je m’approchai, et me penchai, frôlant dans une caresse l’animal en peluche, imaginant déjà à quoi ressemblerait notre « bébé Jisbon ».

Il serait parfait, sans aucun doute.

Fin Flashback.


Depuis, notre bébé Jisbon n’avait cessé de croître, accentuant les formes de Teresa. Elle peinait à marcher et à s’asseoir, mais le sourire ne quittait jamais son visage.

Tout allait pour le mieux.

Enfin presque.

Ces derniers jours étaient de plus en plus éreintants pour Lisbon. J’avais tenté à plusieurs reprises de la convaincre de dormir au rez-de-chaussée ou de l’aider à rejoindre la chambre, mais têtue comme elle était, elle m’avait rabrouée. S’il y avait une chose que j’avais apprise ces derniers mois, c’est qu’une Lisbon en colère était dangereuse, mais une Lisbon enceinte l’était encore plus !

Merci pour ton commentaire Jane Doe   
Voici la suite :


POV de Lisbon

« Baleine échouée », voilà l’expression qui me correspondait le mieux et que je croyais lire dans les pensées de tous ceux que je croisais tandis que je me rendais au CBI. Jane et Bertram m’avaient interdit l’accès à mon bureau, mais pas à l’open-space. Bon, c’est vrai, je cherchais une fausse excuse, j’avais besoin de bouger, de faire quelque chose. Tout était prêt pour le bébé, et, depuis des jours, je ne cessais de tourner en rond dans l’appartement. Jane se moquait de mon attitude, et ne cessait de me faire enrager en parlant des enquêtes que l’équipe et lui résolvaient. C’était ma faute aussi, j’avais tellement insisté au début de mon congé forcé pour connaître le moindre détail de ces affaires !

Depuis quelques temps, tout m’énervait, j’étais sans cesse fatiguée par le moindre effort, je devais m’interrompre au milieu des marches pour reprendre mon souffle avant d’entamer la montée de la deuxième moitié. Jane avait été patient et attentionné, comme toujours, et avait même proposé de m’aider à me rendre à l’étage. Offre que j’avais déclinée de manière assez… virulente. Un rien m’irritait, et Jane en faisait malheureusement les frais. Il n’y était pour rien, je le savais, mais c’était plus fort que moi.

Sarah, quant à elle, n’en était jamais la cible. Je faisais de mon mieux pour l’inclure dans chacun de mes projets, m’impliquant dans sa vie comme jamais. Elle était amoureuse depuis trois mois et chaque soir elle passait des heures sur son portable. Andrew. Il s’appelait Andrew. J’avais appris son existence lors d’un après-midi où une simple discussion s’était terminée en queue de poisson. Jane l’avait remarqué, et je m’en voulais d’avoir laissé échapper ce détail. Finalement, nous avions parlé de ce sms qui l’avait énervé, de ce jeune homme qui l’attirait et l’énervait parfois aussi, et tout s’était arrangé.


Un matin, elle avait tenu à rejouer à l’observation devant le lycée. Elle n’avait pas eu besoin de nous montrer de qui il s’agissait, je l’avais deviné en fixant son visage. Elle l’aimait, c’était évident, et, pour une fois, Jane en avait déduit que c’était un garçon convenable, bien qu’il n’atteindrait jamais son niveau de perfection, avait-il ajouté en bombant le torse. Nous avions eu de longues discussions au sujet de ce jeune homme, et elle nous l’avait finalement présenté lors d’un dîner qui s’était bien déroulé, entre les blagues de Jane et les piques qu’Andrew et lui se lançaient. Sarah n’avait cessé de le fixer, un sourire aux lèvres. Elle était heureuse, et c’était tout ce qui comptait.


L’open-space était vide, seule Grace était à son poste, et elle se précipita vers moi en me voyant. Elle m’aida à m’asseoir sur le canapé de mon consultant, et m’expliqua que Cho, Rigsby et Jane étaient actuellement en train d’interroger un témoin et qu’ils ne devaient pas tarder à revenir.

Elle me raconta comment s’étaient déroulées les dernières semaines, vantant la promptitude de Cho et ses choix impartiaux, ce qui me conforta dans l’idée que j’avais bien fait en le choisissant. Alors qu’elle me relatait une anecdote de fin d’enquête qui nous fit rire, Bertram entra dans la pièce commune, et, après m’avoir salué tout en reprochant ma présence ici, pria Grace de le rejoindre dans son bureau au sujet d’un dossier.

Elle n’avait quitté les lieux que depuis quelques secondes quand j’eus une drôle de sensation, un tiraillement dans le bas-ventre. Immédiatement, je posai les mains sur mon abdomen, espérant que « bébé Jisbon » comme Jane et Sarah l’avaient baptisé, avait décidé de bouger. Depuis quelques jours, il restait quasiment immobile et je n’avais osé en parler à Jane de peur de l’inquiéter, et, ces tiraillements, eux, avaient commencé sans pour autant être très fréquents.

Je guettai le moindre geste de mon enfant, mais rien. Pas de coup, ni d’un côté, ni de l’autre. Quelques minutes s’écoulèrent quand la sensation reprit, plus forte, devenant presque douloureuse cette fois. Etait-ce ce que je croyais ? Je paniquai soudain, il fallait prévenir Jane, que j’aille à l’hôpital, songeai-je en tentant de me redresser, et…Oh mon Dieu ! la douleur se manifesta de nouveau, m’obligeant à me pencher, cessant tout mouvement le temps que cela cesse. C’était trop rapide, bien trop rapide ! Ce n’était pas normal. La peur me gagna, et j’essayai malgré tout de me calmer en respirant profondément. Jane. Je me concentrai sur lui. Il allait revenir.

Une fois la contraction terminée, je me relevai lentement, m’appuyant sur l’accoudoir, me tenant le ventre. Mon portable sonna, il était dans mon sac à côté bureau de Grace, juste à quelques mètres de moi, quelques mètres qui me semblaient infranchissables. La sonnerie cessa, j’esquissai malgré tout un pas, puis deux quand la douleur me transperça de nouveau, mes jambes tremblaient, et pour atténuer la souffrance, je me laissai glisser contre le canapé, respirant comme lors des cours que Jane m’avait obligé à prendre. J’avais beau être contre l’hypnose, je crois que s’il avait été là et me l’avait proposé, j’aurais accepté, mieux encore, je lui aurais ordonné de le faire !

Une contraction se fit sentir quelques minutes plus tard, et je sentis un liquide s’écouler. Oh non ! Non non non non non ! Jane, priai-je silencieusement, viens ! Je guettai le couloir, espérant que Grace arrive, et vite, me focalisant sur les pas qui pouvaient se faire entendre. Rien. Rien du tout. Alors que d’habitude il y avait toujours quelqu’un qui passait, aujourd’hui, il n’y avait personne. Je n’allais quand même pas accoucher seule dans l’open-space !

Fermant les yeux sous l’assaut d’une nouvelle vague de douleur, j’entendis le ding de l’ascenseur, et repris espoir.

Merci pour vos reviews :)
@Jisbonneuseforever: c'est Eliot qui vient enlever le bébé Jisbon     non je plaisante   
@Jane Doe: oui, il n'y a que Lisbon pour perdre les eaux au boulot! ^^

Voici la suite, c'est plus un chapitre de transition mais qui était nécessaire. Il ne fait qu'une page word et quelques lignes mais celui qui suivra fait plus de 5 pages. Je ne pouvais malheureusement pas couper dans le chapitre suivant (je ne suis pas "si" sadique quand même   )

Bonne lecture!


POV de Jane

Je n’avais cessé de me tourner et de réfléchir toute la nuit sans réussir à fermer l’œil. Une chose encore qui n’avait pas disparu avec Red John. Teresa me cachait quelque chose, je le pressentais mais n’arrivais pas à découvrir ce dont il s’agissait. Etait-ce à cause du bébé ? Avait-elle des craintes au sujet de devenir mère ?

L’accouchement ne tarderait pas, et j’étais impatient de tenir cet enfant dans mes bras. Je fis face à une Lisbon endormie sur le dos, la main sur son ventre. Depuis un certain temps, elle avait du mal à trouver une position confortable, bébé Jisbon la gênant. La tête posée dans la main, je détaillais son visage, ses courbes, et frôlai le renflement, m’attendant à sentir un coup du bébé, coup qui, bizarrement, ne vint pas. Peut-être s’était-il également endormi, pensai-je, en me repositionnant, fixant le plafond.



- Tu es sûre de ne pas vouloir que je reste ? M’enquis-je en sortant de la salle de bains.

Il était presque 8 heures et, malgré sa grossesse, Teresa continuait à se réveiller à l’heure habituelle. Allongée sur le côté, elle me sourit, s’étirant paresseusement.

- Oui, va travailler. De toute façon je ne risque pas de faire grand-chose, je suis assez fatiguée en ce moment, répondit-elle en étouffant un bâillement.
- Très bien. N’hésite pas à m’appeler s’il y a le moindre problème, je ne quitterai pas mon portable. Repose-toi bien, répliquai-je en déposant un baiser sur ses lèvres.

Avant de sortir, mu par un pressentiment, je me retournai et l’observai quelques secondes. Elle avait saisi un oreiller, le serrant dans ses bras, les yeux clos, un vestige de sourire illuminant son visage. Rassuré, je sortis finalement de l’appartement.



- Cho, tu ne pourrais pas accélérer un peu, s’il te plaît ?
- Tu as un train à prendre ? Demanda-t-il, sans quitter la route des yeux.

La matinée s’était lentement étirée, accroissant mon pressentiment. Je ne cessai de sortir et de ranger mon portable, inquiet pour Lisbon.

- Elle t’appellera si elle a un problème ou si le bébé pointe son nez, intervint-il en me voyant sortir une fois de plus le téléphone. Ce n’est pas en le regardant à chaque minute qu’il sonnera.

Sceptique, je ramassai l’appareil, et tournai la tête vers l’extérieur. Cho avait raison, cependant, cette sensation étrange ne cessait de me nouer l’estomac. Et si Teresa n’avait pu me joindre ? Si elle avait fait un malaise dans la douche ou… ? Quelque chose n’allait pas, j’en étais certain. Je repris mon portable, et composai son numéro sans tenir compte des regards de Cho et de Rigsby.

La troisième sonnerie laissa place au répondeur, et l’inquiétude me gagna.

- Elle dort peut-être, intervint Rigsby, tentant maladroitement une explication.
- Hum…
- Jane, arrête de t’inquiéter. Si ça se trouve elle est en train de pester après toi pour l’avoir dérangée. Tu sais, une femme enceinte ça ne se déplace pas aussi vite.
- Comment tu sais ça toi ? Rétorqua Rigsby.

Un regard de Cho dans le rétroviseur dissuada Wayne d’ajouter quoi que ce soit, ce qui m’arracha un sourire. Etre méfiant voire paranoïaque était devenu une seconde nature après toutes ces années à courir après Red John, il n’était pas aisé de s’en débarrasser. Soupirant, je décidai d’attendre notre retour au bureau pour la rappeler.


Le retour me semblait infini, quant à l’ascenseur, sa course était aussi lente qu’un escargot. Je donnais l’air patient, mais je serrais les poings, enfoncés dans mes poches. J’avais hâte de sortir de cette boîte de conserve et pouvoir entendre la voix de Teresa.

Je ne me doutais pas que je l’entendrai plus tôt que prévu…

Merci Jane Doe    pourtant ce moment n'est pas le plus beau pour moi.
Allez sans plus attendre, voici la suite:


POV de Lisbon

Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent et j’entendis le pas de plusieurs personnes ainsi que leurs voix que j’identifiai sans mal. Jane ! Je le vis avant même qu’il n’entre, une ride d’inquiétude sur le front, et tentai de me lever à nouveau, en vain.

« Teresa ! » Il était là. Bien là. Je me sentis immédiatement soulagée, mais cela ne dura pas.
- Jane, l’hôpital…, soufflai-je entre mes dents alors qu’une nouvelle contraction poignait, serrant la main qu’il avait juste eu le temps de glisser dans la mienne.

M’accrochant à lui une fois le tiraillement passé, j’entrepris de me relever. Aussitôt il passa son bras autour de ma taille, et m’aida à avancer.

- Rigsby, viens m’aider ! Cho…
- Je vous attends dans la voiture, coupa l’asiatique en se précipitant dans le couloir.

Arrivés devant l’ascenseur, Jane appuya sur le bouton d’appel, mais l’appareil se faisait attendre.

- On prend l’escalier, ça ira plus vite… euh… tu pourras descendre ?
- Jane, je suis sur le point d’accoucher, tu crois vraiment que je peux prendre l’escalier ?!

Ce n’est pas possible ! Même en plein travail il m’énervait ! Comme si je n’avais pas assez mal comme ça…

Rigsby et lui échangèrent un regard qui ne m’échappa pas, mais je décidai de me taire et de me focaliser sur ma respiration et la main de Jane que je broyais puis desserrais selon les douleurs. Les portes s’ouvrirent enfin, et Cho nous accueillit dès notre sortie.

- Ca va ? S’enquit Jane
- Tu peux arrêter avec tes questions idiotes ne serait-ce qu’une minute ? Est-ce que j’ai l’air d’aller bien, Jane ?!

La tête en arrière, je tentai vainement de me calmer, de ne pas penser à la possibilité que je puisse accoucher dans une voiture roulant à vive allure, toute sirène hurlante. Etre flic était un avantage dans ce genre de circonstances ! Jane me caressa les cheveux, puis posa la main sur mon ventre et, au bout de quelques secondes, il fronça les sourcils.

- Teresa ?

Son regard s’accrocha au mien en une question muette, à laquelle je répondis en secouant la tête de gauche à droite.

- Depuis quand ? Murmura-t-il.
- Depuis deux jours… il ne bouge plus beaucoup. Mais depuis… les contractions dans l’open-space, je ne le sens plus… Jane… j’ai…
- Chut, tout ira bien. Ne pense pas à ça, d’accord ? Concentre-toi sur ta respiration. Cho, on arrive bientôt ?

Sa voix trahissait la peur, et je m’en voulais de l’angoisser ainsi. Tout était de ma faute, j’aurais dû lui en parler avant, peut-être avais-je joué avec la vie du bébé, et si jamais… je ne supporterais pas d’infliger à Jane la perte d’un autre enfant.

- On y est dans deux minutes.
- Ca va aller, ma chérie, souffla Jane en déposant un baiser sur mon front.
- Jane… arrête avec ce surnom !

Il acquiesça, désolé, alors que je tentai de retenir un gémissement.


La voiture à peine immobilisée, Rigsby descendit, ouvrit la portière et, sans demander l’avis de Jane ou le mien, me porta directement dans la salle des urgences.

Installée en salle d’accouchement, j’attendais le retour de Jane… qui entra en tenue « spéciale accouchement ».

- Ca va ?
- Jane !

Il le faisait exprès ou quoi ! J’allais on ne peut mieux, ça ne se voyait pas ?

- Désolé.
- En tout cas… il tient de toi, impatient comme son père… et incapable d’obéir à sa mère !

La sage-femme entra suivie d’une infirmière.

- Bonjour, je suis Janet de la Vega.
- Et Zorro est arrivé… fredonna Jane.
- Jane !

Mais ce n’était pas croyable ! Ne pouvait-il pas être sérieux ne serait-ce quelques secondes ?

La sage-femme sourit en me voyant lui donner un coup de poing sur l’épaule et ajouta :

- C’est moi qui vais vous aider à mettre votre enfant au monde. Depuis quand le travail a-t-il commencé ?
- Environ une demi-heure.
- Vous avez perdu les eaux ?
- Oui, il y a à peu près… 20 minutes.
- Bien, nous allons voir ça, déclara-t-elle en s’installant.
- Janet, je peux vous parler ?
- Jane ! Grognai-je.
- Bien sûr.

Il l’entraîna au fond de la pièce afin que je ne puisse pas entendre. Précaution inutile, je me doutais de ce dont il lui parlait. Je m’apprêtais à le rappeler quand un bruit me figea.

Des battements de cœur.

Son cœur.

Le plus beau son qui me fut donné d’entendre.

L’infirmière avait posé les électrodes et allumé le monitoring, sans que je n’y fasse vraiment attention.

Jane me fixa stupéfait puis, à mesure que Janet parlait, son expression changea, le soulagement se lut sur son visage, et il revint à mes côtés.

- Il va bien ? M’enquis-je.
- Oui, il va bien. C’est tout à fait normal que le bébé ne bouge pas pendant les contractions.
- Alors, pourquoi il ne bougeait presque plus… avant ?
- Il prenait peut-être des forces ? Proposa-t-il en souriant.
- Ce n’est pas drôle ! Rétorquai-je en prenant d’office sa main.
- Bon, intervint la sage-femme, pas besoin de péridurale, j’aperçois la tête ! Vous avez visiblement fait une bonne partie du travail ces dernières heures ! A la prochaine contraction, poussez !
- Quoi ? Non non non ! Je veux la péridurale ! Il est hors de question que… aïe !
- Teresa ça ne servirait à rien tu auras accouché avant qu’elle fasse effet.

Je ne pus répondre, serrai― que dis-je ! ― broyai sa main sous le coup d’une douleur sans nom. J’entendais la sage-femme m’ordonner de pousser d’une voix lointaine, comme si je m’étais repliée sur moi-même, comme si rien d’autre ne comptait que l’enfant qui allait naître.

Je repris mon souffle, et recommençai à pousser avec effort.

Jane pressa à son tour ma main. « Vas-y Reese, je le vois ! » Murmura-t-il à mon oreille.

« Patrick » gémis-je dans une plainte audible de lui seul, alors que les forces me manquaient.


Et soudain, une sensation de vide.


Le silence


Une ou deux secondes.


Juste une ou deux secondes au goût d’éternité.


Un cri.


Son cri.


Un poids sur ma poitrine.


Lui, ensanglanté, emmitouflé dans une couverture à la va-vite.


Juste lui.


Lui.


Les mots n’étaient pas utiles, c’était un garçon, je le savais.

Je me laissai aller contre le torse de Jane qui m’embrassa, serrant l’enfant― notre enfant― contre moi, caressant son visage fripé, m’attardant sur l’océan bleu-vert de ses yeux.

- Le regard de son père, soufflai-je.
- Et les cheveux de sa mère, susurra-t-il en effleurant le fin duvet recouvrant son crâne.
- Il est parfait, conclus-je.

Surprise de ne pas entendre de répartie, telle que « comme moi », je tournai la tête vers Jane. Sur ses joues, deux larmes coulaient alors que son regard était captivé par le bébé.

- Pardonne-moi Patrick, articulai-je difficilement en essuyant les larmes de la main.
- De quoi ? Teresa, tu viens de me faire le plus magnifique des cadeaux. Un fils. Nous avons un fils.

Je quêtai un signe de tristesse, mais il n’y avait rien d’autre que de l’amour, de la tendresse et de la joie.

- Prends-le, déclarai-je soudain.
- Quoi ?
- Prends-le, répétai-je en le lui tendant.

Hésitant, se décalant quelque peu, il l’accueillit dans ses bras, ne lâchant son regard du sien, un sourire éclatant sur les lèvres.

- Alexander ? S’enquit-il.
- Comment… ?

Jamais nous n’avions évoqué ce prénom que j’adorais. Le fait que son père s’appelle Alex m’avait laissé penser qu’il n’aurait pas trop aimé que notre enfant porte un prénom ressemblant.

- J’ai vu que tu l’avais coché puis effacé la croix dans le livre des prénoms.
- Ca ne te dérange pas ?
- Mon père n’a rien à voir avec notre fils, un prénom reste un prénom. Et je trouve qu’Alexander lui irait à merveille.
- Sûr ?
- Certain. Alors… Alexander Patrick ?
- Alexander Patrick, confirmai-je en admirant le tableau qui se jouait devant moi.
- Bienvenue dans notre famille, Alexander, chuchota-t-il.

Un déclic nous surprit et nous fit relever la tête. La sage-femme sourit en guise d’excuse.

- Nous prenons toujours une photo des parents lors de la naissance de leur enfant, du moins quand tout se passe bien, expliqua-t-elle en s’approchant. Par contre, je vais vous le prendre quelques minutes, le temps de le peser, de le mesurer et de le laver.

Merci Jane Doe :) Oui, c'est un renouveau pour lui, et je pense qu'il agirait exactement pareil (bon peut-être les blagues en moins^^) si Lisbon devait avoir un deuxième enfant dans ma fic.
Voici la suite:


POV de Jane

Réticent je déposai délicatement notre fils dans les bras de la puéricultrice et, instinctivement, la suivis. Ce n’est qu’au bout de quelques pas que je me retournai, hésitant entre retourner auprès de Lisbon ou rejoindre Alexander.

Teresa souriait et, d’un signe de tête, m’incita à y aller.

Attentif à tout ce que faisait l’infirmière, j’observais par la même occasion la beauté de ce petit être. Une fois pesé, mesuré et lavé, je le pris et retournai vers Lisbon. Elle affichait un air serein, ses cheveux étaient en désordre, collés par la sueur de l’effort, les joues encore rougies, mais elle n’en était que plus belle. Son regard étincelait d’amour infini et quelques larmes semblaient vouloir couler.

- Hé, tout va bien ? Demandai-je en me réinstallant contre elle.

Elle hocha la tête. A coup sûr, elle ne voulait pas que sa voix tremble.

- Il est tellement magnifique, souffla-t-elle, et si petit !
- Il grandira, ne t’inquiète pas, répondis-je en ancrant mon regard au sien. Et je serai là, je te le promets. Jamais je ne vous laisserai tomber.
- Jane…
- Je sais que tu as encore des doutes parfois, mais ces craintes sont infondées. Je te jure Teresa d’être présent à chaque instant de ta vie, de celle de Sarah, et de la sienne. Nous sommes une famille.

Elle se blottit un peu plus contre moi, et redessina de son doigt les contours du visage d’Alexander, appréciant ce moment de bonheur et de sérénité.


Une fois installée dans une chambre, je fis entrer Rigsby, Cho, Grace et Sarah. Ces deux dernières étaient arrivées après un appel de Cho, et semblaient toutes deux excitées. L’équipe s’approcha doucement, observant notre fils calé contre la poitrine de Lisbon.

- Il est adorable ! Murmura Grace.
- Comme son père ! Répliquai-je en bombant le torse.
- Ca va les chevilles, Jane ?
- Merci de t’inquiéter Cho, mes chevilles sont en excellente santé.
- Comment s’appelle-t-il ?

M’asseyant sur le lit, et saisissant la main de Lisbon, je lui jetai un coup d’œil, l’invitant à leur présenter notre fils.

- Rigsby, Cho, Grace et Sarah, je vous présente Alexander Patrick Jane.
- Lisbon, ajoutai-je, ce qui me valut cinq regards étonnés.
- Tu veux qu’il porte mon nom ?
- Bien sûr ! A moins que tu n’y tiennes pas, si c’est le cas, je…
- Non, non. Ca me convient très bien, assura-t-elle dans un sourire. Alexander Patrick Jane Lisbon, voici nos amis Wayne Rigsby, Kimball Cho et Grace Van Pelt, et là, voici ta sœur, Sarah.

Sarah ne dit rien, elle se contenta de se rapprocher de Teresa, et caressa timidement la main d’Alexander en souriant.

- Tu veux le prendre ? Demanda Teresa.
- Euh… je ne sais pas, je n’ai jamais tenu de bébé, alors…
- Il ne va pas te mordre… enfin pas tout de suite, plaisantai-je, ce qui me valut deux regards noirs.

La vie n’allait pas être facile si je ne pouvais plus faire de blagues. Restait à espérer qu’Alexander se rangerait de mon côté à l’avenir.

Lisbon fit de la place à Sarah afin qu’elle puisse s’asseoir à côté d’elle sur le lit, et déposa son frère dans ses bras, tout en lui indiquant la marche à suivre. De mon côté, je me levai, leur laissant plus de place. Je jetai un coup d’œil à nos amis, et c’est là que firent sens les mots que Lisbon m’avait dits il y a quelques années. « Nous sommes une famille ». Elle avait on ne peut plus raison.

Le silence avait pris place, chacun de nous observant Sarah, Alexander et Teresa. Au fond de moi, je ne pouvais repousser ces sentiments de fierté, d’amour et de tendresse qui ne demandaient qu’à sortir. C’était tellement beau ! Trop beau pour être réel. C’était certain, j’allais sûrement me réveiller, et ne découvrir à côté de moi qu’une place vide et froide. A mon grand regret. Alors, autant profiter de ce rêve jusqu’au bout. Je me pinçai discrètement en fermant les yeux, les rouvris, le tableau était toujours le même. Teresa avec sa fille et notre fils. Nos enfants. Car, oui, aujourd’hui, Sarah n’était pas seulement la fille de Lisbon, elle était aussi la mienne. Vraiment. Pas besoin de papiers officiels, cela dépassait le stade administratif. Comment pouvait-on mettre des sentiments en jeu à travers cette paperasse ? Elle m’aimait, et vice-versa. Rien d’autre ne comptait que la place qu’elle occupait dans ma vie et dans mon cœur.

Aujourd’hui, une nouvelle place venait de se créer, un nouveau siège était installé près de Charlotte, celui d’un frère qu’elle ne connaitrait jamais. Celui d’un frère qui ne connaîtrait d’elle que son visage sur papier glacé et toutes les anecdotes que je pourrai lui raconter. Une sœur à demi-absente. A demi-vivante. Dans nos cœurs.

Depuis quelques secondes, Grace hésitait à rompre le silence, elle jeta quelques regards à Cho et Rigsby qui l’invitèrent à parler, sans pour autant l’aider dans sa démarche. Je souris en voyant les efforts qu’elle faisait pour paraître naturelle.

- Il y a un problème Grace ? M’enquis-je enfin.

Je ne pouvais tout de même pas la laisser patauger sans rien faire.

- Non, je… on a quelque chose pour vous, enfin pour Alexander, fit-elle en tendant un paquet à Lisbon.
- Il ne fallait pas, voyons !

Elle l’ouvrit et en sortit un magnifique album de naissance beige sur lequel trônait un enfant, le pouce dans la bouche et un ourson dans l’autre main.

- C’est magnifique, merci, souffla Teresa.
- Ce n’est pas fini, ouvrez-le, intervint Rigsby.

Lui jetant un coup d’œil intriguée, elle obéit, tourna les deux premières pages et s’arrêta.

Sa main trembla et une larme coula. De ma place, je ne voyais pas ce qui se trouvait à l’intérieur et la mettait dans cet état.

- Teresa ?
- Ca va, c’est juste…wow…

Sur un signe de sa part, je m’approchai et, me penchant, vis la raison de son émotion.

Sur la page de gauche se trouvait une photo, et pas n’importe laquelle. Celle de l’open-space, le jour où Alexander avait bougé pour la première fois. Le cliché représentait Lisbon, un regard empli d’amour à mon égard, la main dans mes cheveux, tandis que, la tête posée sur son ventre, une main sur celui-ci, je fermais les yeux souriant. Et, au-dessous de cette image, une phrase, une phrase toute simple mais qui signifiait tant pour elle comme pour moi : « première photo de Papa, Maman et moi ».

Merci Pain d'épices et Jane Doe   
Mais oui Jane Doe, je ne suis pas "que"  sadique!!    je sais faire des chapitres tout doux

Bon, alors voici le dernier chapitre avant un moment parce que je n'en ai plus qu'un seul d'avance. Du coup, je vais essayer d'écrire un peu plus ce week-end pour pouvoir de nouveau poster rapidement!
Bonne lecture !


POV de Lisbon

Cette photo prise à notre insu aurait dû me faire réagir― depuis quand prenions-nous des photos au sein du CBI ? ―mais l’intention était telle que je n’en avais pas le cœur. D’autant plus que la photo était criante de vérité.

- Bon, nous allons vous laisser, déclara soudain Grace.
- Attendez ! Est-ce que tu pourrais nous prendre en photo tous les quatre, s’il te plaît ? S’enquit Jane en lui tendant son appareil.

Celle-ci accepta et Jane se mit à mes côtés, tandis que Sarah me remettait Alexander. Elle se cala contre moi, et je sentis le bras de mon consultant passer dans mon dos et entrevit sa main se poser sur l’épaule de notre fille, son autre main superposant la mienne au niveau de la tête de notre fils.

Une fois le cliché pris, et, alors que je m’apprêtais à redonner Alexander à Sarah, Patrick arrêta mon geste et appuya sur le bouton d’appel sous nos regards intrigués.

- Restez juste quelques minutes de plus, déclara-t-il simplement.

Une infirmière arriva au bout de quelques minutes.

- Tout va bien ?
- Oui, accepteriez-vous de prendre une photo de nous tous s’il vous plait ? Merci.

Tandis que Jane exhortait l’équipe à nous rejoindre, je ne pus retenir un sourire. Je savais ce qu’il faisait, ce n’était pas seulement une photo, c’était une preuve de ce que nous étions tous : une famille. Notre équipe était soudée, nos collègues étaient de véritables amis mais bien plus que cela, et Jane tenait à le leur montrer. Une famille. C’est ce que nous étions, indubitablement.

Il tourna son visage vers moi, et je fis de même. Un sourire, un regard, rien de plus ne comptait pour nous.

L’infirmière prit un autre cliché demandant à ce que les parents regardent l’objectif cette fois-ci.

Après cette séance photo, nos amis décidèrent de partir pour de bon, arguant que je devais me reposer. C’est vrai que j’étais épuisée. Epuisée mais heureuse.

- Tu es sûre de ne pas vouloir que je reste ? S’enquit Jane lorsque l’heure des visites fut terminée.
- Tout ira bien, ne t’inquiète pas. Je vais en profiter pour dormir un peu. Et tu ferais bien d’en faire autant.
- Je passerai demain matin avant les exams, lança Sarah.
- Les visites seront interdites, ce sera trop tôt. Viens plutôt après les cours.
- Et moi je…
- Et toi, Jane, tu iras au CBI résoudre une enquête, et tu viendras avec Sarah, terminai-je.
- Mais euh… On dirait que tu veux être seule.
- Non, juste reprendre des forces.
- Menteuse !

Lui lançant un regard noir, je lui déposai un léger baiser sur les lèvres, et serrai ensuite Sarah dans mes bras.
Jane avait raison une fois de plus. Je voulais être seule, profiter de notre fils, juste lui et moi. Et il avait compris, comme toujours.

Il déposa un baiser sur le front d’Alexander qu’il avait délicatement couché, et sortit suivi de Sarah.

Notre fils.

Deux mots que je ne me lasserais jamais de prononcer.

Notre fils.

Deux mots magiques pour trois âmes blessées.

Un amour pour l’éternité.